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Critiques de W. G. Sebald (110)
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Austerlitz

J'ai fait la connaissance de cet auteur avec Les Émigrants qui ne m'avait pas enthousiasmée mais cependant intriguée suffisamment pour que je revienne à cet auteur. C'est chose faite avec Austerlitz qui aborde le même thème, à savoir le déracinement que les juifs ont dû choisir pour échapper à leur assassinat orchestré par le Troisième Reich. Il s'agit ici non pas de nouvelles mais bien d'un roman qui s'attache d'ailleurs essentiellement à un seul personnage: Jacques Austerlitz. Arrivé en Grande-Bretagne au cours de l'été 1939 à l'âge de 4 ans, en provenance de Tchécoslovaquie, et adopté par un vieux prédicateur non-conformiste gallois et sa femme, il se voit contraint de s'adapter à une nouvelle vie une, nouvelle langue, une nouvelle culture et même un nouveau nom. le roman retrace, à travers le récit qu'il en fait à l'auteur, son parcours pour renouer avec sa véritable identité. C'est proche du récit d'une psychanalyse et c'est ce qui m'a fait penser que ce récit était autobiographique mais il n'en est rien : Austerlitz est d'origine tchèque, Sebald est allemand. Austerlitz est juif, Sebald ne l'est pas (son père était dans la Wehrmacht)…. Comme dans Les Émigrants, le récit est émaillé de descriptions précises de lieux et agrémenté de photographies qui lui donnent un aspect documentaire et contribue à la fascination qu'il a exercé sur moi. L'écriture est un peu surannée, rappelant les grands auteurs du XIXe siècle et la double indirestion du style contribue à nous distancier du vécu d'Austerlitz.

Bien que relativement peu connu dans le monde francophone, je me suis rendu compte que Sebald avait été pressenti pour le prix Nobel. Il est malheureusement mort prématurément à l'âge de 57 ans. Comme Austerlitz, Sebald est retourné dans le néant de l'oubli…

Ce roman m'a permis de mieux apprivoiser le style original de Sebald. Je l'ai trouvé beaucoup plus abouti que les nouvelles des Émigrants et je me promets de poursuivre l'exploration de cet auteur. À ceux qui ne le connaissent pas, je recommande d'en faire la découverte.
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Austerlitz

Je viens de finir ce livre extraordinaire qui rentre dans mon panthéon de la littérature moderne. Ce livre est un bijoux de subtilité et amène à des réflexions sur le temps, la mort et l’histoire d’une profondeur rarissime.



Les 50 premières pages sont difficiles car Austerlitz et le narrateur y discutent principalement d’architecture, mais comme Austerlitz a pris le temps de connaître notre narrateur avant de lui confier sa vie, il faut faire confiance à Sebald et continuer la lecture pour découvrir la quête des origines à laquelle Austerlitz a voué une partie de sa vie. Au final on suit Austerlitz à travers l’Europe, Londres, Paris, Prague, Nuremberg à la recherche des traces d’une enfance ensevelie sous le poids terrible de l’histoire, cette quête est aussi douloureuse qu’elle est envoûtante et on ne décrochera ensuite plus jusqu’à la dernière ligne.



Ce roman est merveilleux de justesse et m’a procuré la sensation étrange de toucher quelques idées sublimes. Je m’en vais sur le champ de ouvrir toutes les autres œuvres de Sebald.
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Austerlitz

Suite de réflexions induite par des associations d’idées libres, circulations presque aléatoires entre des lieux comme Londres, Prague, Theresienstadt, Paris, Anvers… en compagnie de deux amis férus d’architecture. Leurs rendez vous espacés dans le temps entraînent le lecteur dans leur sillage, ballottés au gré des aléas de la vie, des hasards des retrouvailles. L’amitié grandissante entre ces deux hommes permet la lente éclosion de la parole et aux souvenirs de survenir.

Jacques Austerlitz, un homme sans racines, sans mémoire, sans famille, seul au monde, grâce à un ami écrivain attentionné, attentif, respectueux peut affronter la plus difficile des quêtes, celle de ses origines.

