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Critiques de Young-Ha Kim (146)
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Ma mémoire assassine

Difficile pour Kim Byeong-su, soixante douze ans, de se souvenir des évènements récents ; atteint d'Alzheimer, il lutte constamment à l'aide de son journal où il note les faits quotidiens ou d'un magnétophone pour faciliter ses taches quotidiennes...En revanche les événements plus anciens et notamment les crimes en série qu'il a commis jusqu'à l'âge de quarante quatre ans, se rappellent à lui régulièrement avec une précision et un détail impressionnants. Il reçoit régulièrement la visite de Eun-hee, sa fille adoptive, mais quand cette dernière lui présente l'homme qu'elle aime, Kim Byeong-su, soupçonneux depuis qu'un tueur s'attaque à de jeunes femmes, décide de reprendre du service.



J'ai un avis mitigé après la lecture de Ma mémoire assassine ; j'ai aimé l'originalité du sujet et le style efficace et très construit montrant la dégradation lente et inexorable de l'esprit de cet assassin qui m'a fait penser au journal d'un fou de Gogol, on suit parfaitement ses hésitations, ses questionnements, ses peurs et surtout sa lutte pour maintenir son esprit et ses pensées mais je dois avouer que j'ai été gênée par le sujet lui-même, le détail des crimes relatés froidement, comme des performances artistiques, de façon clinique et distanciée m'a mis quelque peu mal à l'aise.

Le récit de Young-Ha Kim reste intéressant mais il faut garder en tête cette froideur et de cette cruauté avant de le lire.
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Ma mémoire assassine

Ma mémoire assassine

Je ressors extrêmement troublé de cet étonnant roman. C’est d’ailleurs plutôt une longue nouvelle, dérangeante et corrosive, qui bouscule les codes classiques du thriller contemporain.

Imaginez Patrick Bateman ( le psychopathe d’American Psycho) atteint d’un Alzheimer galopant livrant ses confessions avec une sincérité désarmante et glaciale.

Kim Young-ha , l’auteur coréen, nous dévoile dans une étrange post-face le secret de ce livre fascinant :

« Ce roman est le mien…..mais un romancier a très peu d’autonomie, contrairement à ce qu’on pourrait croire. Une fois la première phrase écrite c’est elle qui mène le jeu et une fois le personnage créé l’auteur est contraint de le suivre. »

Et réciproquement !!! On pourrait le supposer car qui est vraiment Kim-Byeong notre serial-killer devenu gentiment vétérinaire Au crépuscule de sa pensée, tout se mélange : philosophie, haïkus, peur de tuer à nouveau.

Tout écrire, tout enregistrer. Se faire aider par sa gentille fille.

Petit à petit tout va s’éteindre doucement, se rallumer dans d’étincelantes évidences.

Le vieillard et l’auteur nous baladent méchamment à l’orée de la question du Mal et des identités multiples. Tout se brouille dans la tête du pauvre lecteur que je suis et qui, à son tour, sombre dans la démence.

Un immense merci à Sandrine @HundredDreams pour cette incroyable expérience littéraire !
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Ma mémoire assassine

Un septuagénaire atteint d'Alzheimer qui s'est "récemment découvert une passion pour la philosophie et la poésie nous livre ses impressions sur sa carrière d'ex-tueur en série jamais attrapé par la police et sur son quotidien.

Cela bien sûr aurait pu être assez monotone ou ennuyeux si sa fille ne lui avait pas présenté son petit-ami qu'elle compte bien épouser en en qui le vieillard reconnaît : un tueur ! Et oui, selon lui la seule personne de sa famille qui lui reste est qui compte pour lui est tombée entre les mains du tueur en série qui terroriste actuellement la ville.

Bien sûr, l'instinct paternel le pousse à vouloir protéger la jeune femme, et son passé de tueur lui fait dire sans remord que tous les moyens sont bons. Seulement, comment s'y prendre quand on est atteint d'Alzheimer et que cette maladie vous dévore de plus en plus chaque jour ?



