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Critiques de Éric Pessan (650)
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Pebbleboy

Un petit claque…

Je commence à connaître les livres d'Eric Pessan car j'en ai découvert plusieurs.

Ce petit livre, voire petit livret, est une pièce de théâtre.

Il est comme beaucoup de livre de l'auteur destiné à la jeunesse, mais pour moi, il est à lire aussi par les adultes.

Ici, j'ai pris l'histoire en plein cœur.

Une pièce de théâtre, une fable, une histoire fantastique de super héros !!! mais surtout une révélation… L'histoire de Pierre m'a fait chavirer !

C'est une histoire de secret, de rêve, de souffrance, d'intimité, … et sous des dehors de tendresse et d'histoires d'enfants, une violence explosive…

Bravo M. Pessan pour ce livre qui me restera en mémoire.
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Plus haut que les oiseaux

Eric Pessan écrit pour les adolescents. Mais les adultes, et j'en fait partie, peuvent aussi apprécier énormément ses écrits... Il a toujours l'histoire qui touche, les mots justes, les images percutantes, les émotions touchantes. Ses romans jeunesse relate des anecdotes de jeunes qui habitent tous dans le même immeuble. Aucune intéraction entre ces histoires, et pourtant un lien ténu les relie.

Ici, l'auteur relate un jeune, son inconscience, l'amitié, la culpabilité, la prise de conscience.

Magnifique roman à lire de 7 à 77 ans...

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Un matin de grand silence

Choisi à la Librairie Texture , Paris 19e, le 27 avril 2010- Relecture le 20 mai 2024



Une très courte lecture, inquiétante à souhait, éditée par une excellente maison d' édition, qui publie de magnifiques petits livres, dignes de livres d'art, tout en pouvant être glissés dans la poche....



Consacrant du temps de recherches, de lectures, d'écriture autour de " La Solitude"...j'ai repris ce petit texte fort déroutant, mettant en scène un adolescent, abandonné à lui-même dans un appartement désert, un matin pas comme les autres.

Le silence, plus de parents....Personne ne l'a réveillé pour aller au lycée, personne n'est plus là pour lui dire ce qu'il a à faire...

Le temps se gonfle, chaque bruit dans l'appartement prend un relief particulier....Cet adolescent couvé par une mère au foyer, ayant refusé de travailler pur s'occuper de lui, balance entre la joie d'une liberté totale dont , il ne sait pas trop quoi faire....et l'angoisse bien légitime d'être "abandonné " sans comprendre " pourquoi"...



Le style très singulier d'Éric Pessan, alternant des phrases avec ou sans ponctuation, confère un supplément de perturbation anxiogène !

Les illustrations de Marc Desgrandchamps augmentent le malaise: des mélanges morcelés constitués de peinture, de collages d' images brisées, avec une dernière superposition de phrases,contrecollées.Illustrations aussi déstabilisantes et insolires que le récit...



Cela me rappelle un autre roman d'Éric Pessan, qui m'a durablement marquée,

" Chambre avec gisant" ( 2002), faisant basculer aussi étrangement le quotidien dans l'angoisse et l'incompréhensible total : un homme ordinaire, époux et père de famille sans histoires, décide un jour, de ne plus se lever, s'enfonçant sans retour dans un mutisme totalement incompréhensible pour son entourage .



"Il se demande combien de temps il peut rester seul si ses parents ne reviennent jamais. (...)

D'étonnantes pensées le travaillent: il pourrait écrire sur les murs, ouvrir les penderies, regarder partout, tout lettre en l'air, tout chambouler. Il pourrait tout se permettre, tant pis, ses parents n'avaient qu'à ne pas l'abandonner.Il respire à pleins poumons l'air de la liberté.À lui seul se décider.

Tout est possible.

Le présent est sans limites."





**** n'hésitez pas à aller consulter le catalogue de cette très originale maison d'édition nivernaise, crée en 2005...



lien : https://www.chemindefer.org/la%20maison/la%20maison.html





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Le soleil est nouveau chaque jour

Un immense MERCI à L' École des Loisirs et à Babelio, pour la réception de ce texte des plus éclairants, en destination des jeunes adultes...& plus !



Réception datant déjà d'un mois, et lu très rapidement, prise, happée par les sujets et ce groupe de jeunes " rebelles", très attachants et déterminés !



Une très , très intéressante lecture fort précieuse pour mettre des mots sur les dérives inacceptables de la société présente, texte qui donne du courage , de l'espoir même si les combats pourraient paraître perdus d'avance...