La traversée de souffrances mentales innommables que les traumatismes de la guerre, des déportations successives subies par les parents font peser sur les survivants est incroyable. Ce livre est un témoignage bouleversant mais c’est peu de le dire ainsi.
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Austerlitz

Il y a peu, j'ai relu Austerlitz.

Il n'est pas fréquent que je relise.

Voici ce qui m'y a amené.



Robert Desnos est mort à Terezin en juin 1945. Après avoir lu la Légende d'un dormeur éveillé, je me suis souvenu que Sebald en parlait dans Austerlitz et dans mon souvenir c'était au début du livre. Ma mémoire me jouait des tours. Le camp dont parle d'abord Sebald est celui du fort de Breendonk, en Belgique. Terezin n'est décrit que bien plus loin. Alors, au lieu de feuilleter le livre afin de retomber sur cette description, je suis mis à tout relire.

Et mon chemin de redécouverte du livre, dont j'avais oublié des parties entières, est venu curieusement en contrepoint de la recherche des origines qui est son objet.

Je crois que mon plaisir de lecture fut encore plus grand que la première fois. Austerlitz est probablement le plus linéaire des livres de Sebald. Même si les réflexions d'une grande hauteur de vue sur l'histoire de l'humanité abondent, notamment à partir de l'architecture des gares ou de l'entomologie, le travail de mémoire, dans le cas si douloureux d'un événement traumatique primordial, guide toute l'oeuvre.

Le génie de Sebald est de nous emmener dans ce parcours de nature éminemment psychologique sans parler de psychologie, indirectement, par les récits que fait Austerlitz au narrateur.

Un art subtil, une empathie d'une infinie délicatesse: voilà pourquoi j'aime tant Sebald.
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Austerlitz

On retrouve très souvent deux mots dans ce texte (qui est un roman d'après le quatrième de couverture) et c'est « Austerlitz dit », un peu à la manière du « Pereira prétend » de Tabucchi (on y rencontre d'ailleurs un Pereira comme personnage secondaire)… Le narrateur y évoque ses rencontres avec un dénommé Jacques Austerlitz. Arrivé en 1939, vers l'âge de cinq ans, dans la sinistre famille d'un pasteur gallois nommé Elias, dont il portera le nom, Austerlitz ne se souvient pas de sa petite enfance et semble souffrir déjà d'un manque de sentiment d'appartenance. Scolarisé tôt dans pensionnat, un de ses professeurs entreprendra des démarches pour connaître la véritable identité de son élève, qui toute sa vie cherchera ses origines. Comme toujours chez Sebald, du moins dans les deux autres romans que j'ai lu de lui, tous les éléments de narrations sont imbriqués les uns dans les autres, ouvrant la porte à toutes sortes de digressions apparentes (textes et images) qui finissent pourtant par faire sens. Du grand art.
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Austerlitz

Étrange ouvrage que cet Austerlitz à la fois fascinant et oppressant. Sebald met en scène un personnage énigmatique qui croise régulièrement la route du narrateur à qui il fait partager son immense culture et ses souvenirs. La forme est tout à fait inhabituelle; phrases sans fin, sans paragraphes ni alinéas dans lesquelles l'auteur joue de ce suspense que la langue allemande favorise en permettant de toujours repousser le verbe, laissant ainsi planer un doute sur le sens même de la narration. Ce flux logorrhéique n'est interrompu que par des photos, des bribes qui aident à construire le souvenir, à faire émerger les moments de vie aux côtés de faits qui semblent non triés. De cette reconstruction minutieuse de la mémoire finit par émerger une vérité, un drame, une histoire à la fois singulière et universelle.
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Austerlitz

Difficile de pas être attiré par la photographie de couverture qui représente un garçonnet blond déguisé en page. Qui est cet enfant fixant l’objectif avec confiance ? D’autres photographies en noir et blanc ponctuent ce récit étrange qui mélange astucieusement réalité et fiction, souvenirs et rêves, à la recherche d’un passé enterré, occulté, extirpé par fragments à travers des correspondances parfois déconcertantes pour le lecteur. Ce jeu de piste à travers la mémoire a quelque chose de fascinant.