Dès que j'ai vu passer ce livre sur les réseaux j'ai tout de suite été intriguée par cet ouvrage à tel point que je n'ai pas pu attendre pour le lire : sitôt acquis, sitôt lu !



C'est un roman qui m'a beaucoup surprise tant il est atypique. Tout d'abord car c'est un exercice de style très périlleux (le romancier l'avoue lui-même en fin d'ouvrage) : car le vieillard est le narrateur, comment alors rendre compte de la maladie de manière la plus crédible sans ennuyer le lecteur ? Grâce à une juxtaposition de vignettes et de réflexions plus ou moins courtes et qui ne suivent pas un cheminement de pensée linéaire, Kim Young-ha a réussi brillamment ce défi de taille. Entre trac au tueur psychologique, course contre la montre, souvenirs, humour et poésie l'auteur a écrit un roman qui divertit autant qu'il fait réfléchir à la vieillesse, la vie et la maladie.



Cette lecture a été pour moi un joli bonbon aigre-doux à la coréenne : dans le dépouillement, avec l'essentiel, sans en faire des tonnes mais efficace.
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Ma mémoire assassine

Le résumé de l’éditeur ne m’avait pas préparée à ce que j’allais trouver dans ce livre et ç’a vraiment été une excellente surprise!



L’histoire nous est racontée du point de vue d’un homme en train de perdre pied. Sa mémoire se fissure, il nage en pleine confusion et son état empire au fil des pages. Qu’est-ce qui est réel, qu’est-ce qui ne l’est pas? Ses seules certitudes concernent son passé de tueur impitoyable et trop malin pour se faire prendre, ses ateliers de poésie et le danger qui menace sa fille.



La narration est un peu décousue du fait que le narrateur est dans un état d’esprit confus, effrayé par ce qui lui arrive, qui ne sait plus toujours vraiment bien ce qu’il fait, où il est et qui sont les gens qui l’entourent. C’est à la fois passionnant et glaçant, du fait que tout peut basculer d’une minute à l’autre, suivant les éléments qu’il arrivera à se remémorer.



Une excellente lecture, dévorée d’une traite!
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Ma mémoire assassine

D’abord un grand merci aux Babeliotes qui m’ont donné envie de lire ce roman, complétement passé inaperçu chez mes libraires favoris …



J’ai beaucoup aimé suivre les tribulations de cet assassin en série atteint de la maladie d’Alzheimer, inscrit aux cours de poésie (on ne peut donc forcément qu’éprouver de la sympathie pour ce personnage) et lui-même poète à ses heures, et qui récite encore Nietzsche et des passages du Soutra du Cœur. Cet Ulysse de la mémoire, exilé de son passé, perdant de vue ses projets pour le futur et se débattant pour ne pas rester prisonnier du présent.



Peu à peu les repères s’estompent et on se demande où se situe la vérité des propos du personnage. N’est-il pas déjà beaucoup plus loin dans la maladie. Et ne sommes-nous pas, nous aussi, les jouets de sa folie ?



Sous une apparence trompeuse de polar, voilà un roman rondement mené et habilement construit, qui pose des questions essentielles sur la terrible maladie d’Alzheimer, sur la mémoire, sur la vieillesse, le temps et la mort. Notre solitude, notre finitude, notre insignifiance dans l’univers, notre fragilité, …



Le ton est enjoué, léger et jamais larmoyant, véritable prouesse vu la gravité des sujets abordés, et c’est un véritable plaisir que de dévorer ces presque 150 pages. Et de se reposer ces questions philosophiques qu’on reporte trop souvent aux calendes grecques.



Vraiment à conseiller … avant que « ce monde dénué de sons et de vibrations ne rétrécisse progressivement, jusqu’à n’être plus qu’un point, une poussière dans l’univers. Non, même cette poussière disparait. »

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Deux personnes seules au monde

Ce recueil de nouvelles en comporte 3 dont la première donne le titre du livre.