Eh bien non ! le pire serait de subir et de rester passif vis à vis du monde des aînés, des parents !



Grâce à cette Masse Critique Jeunesse, j'ai découvert l' autre pendant de l'oeuvre d'Éric Pessan, dont je ne connaissais que les romans- adultes, et plus exactement une fiction m'ayant durablement marquée : " Chambre avec gisant", aux thèmes diamétralement opposés ; ce roman mettait en scène un homme actif, dynamique, homme et époux sans reproche jusqu'au matin fatidique où il décide de ne plus se lever; couché, silencieux, hors d'atteinte, sa famille, ses amis, son entourage sont bouleversés , comme tétanisés dans une sorte de sidération, ne parvenant pas à trouver ce qui a pu " basculer" chez ce père de famille au demeurant " normal".......



Dans ce roman au beau titre nettement plus engageant, nous voici plongés, entraînés dans les espoirs, les élans combattifs de la toute jeune génération, qui se cherche, veut un monde meilleur, et pour cela, veut se démarquer de leurs parents, sortir des mécontentements passifs de l'adolescence...



Refusant de laisser les forêts de Lorraine se transformer en entrepôts, un groupe d'une " petite trentaine " de jeunes venant des 4 coins de la France se rassemble, se retrouve pour une action commune : un acte de résistance et de contestation .Ils se préparent, s'exercent , et déclenchent " un sitting" original; ils grimpent dans les arbres, construisent des cabanes , " prennent de la hauteur", en quelque sorte, afin de faire entendre leurs voix, pour que les choses changent.....et surtout empêcher la construction d'une plateforme logistique voulue depuis longtemps par une multinationale, ; ce qui detruirait, entre autres un site naturel et de fort nombreux arbres ...



On suit leur mouvement de contestation, par la voix de Thomas, l'un des participants, acteur et narrateur, arrivé avec son " amoureuse", Klara ( * jeune réfugiée ukrainienne),qui nous relate ces 23 jours de résistance, le quotidien éprouvant , chacun perché dans sa cabane, relié par les messages postés par les uns et les autres, sur les réseaux...et puis brutalement l'accident violent d'un des camarades, Fabio...Ce même Fabio, mature, déterminé, qui avait appris au groupe les bases et vigilance à respecter pour la partie " escalade" et l'élaboration de leurs cabanes dans les arbres...Un camarade énergique et respecté par l'ensemble du groupe....



On fait connaissance avec la personnalité et le parcours distinct de chacun...Un style fluide , dynamique...abordant avec autant de finesse les caractères de ces très jeunes adultes, que les évolutions au sein d'un collectif,d'un groupe...

les dissensions incontournables, les négociations, et leurs vrais questionnements sur une société capitaliste, libérale, leur paraissant désormais trop productrice d'injustices et d'exclusions inacceptables....



Un roman, pouvant servir de base de discussions bénéfiques...au sein des lycées...mais pas que...bien sûr !



Très émue par les remerciements multiples de l'écrivain, in- fine, et plus particulièrement de cet extrait adressé à sa famille :" Enfin , je tiens à remercier mes enfants, Zoé, Louna et Mélio, qui me donnent envie de ne pas mettre genou à terre et de ne pas accepter ce que presque partout on nous présente comme inéluctable. À défaut de pouvoir changer le monde, l'enjeu est de le rendre supportable et d'inventer localement nos façons de l'habiter, car, comme l'écrit le philosophe irlandais John Holloway, " La révolte consiste moins à détruire le capitalisme qu'à refuser de le fabriquer."...



Sans omettre des éléments de lecture précieux qui ont nourri l'écriture de ce roman; je retiens personnellement l'ouvrage de Marielle Macé , " Nos cabanes " ( Verdier, 2019) dont je suis très curieuse !
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Ma tempête

David garde sa fillette à la maison, la garderie est fermée, sa femme au travail et lui au chômage ! Comédien et metteur en scène, intermittent du spectacle donc, sa vision de “La Tempête" de Shakespeare n'a pas vu le jour faute d'investisseurs !



Le couple bas de l'aile car il se laisse tomber dans la dépression et ne fait rien de ses journées. Aujourd'hui il a décidé de raconter “La Tempête" à sa fille, entrecoupant les scènes de réflexions sur sa vie de comédien, sur la paternité, sur l'immuabilité de Shakespeare et le peu d'importance qu'a la Culture !



