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Citations de Yoko Tawada (128)


Cela commençait à vous agacer. Vous aviez envie de lui demander comment le train pouvait prendre vingt minutes de retard alors que la gare de départ était juste à côté. Mais à quoi bon être dur avec le personnel de la gare ? C'est comme si l'on imputait le mauvais temps au présentateur de la météo.
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[Es ist] sinnlos, in einem deutschen Gedicht etwas "typisches deutsch" zu suchen. Denn es empfängt immer etwas Fremdes und niemals sich selbst. Vielleicht gibt es auch deutsche Gedichte, die aus der deutschen Erde gemacht sind.
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Pour la plupart, les mots qui sortaient de ma bouche ne correspondaient pas à ce que je ressentais. Mais je constatais aussi que ma langue maternelle ne me fournissait pas davantage les mots correspondant à ce que je ressentais. Simplement, je ne l'avais pas perçu avant de commencer à vivre dans une langue étrangère.
J'étais souvent dégoûtée par les gens qui parlaient couramment leur langue maternelle. Ils donnaient l'impression de ne pouvoir penser et éprouver que ce que leur langue mettait tant de promptitude et de complaisance à leur offrir.
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Les personnages dans les cercueils - des poupées en matière synthétique - rendent sensible le lien entre la mort et les poupées : tous les peuples représentés sous forme de poupées ont été à un moment de l'histoire, conquis et en partie détruits par d'autres sur le plan culturel ou économique. Ici aussi, comme dans d'autres musées, un rapport de forces est visible : ce qui est représenté est également ce qui a été conquis. Un loup empaillé sera exposé dans un musée d'histoire naturelle, jamais un loup ne pourra exposer un homme.
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"La rage, la haine et la soif de pouvoir ne mènent à rien quand la langue n'est pas comprise."
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Je n'ai pas compris jusqu'à ce qu'au mois de juin M.A. - qui avait travaillé à la NHK, chaîne nationale - m'explique que la loi sur la sécurité du territoire ne permettait pas le largage de vivres depuis des hélicoptères. Pas un homme politique n'avait donc eu la force d'assumer une mesure dérogatoire liée à la situation d'urgence.
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Les centrales de Fukushima elles aussi fournissaient des emplois, et les habitants de Fukushima votaient pour les hommes politiques opposés à l'arrêt des centrales nucléaires. Dans la nuit illuminée de Tokyo, nul ne s'interrogeait sur la provenance de toute cette lumière qui se déversait sur la capitale.
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Dans le tronc des arbres les années se gravent en cercles successifs, mais à l'intérieur de son corps à lui comment le temps se conservent-ils ? Ils ne forme pas de cernes s'élargissant comme des ronds dans l'eau, il n'est pas disposé non plus en une seule ligne... et s'il s'était entassé pêle-mêle dans un tiroir qu'on a jamais rangé ? (p. 13)
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La mort telle qu'elle se l'était représentée n'atteignit jamais sa conscience. En revanche, de plus en plus souvent lui parvenait la nouvelle que quelqu'un avait perdu la vie. La mort d'un corps ne semble pas être un événement singulier. Elle signifie bien plutôt pour les vivants le commencement d'une sensibilité accrue. Elle oblige à discerner en maintes expressions du visage, anecdotes anodines, et jusque dans les mots qu'emploie une personne, la chaîne de la mort.
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Entendre de la bouche de Renée que quelqu'un était un auteur à succès, voilà qui ne plaisait guère à Yuna. À seize ans, Yuna voulait écrire comme Dostoïevski un long roman. À dix-neuf ans, elle voulait écrire comme Tchekhov des récits plus ou moins brefs. Depuis un an, elle ne faisait plus que noter des idéogrammes. Ils figuraient dans son bloc-notes comme des enfants esseulés, parfois avec un toit au-dessus de la tête, parfois sans.
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Je veux aller quelque part où je puisse apprendre quelque chose de nouveau. - Que veux-tu apprendre? - Le français, par exemple. Renée leva les sourcils. Le français!
Yuna avait faim, elle voulait se remettre à croquer une nouvelle langue. À l'école, elle avait toujours obtenu des notes médiocres dans les matières obligatoires qu'étaient l'anglais et le chinois classique, mais cela ne lui avait jamais fait perdre son solide appétit de langues et de mots nouveaux. Elle allait même, pour apprendre du vocabulaire, jusqu'à manger les dictionnaires page à page. C'est de là qu'elle tenait que certains éditeurs utilisent du papier croustillant tandis que chez d'autres il est filandreux ou farineux. L'apprentissage de langues transformait le bureau sur lequel elle écrivait en une table pour manger et son crayon en baguette.