Deux personnes seules au monde raconte la relation presque fusionnelle entre un père et une fille au détriment du reste de la famille. Cette dernière essaye d'analyser sa relation de l'extérieur, avec sa mère et sa soeur après les avoir rejoint aux Etats-Unis. Une relation très difficile, on sent la jeune femme très solitaire...

Je suis un épi de maïs, une nouvelle assez burlesque sur un écrivain qui cherche de l'inspiration pour un prochain roman suite à une rupture sentimentale. J'ai du mal à comprendre la direction de cette nouvelle et même la fin est assez étrange mais pourtant, j'ai bien aimé.

Je cherche mon enfant, la dernière nouvelle du recueil raconte les déboires d'un couple qui perd leur jeune enfant de presque 2 ans dans un centre commercial et à qui on annonce onze ans plus tard, avoir retrouvé celui-ci. Très déstabilisante cette nouvelle. Comment retrouver ces années perdues, cet enfant qu'ils avaient ? Les retrouvailles ne se passent pas exactement comme prévu... Malgré la tristesse d'une telle situation, l'auteur arrive à le rendre risible.

J'ai beaucoup aimé ces nouvelles qui parlent de la solitude au milieu des autres, d'amours finissants, de situations étonnantes et déstabilisantes.

Un recueil un peu étrange, j'ai regretté les fins un peu abruptes, j'aurais aimé en savais plus sur eux.

J'essayerai de lire un de ses romans prochainement...
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Ma mémoire assassine

Roman pris par hasard dans le cadre d'un challenge et qui se révèle être une belle découverte.

La façon d'aborder la maladie d'Alzheimer à travers un tueur en série de 72 ans à la retraite depuis 25 ans est vraiment intéressante.

Il vit avec sa fille adoptive et décide de reprendre du service quand des meurtres de jeunes femmes se perpétuent dans son village. En effet, il s'inquiète pour sa fille et croit être le seul à pouvoir stopper ce meurtrier.

Mais la maladie complique un peu les choses. Le livre raconte l'histoire du point de vue narrateur comme un journal intime avec ses pensées, sa vie quotidienne avec la maladie, son passé, sans aucun filtre. Une ambiance noire bien glaçante.

J'ai aimé la fin du roman qui est déstabilisante et oblige le lecteur à reprendre toute l'histoire et les événements. J'ai eu l'impression de lire deux livres en un et j'ai bien apprécié car ce livre est vraiment différent des polars que j'ai l'habitude de lire.
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Ma mémoire assassine

Histoire originale, étrange, troublante, dérangeante. Cet homme de 70 ans, ancien sérial killer, provoquant notre compassion parce que tour à tour attachant et haïssable. Il décide de reprendre du service quand il sent que sa fille adoptive est fiancée à un assassin. Atteint de la maladie d'Alzheimer, sa mémoire n'est pas toujours fiable, alternant poésie, pensées philosophiques et souvenirs. La première partie fait souvent sourire devant tant de mauvaise foi. La chute est réussie et inattendue. le mot de l'auteur émouvant. Belle découverte !
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Quiz show

Min-su, 27 ans sans travail malgré ses études universitaires, vivote sans se poser de questions chez sa grand mère qui subvient généreusement à ses besoins. Il consacre ses journées à surfer sur le net et à participer à des quiz, dans une vie virtuelle qui lui donne le sentiment d'exister. A la mort de sa grand-mère, il hérite des dettes colossales qu'elle avait contracté pour maintenir le niveau de vie de son petit fils et ce dernier est délogé de la maison de famille par un ancien amant de la grand-mère qui avait racheté l'hypothèque sur la maison. Vont s'ensuivre des errements et une dégringolade dans une société coréenne exigeante et sans concessions avec ses déclassés. La survie de Min-su va résider dans son enrôlement comme participant dans un Quiz show hautement concurrentiel.

