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EAN : 9782311100266
302 pages
La Librairie Vuibert (06/05/2014)
3.62/5   12 notes
Résumé :
Porté par une écriture tout en subtilités, Loin de la mer est autant un récit de voyage qu’une exploration de notre imaginaire. C’est une autre Amérique que l’on découvre au fil des pages et des miles parcourus par l’auteur.
"Marcher en Amérique était impossible, m’avait-on assuré. Ils connaissaient tous l’Amérique, j’étais le seul à mal la connaître. Personne, vraiment personne ne marche en Amérique, même pas dans les villes. Si je m’y risquais, je deviendra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un allé simple Norh Portal, Saskatchewan, Canada pour Matamoros, Tamaulipas, Mexique. D'un poste frontière à un autre. Entre, une traversée du Heartland américain Nord Sud Loin de la mer : A pied à travers les Grandes Plaines en compagnie de Wolfgang Büscher.
Pas la force de résister, je l'ai suivi confiante dans la torpeur hivernale du Dakota en me disant que là-bas dans quelques mois beaucoup plus loin, un printemps précoce et torride au Texas m'attendait.

Une lente descente parfois chaotique mais pleine de surprises et de brumes dissipées au coeur des racines américaines, de sa terre nourricière. Pas à pas, dépendante et soumise aux aléas climatiques. Axes de référence, le Missouri puis à partir de Sioux City, Iowa, la route 77 qui s'achève au bord du Rio Grande.

Oscillant entre réalités contemporaines et passées, portraits et tableaux les strates de l'Amérique se lisent et se découvrent au fil des étapes forcées ou choisies.
Wolfgang Büscher, armé de connaissances, doté d'un bréviaire, une relation de voyage du Prince Maximilian Zu Wied (1782-1867) « Missouri Expedition River of 1832-1834», enrichi par les rencontres de la route, décline sur quatre siècles l'épopée de l'occupation humaine des grandes plaines (peuples amérindiens, conquistadores, pionniers, migrants européens…) notamment l'échec de l'expédition de Don Francisco Vasques de Coronado en 1541, première incursion européenne chez les indiens des Grandes Plaines qui leur permis de domestiquer les chevaux espagnols échappés, les ancêtres lointains des mustangs.

A travers la lecture de paysages ou de non paysages, souvent en attente devant un lieu évocateur de l'Histoire, un lieu mythique ou sous le charme de leurs noms, ou tout simplement surpris devant une donne inconnue qu'il explore, Wolfgang Büscher ressuscite les fantômes de ces territoires où désastres, drames, massacres, tragédies, victoires et défaites se sont joués.

Des ombres ressurgissent alors, celles des Mandan, indiens oubliés du Missouri, d'autres sortent du silence et retrouvent la voix avec la parole de Black Elk, (Aigle Noir parle) recueillie dans le temps par John Gneisenau Neihardt. Des pierres gémissent et surgissent comme les harrow-heads, pointes de flèche affleurant des terres, des arbres centenaires irriguent une ville chênes celle de la Grange .… minéral et végétal s'élèvent comme les témoins d'une vie antérieure. Les vivants se rappellent et regardent en arrière comme Beto le dernier cow-boy d'un des plus grands ranchs texans et les Kineños.

Un voyage d'exploration moderne doublé d'une sorte de chemin expiatoire.
Une traversée méditative où Wolfgang Büscher encaisse en solitaire les conditions météorologiques violentes, blizzard, vent, tornade, canicule et les dangers de routes peu fréquentées (présences animales, cougar) ou de l'autoroute (absence de bas-côtés). Un itinéraire obéissant à des variations personnelles, un trajet parfois effectué dans divers véhicules. Et des partages le plus souvent bienveillants avec des locaux.

Fin observateur, regard de géographe ou de naturaliste, Wolfgang Büscher journaliste allemand, écrivain voyageur embrasse les territoires traversés avec leurs spécificités du Sud au Nord attentif aux détails qui annoncent la transition. Un incorrigible arpenteur de terres porteuses d'histoire.
Tour à tour marcheur, pèlerin, freak, vagabond sans bagages dans Loin de la mer : A pied à travers les Grandes Plaines il nous fait voyager là où le vent le porte. Un défi réussi malgré quelques entorses advenues pour réaliser ce périple éprouvant.

