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Critiques de Vladimir Arséniev (36)
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Dersou Ouzala

J’avais en mémoire la traversée en train du kraï de Primorié et aussi quelques scènes du film de Kurosawa, donc retour aux sources. Sources de nombreuses rivières dans le bassin de l’Amour vers l’océan. Vraiment un grand moment d’ethnologie que d’accompagner Arseniev au milieu de la population, très rare et très disséminée, dans la toundra : les peuples autochtones, mais aussi les “voisinsˮ Coréens, Chinois et autres Mandchous. L’exploration de ces régions vides d’hommes mais à la flore et faune exubérantes fait rêver, si on oublie les très difficiles conditions d’exploration de ce tournant de siècle. Et les autres bestioles moins sympathiques : moustiques et mouches attaquant par millions ou milliards, finalement les ours et tigres de Sibérie s’avèrent nettement plus fréquentables ! Et de se dire, que fais-je assis dans mon canapé ?
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Dersou Ouzala

Ce passionnant récit autobiographie raconte l'exploration de l'Oussouri par l'officier Vladimir Arseniev.

Au début des années 1900, il est chargé de sillonner cette région encore méconnue, plus particulièrement le massif de Sikhote-Aline.

Accompagné de quelques tirailleurs et cosaques , ce périple lui prendra plusieurs années de sa vie où il vivra avec la nature. Heureusement pour lui, il fait la rencontre de Dersou Ouzala, un chasseur nomade qui lui ouvrira les portes de nombreuses fanzas et facilitera ses relations avec les tribus autochtones. Grâce à sa faculté hors pair à interpréter les signes de la taïga et à suivre les pistes des animaux sauvages, il sera une allié de choix pour la survie de la petite troupe. Il sauvera la vie de Vladimir à plusieurs reprises face à l'adversité. Faim, froid, tempêtes, inondations, feux de forêts seront leur lot quotidien durant toute cette épopée.

Vers la fin du voyage, sa vue baisse et Dersou déplore sa propre vieillesse grandissante. Comme il ne peut plus chasser pour sa survie, Arseniev lui propose de venir s'installer à la ville chez lui à Khabarovsk. Mais comme on peut s'en douter, le choc avec la civilisation ne lui conviendra pas du tout...

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Dersou Ouzala

A cause de la puissance du souvenir que me laisse le film éponyme de Kurosawa (qui m'avait subjugué dans les années 80), je pousse disons d'un demi point ma note pour ce récit. Il lui manque en effet un peu de l'incroyable présence des éléments naturels que permet l'immersion devant un film exceptionnel. Il y manque l'impact visuel et sonore qui s'impose aux sens, dans cette salle obscure où on s'est isolé au milieu de ses semblables pour recevoir un message qu'on a choisi.



Quant à la force de l'amitié et du respect mutuel qui s'installent à la vie à la mort entre deux humains si différents, certes elle fait partie du récit d'Arséniev mais elle y est évoquée de façon un peu compassée, presque clinique, et forcément ici par un seul des deux protagonistes puisque l'autre n'est plus.

Oui, Arséniev nous fait prendre conscience de la pertinence des enseignements que Dersou lui dispensait en se contentant d'être simplement lui-même, avec toute son animalité d'animiste, cela d'ailleurs jusqu'à lui sauver la vie au risque de perdre la sienne à plusieurs reprises.

Oui, il dit son admiration et sa gratitude pour l'exemplarité de son guide et ami, si précieux pour survivre dans la nature parfois extrême que lui, le..."civilisé", était chargé par le tsar d'explorer en tant que militaire et scientifique, aventurier parfois par obligation.. .



Du film, il ne me reste en tête avec une grande précision que cette scène magnifique au cours de laquelle, au début de leur histoire commune dans la Taïga, Dersou oblige son "patron" à aller au bout de ses forces, au delà même de l'épuisement, pour amasser le plus possible d'herbes hautes et de roseaux avant que la nuit ne les en empêche, de façon à pouvoir construire en hâte un abri de fortune qui les mette à l'abri du gel nocturne qui sinon, il le pressent, va les tuer immanquablement.