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Dans le quotidien haché qui était celui de Yuna, le laps de temps le plus doux était entre le bureau et l'université, dans un train urbain. On y était enfin seul, mais pas solitaire. En une année, elle avait lu dans ce train les traductions japonaises de Breton, Barthes, Baudrillard et Blanchot. Quand elle ne voulait pas interrompre sa lecture, au lieu de descendre à la station où elle voulait descendre, elle continuait jusqu'au terminus.
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Mon projet fut tout de suite accepté, et le déménagement ne fut pas bien compliqué puisque je ne possédais rien d’autre que quelques caisses de livres et mes vêtements. Ma clarinette eut droit à un billet d’avion pour elle toute seule. Je n’eus même pas à déménager d’une langue dans une autre, mais mon attitude par rapport à la langue allemande changea. À Vienne, la langue allemande avait représenté pour moi le moyen indispensable pour lire des livres. Je ne voulais pas l’utiliser dans mon travail, car la musique, justement, devait permettre de se libérer de toute langue concrète. Mais c’était une erreur. La musique contemporaine cherche à se rapprocher de la langue, voire à collaborer avec elle, comme l’avaient compris mes condisciples habsbourgeois.
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Au cours de ma troisième année d’études, une bourse pour Vienne fut proposée et je fus, par bonheur, l’unique candidate. À cause des informations télévisées, toujours éprises de sensationnel, les Japonais avaient une image déformée de l’Europe. Soit c’étaient des bombes qui explosaient au beau milieu d’un concert, soit des néonazis qui attaquaient des étudiantes étrangères marchant en pleine rue avec leur étui à violon. Moi, je n’avais pas peur, je ne croyais pas les médias, surtout lorsqu’ils nous donnaient le sentiment que c’était chez nous que nous étions le plus en sécurité. En Europe aussi, les gens pensaient probablement qu’ils étaient le plus en sécurité chez eux. Mes sources d’information à moi étaient les partitions musicales et les romans de Stefan Zweig.
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Voilà plus de trente ans que j’ai atterri dans cette région du continent euroasiatique. Plus exactement : au cœur d’une monarchie qui n’existait plus.
Durant tout le vol, j’avais été comme sonnée, je n’arrêtais pas de songer à quel point il était étrange et curieux qu’un film passe, juste à l’arrière du dossier de mon siège, et qu’un passager inconnu puisse le regarder. Ce film, c’était celui de ma vie, et moi, précisément moi, je n’avais pas le droit de le voir. Quelle musique jouerais-je dans l’avenir ? Quels musiciens rencontrerais-je ? Combien de temps resterais-je en Europe ? Mon enfant, si j’en mettais un au monde, serait-il doué pour la musique ? J’aurais pu allumer l’écran face auquel j’étais et, au lieu de mon film, regarder celui du passager assis devant moi. Mais j’avais préféré laisser sans image le bleu obscur de sa surface. L’homme assis devant moi ne se doutait pas que j’observais ses cheveux bouclés aux pointes fines. Un homme dans la quarantaine qui, en position assise, était un géant : telle avait été ma première impression. Quand il se leva, il apparut que, debout aussi, c’était un géant. À l’ère des voyages en avion, sa taille pouvait devenir embarrassante : cette pensée me réconforta, moi qui éprouvais en général un complexe d’infériorité à cause de mes petits poumons.
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Die zweite Person Ich

Als ich dich noch siezte,
sagte ich ich und meinte damit
mich.
Seit gestern duze ich dich,
weiss aber noch nicht,
wie ich mich umbennenen soll.
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Indochine, un mot qui sonne comme un plat au tofu raté.
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La prase "J'étudie à Paris" nettoierait mon corps de tous les soupçons de prostitution, de séjour clandestin, de vol, de malhonnêteté et d'escroquerie.
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Berlin était une gigantesque exposition de vieux palais. S'il existait quelque chose comme une inflation de ruines, c'est à cela qu'elle ressemblait.
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"Tu ne vois pas la croix gammée ?". Effectivement, il y avait une espèce de croix peinte sur le blouson. Je pris peur : pourvu que je n'ai pas blessé des gens de la croix-rouge !
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Créature de la nuit, je suce le sang de mes victimes pour me nourrir. Je peux me métamorphoser en chauve-souris, en loup, en chat ou en chien quand je ne me dissipe pas en une traînée de brouillard. Les miroirs ne reflètent pas mon image et je ne projette aucune ombre. Je crains la lumière du jour et le meilleur moyen de m'anéantir est de m'enfoncer un pieux dans le cœur ou de me décapiter. Un de mes représentants le plus célèbre est le Comte Dracula.

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