Le narrateur rencontre Austerlitz dans la salle des pas perdus de la gare d’Anvers en 1967. Celui-ci, professeur d’histoire et spécialiste d’architecture, engage la conversation et la discussion se poursuit au buffet sur la genèse de la gare d’Anvers. D’autres rencontres ont lieu, disséminées dans le temps, jusqu’à celle décisive au bar du Great Eastern Hotel en 1996. Jacques Austerlitz raconte à son ami la quête douloureuse de ses origines, lui l’orphelin, recueilli en 1942 à l’âge de quatre ans par un couple de gallois sans enfant et qui ne prit connaissance de son vrai nom que dans sa quinzième année. Commence alors l’étonnant récit de Jacques Austerlitz, au nom si peu commun.

Ce roman d’une densité inouïe, ultime roman de W.G. Sebald, résonne avec une acuité particulière en ces temps de migrations forcées et de déracinements. Avec Austerlitz, la douleur de l’exil et la perte de ses racines prennent une dimension universelle.

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Austerlitz

Austerlitz.

Avec un titre tel que celui-ci, nous pouvions nous attendre à un contenu assez "banal", au du moins, puisque cette période funeste ne peut être banale, similaire à beaucoup d'autres oeuvres sur cette même époque.

Lourde erreur. Austerlitz est avant tout un roman humain, sur un homme prêt à tout, dans ce déni omniprésent, à tout d'abord oublier ses origines. Puis, peu à peu, longuement il s'ouvre et cette censure psychologique s'efface. C'est une oeuvre sans aucun doute touchante, mais peut-être un peu difficile à suivre, avec l'enchevêtrement de de narrateurs, et d'histoires.

Austerlitz reste un homme mystérieux, avec une intelligence sans faille.

Un roman qui donne une autre vision de la guerre, loin des combats, mais tellement proche des survivants, et du désarroi qui les accompagne.
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Austerlitz

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Austerlitz

Par cette lecture, je découvre l'écriture de W. G. Sebald, et je me félicite d'avoir lu cet ouvrage dans sa totalité, car il s'agit d'un livre qui se mérite. Je pense d'ailleurs que si je n'étais pas venue à bout du roman "Du côté de chez Swann" de Marcel Proust, j'aurais éprouvé de grandes difficultés à lire Austerlitz. Le roman est déjà épais (environ 350 pages) les caractères assez petits. Les phrases sont souvent longues. Le texte rédigé d'un seul tenant, sans paragraphes ni chapitres. Beaucoup de références littéraires ou historiques; des citations en tchèque, allemand ou anglais (non traduites)... Enfin, la lecture est encore rendue plus complexe par les digressions du principal protagoniste, Austerlitz, et l'introspection qu'il mène. Le sujet est grave, voire dramatique, car l'histoire tourne autour de la shoah, la quête d'une identité, l'implosion de familles, sans compter sur des aspects sordides : spoliation des juifs, ou les machinations terribles des S.S. déportant et massacrant ces populations, hommes, femmes ou enfants. Que de vies brisées! même pour les survivants, pantins déracinés malmenés à jamais par l'existence, victimes de leur passé ou de secrets inavouables.

Un très beau livre, malgré sa noirceur. Une superbe découverte. Une lecture qui laisse des traces. Authentique roman? Biographie? J'ai des doutes, qui sont fondés puisque les photos et illustrations sont présentes en très grand nombre tout au long de l'ouvrage, dès l'illustration de couverture d'ailleurs qui est une photographie issue des archives de l'auteur.



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Austerlitz

Dans une jambe amputée, le cerveau continue à envoyer des sensations-fantômes.

Dans la vie de son double, un jumeau prématurément disparu déploie l'ombre de la mort à jamais.