Un orage gronde et surgit, coupant l'électricité, donnant encore plus de substance à son histoire !



J'ai été emportée du début à la fin, battue par le tonnerre, aveuglée par les éclairs et fascinée par sa narration de la Tempête et les réflexions sur sa vie !



Une immersion totale où les défauts du texte disparaissent pour ne laisser qu'une impression positive et émerveillée qui donne envie de se replonger dans Shakespeare.



#matempêtePessanShakespeare #NetGalleyFrance



Sortie le 25 août 2023



Challenge Gourmand 2023/2024

Challenge Riquiquis 2023

Lecture Thématique juillet 2023 : Français
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Aussi loin que possible

Beau petit roman, que ce « Aussi loin que possible ». Il se lit d’une traite, je suis passé au travers de ses 138 pages en à peine une soirée. C’est que l’auteur Éric Pessan est allé droit à l’essentiel, beaucoup d’action et, surtout, des jeunes personnages poignants, saisissants, qui ne peuvent que nous interpeler.



Un jour comme les autres, en se rendant à l’école, Tony décide de faire la course. Et Antoine lui emboite le pas. Faut quand même lui montrer qu’il court aussi vite. Mais aucun des deux n’arrête. Le bout du stationnement, le centre commerical, la banlieue, etc. Et ils continuent, toujours plus loin. Sans trop savoir pourquoi. Ou, en fait, si : Tony craint d’être expulsé avec sa famille vers l’Ukraine. Antoine n’a rien à perdre à le suivre, à part quelques baffes de son père. Ils veulent éviter de penser à leurs soucis. Ils sont aux prises avec des difficultés auxquelles ils ne peuvent rien, des problèmes d’adultes. Et ils réagissent de la seule façon qu’ils connaissent, qui est à leur portée : la couse. Ce qui n’était qu’un jeu d’enfant devient, inconsciemment, un moyen de protestation.



Les deux garçons vont courir ainsi pendant quelques jours, faire un bon bout de chemin. En route, ils vivront quelques péripéties (l’asthme, le chien qui grogne, le sandwich volé au dépanneur, etc.) qui permettent de rompre un peu avec la monotomie de la course. Un seul point négatif : le roman est un peu trop léger à mon gout. On a l’impression d’être en surface. On sait peu de choses sur Antoine et Tony. Quelques flashbacks d’Antoine permettent de connaître des brides de son histoire, le commencement de son amitié avec Tony, mais c’est tout. J’aurais apprécié en savoir plus. Toutefois, faut dire que ça se prête bien à l’œuvre. Pas le temps de s’étaler et surtout pas de s’arrêter sur l’histoire des protagonistes, il faut courir avec eux, les suivre.
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Le démon avance toujours en ligne droite

Voilà un auteur que je ne connaissais pas et que je découvre avec le plus grand bonheur.

Ce livre est écrit avec un excellent style et dans un très beau français.

Le héros est poursuivi par ses démons, ou ceux de son père, ou ceux de son grand-père.

- « Tu as le diable dans la peau » lui disait-on petit

ou encore

- « Ton père et ton grand-père ont été emportés par leurs démons »

- « Il avait ça dans le sang, on n’échappe pas à ses démons »

- « Tu es bien le fils de ton père »

Petites phrases assassines distillées toute l’enfance par une mère et une grand-mère défaitistes, pessimistes, aigries.

Et puis surtout, il y a l’absence de ce père disparu lorsqu’il avait deux ans.

Une double malédiction proférée par ces femmes, qui pèse sur ses épaules d’homme comme elles ont pesé sur ses épaules d’enfant.

Alors, quand sa compagne lui demande un enfant, il est pris de panique. Tous ses démons remontent et il part sur les traces de son grand-père mort en Allemagne, et de son père, clochard à Lisbonne pour écrire le roman de son histoire

C’est assez violent, dans les pensées et dans les réactions du personnage.

C’est pessimiste aussi.

Le poids des générations est-il si lourd ?

Est-on condamné à reproduire le schéma familial ?

L’auteur nous offre ici un magnifique portrait d’homme prisonnier d’une névrose pathétique.

Les souvenirs d’enfance sont poignants, cet enfant qu’il fut et pour lequel il n’arrive pas à utiliser le « je ».

Un auteur à connaître et à suivre !

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Dans la forêt de Hokkaido

J'ai eu un coup de coeur pour ce roman écouté en version (sublime) audio.



Un très beau texte avec une histoire très prenante.