Un récit de voyage, du travel writing très contemporain . Une lecture agréable, dépaysante .
Une lecture évasion,
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Wolfgang Büscher est peu connu en France et c'est bien dommage. Cet écrivain voyageur allemand sait pourtant nous embarquer, sac à dos, vers des lieux que peu voire personne n'a parcouru à pied. Attention, il n'explore pas de nouveaux territoires. Non, il part dans des régions aux paysages en général guère attachants mais par contre souvent lourds d'histoire (parmi ses livres traduits, citons Berlin – Moscou, un voyage à pied ou Allemagne, un voyage).
Ici, il nous emmène dans une traversée des États-Unis Nord Sud depuis le Dakota du Nord jusqu'au Texas. Comme les chemins de randonnée sont inexistants dans ces contrées, il est obligé de suivre les routes ou parfois même les autoroutes.
Ce qui est intéressant dans ce périple, c'est que Büscher évoque ses rencontres singulières, convoque l'histoire. On s'arrête par exemple du côté de Wounded Knee, grande bataille entre blancs et Indiens, ou encore à Omaha lieu emblématique dans la conquête de l'Ouest.
Dans ces Grandes Plaines, monotones et guère séduisantes à priori, Büscher a su m'engouffrer dans ces lieux. Je me suis même appuyé d'une carte des U.S.A. pour faire le voyage avec lui.
Je comparerais volontiers ses écrits à Colin Thubron, grand « travel writer » anglais. Büscher mériterait un prix aux "Etonnants Voyageurs" à St Malo. Mais bon, il n'était même pas dans la sélection....
En France, on risque, donc, de l'oublier. Bien dommage.
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Ce voyageur, dont j'ai lu plusieurs récits de périples à travers l'Allemagne, son pays, décide cette fois de traverser les Etats-Unis du Nord au Sud, mais, de manière assez originale, pas par les côtes mais par sa partie centrale, la région des grandes plaines.
Il est très difficile de marcher à pied, qui plus est sur de longues distances dans ce coin du monde voué au pétrole et à l'automobile, aussi emprunte-t-il relativement fréquemment d'autres moyens de transport (bus, auto-stop, etc...).
Ce livre que j'ai trouvé intéressant m'a aidé à comprendre la mentalité de l'Amérique profonde, et, après cette lecture, je suis moins surprise des résultats de leur vote.
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« Cette année où l'hiver refusait de finir, je suis descendu vers l'Amérique, tel un point sombre dans la blancheur infinie des Grandes Plaines du Nord, une fourmi dans la neige. » Ainsi commence le périple de Wolfgang Büscher qu'on peut suivre sur une carte judicieusement placée au début du récit : de la frontière canadienne à la frontière mexicaine, un désir de marcher d'un bled à l'autre par tous les temps, idée bizarre aux yeux de nombreux Américains. L'intérêt de cet ouvrage réside dans les apartés historiques que nous livre l'auteur durant son trajet et ses échanges avec les habitants. On constate que les États-Unis sont loin d'être totalement unis dans leur façon de voir le pays. Capitalisme pur et dur, aide-toi et le ciel t'aidera, live free or die, god bless America, ces citoyens des Plaines de l'Ouest portent en eux encore aujourd'hui toutes les blessures et les difficultés qu'ont pu rencontrer les pionniers avant eux.
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Wolfgang Buscher, journaliste allemand, entreprend de traverser à pied les États-Unis du nord au sud dans la partie centrale, c.-à-d. les grandes plaines. Il commence sous la neige (et un passage de douane musclé) et termine à la frontière mexicaine

Chaque rencontre, durant les 3500 km parcourus en 3 mois, est l'occasion de nous raconter une page d'histoire, de la ruée vers l'or, des Indiens, de la religion et des Américains originaire d'Allemagne.

