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EAN : 9782702162910
200 pages
Calmann-Lévy (22/08/2018)
3.5/5   36 notes
Résumé :
1857, en Lorraine. Après la disparition mystérieuse du fermier qui l’employait, un tyran qui abusait d’elle, Emilienne part rejoindre aux Salines de Dieuze sa cousine Henriette, mariée à Eugène, fils de paysan que ne rebute pas le travail dans les puits salés. Emilienne, qui peine à oublier les violences dont elle a été victime, est en butte aux soupçons de la gendarmerie quant à son rôle dans la disparition de son ancien patron.
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Un siècle en Lorraine

Élise Fischer continue à nous raconter sa Lorraine natale, cette fois en suivant le destin de quelques femmes de la seconde moitié du XIXe au XXe siècle. Au moment où l'Histoire bouleverse les histoires personnelles.

« On s'est raconté toutes ces histoires, le soir, au coin du feu, pour ne pas oublier. Souviens-t'en et parles-en à tes enfants! C'est notre histoire. Il ne faut pas qu'elle se perde. » Élise Fischer suit le conseil que donne le personnage de son nouveau roman avec beaucoup de ténacité. Aujourd'hui à la tête d'une impressionnante collection de romans dits du terroir, elle a développé un formidable talent, celui de vulgariser l'Histoire et nous la rendre palpable, chargée d'émotions et de personnages forts, à hauteur des hommes et des femmes qui peuplent la terre de sa Lorraine natale.
Après le jardin de Pétronille situé à Nancy durant l'Occupation et Villa sourire qui dressait une fresque de la Grande guerre, nous voici en 1857. C'est le point de départ d'une saga en deux volumes qui va couvrir plus d'un siècle et, dans ce premier tome, traiter notamment de la Guerre de 1870 qui coupera la région en deux, avec une partie sous administration allemande et l'autre restant française. Mais n'anticipons pas.
Dans la ferme de Buzémont, près de Dieuze, Émilienne n'a qu'une envie, fuir. Comme tout le personnel féminin, elle doit subir les assauts de Jules Waldmann pour lequel le droit de cuissage fait partie de l'éducation. Elle part rejoindre sa cousine Henriette, ouvrière aux salines de Dieuze et où elle espère être embauchée.
Un départ qui va éveiller les soupçons de la gendarmerie, car Jules a disparu sans laisser de traces. Et alors que l'enquête se poursuit Émilienne prend ses marques dans ce monde en mutation où les progrès techniques transforment le paysage. Les machines à vapeur arrivent, les lignes de chemin de fer sont construites entre Dieuze, Nancy, Strasbourg et Paris. Napoléon III montre la puissance de son Empire en organisant une grande exposition universelle en 1867. Dans ce nouveau monde qui se construit Émilienne croit percevoir un avenir plus serein, car l'incendie de la Ferme du Buzémont et la découverte du cadavre de Jules l'a finalement innocentée. Mais d'autres nuages viennent assombrir son horizon. Venus d'Allemagne, ils vont rapidement recouvrir l'Alsace et la Lorraine. La Guerre va provoquer le départ de Napoléon III, mais surtout contraindre la jeune IIIe République à entériner la perte de l'Alsace et d'une grande partie de la Lorraine avec le Traité de Francfort.
C'est l'heure des «optants». Les habitants des territoires devenus allemands peuvent choisir de rallier la France où passer sous l'administration de Bismarck. Émilienne, ainsi qu'une grande partie de la famille, choisit Nancy. Passé le traumatisme, le Chef-Lieu de la Meurthe-et-Moselle entend se construire un avenir. Les peintres, les verriers, les architectes et les sculpteurs développent leur savoir-faire et leur créativité, alors qu'une nouvelle exposition universelle s'annonce.
Si l'on prend beaucoup de plaisir à la lecture de ce roman, c'est parce qu'il nous est raconté à hauteur d'homme. Les histoires de famille et l'Histoire de France, les faits divers et les décisions politiques forment une trame passionnante qui nous fait ressentir les choses. On se réjouit d'ores et déjà du second tome, La Promesse du sel, qui arrive la semaine prochaine en librairie.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Les femmes des terres salées
Elise Fisher
Calmann-Lévy, roman, 2018, 452 p.


