Citations de Åke Edwardson (181)
Winter était dans son bureau, contraint de prendre le temps de lire un peu. Les pièces de l' enquête commençaient à former un tas assez impressionnant, devant lui. Au- dehors, la nuit tombait. ... / ...Tout était là, comme toujours . C' était là.
Il lut jusqu' à ce que ses yeux demandent grâce.(p348)
Je ne sais pas si c' est un signe de l' esprit qui règne dans notre société,.../..., mais j' ai parfois l' impression que tout le monde veut mettre ses enfants à l' école privée, à présent.
-- C' est affreux.
-- Quoi donc ? Le climat social ?
-- La mode du privé.
-- Je ne le te fais pas dire,....(p128)
Winter pensait à ce qu'il avait vu et entendu. Il y avait beaucoup d'images à décomposer, et beaucoup de bruits. Les images : murs, parquet, plafond, fenêtre, tableaux, livres, vêtements, bibelots, fleurs, journaux, magazines, réveils, téléphones, rideaux, chaussures, pantoufles, affiches. Tout racontait quelque chose des gens qui vivaient là.
Elle aperçut le tram numéro trois glisser jusqu'à l'arrêt et monta, sans réfléchir. Quand on parle dans un portable, les jambes avancent toutes seules. On se retrouve subitement quelque part sans savoir comment ni pourquoi.
Ce portail était à la fois une invite et un refouloir. Une invite à ceux du même monde, un refouloir à la canaille, si les virées du vendredi soir les conduisaient dans cette rue, depuis l'Avenue, toute proche.
Il existait un terrifiant... secteur d’activité dans la ville. Pas énorme, mais il existait. Pourquoi n’existerait-il pas ? La Scandinavie n’était pas une zone franche. Elle était depuis longtemps associée à la pornographie, mais dans le sens d’une libéralisation. Youpi, on se déshabille. Une sorte de naïveté qui s’était emparée aussi des législateurs. Il en avait toujours été ainsi, mais maintenant c’était pire, plus lourd. Ça influençait les gens. Les poussait à se détruire, à se dévorer eux-mêmes.
Personne ne se rappelait la physionomie de l’homme, mais les témoins avaient une image très claire de sa stature. Il était grand, de taille moyenne, ou carrément petit. « Par rapport au garçon ? » avait demandé Winter. « Non, par rapport au tramway », avait dit l’un, et Winter avait fermé les yeux comme si tout ce qui était cruel et décisif allait s’évanouir d’un coup.
L’homme avait des cheveux blonds, noirs ou châtains. Il portait un costume, une veste de cuir, une veste de tweed. Il avait des lunettes, pas de lunettes, des lunettes de soleil. Il marchait courbé, très droit, il avait les jambes arquées, de longues jambes droites. A quoi ressemblerait le monde, pensa Winter, si on voyait tous les choses de la même façon.
- Pour ma part j’ai fréquenté l’école de la vie, fit remarquer Ringmar.
- Et quand est-ce qu’on obtient son diplôme ?
Ringmar secoua les épaules.
- On repasse l’examen tous les jours, c’est vrai. On se voit tous les jours récompensé, Erik.
- Par qui ?
Il n'était pas en terrain familier. Dans ces quartiers, je suis un étranger. Eux, ce sont des réfugiés. Ils ont fui le pays qui était le leur, il y a près de vingt ans pour la plupart. Des pèlerins involontaires! Comment les qualifier autrement? Qui s'installerait ici de son plein gré, dans cet avant-poste de l'Arctique, s'il avait vraiment le choix? La Suède fait partie des huit pays dits"arctiques". Il y en a huit, et pas un de plus. Le soleil brille au-dessus de la ville en ce moment, mais sinon c'est le règne des ténèbres. De la pluie et du vent
Une fois que tout fut terminé, Winter put revoir le film des événements. Lorsque tout fut dit, il compris que tout avait une autre signification. Tout s'éclaira.
L'identité est quelque chose que nous empruntons, un rôle, un masque. Nous franchissons la frontière qui sépare la vérité du mensonge, et la lumière se condense en ténèbres.
Aneta Djanali rentra chez elle en voiture par un temps magnifique. Au-dessus des toits, tout était bleu et le soleil dardait véritablement ses rayons, projetant des ombres très accentuées sur tout Sveagatan. L'air embaumait.