Une scène incroyable qui résume un peu l'histoire de cette amitié, des raisons de sa naissance jusqu'à son dénouement . Cette scène est bien présente dans le livre, elle y prend sa place, mais elle m'a moins sauté aux yeux comme un élément fondateur du lien qui unit les deux hommes. C'est une question de tonalité qui rend moins compte de l'urgence, c'est lié je crois au style un peu daté que restitue la traduction (que je suppose d'ailleurs excellente puisque je ne lis ni ne comprends le russe)...



C'est donc une exception pour moi qui suis si souvent partisan de lire avant de voir, mais à ce livre intéressant je préfère encore, je crois, le film incroyable qu'en a tiré Kurosawa, pour autant que je m'en souvienne.

Un film que je vais d'ailleurs me dépêcher de me procurer pour raviver ce souvenir !



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Dersou Ouzala

Voici une réédition des textes de Vladimir Arseniev, officier russe, qui, au début du vingtième siècle, effectua plusieurs voyages d’exploration dans les forêts de l’Extrême-Orient Russe.



Lors de ses explorations, il fit connaissance de Dersou Ouzala, un chasseur Nanaïs. Entre les deux hommes, aux parcours si différents, naquit alors une profonde amitié.



Ce pavé, basé sur les notes de voyages d’Arseniev est romancé mais, repose en grande partie sur son vécu.



Comme tout récit d’exploration qui se respecte, les descriptions des paysages traversés sont très nombreuses et détaillées. Vous retrouverez le nom commun, le nom latin et les descriptions des animaux croisés et de la flore locale. 



Ce qui entraîne une certaine longueur du récit. Cependant, je n’ai pas abandonné ma lecture car Arseniev est un excellent conteur, et lorsqu’il raconte la vie de leur expédition, le récit trouve un rythme et un charme indéniable. 



J’ai aimé voir ces hommes se confronter à la nature implacable, sans nourriture parfois, trouver des solutions, écouter le vent pour connaître la météo du jour. Sans parler des moments où les soldats sont pris en chasse par des tigres. 



J’ai aimé, aussi, lire en filigrane le regret de l’auteur pour ce monde qui se civilise, cette nature qui se fait grignoter par l’exploitation humaine. 



Mais surtout j’ai été émue par cette histoire d’amitié, sans expansion, mais où chacun se soucie de la vie de l’autre, de la confiance accordée et des échanges sur les croyances et les connaissances de l’autre.



Un récit qui, clairement , ne réussira pas à convaincre tout le monde mais, qui m’a personnellement charmé.
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Dersou Ouzala

Quel beau voyage ! Pour l’instant, je n’ai pas vu le film et c’est tant mieux ; plus longue fut l’immersion. Traduit par Yves Gauthier, édité par Transboréal, édition complète de janvier 2022, Vladimir Arseniev témoigne de sa vie d’explorateur dans les forêts de l’Extrême-Orient russe et de sa rencontre avec Dersou Ouzala, chasseur animiste, coureur des bois. J’ai avidement contemplé les illustrations du livre et recherché tel oiseau, animal, arbre, vent, pluie, brouillard, fleuve, et Gens spécifiques ainsi nommés par Dersou pour prolonger cette marche au cœur de la taïga, confondant hommes et bêtes en leur humanité. Ce fut long mais tellement passionnant qu’à la fin j’en demeure d’autant plus frustrée que je perds des amis. Un tant soit peu idéalisé, le Golde, diront certains, qu’il ait pu sentir mauvais ou revêtir quelques défauts, peu m’importe en vérité, mon chien lui aussi a une haleine de chacal mais c’est un Gens que j’aime et s’il y a un peu de Saint-Exupéry là-dedans, grand bien lui fasse à l’officier de nous l’avoir donné. Trop long serait en dire davantage quand lire exalte en atmosphère.
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Dersou Ouzala

Ayant vu et beaucoup apprécié le film de Kurozawa (disponible gratuitement sur youtube) quelques mois auparavant, je suis tombé par hasard sur une présentation de cette nouvelle édition par le traducteur en librairie ! J'y ai donc assisté à l'improviste. Yves Gauthier a introduit l'auteur, le livre et ses enjeux en fin connaisseur et grand passionné.