C'est une très bonne surprise que ce Quiz show, une écriture nerveuse, une tension maintenue tout au long du roman, un héros pour lequel on se prend d'empathie, un aperçu de la mentalité et du fonctionnement de la société coréenne, une construction sous forme de thriller, sans temps mort, juste un bémol sur la fin un tout petit peu elliptique, mais cela reste une très bonne lecture.
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Deux personnes seules au monde

Ce livre est un recueil de 3 nouvelles provenant de la littérature coréenne contemporaine. 



La première, DEUX PERSONNES SEULES AU MONDE, Hyeonju revient sur la relation fusionnelle qu'elle entretenait avec son père. Elle réalise que pour briller à ses yeux, elle est passée à côté de sa vie, de ses propres attentes, ne les laissant jamais poindre, les étouffant afin d'être là pour lui seul. Ils ont une langue bien à eux. Une langue que personne ne comprend. 



La seconde, JE NE SUIS PAS UN ÉPI DE MAÏS.

Dans un hôpital psychiatrique, un patient se prend pour un épi de maïs… Pas besoin de vous en dire plus. C'est une nouvelle burlesque, étonnante !



La dernière, JE CHERCHE MON ENFANT.

Un petit garçon est kidnappé. Onze années plus tard, l'enfant est restitué à ses parents. Retour sur la vie du couple pendant ces longues années. Se sont-ils habitués à leur malheur ? Leur vie de famille va-t-elle reprendre naturellement son cours ? Ou alors… sont-ils devenus étrangers les uns pour les autres ?



Ces nouvelles traitent de la solitude, de la détresse, de la folie, du deuil, sur un ton parfois burlesque, ironique ou tendre. Avec énormément de profondeur. Une plume fluide. 

Je vous conseille ce petit livre que j'ai apprécié.
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Ma mémoire assassine

Un bon roman sur le thème de plus en plus d’actualité de la maladie d’Alzheimer.

Tout le monde peut un jour ou l’autre « perdre » la tête comme le dit l’expression populaire. C’est d’autant plus embêtant quand il s’agit d’un ancien tueur en série a la retraite qui est obligé de reprendre du service pour la bonne cause. Déroutant surtout quand tous les points de repère n’en sont plus. Comment distinguer le vrai du faux quand la mémoire nous joue des tours ?

L’auteur coréen prend plaisir à jouer avec nous en alternant le réel avec perception du personnage principal.

Avec pour point d’orgue un dénouement des plus stupéfiant et original.

Le roman nous permet de réfléchir sur la manière d’appréhender cette maladie. Elle est très difficile à vivre pour l’entourage, mais au fond est - ce réciproque pour la personne malade ? Je veux dire par là, comme le montre en partie ce livre, que étant donné que la personne malade ne se rend pas toujours pleinement comptent des évènements, y va-t-il réellement une souffrance ? La question mérite d’être posé et analysé. Y-a-t-il souffrance quand il n’t a pas pleinement conscience ? La fin de ce livre nous permet de réfléchir à cela.

Livre lu dans le cadre de la coupe du monde de lecture.

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Ma mémoire assassine

Quel étrange thriller. Enfin pas tout-à-fait un thriller car il n’y a aucune scène de violence. Pourtant celui qui s’adresse à nous à la première personne aurait matière à raconter. Car derrière ce vieux monsieur de 70 ans, amateur de poésie et qui aime se promener dans la forêt de bambou au fond de son jardin, se cache un tueur en série sur le retour. Alors que la maladie d’Alzheimer se fait de plus en plus présente, gommant petit à petit des pans entiers de sa mémoire, notre héros se trouve lancé dans une course contre la montre : un nouveau tueur en série sévit dans la ville et menace la fille de notre narrateur. Une dernière mission s’impose à celui qui a arrêté de tuer depuis plusieurs décennies : trouver et tuer le nouvel assassin avant que la maladie n’assassine sa mémoire et que sa fille ne soit la prochaine victime.