Elle traversa rapidement l'entrée, après avoir vérifié la nouvelle serrure, pénétra dans sa chambre, ôta son corsage et sa mince chemise. C'est au moment où elle desserrait sa ceinture que sa main se figea.
Règle numéro un, ne jamais se retrouver au mauvais endroit, ça valait pour tout le monde. Mais plutôt au bon endroit, avec la bonne personne, au bon moment.
Qui pouvait prétendre qu'il détenait tous les secrets de la vie? Ce n'était pas un livre qui vous fournissait toutes les solutions, à la fin. Elle se terminait simplement, parfois brutalement et pour beaucoup de gens bien trop tôt, un peu à la manière d'un soleil qui serait tombé du haut de son ciel.
Un oiseau vient de passer devant la fenêtre et bientôt je serai pareille à cet oiseau. Pensez à moi quand vous verrez un oiseau, n'importe lequel. Je pense à vous, maintenant et pour toujours.
Nasrin l'attendait sous un arbre. Ce jour-là tous ceux qu'il rencontrait n'aspiraient qu'à retrouver l'ombre.
- je préfèrerais marcher, lui dit la jeune fille. Je n'ai pas envie de rester plantée ici.
- de quel côté ?
elle fit un vague geste en direction du sud-ouest....
... pourquoi vouliez -vous me rencontrer maintenant ?...
Winter n'avait pas encore ouvert la bouche depuis le début de la promenade
.. nous ne sommes plus très loin
- loin de quoi ?
- loin de la vérité. De la solution de l'énigme, si on peut l'appeler comme ça.
Une sirène retentit de nouveau dans la nuit et le réveilla au milieu d'un rêve. Il avait rencontré quelqu'un qui lui avait dit qu'il se trompait de chemin depuis le dernier carrefour. Un être sans visage. Aide-moi avait-il dit. Aide toi toi-même, avait répondu la voix. Il n'y a que toi qui puisse t'aider.
Il ressentait une impression de solitude. Non c'était de la mélancolie. Un sentiment de perdre pied. Le sol se dérobait sous lui.Ilétait pourtant bien calé dans le sofa. Tout était silencieux dans l'appartement, ni musique, ni voix.Angéla couchait Lilly.
.....
Il était seul avec sa mélancolie et son verre de whisky. Il leva son verre à la pâle lumière du lampadaire.
Bergenhem sentit une odeur d'alcool, de sueur, de parfum, d'angoisse, de peur, et d'autre chose, qui venait de lui et dont il ignorait tout… sinon que ça l'avait fait venir jusqu'ici. Il ne savait pas où s'arrêtait l'enquête et où commençait ceci, cet… autre chose.
Le Marino avait tenté d'échapper aux torpilleurs allemands et de gagner la côte écossaise à travers les champs de mines.
- Ils sont arrivés à Aberdeen et ce n'était pas la première fois qu'ils le faisaient. Mais ils n'avaient pas beaucoup de poisson cette fois-là, expliqua Erik Osvald.
- Et ils n'en sont pas repartis, ajouta Johanna.
C' était trop dangereux, ajouta son frère.
- Ils sont donc restés.
- A Aberdeen ?
- Pour commencer. Ensuite, ils sont allés à Peterhead, leur port d'attache au cours de cette année-là en quelque sorte. Ils sortaient de temps en temps en mer, bien entendu.
- Mais jamais très loin ?
- Non je crois qu'ils doublaient la pointe de Fraserburgh et s'enfonçaient un peu dans le détroit, vers Inverness.
- Inverness, demanda Winter en regardant Johanna Osvald.
- Enfin, pas tout à fait, à en croire Arne avant qu'il ait perdu la boule. Ils entraient seulement un peu dans ce firth dont j'ai oublié le nom.
Winter hocha la tête.
[...] Une fois dehors, il inspira l'air du soir. Une odeur de sel, et de sable qui aurait cuit au four pendant des mois. Ce n'est pas une odeur nordique, pensa-t-il. Du moins pas à cette époque de l'année. Que vont dire les touristes ? Ce n'est pas ça qu'ils viennent chercher ici. Et moi, j'en ai assez de cette chaleur, parce que je suis suédois. Je veux être un suédois fort tourné vers l'avenir. J'en ai marre de cette violence. Cette ville n'a pas une infrastructure adaptée à la violence, contrairement à d'autres, où l'on n'est pas spécialement surpris quand les gens se montrent moins bons qu'on ne l'espérait ...