Ce serait mentir de ne pas dire qu'il s'agit là d'une lecture très difficile, qui en rebutera plus d'un. Qualifier ce livre de "western sibérien" en quatrième de couverture est un peu exagéré ... Journal d'exploration romancé, autobiographie, récit d'aventure, roman d'amitié, roman hommage, il s'agit plutôt de tout cela que d'un "western".

Car effectivement, et comme le rappelle l'introduction, pas un caillou, pas une brindille ne se voit attribuer son nom, et dans le plus de langues possible. Chaque rivière, chaque fleuve et tous ses affluents sont décrits en long, en large et en travers, ou devrais-je plutôt dire en verstes, en sagènes et en pouces. Si, comme moi, vous avez été séduit par le film de Kurosawa, sachez bien que les scènes d'action et les temps forts du film sont très rapidement racontés dans le roman d'Arseniev et que ce sont surtout des descriptions très pointilleuses, des récits de bivouacs, de marche et de rencontres avec les hommes et les animaux de la taïga qui occupent les trois quarts des 740 pages du livre.



Il faut donc parfois s'accrocher. J'ai mis plus d'un mois à le lire, à petite dose, à mon rythme. Ce n'est pas dérangeant puisque l'auteur découpe vraiment son roman comme un journal d'expédition. Ce sont donc des étapes du voyage qui se succèdent de manière chronologique, avec leur lot d'épisodes et d'anecdotes.



Une poésie se dégage de tout cela. L'auteur, dont on adopte le point de vue, est vraiment attachant. Il est toujours mesuré, il a toujours l'air de garder son calme, on est immédiatement charmé son humilité et sa sensibilité exacerbée au vivant, aux paysages, à l'histoire ou encore aux cycles de la nature. Il ne se met pas en valeur dans ce livre : plusieurs fois, il raconte ses erreurs, il dit avoir peur, avoir froid, avoir faim, être fatigué, etc. Il ne juge que très rarement les pratiques des hommes qu'il rencontre et, lorsqu'il le fait, préfère les éviter plutôt que d'imposer une punition tel un colon civilisateur. Je n'ai le souvenir que d'une seule intervention de sa part, lorsqu'il est sollicité par une communauté pour leur venir en aide face à leurs oppresseurs : il leur en fait la promesse et envoie donc à son retour les militaires russes pour faire respecter leurs droits.

Le reste du temps, c'est un observateur impartial, objectif, conscient de son héritage et de ses biais culturels. Il s'efforce d'éviter l'ethnocentrisme, se met en position d'apprenant vis-à-vis de tous les hommes qu'il rencontre. Il fait vraiment figure de sage, à la fois humble et conscient de ses responsabilités, c'est un véritable plaisir de l'accompagner dans ses voyages, ses réflexions et ses observations. Il s'efface derrière ces paysages qu'il décrit avec poésie mais toujours dans la retenue, les laissant s'exprimer à travers sa plume comme s'il savait que la simple description de quelque chose se suffit à elle-même.



Le véritable héros du livre, comme son titre l'indique, c'est Dersou Ouzala, le chasseur qui incarne aux yeux d'Arseniev un ancien monde qui disparaît alors même qu'il le découvre. Dersou, c'est pour cet homme cultivé et raffiné, originaire de la capitale de l'empire russe - la forêt, les paysages et les montagnes sauvages, les animaux indomptables et les cours d'eau impétueux qu'il nous décrit avec minutie parce qu'ils le fascinent et qu'il les respecte.



Les incendies de forêt hantent toutes les pages et sont constamment comme en filigrane de l'aventure d'Arseniev. Ils laissent derrière eux des paysages désolés et manquent même de tuer l'explorateur et ses hommes. Ils sont en fait une terrible image de la réaction en chaîne qu'engendrent les mouvements de population humains : surpopulation, hiérarchisation et subordination des populations indigènes par les nouveaux arrivants, plus riches et techniquement plus « avancés », paupérisation, surendettement et capitalisme effréné, mise en place de relations commerciales avec les autres régions, etc. Tous ces phénomènes humains très complexes sont décrits par Arseniev et semblent du coup très logiques, voire fatals. On ne prend plus le temps de connaître les animaux pour les traquer, on brûle tout pour les cueillir comme des fleurs alors qu'ils s'enfuient, affolés et désorientés. On ne travaille plus la terre ; on brûle tout afin de cultiver plus vite, plus efficacement, sur des terrains plus grands.