le titre sonne comme celui d'une légende, quelque chose qu'on doit lire ou savoir, et attire comme un pays exotique.
C'est un roman de femmes, voire féministe, écrit par une femme. Les titres des parties portent les prénoms des protagonistes féminins. le livre est en deux tomes, le second paraîtra en novembre. C'est aussi un roman qui célèbre le progrès et les nouvelles techniques, les chemins de fer, la roue hydraulique, les moteurs électriques. C'est enfin un roman qui chante une région, et réclame la justice.
C'est une saga historique. le premier tome couvre la seconde moitié du XIX°. L'action se passe dans l'Est, en Lorraine. le lecteur apprend ce qu'est le travail du sel, voit la construction de la tour Eiffel. Nancy est complètement refaite. Il voit d'un autre oeil Victor Hugo, qui serait responsable de la mort de beaucoup d'insurgés, lui, un ambitieux, un opportuniste, un homme à femmes, et Camille Claudel, qui aurait hérité de la folie de sa mère. le clergé aussi est pris à partie, complice de l'asservissement des femmes, et prompt à apeurer les gens.
L'histoire de la saga, qui est aussi familiale, croise L Histoire, et le déplacement des lieux d'économie. Dieuze supplante la Pologne.
Tout commence avec le comportement d'un prédateur qui veut croire que toutes les femmes jeunes et plutôt jolies sont pour lui, et qu'en plus il leur donne du plaisir. Une femme, Henriette, a pu s'enfuir, enceinte de ses oeuvres, qui rencontre un travailleur du sel intelligent, ouvert et respectueux des femmes et de la sienne. Cette femme a une cousine, Emilienne, qui est violée par le prédateur et fait passer l'enfant conçu de si triste manière que son ventre ne pourra plus en porter. Elle l'accueille, et la protège. En effet, la femme du prédateur l'accuse d'avoir tué son mari à sa demande.
Henriette, fatiguée de tant de grossesses, meurt en couches. Une petite fille naît, Emilie, élevée par Emilienne ; elle aime dessiner, mais ses talents de dessinatrice sont médiocres, et elle s'adonne à la sculpture. Un jeune commissaire, qui enquête sur le meurtre de son frère, et qui aime l'art, s'éprend d'elle qui s'enfuit parce qu'elle ne veut pas que sa carrière soit gâchée par un mariage avec la soeur d'un assassin qu'il a conduit à l'échafaud. Elle porte un enfant de lui. Il la retrouve, toujours aussi aimant mais faisant un autre métier.
C'est un livre d'une lecture agréable, et facile. le style est alerte. le temps passe vite, peut-être trop, et l'histoire aussi. On aurait souhaité un peu plus d'épaisseur. le vrai sujet est ailleurs. Les femmes, les rapports hommes/femmes, la condition féminine, les terres salées,  ? La présentation du tome 2 qui conduira au-delà de 1968, parle de bonheur, le vrai. Peut-être La promesse du sel ne répondra-t-elle pas à nos attentes.
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Je ne pensais pas me lancer dans une saga familiale en commençant ce roman. Je savais qu'il était fortement ancré en terre Lorraine au début du 19e siècle, mais pas que nous suivrions finalement plusieurs générations de personnages.

Bravo pour le travail de recherche historique, car quelle époque ! Les salines, les guerres, les conditions de vie des ouvriers sont très bien rendues.

Cependant, le contexte historique a pris trop d'ampleur pour moi. J'ai souvent sauté des passages complet, car n'étant pas passionnée d'histoire plus que cela, c'était un peu trop détaillé et cela "interrompait" l'histoire des personnages. C'est comme si on avait des parenthèses (que j'ai trouvé assez longue) pour détailler le contexte historique du moment.

Malgré tout j'ai aimé plonger dans cette histoire. Étrange aussi de lire les périodes sombre comme cette épidémie de choléra (alors que nous sommes en pleine épidémie de Covid-19), même si ces deux maladies ne sont pas comparables.