Young-Ha Kim réussit presque à nous faire éprouver de la sympathie pour ce monstre. Nous sommes dans la tête du vieil homme, vivant comme lui au rythme de cette mémoire qui le fuit. Comme dans un journal intime nous suivons la progression de la maladie, le trouble qu’elle introduit dans l’esprit du malade, semant doute, inquiétude, incompréhension, paranoïa, déstabilisant totalement cet homme qui se veut si rationnel. Jusqu’au dénouement final (qui, contrairement à beaucoup de lecteurs, ne m’a pas surprise tant que cela).



J’ai retrouvé dans ce roman coréen l’humour noir que j’apprécie chez le réalisateur Bong Joon-ho (dont le magnifique « Memories of murder » fait partie des nombreuses références qui s’égrènent au fil du récit).



L’écriture très aérée et la taille du roman (160 petites pages) en font un livre qui se lit très vite et très facilement. La mauvaise foi de notre tueur en série prête à sourire, il est parfois touchant dans son désarroi et son désir de sauver sa fille et le déroulé du récit est amené avec habileté.



Une belle découverte

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Ma mémoire assassine

Ce roman pourrait être juste un roman sur un vieillard atteint d'Alzheimer, un vieillard particulier car ancien tueur en série, il est cela et tellement plus.



Dans ses derniers jours, ce vieil homme cherche à sauvegarder ce qu'il peut de sa mémoire, de ses souvenirs, de sa vie, toutes choses qui néanmoins lui échappent . De plus en plus enfermé dans un monde où il perd tout repère, il s'inquiète pour sa fille, qu'il pense poursuivie par un tueur.



Cet homme qui s'invente une réalité composée de morceaux d'ici et d'ailleurs, de maintenant et d'avant, de réel et d'imaginaire, se perd , se noie tout en cherchant un sens profond à la vie. Entrecoupé de poèmes et de réflexions philosophiques, au- delà des effets délétères de la maladie c'est toute l'essence d'un être que l'auteur nous donne à voir.



Sous des dehors légers, c'est un roman dense et riche sur la vie et l'être humain
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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J'entends ta voix

L'arrivée au monde de Jeï, le héros de J'entends ta voix, n'est pas banal. A sa naissance, sa mère tente de se débarrasser de lui. Sauvé de justesse, une femme le recueille puis l'abandonne. Il vit un temps dans un foyer avant de s'enfuir, de devenir un gamin des rues se mêlant à des bandes qui pratiquent des jeux pervers. Mais, de plus en plus sensible au monde qui l'entoure, véritable capteur humain de la souffrance et même des objets, il poursuit son existence, avant même d'être adulte, à la tête de gangs de motards qui trouent la nuit de Séoul de leurs pétarades, dans un "excitant" jeu de course-poursuite avec la police ... Kim Young-ha n'est pas non plus un écrivain banal. Reconnaissable à son style froid et fluide, il s'est imposé en Corée par ses histoires singulières où il donne la parole aux marginaux, se refusant à distinguer le bien du mal dans des livres habilement construits qui flirtent avec l'onirisme et le fantastique ou, ici, le mysticisme avec la figure de Jeï, sorte de gourou à moto, qui dicte ses propres règles à ses disciples. Plusieurs narrateurs se succèdent dans J'entends ta voix, déroulant une intrigue faussement linéaire, violente et apaisée à la fois. Déroutante parfois mais captivante comme un thriller. L'auteur, lui-même, vient mettre son grain de sel, laissant entendre que le roman n'est pas qu'une fiction. Au lecteur de se faire sa propre religion. Ce que l'on retient avant tout du livre est la description sans concession et souvent crue d'un pan de la jeunesse coréenne qui se sent exclue d'une société policée en surface mais extrêmement agressive pour ceux qui ne suivent pas les règles. En ce sens, le livre rejoint certains films coréens qui, dans leurs excès mêmes, pointent du doigt le dysfonctionnement social d'un pays qui ne laisse d'autre choix que celui d'une normalité aliénante.



Un grand merci à la Masse critique de Babelio et aux Editions Picquier pour l'envoi de cet excellent roman.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Qu'est devenu l'homme coincé dans l'ascenseur..