Dersou répète à plusieurs reprises « Comment vivre maintenant ? », et son désespoir résonne encore à l'heure actuelle ... Tout cela, Vladimir Arseniev s'en désole, inconscient ou niant plutôt le fait qu'il participe lui aussi, en tant que militaire russe, à la destruction du monde de Dersou qu'il admire tant. Certains chinois, certains coréens et certains vieux croyants chassent, pêchent et cultivent sans vergogne dans le seul but de s'enrichir ; les russes, grâce aux cartes et aux relevés d'Arseniev, détruiront ces territoires et construiront quant à eux des villes dans le but d'y apporter la civilisation que l'auteur aura appris tout au long de ces voyages, aux côtés de Dersou, à remettre en question.



Les descriptions de certains couchers et levers de soleil, l'évocation de certains bivouacs, de certaines nuits étoilées, sont pleines de poésie et font vraiment rêver - surtout quand on lit cela avec les bruits de la ville en fond sonore ... Comment ne pas être non plus attendri par le récit de leur réveillon de Noël improvisé au coeur de la taïga ?



J'ai aussi particulièrement apprécié les évocations de la figure du tigre, ou « Amba » comme l'appelle Dersou, sorte d'ombre planant constamment sur les hommes, sorte d'image et de symbole vivant de la mort, de la nature sauvage, du chaos d'où nous venons et auquel nous retournons tous. Chacune de ses apparitions est à la fois haletante et bouleversante tant ce rapport aux grands mammifères semble disparu à jamais …



Cela aura donc été un plaisir de suivre chaque jour cette bande dans leurs voyages, à travers les yeux d'un homme passionnant et passionné, c'est à la fois grandiose et très pragmatique, les épisodes s'enchainent comme dans un vrai journal, sans nécessairement de leçon ou de réflexion de la part de l'auteur. Ainsi, quand arrive le dénouement, si logique et pourtant si tragique, après ce qui semble avoir été tant de temps passé aux côtés de ces deux hommes à l'amitié improbable et pourtant si pure, la concision et la justesse d'Arseniev ne manquent pas d'émouvoir aux larmes.



Un dernier mot sur l'édition : l'iconographie inédite ajoute assurément une plus-value et le format est idéal mais les pages se détachent toutefois trop facilement !

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Dersou Ouzala

Le livre aurait plutôt dû s'appeler "Récits d'expédition". La rencontre avec Dersou et ce que l'auteur en apprend sont quasi anecdotiques dans les 700 pages de cette nouvelle traduction complète. Il faut probablement être botaniste pour apprécier toutes les descriptions de paysage, très complètes puisqu'on y trouve tous les noms savants des plantes !

La rencontre avec Dersou reste émouvante, tant ses principes semblent plus élevés que ceux de la "civilisation". A l'époque, cela devait être une leçon choquante pour les lecteurs russes et occidentaux.
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Aux Confins de l'Amour

L’Amour n’est pas un long fleuve tranquille. Le célèbre auteur du nom moins célèbre “Derzou Ouzala”, livre et film (Mikhalkov), nous emmène dans les montagnes du Primorié à la suite du tigre des neiges. Conduits par des guides locaux de différentes ethnies sibériennes, l’auteur et ses soldats accompagnateurs, des cosaques principalement, mènent pendant plus d’un an un périple redoutable, froid, moustiques… Ses relations avec les locaux sont narrées objectivement, factuellement, un choc de cultures entre les esprits imbibés de chamanisme et de supervision et un Russe curieux, attentif et indulgent. Quand on parcourt Khabarovsk et Vladivostok, quels changements en un siècle !! Un grand livre d’aventures géologiques et humaines.
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Dersou Ouzala

Le récit des explorations du Russe avec son ami sibérien au début du XXe siècle paraît dans sa version originale, non expurgée par les Soviétiques. Un grand bol d’air.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Dersou Ouzala

On lit cet ouvrage avec le plaisir qu'on aurait à parcourir un roman d'aventures dont le héros affronterait courageusement des terres inconnues en vivant des expériences extrêmes. A la différence toutefois qu'il ne s'agit pas ici d'un roman, mais du récit d'une histoire vécue, celle des explorations de Vladimir Arséniev, officier du tsar Nicolas II mandaté par la société russe de géographie de l'époque, pour faire en Extrême-Orient des observations et des relevés de terrain, et pour établir des rapports et des cartes.