On a beau la fuir, une histoire traumatique finit toujours par ressurgir à l'instar des réflexes douloureux qui jaillissent dans le membre amputé.

C'est ce qui nous (ré)apprennent les vagues de souvenirs enfuis de Jacques Austerlitz, « Juif errant » hanté par des sensations-fantômes et par l'ombre de la mort, dans le superbe livre de W.G. Sebald.



Lecture contrariante, aussi belle qu'exigeante, s'adressant à l'inconscient du lecteur plutôt qu'à sa raison, et l'emportant dans des tourbillons d'associations et de signes qui se font et se défont dans une dynamique liquide.



Un narrateur admiratif (exécuteur testamentaire en ordre symbolique) nous donne à lire le processus tardif (et demeurant fictif, car en grande partie impossible) de recouvrement de la mémoire chez un orphelin de guerre. La conscience de sa judaïcité, redécouverte à l'âge adulte, et les échos embrumés de la petite enfance se réveillent chez Austerlitz en lien avec l'art et l'image, à travers le sentiment d'appartenance à un patrimoine partagé, qui semble nourrir l'illusion indispensable de toute reformulation du soi.



La culture servant de béquille pour un vécu devenu inaccessible, on suit la pensée d'Austerlitz opérant à travers un regard érudit, qui caresse les surfaces et les volumes, s'attarde sur toutes les catégories du vivant, sur leurs empreintes, leurs épaves et leurs traces pour y extraire des souvenirs lointains, émiettés, voire chimériques, du passé. Discours déployés dans des espaces magnifiés ; paysages dé-réalisés ; tissus urbains révélant leur étrangeté poétique ; le regard des animaux enfermés dans leurs cages de zoo ; les récits des autres, témoins de la disparition de ses parents ; dans la lecture d'Austerlitz, le monde gagne l'allure inquiétante d'un artefact guetté par la décrépitude et le chagrin.



L'art gothique codifiait le dogme, le traduisant en géométrie architecturale ; Sebald réussit à développer fastueusement toute une topographie subjective afin de dire l'Absence : « Aussi loin que je puisse revenir en arrière, dit Austerlitz, j'ai toujours eu le sentiment de ne pas avoir de place dans la réalité, de ne pas avoir d'existence » (p. 219). « Il ne m'était visiblement pas d'un grand secours d'avoir découvert les sources de ma perturbation ni d'être capable de me voir moi-même avec la plus grande acuité, tout au long de ces années révolues, en petit garçon coupé du jour au lendemain de sa vie familière : la raison ne prenait pas l'ascendant sur le sentiment d'avoir été rejeté et effacé de la vie » (p. 271).



A travers la figure d'Austerlitz, en quête de son histoire occultée par L Histoire, Sebald nous offre une véritable phénoménologie de la mémoire traumatique et du souvenir refoulé, ennoblie d'un éclat pathologique qui confère à son personnage l'aura d'un prince Myshkin et le place dans la généalogie romantique des innocents maudits.



L'écriture qui brouille les frontières des genres littéraires (« Austerlitz » est un mélange d'essai, de témoignage, de confession et de carnet de voyage nous évoquant Balzac et Stendhal, Proust, Kafka et Perec...), sert à perfection la description de cet univers fluctuant, changeant, incompréhensible, manquant de fondation : le monde d'Austerlitz et tout autant le nôtre...



Car tout le savoir du monde ne saurait racheter la chaleur d'une famille perdue et des parents disparus :