Au japon, plus précisément dans la forêt de Hokkaido, un petit garçon de 7 ans a disparu. Ses parents ont voulu lui faire peur et faire semblant de l'abandonner dans la forêt. Mais lorsqu'ils sont revenus sur leurs pas, le petit avait disparu.

En France, Julie rêve de ce garçon. un lien très fort se développe entre eux et elle va tout faire pour aider le garçon à survivre.

D'autres thèmes super intéressants sont abordés avec finesse et justesse.

C'est un roman qui prend aux tripes. On ressent la faim, la soif, la peur, la détresse. C'est juste incroyable.
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La plus grande peur de ma vie

Il y a quelques mois, j’ai eu un véritable coup de cœur pour le roman Dans la forêt de Hokkaido de l’auteur français Eric Pessan et c’est donc avec beaucoup de curiosité que je continue ma découverte de cet auteur avec La plus grande peur de ma vie.



David, Norbert, Lalie et Jordan sont quatre jeunes amis d’enfance. Alors que les enfants passent du temps ensemble mais s’ennuient, ils décident de partir à la découverte du vieux manoir dit hanté pour se faire une petite frayeur. Ils ne pensaient pas faire la découverte d’une grenade en état de fonctionner. Cette grenade va chambouler leurs quotidiens et les événements vont s’enchaîner, la seule solution ? Prendre conscience de certaines choses que l’on préfère ignorer et avancer.



Tout comme dans le roman Dans la forêt de Hokkaido, Eric Pessan fait preuve d’une poésie et d’une sensibilité délicate et émouvante. Le roman est superbement écrit et l’auteur insère dans son récit des calligrammes qui ajoutent une émotion supplémentaire et renforce clairement son propos. Le roman, bien que très court, nous offre encore une fois une réflexion intelligente et une morale percutante. Nos quatre comparses sont au collège. Bien qu’inséparables, les quatre jeunes adolescents restent entre eux et sont assez solitaires. Pas forcément bien intégré et peu à l’aise, des plus âgés n’hésiteront pas à les malmener. Et cela devient de plus en plus difficile pour Norbert, le plus touché par les moqueries, de garder son sang-froid (et la découverte de la grenade ne va pas arranger les choses). En une seule journée que se passe l’action de ce roman, les personnages vont se découvrir, vont grandement évoluer et apprendre énormément sur eux-mêmes. En seulement 100 pages, on s’attache énormément à ses protagonistes.



La plus grande peur de ma vie est un roman dur mais rempli de finesse. N’hésitez pas à passer outre cette couverture assez spéciale (je vous jure, à force de la regarder, elle n’est pas si moche) pour découvrir la plume si particulière d’Eric Pessan et ses morales toujours plus pertinentes.
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Ma tempête

En cette journée de grève de la crèche, David garde sa fille. Le temps est à la tempête, dans tous les sens du terme : météorologique d’abord ; théâtralement parlant ensuite puisque c’est le nom de la pièce de Shakespeare que David devait mettre en scène avant que le projet soit annulé faute de financements ; émotionnellement enfin, cette annulation plongeant David dans une sorte de rumination dépressive dont il peine à sortir.



Pour occuper sa fille en cette journée donc, David lui raconte, ou plutôt lui déclame, « La tempête ». Dans un glissement très fluide, peut-être trop, on passe de la pièce proprement dite aux pensées et analyses de David sur celle-ci, sur la catastrophe que son annulation provoque en lui et sur son couple, ses pensées sur l’état de la culture en France et sur l’intermittence du spectacle, le tout dans une espèce de monologue ininterrompu dans lequel il est parfois difficile de savoir sur quel plan on se trouve, ni à qui David s’adresse — à sa fille ? à quelqu’un d’autre ?

J’ai eu d’ailleurs l’impression que David perd franchement pied dans sa dépression (« A cet instant, une brusque sensation d’irréalité le saisit, c’est comme si le monde venait de se retourner, comme s’il était sur scène, dans son salon, face au décor peint de la rue détrempée et que le réel s’était échappé, mais où ça ? Il se sent artificiel, la tempête n’existe pas, une bande sonore imite le tonnerre tandis que le régisseur lumière fait flasher ses projecteurs, l’immeuble d’en face a été conçu par un scénographe pour faire illusion, il est une découpe d’aggloméré maintenu par des contrepoids métalliques. Jusqu’à la pluie qui parait un effet spécial coûteux. Puis l’impression reflue, le décor n’en est plus un, il redevient la cité familière ou David vit depuis des années, il n’est plus l’interprète d’un rôle et c’est bien pire, puisqu’il doit inventer son texte au fur et à mesure »), qui le plonge dans un état proche de la stupeur, et qui le prive de ses forces pour tenter de s’en remettre. Alors oui, il a passé trois ans à préparer ce projet pour qu’il tombe à l’eau, ce qui en outre lui a fait perdre son statut d’intermittent du spectacle, mais j’ai parfois eu l’impression qu’il se cachait derrière sa tempête émotionnelle pour ne pas agir, et remonter la pente.