Le lecteur est ainsi plongé dans la découverte d'une vaste région comprise entre le fleuve Oussouri et le littoral de la mer du Japon. Un voyage lointain, au coeur d'une nature sauvage, au milieu de forêts giboyeuses, peuplées d'arbres séculaires aux essences diverses, à travers une chaîne de montagnes quasi-inexplorée à l'époque, et le long de rivières tumultueuses difficilement franchissables. Oui, ce livre dégage un véritable parfum d'aventures ! Avec une plume précise et colorée, l'auteur évoque longuement l'abondante faune terrestre qui habite les lieux, la multitude d'oiseaux et d'insectes qui survole le territoire, le littoral austère et poissonneux de la mer du Japon, ainsi que la présence par endroits d'une flore aussi belle qu'inattendue.

Mais ce récit est surtout peut-être l'histoire d'une rencontre entre deux hommes que tout oppose a priori, Vladimir Arséniev, un citadin lettré, et Dersou Ouzala, un autochtone solitaire dont les sens aiguisés lui permettent de vivre de la chasse, de survivre dans un univers souvent hostile, mais dont il fait pourtant partie intégrante, car il a appris à trouver ses repères quotidiens en lisant dans les traces des animaux de passage, dans le vol des oiseaux, en observant le ciel, les nuages et le courant des vents.

Cet "homme des bois" est un guide avisé dans les déplacements de l'explorateur, mais il est aussi pour lui un ami. Ce livre est en effet l'histoire d'une amitié d'autant plus forte qu'elle est libre de tout engagement.
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Dersou Ouzala

Vladimir Arseniev, officier topographe au service du tsar Nicolas II nous fait le récit de ses explorations entre 1901 et 1906 dans le territoire de l'Oussouri, affluent de l'Amour, à travers les étendues du Primorie, l'extrême-orient russe. A travers la taïga il est guidé par Dersou Ouzala, trappeur local, avec qui se noue une forte amitié. Dersou Ouzala nous guide nous aussi, nous faisant découvrir faune, flore et même coutumes. Nous sommes dans des territoires quasiment vierges, les humains sont rares : quelques colons russes, quelques coréens, quelques bandits chinois, quelques oudégués… de la vraie aventure à la frontière des cultures russes, coréennes et chinoises. C'est romancé, mais pas énormément : en réalité il n'a rencontré Dersou Ouzala que lors de sa dernière expédition. A part ça, c'est plutôt la relation précise, détaillée, d'une exploration et du coup cela peut sembler parfois répétitif : campement, marche, chasse pour se nourrir, description de la faune et de la flore...A mi-chemin entre le journal de voyage et le roman d'aventure. Mais grâce à Dersou Ouzala, personnage envoûtant qui communie avec la nature, celle-ci, qu'elle soit forêt, montagne, faune ou flore, devient personnage à part entière du récit.

L'amitié entre les deux hommes, si dissemblables, est aussi un grand point fort du récit, amitié qui est narré par Arseniev avec une plume respectueuse, s'effaçant presque derrière son guide.

Akira Kurosawa en a fait un film en coproduction soviéto-japonaise en 1975, excellent film qui transmet bien l'essentiel du livre. le livre et le film font tous les deux un bien fou.
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Dersou Ouzala

Entre 1902 et 1907 Vladimir Arseniev, officier-topographe de l'armée russe, va mener trois expéditions aux confins de la Sibérie orientale.

Même si ces expéditions sont organisées avec rigueur, la taïga, entre Oussouri et Pacifique, est un milieu hostile exigeant une connaissance du terrain que seuls les natifs possèdent. Lorsqu' Arseniev rencontre un vieux chasseur gold, Dersou Ouzala , il comprend très vite qu'il sera leur guide.