Premiers pas dans l'univers littéraire coréen avec ce recueil de nouvelles au titre pour le moins surprenant. Qu'est devenu l'homme coincé dans l'ascenseur? La bonne question que voilà! Elle avait en tout cas de quoi m'intriguer et j'ai emporté le mince volume pour en découvrir la réponse.

La nouvelle éponyme est sans doute la plus marquante du recueil. J'ai beaucoup apprécié ce simple quidam confronté à cette situation inattendue d'un homme coincé dans l'ascenseur de sa tour d'habitation. Déchiré entre son soucis pour ce type et la crainte d'arriver en retard à la réunion, ce brave citoyen se retrouve pris dans un engrenage qui suscite à la fois sourire et compassion. C'est l'occasion aussi pour l'auteur de dépeindre le quotidien d'un employé de bureau lambda à un moment où cette routine déraille.



Les autres récits mettent également en scène des personnages anodins, le genre Monsieur ou Madame Tout le Monde que l'on croise au coin de rue partout dans le monde. Kim Young-ha les place cependant dans des situations inédites. On sent chez eux comme une résignation, un fatalisme plus qu'une opposition aux changements et au nouvel état de fait.



Le ton de l'ensemble est souvent grinçant. Une scène m'a tout particulièrement marquée : la réunion autour des mesures à mettre en oeuvre pour économiser le papier toilette, dans la première nouvelle. Ou comment s'assurer que les employés recourrent désormais à tant de centimètres du précieux papier. Jubilatoire et certainement vécu. Par les temps qui courrent, il n'y a pas de petite économie!
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Quiz show

Min-su a 27 ans. En perdant sa grand-mère, son seul parent, il perd également une stabilité financière à laquelle il n'avait jamais vraiment prêté attention et se retrouve à la rue. Il se met à la recherche d'un travail mais la motivation lui fait défaut, et surtout il se retrouve happé par un jeu de quiz sur internet, sa seule fenêtre sur le monde. Cette nouvelle activité prenante va pourtant l'embarquer dans une aventure étrange...



Kim Young-ha est en 2017 un auteur qui approche déjà la cinquantaine, mais c'est un auteur qui a su capter avec lucidité les problèmes de ma génération, une génération qui a vingt ans de moins. Quand on lit ce récit à mon âge, on ne peut qu'être frappé par la véracité crue de nombreux faits énoncés, notamment sur le monde du travail (il n'y a jamais eu autant d'étudiants diplômés dans le monde, et pourtant on a du mal à trouver du travail) ou les attentes/vision qu'on a de la société et celles que la société a de nous. On y lit un tel paquet de paragraphes hyper justes et d'analyses qui font mouche tant elles auraient pu sortir de notre bouche qu'on ne pourrait tous les citer.

Cumulez à ça une écriture moderne, vivante qui sied parfaitement à un narrateur trentenaire, ponctuée de cynisme, d'humour et d'interrogations légitimes qui font souvent se lever les zygomatiques ; ainsi que la joie personnelle de visualiser parfaitement les détails du quotidien et les endroits ou se déroulent les scènes (scènes de repas, technologie, lieux géographiques, etc.) et de me sentir encore plus proche de l'histoire suite à un voyage tout frais en Corée. Franchement, j'ai vraiment passé un bon moment, sur d'ailleurs plus des 3/4 du bouquin.

Après une telle présentation, on serait en droit de s'attendre à un récit complet passionnant. Pourtant, la fin prend des tournures étranges, pas assez abouties ; une allure assez décevante. Le personnage surfe sur une techno-vague stimulante et quelque peu inquiétante, mais la fin remet les pendules à zéro à une vitesse déroutante, sans réel but, sans réel accomplissement. Pourquoi donc ? De quoi frustrer au bout de 600 pages.

