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Citations de Wolfgang Büscher (27)


Une autre connaissance américaine, le peintre George Catlin, décrivit au prince la disparition des Mandan.

"En quelques jours, la maladie devint terrifiante, les gens mouraient en peu de temps. Le désespoir était si grand que près de la moitié des malades se donnaient la mort avec un couteau, un fusil ou se jetaient du haut d'une falaise."

Ce n'était pas la fin d'une tribu mais la fin d'un monde ; c'était exactement la façon dont les Indiens chassaient le bison - en le repoussant vers des falaises d'où il se précipitait vers la mort.
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Je marchais sans inquiétude, sans hâte. Rien de tel que la paix versée par une chute de neige dans l'âme d'un randonneur.
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On pouvait sourire de la ruse provinciale des colons du Dakota du Nord ou l’admirer. C’était avec cet esprit qu’ils avaient édifié leur premier Capitole, l’affirmation d’un Etat en plein milieu de la Prairie, c’est-à-dire à l’époque, dans les années 1880, un pays d’herbage, un pays de bisons et de Sioux – un océan d’herbe. Tous ceux qui écrivaient ne cessaient de succomber à la blancheur du tableau quand ils regardaient la Prairie, son uniformité démesurée désorientait hommes et bêtes.
« Vert doré, infinie comme l’océan, la Prairie s’étendait. Pas une maison en vue en dehors de nos écuries et de nos remises. Pas d’arbre, pas de bosquet, l’herbe et le blé seulement, aussi loin que porte le regard. Il n’y avait pas de fleurs non plus, de temps en temps on rencontrait, parmi les blés, des houppes jaunes de moutarde sauvage, les uniques fleurs de la Prairie. »
Il s’agit de l’été 1887, et celui qui le brosse en peu de traits est un jeune émigré. Un colporteur qui souffrait de la faim, chez lui, en Norvège, un travailleur saisonnier dans une ferme du Dakota du Nord, le futur écrivain Knut Hamsun. Il avait essayé de s’en sortir dans les villes américaines comme cantonnier, contrôleur de train à Chicago, prédicateur dans l’une des nombreuses sectes du Nouveau monde, comme vendeur chez un commerçant du nom de Hart. Il écrivait la nuit, plein de fièvre et d’espoir, la langue viendrait à lui, il savait qu’elle viendrait. Durant l’été 1887, il se défonçait au travail seize heures par jour dans les champs de blé des Grandes Plaines du Nord que j’avais aperçues depuis le sommet du Capitole, à 20, 30 miles à la ronde. Dans ses œuvres à venir, Hamsun ferait errer dans ces Prairies certains de ses héros agités, affamés, avides, de ferme en ferme, de fuite en fuite. Ce qu’il avait connu.
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Wolfgang Büscher
Villes fantômes page 36
Si le rêve s'effondrait, ils laissaient tout et ils allaient plus loin. Nous avons beaucoup de villes fantômes parce que nous avons beaucoup de rêves, qui se sont effondrés.
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la pizza page 97
Lorsque la pizza arriva, je ne la reconnus pas, mais je l'avais cherché. Elle avait été victime, en cuisine, d'un attentat. Le cuisinier avait enfoui mon repas sous une avalanche de fromage fondu. Lui ne trouvait rien à redire, il faisait toujours comme ça et ne donnait à ses clients que ce qu'ils désiraient.
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Levant le regard, je vis un aigle et ses ailes, reconnaissables à leur envergure, qu'il gardait immobiles. Il planait avec légèreté dans le ciel, traçait d'élégants cercles sans effort. Je le suivais, plein d'admiration - moi j'étais le contraire de ce vol splendide, un paquet brûlé de soleil qui se traînait, à bout de forces, avec un chiffon trempé sur le corps qui avait été une chemise en des temps meilleurs.
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Ce n'était pas l'été raffiné de Paris ou de Vienne, voire de Boston, qui avait fait son apparition, non, c'était l'été des Plaines fonceur, un type à la nuque burinée par le soleil et aux manières brutes. L'habituelle succession des saisons ne le concernait pas, à l'hiver affaibli par l'âge il donnait le coup de grâce, repoussait avec brusquerie le tendre printemps, un dandy inutile à ses yeux, libre à lui de flâner sur les avenues des grandes villes, il n'avait rien à faire ici - ici, l'été sautait de son cheval fumant et s'emparait du pouvoir avec sa clique grossière, la bande des tornades.
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« Ce fleuve qui dort chaque nuit dans un autre lit », disaient les premiers colons au sujet du Missouri.
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La trompe de la locomotive était devenue le fond sonore de mon voyage - le seul qui fût dénominateur, qui n'en supportât pas d'autre, en tout point comparable au carillon de nos églises. Mais il lui manquait la familiarité vespérale, dominicale des cloches. Il retentissait chaque fois comme la trompette d'un être d'un autre temps, l'âge de fer et ses projets héroïques.
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Le mile était un allié de la route - c'était un objet récalcitrant. Semblable à une vieille capote militaire rigide et lourde qui teste celui qui la porte avant que celui-ci ne puisse la rendre plus confortable, tel était le mile. Le kilomètre était en revanche une veste de trekking légère.
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Sur la rive occidentale du Missouri s'étendaient les réserves pénétrant au plus profond du Dakota du Sud, celle des Sioux et celle à peine moins grande des Cheyennes. Ce qui semblait être une frontière naturelle était en réalité tout autre chose. C'était le rideau tombant à la fin d'un drame sanglant en plusieurs actes qui s'était joué durant tout le XIXe siècle.
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Rien de tel que la paix versée par une chute de neige dans l'âme d'un randonneur. Une pluie battante m'aurait indisposé et fait accélérer le pas, une chaleur accablante aurait mobilisé mes réserves. Là, mon état intérieur était aussi léger que la douceur avec laquelle la neige tombait.
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Les fils noirs des lignes électriques couraient au-dessus de moi comme des portées musicales dont il manquerait les notes, pas d'oiseaux sur le fil - une chanson non écrite suspendue au ciel d'hiver.
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Un air blessé et irrité flottait autour de sa bouche pincée, comme pour goûter une sauce. Voilà ce qu'il était, un gourmet, un chef cuisinier du soupçon. Et comme s'il fallait constamment souligner le trait autour de sa bouche, le triangle de sa moustache rousse dégarnie la surplombait comme un accent circonflexe.
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Comme ça ne donnait pas de résultat, il prit mon passeport, tournant les pages, curieux et dégoûté à la fois, visiblement irrité d'avoir en face quelqu'un qui était allé dans tous ces pays étrangers suspects et qui désirait maintenant qu'on le laisse entrer en Amérique.
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Même si la ville était pleine de pèlerins, pleine de moines et de nonnes, pleine d'églises, d'hospices, de patriarcats, de cloîtres et de stations du chemin de croix, le chœur chrétien de Jérusalem battait dans un corps oriental.
Il n'était pas fait pour les nerfs fragiles, ce pêle-mêle de ciel et de terre, du saint des saints et de rigoles d'eau et de sangs dans la ruelle du boucher rituel. Un chaos d'odeur. Celle du pain frais s'échappant, merveilleuse, du trou noirâtre d'une boulangerie, celle du fer, de la quincaillerie, et tout de suite après, celle, douceâtre, des abats frais. La collision des émanations et des révélations comme un état normal. Troupes et processions d'espèces contradictoires qui se croisent, se pénètrent et s'ignorent sur ce simple kilomètre carré. Pèlerins et soldats, mendiants et fous, croyants et affairistes, amis, ennemis, Russes et Américains, Juifs et Arabes, Turcs et Arméniens, tout cela dans l'étroitesse de ruelles et de tunnels plus qu'anciens.
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L'Allemagne, au cours de ma vie, avait grandement changé, décennie après décennie, mais une chose était restée pareille. Chaque pensée, chaque sentiment remontait au tournant météorique. C'était cela que j'avais cru comprendre dans la salle de séjour de Kamminke; il y a des anéantissements d'une violence telle qu'elle paralyse toute une vie, tout un pays. La poussière ne cessait de se déposer. Et la paralysie venait après." (p. 78)