A la frontière entre les mondes chinois, coréen et russe on avance sous le charme de ces récits. On savoure chaque instant. Des récits d'aventures, d'épreuves aussi imprévisibles que redoutables. Seul Dersou, l'autochtone attentif à chaque pas, à chaque bruissement fait preuve d'une sagacité sans égale.. Son seul agacement ira à la nonchalance des Russes pressés ne voyant rien, « pareils à des enfants ». Dersou parle aux animaux comme à des hommes, sa vision anthropomorphique qui semble naïve résonne très fortement en nous. Elle se révèle aussi d'une belle efficacité. Des incendies de forêt aux tempêtes de vent ou de neige, de la traversée périlleuse d'une rivière à la rencontre glaçante d'un tigre aux discussions intimes autour d'un feu, c'est toute l'histoire d'une amitié touchante de deux hommes si dissemblables.

On ne sait plus si c'est le personnage de Dersou qui nous envoûte ou si c'est l'écriture limpide et respectueuse d'Arseniev qui nous retient....Quelles que soient ses erreurs d'appréciation ou les épreuves traversées, le narrateur, intrigué et parfois dubitatif, reste humble, sobre et positif.

Ces journaux d'expédition rédigés plus d'une décennie, voire deux, plus tard sont peut-être romancés. Ils restent un témoignage vibrant. Une douce lecture intemporelle.

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Dersou Ouzala

Qu'est-ce que l'humanité ? Mais ce merveilleux livre, évidemment... que j'ai lu il y a plus de 40 ans et dont le souvenir provoque toujours autant d'émotion.

Un livre vrai, généreux, inspiré de la rencontre entre Vladimir Arseniev, l'auteur et Dersou, trappeur vivant en parfaite harmonie avec cette nature rude et exigeante.

Je l'ai toujours dans ma bibliothèque (dans ce domaine je suis particulièrement conservatrice) et j'ai très envie de le relire.

A voir, l'excellent film d'Akira Kurosawa (1975) dont "l'acteur" (?) Interprétant Dersou est en tout point remarquable.
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Dersou Ouzala

Je l'ai lu et relu, j'ai même vu le film. Un témoignage poignant sur l'homme et la nature, même s'il a 100 ans
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Dersou Ouzala

Un extraordinaire récit de voyage qui nous transporte en un temps lointain avec un officier géographe, découvreur de régions inconnues de la taïga sibérienne et un curieux personnage vivant en harmonie avec la nature, chasseur hors normes et fin pisteur qui se joint à lui pour vivre des aventures où la solidarité, la chaleur de l'amitié sont un atout considérable.

Basé sur des faits réels, repris en 75 par le prestigieux Kurosawa au cinéma, le film a fait oublier le livre d'Arséniev

publié en 1921.

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Dersou Ouzala



"Dans la taïga oussourienne, il faut toujours prévoir la possibilité de se trouver face à face avec des fauves. Mais rien n’est aussi désagréable que de se heurter à un être humain. La bête, généralement, se sauve à la vue d’un homme et ne l’attaque que si elle est pourchassée. Dans ces cas-là, chasseur et animal savent ce qu’ils ont à faire. Un être humain est tout autre chose. Il n’y a pas de témoins oculaires dans la taïga, aussi la coutume a-t-elle créé cette tactique singulière : l’homme qui en aperçoit un autre doit tout d’abord se cacher et tenir sa carabine prête." (77)



L’écriture est simple et humble, sobre en sentiments personnels. Le narrateur, en sa qualité d’observateur scientifique, s’efface, se glisse derrière les bouleaux, ratons laveurs, polatouches, chênes et grimpereaux. Il rapporte des bruits, des sensations. Le cri aigu, perçant et court de l’écureuil, la chaleur de l’air, la terrible piqûre des gnouss, le souffle de l’ours. Les descriptions des mœurs côtoyées et des paysages traversés n’ont pas beaucoup de relief pour notre goût actuel. On a le sentiment d’un monde lointain qui se dérobe à notre compréhension. Le passage qui se situe entre la première rencontre avec Dersou et la seconde est assez lancinante et morne. C’est le Gold, qui, par sa présence, fait respirer le livre. On découvre un pisteur hors pair, à l’égal de l’inspecteur australien Napoléon Bonaparte, du navajo Joe Leaphorn, voire même de Sherlock Holmes. Il est à la fois touchant et insaisissable. En refermant l’ouvrage, on se dit qu’Akira Kurosawa en a tiré toute la substance.