Effectivement, comme dans L'Empire des lumières Kim s'étale un peu, aurait pu raccourcir et éviter pas mal de scènes. Et puis, la traduction accumule pas mal de fautes de français tout au long du récit, ce qui est dommage car le ton est souvent très juste et bien rendu, mais aussi du foutage de gueule quand on sait qu'ils s'y sont quand même mis à deux et que chacun ne sort pas non plus de nulle part dans le domaine de l'édition. Bref...

Ce livre a une saveur différente de celle de L'Empire des lumières. Mais l'auteur a un style qui se retrouve et qui est vraiment agréable. A suivre, sans aucun doute.



PS: Je me suis bien marrée quand un personnage s'est mis à dire que l'anglais des Coréens n'a jamais été aussi bon. Euhhhhhh, non, loin de là !!! Même les étudiants qu'on a vus parlaient à peine l'anglais et comprenaient que dalle à ce qu'on racontait, alors... non, faut pas abuser quand même !
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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L'Empire des lumières

Kiyeong, espion du Nord, vit dans le Sud à Séoul depuis 20 ans. Mais comme ça fait 10 ans qu'il n'a pas reçu de consigne de Pyongyang, il fait sa petite vie, avec sa femme et sa fille, et a plutôt bien réussi. Mais un beau matin, il reçoit brusquement l'ordre de rentrer au Nord. Lui qui s'est habitué à la vie de ce côté du 38ème parallèle, choisira-t-il d'obéir ou de rester ? En 20 ans, tout a bien changé, des deux côtés...



Dès les premières pages, le lecteur est aspergé de détails dont il n'aurait habituellement cure comme la routine presque totale du matin des personnages (cela inclut comment ils se lavent les dents ou avec quelles céréales ils démarrent leur journée). Une avalanche de précisions pour néanmoins mieux insister sur ce qui pour nous ne sont que des banalités mais une approche de la liberté pour les Coréens du Nord. Dès les premières pages, on assiste à l'opposition entre deux mondes de la plus simple des manières avec les plus simples des objets.

Alors certes, l'écriture de Kim est assez factuelle, les phrases sont souvent simples. Mais le fond et ses implications l'emportent clairement sur la forme, ce livre développant, de façon très claire, l'évolution des deux Corée depuis la partition peu avant 1950 ainsi que la guerre qui a suivi au-travers du dilemme que vit le personnage de Kiyeong. L'intérêt majeur de cette histoire se retrouve dans ses recontextualisations historiques et surtout les enjeux politiques et personnels qui impliquent de venir du Nord mais de vivre au Sud.

L'auteur réussit à nous captiver de bout en bout (malgré de nombreux passages sur la vie des personnages qui entourent Kiyeong mais qui, à la rigueur, ont pour valeur de témoigner des différences de vie entre chacun des deux pays, du moins au début car après on se fiche royalement des histoires d'adolescents de la fille ou d'émancipation sexuelle/perdition de l'épouse), et surtout dresse un bilan sans a-priori sur l'évolution des deux côtés, en nous narrant même la Corée du Nord des années 1970-80 d'un point de vue généralement laissé de côté par les médias occidentaux, sans pour autant bien sûr l'idéaliser. Il est intéressant d'en apprendre davantage sur la situation du pays avant la grande famine qui l'a frappé au début des années 1990, surtout pour une lectrice comme moi de la génération Y qui a toujours entendu parler de la Corée du Nord dans son état actuel. Tout comme il est vraiment intéressant de revivre l'évolution fulgurante de la Corée du Sud vers l'économie de marché mondiale et la république, bien que celle-ci reste encore très frileuse sur certains sujets ou n'autorise pas non plus à 100% certaines libertés, notamment celle d'expression.

Ainsi, jalonné de retours sur images de moments historiques capitaux ou plus insolites mais révélateurs d'un contexte à un instant T, ce roman nous entraîne vers la décision ultime, celle qui définira le reste de la vie de Kiyeong : rentrer ou rester ? La mort ou la fuite ? Le coup de maître final de l'auteur réside dans le fait que Kiyeong, ancien agent du Nord, ne pourra jamais échapper à son destin d'espion, quel que soit le pays dans lequel il réside. Piégé par la politique, sa vie est fichue, et tout cela à cause des deux côtés. Espionnage, contre-espionnage, Kiyeong est au final coincé dans un engrenage qui prouve que la guerre est entretenue des deux côtés et que la paranoïa est partagée. Une montée en puissance sans fin, une guerre des égos ; jusqu'à quand ?