« Plusieurs fois il est également arrivé, dit Austerlitz, que des oiseaux égarés dans la forêt de la Bibliothèque aient foncé sur les arbres se reflétant dans les vitres et soient tombés raides morts après un choc sourd. Assis à ma place dans la salle de lecture, j'ai souvent réfléchi au lien qui existe entre de tels accidents imprévisibles, comme la chute mortelle d'une créature qui s'est écartée de sa voie naturelle ou encore les symptômes récurrents de paralysie affectant le réseau informatique, d'une part, et la conception d'ensemble, cartésienne, de la Bibliothèque nationale, de l'autre ; et j'en suis arrivé à la conclusion que dans chacun des projets élaborés et développés par nous, la taille et le degré de complexité des systèmes d'information et de contrôle qu'on y adjoint sont les facteurs décisifs, et qu'en conséquence la perfection exhaustive et absolue du concept peut tout à fait aller, et même, pour finir, va nécessairement de pair avec un dysfonctionnement chronique et une fragilité inhérente. Pour ce qui me concerne, du moins, moi qui ai consacré une grande partie de ma vie à étudier dans les livres et me sens presque comme chez moi à la Bodleian, au British Museum et dans la rue de Richelieu, cette gigantesque nouvelle Bibliothèque censée être, selon une expression horrible qui maintenant fait florès, le sanctuaire de tout notre patrimoine écrit, a prouvé son inutilité dans l'enquête que j'effectuais pour retrouver les traces de mon père qui se perdent à Paris » (pp. 328-329).
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Austerlitz

Tout est à lire, à relire, à relire encore et sans fin, dans l’œuvre captivante de W.G. Sebald (1944-2001), où se mêlent étroitement fiction et réalité, narration et méditation, autour des thèmes de l’exil et de la destruction.
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
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Austerlitz

Exhumer le passé à partir de ses traces. Le roman vertigineux et admirable d’après la catastrophe.



Dans cet ultime roman de W.G. Sebald publié en 2001, traduit en 2002 par Patrick Charbonneau pour les éditions Actes Sud, le narrateur part en voyage comme dans «Les anneaux de Saturne», pour échapper à un malaise diffus, mû par une impulsion incompréhensible. En Belgique, après la visite du jardin zoologique d’Anvers et en particulier de son Nocturama, où des animaux «vivent leur vie crépusculaire à la lueur d’une lune blafarde», ses pas le conduisent dans la gare d’Anvers – lieu qui se confond dans son esprit avec le Nocturama – car les êtres humains y semblent rétrécis sous la hauteur extraordinaire de la verrière et portent sur leurs visages la même expression d’accablement que les bêtes du zoo.



La suite sur mon blog ici :
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Austerlitz

Parce que, même si je n'ai pas son érudition, sa démarche est celle dont je me sens le plus proche. Sa manière d'errer à travers livres et villes définit, de mon point de vue, assez bien la position de l'écrivain d'aujourd'hui. Dans la même démarche voir aussi La vitesse des choses de Fresan ou A la recherche du voile noir de Moody...
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Austerlitz

C'est un récit difficile. Sans doute dû au style souvent indirect : des phrases longues délivrant plusieurs informations à la fois. Deux mots ont surgi de mon esprit : mathématique et liquide. On y parle d'architecture. Il est beaucoup question de la ville et des gares ferroviaires. La ville scellées par son passé, une sorte de labyrinthe de la mémoire, avec ses cimetières. A l'opposé, la gare. On y arrive et on y part. Deux mondes qui se heurtent : la mémoire et le temps au mouvement et à l'infini. C'est comme une pulsation. L'auteur utilise la langue comme signe et mystère. Elle témoigne. Des photographies sont dispersées afin d'apporter un gage d'authenticité à la quête identitaire de ce prénommé Austerlitz, homme déraciné.
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Austerlitz

Un livre difficile. Foisonnant. Érudit.



Il faut réussir à se délivrer de la première moitié du livre pour ensuite se laisser porter par l'histoire d'Austerlitz. Un livre triste truffé de connaissances et de précisions. Impressionné.