"La nuit, quand on voit une lumière, on ne peut en déterminer la proximité ni l’éloignement, pas plus que le degré d’élévation au-dessus du niveau de la terre. Elle apparaît simplement quelque part dans l’espace." (105)


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Dersou Ouzala

Une magnifique histoire d'amitié avec en toile de fond une description précise et enivrante des paysages de la taïga qui sont un personnage à part entière de l'histoire. On suit avec passion et émotion les aventures de ces deux personnages et leurs troupes dans les montagnes, les bivouacs au coin du feu etc. comme un oiseau perché sur leur épaule. Quelques longueurs parfois qui ne nuisent pas à la magie du texte. Un bonheur de lecture, merci à la merveilleuse personne qui me l'a offert...
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Dersou Ouzala

Superbe histoire qui se déroule dans les forêts de Sibérie et qui a été portée à l'écran de manière superbe. A lire et à voir.
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Dersou Ouzala

Ce fut l'coup d'foudre, je crois qu'on peut identifier comme ça ma plongée dans la forêt oussourienne aux côtés de Vladimir Arseniev et du fidèle Dersou. Mi-journal de bord, mi-roman d'aventure, ces pérégrinations d'un topographe besogneux et de ses équipes dévouées ont le souffle des plus belles promenades, celles qui sillonnent les mondes perdus et surprennent les bestiaires les plus fascinants.



Tout y a le délice des descriptions de coin du feu, verve admirable pour laquelle j'ai le plus grand respect, et qui demande un savoir faire assez subtil dans l'enthousiasme et le pouvoir d'évocation. La forêt y est un personnage à part entière et la montagne en est un autre. L'une endosse divers pelages et se dresse partout, ronge sols et monts, bête sombre prête à dévorer les hères les plus téméraires, l'autre érige ses façades versatiles sur tous les horizons, tantôt protectrice contre les ouragans les plus hostiles, tantôt rempart devant tous les espoirs. Et la faune garde une part magnifique, unique, décrite avec l’œil craintif du gamin qui frissonne dans les premières ténèbres nocturnes.



Sangliers de bonne taille, glouton le bien nommé qu'on hèle également sous les sobriquets de carcajou ou wolvérène et qu'on ne pourra accuser de manquer de mélodie dans ses dénominations, écureuils volants, portes-musc, corneilles, saumons de diverses formes et volumes, chats sauvages, ours bruns et ours à collier, les bêtes sont de sortie et offrent à cette expédition toutes les richesses de l'inattendu. Et le tigre, bien-sûr, le grand rayé, le bagnard de la jungle, seigneur et maître en ces terres, roi mystique emportant dans ses zébrures tous les arômes du fantastique et marquant dans les regards et les voix des âmes aux seules frondaisons comme toit la crainte d'un dieu incarné. Celui qui a une plaine de hautes herbes peinte sur le corps ne peut-être un simple mortel.



Et puis il y a Dersou, un personnage brillamment écrit et décrit, un petit bout de taïga fait homme, fichtrement touchant dans son lien avec Arseniev. C'est ce genre d'amitié ceinte par la collision de deux cultures, ces bons vieux rat des champs et rat des villes, qui d'ordinaire peine tant à trouver sa justesse et qui ici, dans ces bois fantasmés, là où les chaperons apportent leurs victuailles aux mères-grands et où les mômes sèment des cailloux pour retrouver leur chemin, n'a que sa simple et belle évidence à proposer.
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Dersou Ouzala

Livre splendide qu'aimeront tous les aficionados de la nature sauvage et des relations humaines profondes. Les rencontres entre un officier de l'armée du tsar Nicolas II et Dersou, trappeur, qui vit au coeur de la nature, sont emplies de poésie et d'émotion. C'est une immersion dans l'immense nature russe avec des descriptions d'une qualité exceptionnelle. C'est également un roman d'amitié entre deux hommes de conditions très différentes qui vont partager une passion, celle de la nature, tout au long de leurs rencontres. Et bien sûr, un film de Kurosawa pour sublimer avec talent toutes les images de cette très belle harmonie.
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