Citations de Victor Hugo (8664)
Grâce aux cinquante-sept francs de la voyageuse, Thénardier avait pu éviter un protêt et faire honneur à sa signature. Le mois suivant ils eurent encore besoin d'argent ; la femme porta à Paris et engagea au Mont-de-Piété le trousseau de Cosette pour une somme de soixante francs. Dès que cette somme fut dépensée, les Thénardier s'accoutumèrent à ne plus voir dans la petite fille qu'un enfant qu'ils avaient chez eux par charité et la traitèrent en conséquence.
Un jour Cosette se regarda par hasard dans son miroir et se dit : Tiens ! Il lui semblait presque qu'elle était jolie. Ceci la jeta dans un trouble singulier. Jusqu'à ce moment elle n'avait point songé à sa figure.
Les révolutions sortent, non d'un accident, mais de la nécessité.
Le relatif, qui est la monarchie, résiste à l’absolu, qui est la république; la société saigne sous ce conflit, mais ce qui est sa souffrance aujourd’hui sera plus tard son salut.
Ce n'est rien de mourir; c'est affreux de ne pas vivre.
C'est une terrible chose d'être heureux ! Comme on s'en contente ! Comme on trouve que cela suffit ! Comme, étant en possession du faux but de la vie, le bonheur; on oublie le vrai but, le devoir !
La curiosité de amoureux ne va pas très loin au-delà de leur amour.
-Monsieur, vous êtes beau, vous êtes joli, vous avez de l'esprit, vous n'êtes pas bête du tout, vous êtes bien plus savant que moi, mais je vous défie à ce mot là : je t'aime !
Un conte d'orient dit que la rose avait été faite par Dieu blanche, mais qu'Adam l'ayant regardée au moment où elle s'entrouvrait, elle eut honte et devint rose. Nous sommes de ceux qui se sentent interdits devant les jeunes filles et les fleurs, les trouvant vénérables.
Ainsi est faite la jeunesse; elle essuie vite ses yeux ; elle trouve la douleur inutile et ne l'accepte pas. La jeunesse est le sourire de l'avenir devant un inconnu qui est lui-même. Il lui est naturel d'être heureuse. Il semble que sa respiration soit faite d'espérance.
Les races pétrifiées dans le dogme ou démoralisées par le lucre, sont impropres à la conduite de la civilisation.
Les citoyens sont un attelage et l'attelage n'est pas le cocher.
Evidemment le Diable est à ressort, et le tort de Dieu, c'est d'avoir lâché la détente.
On m'empêche d'avoir des fleurs de mon pays.
Jamais à mon oreille un mot d'amour ne vibre.
Aujourd'hui je suis reine. Autrefois, j'étais libre !
Comme tu dis, ce parc est bien triste le soir,
Et les murs sont si hauts qu'ils empêchent de voir.
Oh l'ennui !
Gilliatt, dans ce labeur multiple, dépensait toutes ses forces à la fois ; il les renouvelait difficilement.
C'est le propre de la douleur de faire reparaître le côté enfant de l'homme.
La minute où Cosette aimerait pouvait sonner d'un instant à l'autre. Tout ne commence-t-il pas par l'indifférence ?
C'est encore une loi de ces fraîches années de souffrance et de souci, de ces vives luttes du premier amour contre les premiers obstacles, la jeune fille ne se laisse prendre à aucun piège, le jeune homme tombe dans tous.
Cosette, l'année d'auparavant, petite fille indifférente, eût répondu : - Mais non, il est charmant. Dix ans plus tard, avec l'amour de Marius au coeur, elle eût répondu : - Pédant et insupportable à voir ! Vous avez bien raison ! - Au moment de la vie et du coeur où elle était, elle se borna à répondre avec un calme suprême : - Ce jeune homme-là !
Comme si elle regardait pour la première fois de sa vie.
- Que je suis stupide ! pensa Jean Valjean. Elle ne l'avait pas encore remarqué. C'est moi qui le lui montre.
Ô simplicité des vieux ! profondeur des enfants !
La destinée, avec sa patience mystérieuse et fatale, approchait lentement l'un de l'autre ces deux êtres tout chargés et tout languissants des orageuses électricités de la passion, ces deux âmes qui portaient l'amour comme deux nuages portent la foudre, et qui devaient s'aborder et se mêler dans un regard comme les nuages d'un éclair.
On a tant abusé du regard dans les romans d'amour qu'on a fini par le déconsidérer. C'est à peine si l'on ose dire maintenant que deux êtres se sont aimés parce qu'ils se sont regardés. C'est pourtant comme cela qu'on s'aime et uniquement comme cela. Le reste n'est que le reste et vient après. Rien n'est plus réel que ces grandes secousses que deux âmes se donnent en échangeant cette étincelle.