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Austerlitz

Austerlitz est peut-être le plus grand livre de l'Allemand W. G. Sebald [...] se déploie en ces pages la quintessence d'une oeuvre que caractérisent une qualité poétique intense, une obsession de la mémoire et de la trace, une infinie mélancolie
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Austerlitz

Le génie de W. G. Sebald, déjà salué de son vivant, se retrouve dans l’un de ses derniers romans : Austerlitz. Les thématiques du voyage et de la crise identitaire - chères à l’auteur - s’y retrouvent. Le narrateur - dont la ressemblance avec l’auteur est frappante - se fait le dépositaire de l’histoire d’Austerlitz, un émigré Juif à la recherche de ses origines. La force de ce roman réside dans le style alternant écriture de fiction et écriture scientifique, historienne. De fait, la quête dans le passé d’Austerlitz n’est pas seulement documentée et rattachée à l’Histoire, c’est aussi un témoignage de ses souffrances et de ses états d’âme. A la recherche de ses origines et du mot juste, Austerlitz est l’incarnation de l’écrivain-artisan sensible à la langue mais dont sa propre plume lui est devenue étrangère. Bien que la structure soit très travaillée avec des récits enchâssés, l’absence de découpage en chapitres oblige une lecture assidue de la part du lecteur, entraîné à son tour dans la quête d’Austerlitz. Dans une harmonie imitative, les phrases s'enchaînent d’une manière si fluide qu’elles épousent parfaitement le mouvement des pensées des personnages, leurs nombreux déplacements ainsi que le flot continu des paroles d’Austerlitz. Voyage dans le temps, l’espace et l’esprit, Austerlitz est un récit bouleversant au nom des âmes déracinées, prises de vertiges face à la réminiscence de leur passé. Dès lors, il ne s’agit plus de connaître l’Histoire, mais son histoire.
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Austerlitz

Je suis tombé sur les écrits de WG Sebald pour la première fois par accident. J'étais dans ma bibliothèque habituelle lorsque je suis tombé sur un livre, Les Anneaux de Saturne, dont la typographie et la qualité de production m'ont tellement intrigué que, même s'il ne pouvait en aucun cas être décrit comme un guide conventionnel, je l'ai emporté avec moi.

J'ai été immédiatement hypnotisé par le curieux style de prose, si plat et ostensiblement sans conséquence, qui décrit une sorte de monologue intérieur méditatif, pas du tout le monde tel qu'il est vu et décrit par une personne ordinaire, mais une vision du monde vue à travers un verre sombre et réfracté à travers l'imagination étrange et parfois inconfortable d'un professeur de littérature allemande dyspeptique et exceptionnellement bien informé, d'âge moyen, dont on présume qu'il n'a jamais été marié et qui décide de faire une longue promenade sans but sur les rives d'une rivière du Norfolk méditant sur des aspects de son histoire et sur ce qu'il voit en chemin.

Austerlitz est, à bien des égards, un autre tour de force littéraire, utilisant le même langage de mélancolie prolongée et ostensiblement sans conséquence pour décrire la vie de quelqu'un qu'il rencontre pour la première fois à la gare d'Anvers en étudiant l'architecture de sa salle d'attente.

Il est impossible de dire dans quelle mesure ce récit, le cas échéant, est vrai, bien qu'il soit illustré avec des photographies floues et grises de personnes et de lieux, ce qui lui confère de la véracité, surtout l'image du narrateur lui-même, avec ses cheveux ondulés distinctifs, regardant curieusement le photographe et habillé comme pour une soirée déguisée à Prague juste avant la guerre.

Le récit, s'il est vrai, est remarquable. Le héros du livre, ou plus exactement l'anti-héros puisqu'il ne fait essentiellement rien de particulièrement utile de sa vie, est né à Prague, fils d'un chanteur d'opéra au succès modéré et directeur d'une petite usine de fabrication de pantoufles qui était également actif dans la politique de gauche.

La montée du parti nazi en Allemagne et l'invasion allemande de la Tchécoslovaquie qui a suivi ont obligé son père à fuir à Paris, pour ne plus jamais être revu ni entendu, ses lettres à sa famille étant confisquées par les autorités allemandes. Sa mère a réussi à faire en sorte que son fils soit envoyé à Londres. Il a été adopté par un prédicateur non-conformiste et sa femme, près de Bala dans le nord du Pays de Galles.