Un livre qui se lit avec beaucoup de facilité, car l'écriture est agréable et tout en subtilités.
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critiques presse (1)
Liberation
02 juillet 2014
Wolfgang Büscher traverse le Midwest en solitaire
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
On pouvait sourire de la ruse provinciale des colons du Dakota du Nord ou l’admirer. C’était avec cet esprit qu’ils avaient édifié leur premier Capitole, l’affirmation d’un Etat en plein milieu de la Prairie, c’est-à-dire à l’époque, dans les années 1880, un pays d’herbage, un pays de bisons et de Sioux – un océan d’herbe. Tous ceux qui écrivaient ne cessaient de succomber à la blancheur du tableau quand ils regardaient la Prairie, son uniformité démesurée désorientait hommes et bêtes.
« Vert doré, infinie comme l’océan, la Prairie s’étendait. Pas une maison en vue en dehors de nos écuries et de nos remises. Pas d’arbre, pas de bosquet, l’herbe et le blé seulement, aussi loin que porte le regard. Il n’y avait pas de fleurs non plus, de temps en temps on rencontrait, parmi les blés, des houppes jaunes de moutarde sauvage, les uniques fleurs de la Prairie. »
Il s’agit de l’été 1887, et celui qui le brosse en peu de traits est un jeune émigré. Un colporteur qui souffrait de la faim, chez lui, en Norvège, un travailleur saisonnier dans une ferme du Dakota du Nord, le futur écrivain Knut Hamsun. Il avait essayé de s’en sortir dans les villes américaines comme cantonnier, contrôleur de train à Chicago, prédicateur dans l’une des nombreuses sectes du Nouveau monde, comme vendeur chez un commerçant du nom de Hart. Il écrivait la nuit, plein de fièvre et d’espoir, la langue viendrait à lui, il savait qu’elle viendrait. Durant l’été 1887, il se défonçait au travail seize heures par jour dans les champs de blé des Grandes Plaines du Nord que j’avais aperçues depuis le sommet du Capitole, à 20, 30 miles à la ronde. Dans ses œuvres à venir, Hamsun ferait errer dans ces Prairies certains de ses héros agités, affamés, avides, de ferme en ferme, de fuite en fuite. Ce qu’il avait connu.
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Une autre connaissance américaine, le peintre George Catlin, décrivit au prince la disparition des Mandan.

"En quelques jours, la maladie devint terrifiante, les gens mouraient en peu de temps. Le désespoir était si grand que près de la moitié des malades se donnaient la mort avec un couteau, un fusil ou se jetaient du haut d'une falaise."

Ce n'était pas la fin d'une tribu mais la fin d'un monde ; c'était exactement la façon dont les Indiens chassaient le bison - en le repoussant vers des falaises d'où il se précipitait vers la mort.
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On peut supposer que ces cortèges qui s'ébranlaient vers l'ouest étaient composés pour un tiers de pauvres hères à la recherche de terre et d'or, un tiers d'entrepreneurs et de commerçants, et un tiers aussi d'adeptes de sectes dont on ne voulait pas dans l'Ancien Monde et pas plus dans le Nouveau. p140
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Ce matin d'hiver du Dakota du Nord qui crissait maintenant, le froid mordant dans lequel j'avançais, la faible douleur provoquée par la moindre respiration, ce monde figé par l'hiver - tout cela recelait l'attente palpitante des choses à venir, ce que je découvrirais au tournant de la route. Je ne cessais de chercher une ferme, une maison, un troupeau de bœufs, un cheval, une voiture, un cerf écrasé ou un coyote. S'il y en avait un tous les kilomètres, ils ne faisaient qu'accentuer l'impression d'anéantissement grandiose que procurait le vide, la Prairie infinie sans arbres, d'une platitude absolue. Comme l'Amérique était vide était l'Amérique - je ne savais pas que c'était à ce point. Si j'avais transporté mon riche savoir, plus que riche, dans un sac, il aurait sur-le-champ atterri dans la neige. Non, heureusement, je ne connaissais pas ce pays. Je voyais l'Amérique pour la première fois.p27
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Hommage au Texas:

L'artisan qui me sauva de la tempête. L'homme de la station-service qui me vint en aide sans se soucier des clients. Et le croque-mort, maintenant. Ils ne parlaient pas beaucoup, ils offraient ce qu'ils pouvaient à ce type trempé rencontré sur la route, portaient la main à leur chapeau et disparaissaient. Pour cela, quoiqu'il arrive, jamais, je n'oublierai le Texas.p277

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Video de Wolfgang Büscher (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Wolfgang Büscher
Samedi 19 septembre 2020 / 9 h 45
Par Cécile Wajsbrot. Lectures d'Anne Mulpas.
Romancière et essayiste, également traductrice de l'anglais (Viriginia Woolf) et de l'allemand (Peter Kurzeck, Wolfgang Büscher). Elle vit actuellement entre Paris et Berlin, où elle a reçu en 2016 le prestigieux prix de l'Académie. Destruction, le Bruit du Temps, 2019. Totale Eclipse, Christian Bourgois, 2014 . Conversation avec le maître, Christian Bourgois, 2014. Mémorial, Zulma, 2005. Lîle aux musées, Denoël, 2008…
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