Malgré cela, « La tempête » est un petit roman magnifiquement écrit, qui offre un très bel écrin à « La tempête » de Shakespeare, que l’auteur a traduit lui-même pour l’occasion et pour laquelle il propose de très belles analyses. Une belle introduction pour lire ou relire cette pièce qui apparaît intemporelle.



Merci à Netgalley France pour l’envoi en avant-première de ce roman prévu pour sortir au mois d’août.
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Dans la forêt de Hokkaido

Paru tout récemment en poche à L'École des Loisirs, ce titre et sa couverture très réussie ne pouvaient que m'attirer. Ce fut l'occasion de découvrir la prose d'Éric Pessan. Cette première lecture m'amène à la conclusion qu'il y en aura d'autres.



La narratrice, Julie, est une collégienne de troisième presque comme toutes les autres. Elle est ici emportée via un songe très réel jusque dans une forêt de Hokkaido où un petit garçon très turbulent vient d'être abandonné par sa famille dont il regarde la voiture s'éloigner. Par l'entremise de ses rêves, la jeune fille est liée au garçonnet qu'elle s'efforce d'aider et de maintenir en vie. Non sans conséquences pour elle.



Si le roman repose sur des facultés surnaturelles de Julie, c'est pourtant moins le fantastique que les réflexions sur l'empathie, la compassion et la compréhension des autres, proches ou étrangers au cercle familier, qui concentrent l'attention. Julie essaie d'appréhender le monde à hauteur d'adolescence dans une famille unie française. Comme elle l'exprime si justement, "Avec un peu de compassion on peut se mettre à la place de n'importe qui, cela ne nous fait pas ressentir pour autant la profondeur de ses blessures." Ce qui n'empêche pas d'essayer plutôt que juger sans chercher, se refermer.



Roman court mais histoire forte. Histoires même puisqu'Éric Pessan entre dans sa trame d'autres fils qui se tissent et font réfléchir à l'appartenance à l'humanité. Il aborde ainsi plusieurs thèmes en rapport avec notre contemporanéité. Prouesse de réussir à en parler sans paraître non plus trop court, le livre faisant 150 pages. Comme le Petit Poucet semait des cailloux pour ne pas se perdre, Éric Pessan sème les sujets qui lui tiennent visiblement à cœur pour que nous ne nous perdions pas dans cette pléthorique actualité et, surtout, que nous ne perdions pas notre humanité.



Recourant à la narration directe avec Julie, l'auteur rend son récit très vivant et sensible, riche en émotions variées et en réflexions. Son écriture est de surcroît très belle, alliant simplicité et profondeur, phrases courtes qui montrent l'urgence de la situation du petit garçon et paragraphes plus denses où l'action laisse place à l'introspection. Une belle réussite de bout en bout.
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La plus grande peur de ma vie

"Une grenade, forcément, il n'est pas besoin d'en avoir déjà vu pour la reconnaitre, il suffit d'avoir regardé des films de guerre à la télé. On sait tous qu'il y a une goupille ronde sur le côté, qu'il faut tirer dessus, lancer la grenade le plus loin possible et qu'elle explose au bout de quelques secondes. On sait que son corps est quadrillé et que, lorsqu'elle explose, chaque petite parcelle de métal se transforme en projectile. On sait que c'est une arme, fabriquée pour tuer des gens, qu'elle est dangereuse, qu'elle peut faire souffrir, arracher des membres, broyer des os, paralyser, transformer un être humain en purée, en handicapé, en mutilé."



En partant explorer en douce un vieux manoir abandonné, quatre amis vont vivre une expérience au-delà de leurs espérances. Passé le frisson d’inquiétude lié à la découverte de ce lieu délabré, mais aussi à l’inquiétude de se faire prendre, ils vont avoir la surprise de tomber sur un vestige de la seconde guerre mondiale totalement inattendu en ce lieu : une grenade !