Clin d'oeil livresque, j'ai lu récemment un autre roman sur l'exposition universelle de 1889, alors je n'étais pas trop perdue non plus ici !

Je vais tout de même lire le 2e tome, pour terminer l'histoire de cette famille lorraine.

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Fin 19e siècle, on suit Emilienne qui quitte la ferme où elle travaillait. Elle a été expulsée par sa patronne suite à la disparition de son mari Jules. Emilienne qui a été abusée par ce dernier prend refuge chez sa cousine. Mais la police enquête et Emilienne sait qu'elle doit se cacher car tout semble l'accuser.
Mariée et espérant vivre une vie normale, elle doit fuir. Ce ne sera que des années plus tard qu'elle pourra revenir, mais sa vie sera gâchée, c'est elle qui élèvera les enfants de sa cousine.
Après un début alléchant, trop de personnages et une lassitude de lecture dû à un manque d'intérêt pour l'histoire qui s'atténue sur la fin.
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Un très bon roman qui nous emmène sur toute une seconde partie du 19ème.

On va découvrir les salines, l'annexion de l'Alsace et la Lorraine par les Allemands, la révolution industrielle, et l'Exposition Universelle avec cette fameuse Tour Eiffel.

Tout au long de ce cheminement historique l'auteure nous parle aussi et surtout des conditions de vie des femmes et leur divers combats pour s'émanciper.

Élise Fischer en profite pour nous brosser quelques portraits comme Émile Friant, peintre qui bouscule les habitudes, Victor Hugo, ambitieux et opportuniste, Camille Claudel, sculptrice de génie à la folie héréditaire.

Un roman très enrichissant à lire où on se prend vite à aimer ces femmes si simples et pourtant exceptionnelles, et à (re)découvrir une partie de notre passé.

Certes l'auteure réussit à nous faire partager émotions et révélations, mais certains passages historiques sont un peu longs, créant une coupure dans le récit des personnages.

Ce fut malgré cela une lecture très agréable avec de belles et bouleversantes découvertes.