Le garçon, intelligent, est allé dans une petite école publique qu'il n'aimait pas du tout, et a été encouragé par son professeur d'histoire à aller à Oxford. Après avoir étudié la classification de l'architecture officielle du XIXe siècle à l'Institut Courtauld, il obtient un poste d'enseignant dans un établissement dont le nom n'est jamais tout à fait clair, tout en vivant dans une petite maison mitoyenne dans l'East End de Londres.

La base de la fiction, s'il s'agit d'une fiction, est que l'auteur et le narrateur se rencontrent périodiquement, non seulement à Anvers, mais aussi au bar de l'ancien Great Eastern Hotel à Liverpool Street Station, à Londres, et dans un café à Paris. .

Par de longs récits sombres et délabrés de sa vie qui ont parfois le caractère d'histoires de chiens hirsutes, le narrateur construit un sens de sa personnalité qui est essentiellement profondément mélancolique, dépourvu de toute amitié, sauf celle d'une fille de la bibliothèque qui l'a pris en pitié et part en vacances avec lui à Marienbad.

Qu'allons-nous faire de cela ? À certains égards, le récit est emblématique de nombreuses vies ostensiblement inefficaces, d'une intelligence académique gaspillée dans un projet intellectuel grandiose qui nécessite des années de prise de notes mais ne débouche jamais sur le grand livre qui aurait dû en résulter, jusqu'à ce que le narrateur décide de brûler toute l'accumulation de matériel dans un petit feu de joie dans le jardin de sa maison mitoyenne. Mais, en même temps et d'une manière très particulière, le livre donne un sens étrangement transcendant et hypnotique de la puissance de l'histoire et de la relation entre un individu et les accidents de sa vie.

Je n'ai jamais lu un livre qui offre un récit aussi puissant de la dévastation provoquée par la dispersion des Juifs de Prague et de leur traitement par les nazis. Austerlitz ne parvient pas à donner un sens à sa jeune vie brutalisée alors qu'il erre dans le camp de concentration de Terezen, où sa mère était enfermée, ce qui le fait s'effondrer lorsqu'il se souvient plus tard de ce qui s'est passé.

Et j'ai lu peu de livres qui offrent un sens aussi intense du lieu et de la relation des bâtiments à leur histoire, y compris, par exemple, une description hypnotique de la façon dont Austerlitz découvre les rues où il est né, ainsi que des lieux particuliers, de Gare d'Anvers jusqu'au cimetière d'un quartier de Londres.

Sebald décrit un univers particulier mais reconnaissable, la façon dont l'expérience du monde peut être façonnée par une intelligence fortement académique et historique.

Son style de prose est distinctif dans la longueur de ses phrases et le léger archaïsme de la manière, la monotonie de ses cadences . Mais je recommanderais fortement à quiconque n'a pas expérimenté son écriture de le faire, car il réussit à communiquer des questions d'une grande importance concernant le temps, la mémoire et l'expérience humaine.

L'inhumanité ne cesse pas.

Ce que Sebald écrit est-il vrai ?

Ce n'est pas important.

C'est la fiction qui est la puissance.


Lien : http://holophernes.over-blog..
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Austerlitz

De Sebald, j’avais déjà lu Les Anneaux de saturne, et je me suis replongée avec plaisir dans ce style si particulier, aux phrases étirées sur des dizaines de lignes, parfois sur des pages entières, sans que le propos perde sa limpidité.

Les thèmes abordés dans ce roman sont le temps (et la proposition d’une conception non linéaire de celui-ci), la Shoah, la mémoire traumatique ou encore la quête des origines.

Au fil du récit enchâssé de Jacques Austerlitz qui raconte à un narrateur anonyme son histoire et sa quête, les souvenirs des personnages s’accumulent jusqu’à former des strates très denses et enchevêtrées. La chronologie des événements se trouve brouillée, le passé s’immisce dans le présent et le lecteur est aspiré dans le vertige du temps éclaté et déréglé propre au traumatisme.

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