Que faire d’un tel objet ? Après moult hésitation et concertation, la sagesse l’emporte et on décide de la laisser sur les lieux.



Le lendemain, tous se retrouvent au collège, David le narrateur, Jordan qui a trouvé la grenade, Lalie, seule fille du groupe et Norbert. Norbert qui a un regard étrange aujourd’hui. En quelques secondes les amis comprennent ce qui est en train de se jouer. Norbert est retourné seul au manoir, la grenade est dans son sac. L’angoisse est à son comble.



Quand à la cantine, Norbert est une nouvelle fois victime de brimades d’un groupe de quatrième, le drame est imminent…





Avec La plus grande peur de ma vie, Éric Pessan nous offre de la littérature ado intelligente, porteuse de valeurs, fondatrice pour de jeunes lecteurs, telle que l’amitié ou la cohésion dans l’épreuve. Sont également omniprésents tout au long du roman, les risques liés aux armes à feu avec en toile de fond le harcèlement en milieu scolaire.



Le héros David, dont la passion secrète est l’écriture, est celui par lequel le récit arrive. J’ai aimé ses questionnements, ses doutes et son authenticité. Je trouve aussi amusant les ponts crées par l’auteur entre ses romans. Certains personnages de cette histoire ont des liens avec ceux de ses précédents romans ados Aussi loin que possible, lu avant celui-ci, et Plus haut que les oiseaux, lu juste après.



Enfin, on s’amusera de la mise en page parfois bousculée par les événements à l’image de la quatrième de couverture dont l’aspect « éclatée » a failli me faire passer à côté de ce roman. Une fois le livre refermé, je réalise qu’elle est finalement en totale adéquation avec cette histoire que je vous conseille, évidemment !



"Je sais que les armes ne sont jamais en paix, qu’elles peuvent à tout moment mordre la main qui s’approche, mais parfois on oublie tout le savoir qu’on a dans la tête, parfois on ne pense qu’à l’instant présent, parfois on veut juste prendre une grenade dans sa main pour la soupeser, pour sentir le froid du métal sous ses doigts, pour mieux voir comment elle est fabriquée, pour jouer, pour faire comme dans les films, pour se donner l’illusion d’être un soldat américain venu libérer la France de l’occupation allemande."







Merci à Babelio et à L'École des Loisirs pour cette lecture !


Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Aussi loin que possible

« Les véritables raisons de notre course, on ne les a pas comprises sur le moment. Parfois, on fait des choses sans réfléchir et on en voit le sens bien plus tard. »



Ce matin-là, en partant au collège, Antoine et Tony n’ont rien prémédité. Ils se sont mis à courir et ne se sont plus arrêtés. Sans but précis, ils sont partis. Pas besoin de se parler pour se comprendre. L’inconnu pour seul horizon.



Au fil des heures, on assiste à leurs doutes, leurs difficultés, leurs craintes. Les premiers tiraillements d’estomac, les premières douleurs. Au fil des jours, on les accompagne dans leurs maraudes, il faut bien se nourrir, il faut bien dormir. Au fil du temps, ils comprennent et avec eux, on comprend. On adhère aux raisons de leur colère.



L’un redoute la violence d’un père à la main trop leste. L’autre redoute une expulsion imminente. Partir pour ne plus revenir ?



Éric Pessan réussit un très beau roman difficile à lâcher. La narration à la première personne renforce encore la puissance du récit. Un roman plein d’espoir, un roman sur la vie !



Aussi loin que possible, courir pour ne plus souffrir, courir pour ne pas partir…


Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Aussi loin que possible

Un matin, deux jeunes garçons décident, sans y avoir réfléchi, de ne pas aller au Collège et de courir, aussi loin que possible. La raison ? un mal-être et un stress quotidien que ces deux jeunes garçons vivent pour des raisons totalement différentes. En courant, ils oublient leurs problèmes. Epuisés et sans argent en poche, ils se sentent cependant capables de tout défier.



Bien que ce roman-ci ne me restera pas longtemps en mémoire, Eric Pessan reste un auteur que j’apprécie beaucoup. Il nous prouve encore son talent d’auteur en nous proposant encore une fois une plume travaillée et remplie d’émotions. Comme les deux autres romans que j’ai pu lire de l’auteur, Eric Pessan dénonce des faits de société très actuels de façon très simple mais toujours percutante. En peu de pages, Eric Pessan nous narre une amitié très forte entre deux jeunes hommes. Les paroles sont quasiment inutiles entre eux deux tant ils se comprennent et se soutiennent. Très beau.
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Muette

Muette, Muette ne l'est pas, mais on lui demande de l'être, en gros. On l'accuse de mentir et on lui demande de se taire lorsque sa parole dérange. Alors elle fugue. Une fuite à travers la campagne, les bois, pour se cacher dans la grange où elle aime se réfugier depuis l'enfance.