Cette auteure nous a quittés l'an dernier, le jour de Noël, et je garde son nom en mémoire pour découvrir d'autres romans, à commencer par "La promesse du sel", la suite de celui-ci.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Que de guerres! Celle de Trente Ans a saigné la Lorraine et l’Alsace à blanc. Mon Dieu, gémissait Eulalie, que de misères pour les pauvres gens! Les mercenaires, des Suédois employés par Richelieu, s’en sont donné à cœur joie. Sur leur étendard figurait une horrible devise: "Tuez-les tous!" Ces habitants de l’Est qui valaient moins que des chiens. Comme s’ils étaient galeux… C’est comme je te le dis, ma petite Henriette. Nous n’étions que des barbares tout juste bons à être donnés aux cochons ou jetés dans l’étang. Deux siècles plus tard, tu vois, ma fille, on s’en souvient encore. Ce cardinal nous a fait tellement souffrir. On s’est raconté toutes ces histoires, le soir, au coin du feu, pour ne pas oublier. Souviens-t’en et parles-en à tes enfants! C’est notre histoire. Il ne faut pas qu’elle se perde. 
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Juste après Noël, la maladie refit l'assaut. Emilienne semblait s'offrir sans se défendre. Ne voulant contaminer personne, elle prit les devants et refusa toute visite.
- Si vous m'aimez, laissez-moi et vivez votre vie ! Pour moi, c'est fait, merci. Je ne vous demande qu'une chose, soyez heureux, autant qu'on peut l'être; mais dans l'honnêteté et la dignité, selon ce que vos parents avaient commencé à vous enseigner.
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Ferme de Buzémont, Dieuze, février 1857
Émilienne se releva, secoua ses jupes. La colère, après l’humiliation subie, éveillait en elle des pensées meurtrières. Elle eut envie de hurler sa détresse à la terre comme au Ciel resté sourd à ses prières. Elle cracha par terre en se rajustant. Foi de fille bafouée, un jour, elle planterait cet homme et quitterait la ferme.
– Je le jure, murmura-t-elle, le poing levé, il crèvera.
Elle voyait comme en rêve le corps de cet homme se décomposer, devenir une charogne rongée par les vers. Il ne méritait pas autre chose. Et elle jubilait déjà par avance. Elle se reprit, baissa les yeux vers le sol souillé où serpentaient les filets de déjection. « Je ne veux pas rester une fille de ferme dans ces conditions, je croyais valoir mieux que ça ! »
Un jeune veau la regardait.
– Tu n’y es pour rien, petit Blanchot, et tu ne peux rien pour moi qui t’ai aidé à sortir des entrailles de ta mère, la brave Perlette.
Quitter la ferme était son obsession. Elle s’en irait travailler aux salines avec sa cousine Henriette qui y avait trouvé son salut, malgré le travail dur et pénible.
Au moins, après sa journée, elle serait libre. « Bien sûr, les hommes regardent les filles là-bas aussi, mais il y a du monde et ils ne peuvent pas nous culbuter devant tous, lui avait dit sa cousine en lui faisant ses adieux. Je penserai très fort à toi. » 
Henriette clamait à qui voulait bien l’entendre qu’en ces murs, en dépit des vapeurs et de cette odeur de sel, elle respirait. Bien mieux qu’à la ferme, depuis qu’elle n’avait plus à redouter les assauts de Jules Waldmann, une bête de la chose. Jules, toujours émoustillé et prêt à planter son dard entre les cuisses des filles de ferme, puisque sa femme ne pouvait le satisfaire autant qu’il l’aurait voulu. De toute façon, Germaine avait fait son temps ou presque. À peine trente-cinq et déjà vieille et tordue, se plaignait-il. Son petit palais de douceur manquait de fermeté pour un homme comme lui. Les chairs molles d’avoir trop servi, flasques d’avoir trop subi.
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Jules, toujours émoustillé et prêt à planter son dard entre les cuisses des filles de ferme, puisque sa femme ne pouvait le satisfaire autant qu’il l’aurait voulu. De toute façon, Germaine avait fait son temps ou presque. À peine trente-cinq et déjà vieille et tordue, se plaignait-il. Son petit palais de douceur manquait de fermeté pour un homme comme lui. Les chairs molles d’avoir trop servi, flasques d’avoir trop subi. Certes, Germaine lui avait donné quatre gaillards et deux pisseuses. Mais Jules avait encore de l’ardeur et de la semence à répandre.
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Elle ne répondit pas au prêtre, se contenta de le regarder à la dérobée. C'était un brave homme de Dieu. Elle ne voulait pas le blesser. Lui répandait la bonté tout au long de son sacerdoce.
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Videos de Élise Fischer (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Élise Fischer
Elise Fischer présente son rapport à la lecture. Elle explique comment, selon elle, le lecteur doit s?approprier l?histoire. En savoir plus sur « Sur le fil » : http://bit.ly/2i4htZN
Des coups de c?ur aux coups au ventre, Lena a tout vécu. C?est en prison, accusée de la mort d?un mari tyrannique, qu?elle libère les mots et les souvenirs de sa vie tumultueuse marquée par l?exil, l?univers du cirque, une passion amoureuse et la violence conjugale. Un roman poignant qui met en lumière une cause toujours de triste actualité.
1960, Nancy. Dans sa cellule de prison, Lina attend sans illusions l?issue de son procès. C?est au parloir, grâce à sa visiteuse, s?ur Marie-Bernadette, toute de patience et de douceur, que Lina peut malgré tout libérer sa parole, sa mémoire, et remonter le fil de son histoire : son enfance sous le soleil du Sud, sa vie de bohème dans les cirques, sa folle passion pour un danseur juif allemand pendant l?Occupation. Jusqu?à sa rencontre avec René? Parce qu?il lui avait montré un visage avenant, parce qu?il semblait réellement épris, elle, la jolie saltimbanque, a accepté de s?unir à lui. Mais comment se relever de l?épreuve quotidienne des coups, de l?humiliation, de la honte ? Un jour, à bout, elle l?a laissé mourir?
Un roman intense et plein d?espoir sur la dignité des femmes.
+ Lire la suite
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