"Peu à peu, j'avais appris à avoir l'oeil, à repérer ce genre de personnes, je ne les rencontrais pas par hasard. Oui, c'était un genre qui m'était devenu familier: l'amateur d'histoire allemande passionné, entièrement plongé dans son sujet. C'étaient de vrais amoureux. Ils ne faisaient pas de théorie, ce qui est la première condition de l'amour. Mais ils avaient une connaissance précise de la peau du pays qu'ils aimaient, ils savaient chaque cicatrice, chaque brûlure. Le tissu du Carême n'était qu'une partie de cette peau.
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Pourquoi tant de gens s'étaient-ils tus, et se taisaient encore, sur les guerres dont ils venaient - parce qu'ils avaient honte?
Ce n'était pas ça. Ils se taisaient parce que personne ne connaissait ce dont ils ne se parlaient pas. Eux-mêmes ne savaient plus. Pris dans une autre loi, un autre enfer, ils s'étaient levés à un moment et ils étaient partis.
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Il semble que, pour être perceptible, la beauté doive faire écho à une blessure, éveiller une douleur légère, irrésistible.
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Il fallait partir. Une fois de plus j'avais tout vu, j'avais tout entendu, j'étais le dernier client. Il fallait que quelqu'un éteigne la lumière, ferme et laisse les esprits parler tranquillement toute la nuit de leurs anciennes batailles. C'était bien.
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