Elle observe la nature, s'y fond, se rappelle à quel point elle exècre l'être humain, elle ressasse les paroles maternelles toxiques, mais se souvient aussi de moments de douceur avec cette mère, lorsqu'elle était toute petite.

Fuit-elle pour faire souffrir ses parents, tester leur amour ? Est-elle aussi mal aimée qu'elle le pense ? Sa sensibilité d'adolescente est-elle particulièrement exacerbée, de manière démesurée : "Elle se demande si les gestes et les mots dont elle a pu souffrir ont été faits sans penser à mal eux aussi. Jamais elle n'a envisagé les choses dans ce sens. Toujours les autres étaient les salauds et elle la victime." (p. 157)

Bref, comment en est-elle arrivée là ? Un événement particulier a-t-il tout fait basculer ?

Je n'ai pas eu de réponse à toutes ces questions, d'où un léger sentiment de frustration à la fin de la lecture, et, paradoxalement, une satisfaction. Celle de ne pas être entraînée par l'auteur dans des rebondissements spectaculaires, glauques. On devine, on imagine. Malgré ce flou, les derniers mots sont particulièrement éloquents... quoique, finalement...



La jolie plume d'Eric Pessan et certains de ses propos m'ont rappelé Annie Ernaux et Inès Cagnati ('Génie la folle'). L'histoire est belle et aussi dérangeante que le ton, alternant douceur, douleur et rudesse. Malgré cela, j'ai eu beaucoup de mal à suivre le récit, à ne pas m'échapper du texte, que j'ai trouvé long et ennuyeux, comme le dit en substance Muette à propos des "films magnifiques".

--- Un moment intense et marquant : la façon dont Muette, enfant, aimait sa poupée.
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La plus grande peur de ma vie

David et ses trois amis sont en sixième, et comme tous les enfants de cet âge, ils cherchent des activités à faire en dehors de l'école. Comme visiter ce vieux manoir abandonné par exemple. Les problèmes surgissent quand ils tombent sur une vieille grenade américaine à peine rouillée...



---



Un court roman jeunesse qui traite, l'air de rien, de ce grand fléau du harcèlement. Que feriez-vous d'une arme placée entre vos mains face à ceux qui vous harcèlent jour après jour ? Ce récit pourrait bien libérer la parole de certains jeunes victimes ou témoins de ces brimades quotidiennes et violences répétées. Car on ne le dira jamais assez, il faut en parler, et, ça, les protagonistes de cette histoire en feront l'amère expérience.



Éric Pessan aime les sujets forts, et encore une fois il réussit à prendre le parti des enfants en difficulté.

Nul doute que ce court roman saura parler aux plus jeunes.

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Dans la forêt de Hokkaido

Un court roman jeunesse qui aborde plusieurs thèmes de société, contemporains ou éternels, à travers un récit fantastique associant télépathie et empathie.



Tout d'abord, il y a la question de la parentalité, de la relation parent-enfant et de la maltraitance, plus ou moins volontaire.

Ensuite, il y a le sujet des réfugiés, des "migrants", et plus particulièrement ici de l'Érytrée et de ses prisonniers politiques.

Enfin, il y a l'adolescence, avec une héroïne collégienne de 3e, ses questionnements et ses pensées (parfois bien loin de ce qu'on peut voir sur le terrain...).



Si l'histoire paranormale est un peu légère, j'ai été agréablement surpris par la facilité avec les thèmes aussi forts viennent à être abordés. Comme je le disais, l'empathie tient beaucoup de place dans ce récit, et la conscience de sa condition également (une belle référence à Des fleurs pour Algernon donnera à coup sûr au lecteur l'envie de se plonger dans ce chef-d'œuvre).