Ce qu'on regrettera peut-être, c'est le titre en référence au travail de Magritte, voire même son utilisation en tant que couverture dans la version française grand-format de l'ouvrage. Quand on lit le passage en question, il n'y a pas vraiment de quoi y voir le tableau de Magritte en question...

Mais c'est dans l'ensemble un livre captivant, malgré les temps morts pré-cités.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Quiz show

Très belle découverte.



Un jeune de vingt-sept ans, vit à Séoul avec sa grand-mère. Quand celle-ci vient à mourir, il va vite découvrir qu'elle l'a laissé couvert de dettes.

Il se réfugie alors dans le monde du jeu, du 'Quizz' plus exactement, par internet. Il va aller de déchéance en déchéance ou, plus précisément, il va de plus en plus perdre la face, ce qui est tragique pour un Asiatique. Puis arrive un homme qui lui propose de devenir professionnel du 'Quizz'. Davantage raconter dévoilerait trop la trame de l'histoire.



Pour avoir visité la Corée du Sud l'an dernier, ce livre m'a fait replonger dans le monde du travail que l'on sent là-bas encore bien plus âpre que chez nous, mais également m'a fait penser à tous ces jeunes ou moins jeunes qui s'engloutissent dans le monde virtuel pour quelque part fuir une réalité trop astreignante et l'on comprend mieux en refermant le livre ce qui peut conduire à l'addiction à Internet.



L'écriture se lit aisément. C'est bien traduit ; je n'ai remarqué que deux ou trois fautes de français vers la fin du livre, le relecteur ayant dû s'essouffler.



Je recommande donc à ceux qui aiment la littérature asiatique mais pas seulement.
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Ma mémoire assassine

Dans la post-face de Ma mémoire assassine, Kim Young-ha explique à quel point l'écriture du livre lui a semblé laborieuse. Le lecteur, lui, ne pourra qu'avaler d'un trait les 150 pages de ce roman singulier au ton très particulier et au sujet, hum, étrange. Il s'agit du journal intime d'un homme de 70 ans, vétérinaire à la retraite, dont on apprend qu'il a commis un nombre imposant de meurtres, "hobby" qu'il a arrêté depuis de nombreuses années. Atteint par la maladie d'Alzheimer, notre ancien tueur en série s'apprête à reprendre du service pour sauver sa fille adoptive des griffes de son fiancé qu'il soupçonne d'être un assassin. Le temps presse à mesure que le mal progresse et embrouille ses pensées. Le livre, fort d'un humour noir permanent, est dans sa première partie tout à fait réjouissant. Avant de basculer dans l'horreur quand le lecteur médusé s'aperçoit qu'il ne fallait absolument pas faire confiance au récit d'un malade divaguant. En dire plus serait pour le coup terriblement criminel. D'une manière placide, Kim nous roule dans la farine et nous entraîne malgré nous dans une histoire atroce. Les amateurs de cinéma coréen connaissent le goût de leurs scénaristes pour les récits cruels et implacables. Ma mémoire assassine n'a vraiment rien à leur envier sur ce plan.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Ma mémoire assassine

Comme le dit la quatrième de couverture, "un étrange roman d'humour noir". Le récit est découpé entre les souvenirs qui reviennent, la mémoire qui s'évade, l'incohérence du personnage qui oublie son passé, son futur. Réaliser un dernier meurtre pour sauver sa fille qu'il est en train de perdre. Dans l'accélération des événements et l'immédiateté du projet, le personnage tueur en série se révèle poète et philosophe. Le dénouement est surprenant. Un roman qui parle de cette foutue maladie de manière originale.

Une lecture intéressante.
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