Citations de Élise Fischer (188)
- Vous auriez dû faire des études. Je suis persuadé que vous auriez réussi.
Elle haussa les épaules. Être l'aînée d'une famille n'est pas toujours une faveur. C'est une lourde responsabilité. Lui revenait alors cet étrange sentiment qui tournait autour de son cœur au point de la piquer d'élans semblables à un début de révolte. "Pourquoi moi, pourquoi dois-je travailler plus que d'autres, suppléer mère et grand-mère, veiller sur les plus jeunes, aider père à payer des études aux petites sœurs ?" Elle soupira et fit taire de tels sentiments, qu'il fallait rejeter. C'était sans doute mal de penser à tout cela.
Toi, Charles, ne mets jamais tes rêves dans un tiroir. La beauté grandit l'être humain, l'élève toujours et l'aide à faire face aux difficultés de la vie.
Isabelle ne ressemble pas à Christine.
Ce ne fut pas le même bébé. Elle pleurait presque silencieusement comme si elle se trouvait dans un lieu où le sourire était mort. Elle a grandi et est restée silencieuse.
A quoi sert de mettre des enfants au monde, pour les envoyer sur le front à peine devenus des hommes ? Une guerre, c'est toujours un tremblement de terre. Des mères perdent des enfants. Des femmes perdent des époux.
La lettre de mon cousin a mis plus d'un mois à nous parvenir en entier. Je veux dire par là sans que la censure ne soit venue noircir quelques lignes. Il est vrai que Rodolphe a pris soin de ne donner que de bonnes nouvelles. A ne pas nous informer de la situation exacte des batailles et des armées. Partout, la censure oeuvre et les journalistes n'ont pas le droit de se rendre sur le front.
Louise n'était pas une femme facile. Son art passait avant tout.
"La musique est première, avait-elle coutume de dire quand il s'agissait de son travail vocal. Elle seule conduit au bonheur."
Un jour, au comble de l'exaspération, Clémence qui préparait son bac avait osé la contrer.
"La musique n'est qu'un moyen de parvenir au bonheur. C'est valable pour ceux qui la pratiquent comme pour ceux qui l'écoutent. Si elle doit être cause de souffrance, elle est vaine."
Il est temps d'aborder cette autre part de ma vie, celle dont je ne voulais pas. Celle qui commença par un baiser de dépit et parce qu'on m'y avait obligée. Une longue route où malgré les épines, j'ai tout de même cueilli quelques roses.
Pour les parents, éduquer est souvent source de grandes inquiétudes.
C’est au bord de la tombe qu’on s’interroge le plus. Quel est le sens de la vie ?
Vivre ensemble, c’est-à-dire partager le labeur et les distractions, rend plus fort et plus heureux.
Mes yeux s’ouvraient et j’avais parfois l’impression que Piotr me comprenait dans le silence de son cœur qu’il mettait à la torture sans pouvoir m’approuver. Je craignais que cette situation catastrophique ne vienne à bout de notre amour. Pouvions-nous encore nous rejoindre ? J’eusse aimé qu’il me suive. Partir, tout abandonner pour construire un monde meilleur, je ne sais où.
Nous aurions aimé avoir plus de précisions sur les mots des grandes personnes quand elles se chatouillent et que la femme crie:Oui,oui,oui,oh,oh..,encore,encore...
"Une ode à la beauté, à la transparence, à un art, et un hommage rendu à la Lorraine des artistes avec, en toile de fond, le décor magnifique des rues de Nancy."
Il le sait.
Mais le cœur, son cœur, pour qui a-t'il battu ?
Bon sang se dit-il en regardant le berceau où Christine est allongée; les yeux clos pour toujours, je ne sais pas rien de ma femme et pourtant je lui ai fait un enfant.
Juste après Noël, la maladie refit l'assaut. Emilienne semblait s'offrir sans se défendre. Ne voulant contaminer personne, elle prit les devants et refusa toute visite.
- Si vous m'aimez, laissez-moi et vivez votre vie ! Pour moi, c'est fait, merci. Je ne vous demande qu'une chose, soyez heureux, autant qu'on peut l'être; mais dans l'honnêteté et la dignité, selon ce que vos parents avaient commencé à vous enseigner.
-- En fait, je crois, j'en suis même certaine, que nous sommes complémentaires. J'ose penser que les femmes ne sont pas moins intelligentes que les messieurs. Elles ont autant de capacités intellectuelles et artistiques qu'eux. Vous n'êtes pas d'accord avec moi ?
-- Je ne dirai pas le contraire.
Bien des choses me révoltent et me navrent. Par exemple, et je trouve cela inadmissible, seuls les officiers ont droit à un cercueil. Je ne m'y ferai jamais. Un homme est un homme. Pour moi, un simple soldat a autant droit au respect qu'un officier.
La tranchée, c'est un boyau étroit où les poilus passent trois, quatre jours d'affilée, parfois d'avantage, en ce moment dans le froid, dans la boue, au milieu des rats. Pas moyen de se laver. Leurs vêtements sont infestés de puces, de poux et autres parasites. La honte les saisit autant que le froid les transit jusqu'à la moelle des os. La tranchée, c'est la soif, quand le ravitaillement ne vient pas. C'est boire une eau boueuse lorsque les lèvres sont devenues trop sèches pour pouvoir parler.
Tous les corps de métier œuvraient au sein de cette brasserie : tonnelier, menuisier, bourrelier, cocher, forgeron, palefrenier, mais aussi chauffeur de camions, mécanicien. Antoine Trampisch aimait les chevaux, qui lui rappelaient les lointaines contrées de son enfance, mais il savait que le progrès passait par de nouveaux moyens de locomotion. Il était fier de compter ses camions - sa flotte, disait-il -, alignés le long du quai d'embarquement, au pied de la malterie. Et, si les voitures à glace tirées par les chevaux étaient encore nombreuses, il espérait proche le temps où elles disparaitraient. En regardant le mouvement des trains de part et d'autre de la route de Bouxières, Antoine Trampitsch se réjouissait : il avait réussi à imposer son précieux breuvage dans les brasseries parisiennes. Celui-ci pouvait de nouveau couler dans de beaux verres renflés dessinés par les artistes de l’École de Nancy. Tout Paris venait déguster la Reine des bières.
Je me souviens de l'instant précis relatif à l'habillement d'une future mariée à l'abri de tout regard masculin. Comme dans les romans et les films, de la chambre où se déroulaient les préparatifs s' échappaient quelques petits gloussements, des rires étouffés et des bruits de tissu. Ma mère et ma soeur m'aidaient. Point de robe longue. Nous sortions de la guerre. Une tenue courte que l'on pourrait réutiliser ferait l'affaire. Mais il fallait porter du blanc. Je méritais le blanc. J'étais une jeune fille propre comme on disait alors. J'ai revêtu un tailleur blanc et un chapeau juponne d'une courte voilette qui ombrait mon regard. Comme une vierge qui se pare pour gravir les marches menant au supplice.