Finalement, cette présence de thèmes actuels ferait presque oublier l'histoire de ce petit garçon japonais, dont le dénouement est un peu flou, mais qui aura su me mettre les larmes aux yeux (oui, faut pas toucher aux enfants, et l'auteur a su trouver les mots justes pour l'expliciter). Petite déception quant à la forêt d'Hokkaïdo dont on ne voit quasiment rien (on se doute qu'Éric Pessan n'y est pas allé lui-même, et les remerciements le confirment). Pour cela, il faudra proposer au lecteur de se plonger dans le manga Golden Kamui de Satoru Noda ;)
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Dans la forêt de Hokkaido

Une jeune fille malade ressent la tristesse et la faim d’un jeune garçon japonais perdu dans une forêt.



Elle se rend compte qu’il existe vraiment et qu’il a besoin de son aide même s’il ne perçoit pas sa présence. Elle décide de le guider afin qu’il survive. Mais l’état de Julie se dégrade…



Un roman différent. Le lecteur a lui même l’impression d’une réalité diffuse comme s’il était lui-même sous l’emprise de la fièvre.



Il n’y a du coup par réellement d’action mais plutôt une réflexion sur ce qu’on est capable de faire pour sauver quelqu’un qui nous est totalement étranger.



Ce sentiment est renforcé par la présence dans le récit de trois migrants recueillis par les parents de l’héroïne et qui auront eux aussi leur rôle à jouer dans cette humanité élargie.



Il faut enfin lire les remerciements qui nous éclairent sur le projet de l’auteur.



A découvrir !
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La fille aux loups

L'enfance est déjà lointaine pour Anna et ses deux frères, Pierre et Simon. Mais le temps d'un jeu, le jeu au loup, ils redeviennent enfants cerclés par un lourd secret.

Jouer pour exorciser les peurs d'antan qui suintent encore de la maison sombre et froide des parents aujourd'hui disparus. Pour vider meubles et objets mais aussi peut-être les souvenirs.

Jouer pour éviter de parler quand les mots ne peuvent être prononcés.

Courir, crier, se rattraper dans la lumière et l'air pur du jardin pour rassurer enfin l'enfant que chacun d'eux abrite dans son corps.

Eric Pessan est un peintre de l'intime et des non-dits. Il le prouve encore une fois avec ce beau texte qui se réfère aux contes et à l'imagerie du loup pour dire les profondes fêlures d'une enfance.

Les mots en marge du texte à la manière d'une comptine scandent la course folle des jeunes gens jusqu'au silence blanc de la page.

"La fille aux loups" imprégne également l'univers iconographique de Frédéric Khodja par un effet visuel qui tend lui aussi à échapper à la réalité en suggérant plus qu'il ne montre.

Après "Jeanne", c'est encore un grand coup de coeur pour le talentueux travail des éditions du Chemin de Fer.

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Ma tempête

Voici mon retour de lecture sur Ma tempête d'Eric Vulcain.

C'est l'histoire d'un homme, metteur en scène de théâtre, qui apprend un matin que sa future mise en scène de la "Tempête" de Shakespeare ne se fera pas.

Sa femme, qui l'a toujours soutenu, lui explique qu'ils vont devoir, le soir, discuter argent, car il ne rapporte plus rien à la maison depuis longtemps.

Et elle lui indique qu'il doit garder leur fille car la crèche est en grève.

Ma tempête est un roman se déroulant sur une journée, dans l'appartement.

Alors que la tempête gronde dehors, elle gronde aussi au sein du couple et de l'appartement. Dans ce dernier, cet homme explique à sa fille La tempête de Shakespeare. Il va lui jouer la pièce, la mettre en scène.

Je ne connais pas du tout cet auteur anglais. De nom, si évidemment comme tout le monde, mais je ne l'ai jamais lu. Et je ne connais pas la pièce La tempête expliquée ici.

J'ai beaucoup aimé cette découverte, notamment grâce à l'écriture très fluide d'Eric Pessan. Il respecte les codes du théâtre en divisant son roman en cinq actes.

Mon petit souci est que je n'ai pas réussi à accrocher avec le personnage de David, très enfermé dans sa dépression. Parfois, c'est un peu caricatural. Je n'ai pas réussi à l'apprécier à sa juste valeur, c'est dommage.

Par contre, j'ai aimé que l'auteur entrecoupe la pièce racontée par David de ses propres pensées sur l'art, sa place dans notre société, sur la parentalité..

J'ai apprécié les thèmes abordés ici.

Et puis, je trouve que c'est un bel hommage au théâtre, à Shakespeare.

Même si je n'ai pas eu de coup de cœur, j'ai apprécié ma lecture dans l'ensemble.

Je vous invite à découvrir Ma tempête, que je note trois étoiles et demie :)
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