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Critiques de Éric Pessan (650)
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Dans la forêt de Hokkaido

Une histoire où rêve et réalité se mêlent et placent l’empathie au cœur du récit.



Une jeune fille se réveille en hurlant de frayeur. Elle n’ose rien dire à son entourage mais elle a rêvé qu’elle était un petit garçon perdu dans une forêt au Japon. Progressivement elle va comprendre qu’elle est en lien en une sorte de télépathie avec lui et va tenter de l’aider, en proie à une fièvre de plus en plus forte. S’en sortiront-ils tous les deux ?

Dès les premiers mots le lecteur est projeté en pleine action et dans les pensées de Julie qui raconte cette expérience. Le rythme est soutenu dans une sorte de huis-clos, entre phases de sommeil, prises de températures, prises d’infos sur internet et quelques échanges en famille au détour de la cuisine. Ce sera l’occasion pour Julie de dévoiler un secret familial douloureux. Cette expérience coïncide avec l’aide que son père, investi dans la vie locale, porte à trois migrants. L’un d’eux sera d’une grande aide pour Julie.

J’ai beaucoup apprécié les descriptions de la forêt en utilisant chacun de nos sens. Eric Pessan parvient subtilement à nous faire passer d’une réalité à une autre, et trouve les mots appropriés pour évoquer le « basculement » et ce lien ténu de télépathie.

Un roman qui peut modifier le regard que l’on porte parfois hâtivement sur les personnes et qui démontre qu’un peu plus d’empathie ne nuit pas.

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Dans la forêt de Hokkaido

Une troisième lecture d’Éric Pessan et non des moindres ! J’avoue que, suite aux échos positifs de mes collègues ou les avis de Mikasa et d’Ichirin-No-Hana, je m’étais gardé « Dans la forêt d’Hokkaido » pour le week-end, afin de le lire en toute tranquillité. Je me doutais qu’avec la touche fantastique, j’allais partager le ressenti de celles qui me l’ont chaudement recommandé… Je n’ai finalement pas tenu et me suis jetée sur cette intrigue inspirée d’un fait divers. L’auteur met en scène Julie, une héroïne apparemment récurrente dans deux autres romans. La demoiselle semble avoir un don d’intuition depuis sa plus tendre jeunesse cependant, elle n’était pas préparée à se retrouver dans le corps d’un petit garçon japonais abandonné par ses parents en pleine forêt. Nuit après nuit, elle rêve de cet enfant perdu. Très vite, elle réalise que ce songe la touche plus qu’un simple cauchemar… Sa vision est nette, fluide et précise. Non seulement, Julie a l’impression d’être réellement dans cette forêt et dans ce corps étranger, mais en plus, elle subit les mêmes choses que le bambin ! Si celui-ci a soif ou est épuisé, il va en être de même pour elle. Se sentant de plus en plus faible, elle décide de comprendre ce lien télépathique et va chercher à sauver l’enfant malgré la distance qui les sépare et le côté surréaliste de la chose ! J’ai trouvé l’idée vraiment chouette. Le mois dernier, j’avais déjà lu un roman abordant la thématique du partage des rêves où les âmes quittent leur corps pour aller voir ailleurs. J’avais trouvé le concept déroutant, original et intéressant. Une fois de plus, cela a fait mouche.



Que l’on adhère ou non au concept, les chapitres deviennent rapidement addictifs. Il y a une sorte de suspense qui pousse le lecteur à tourner les pages et à vouloir en savoir plus. Même s’il ne se passe pas grand-chose en termes d’action, le rythme est tout de même présent ! En effet, on se demande si le projet de Julie va aboutir et jusqu’où elle pourra s’en donner les moyens sans en périr… En effet, on distingue une véritable course contre le temps : Julie perd peu à peu des forces et devient de plus en plus fébrile et assoiffée… L’enfant se meurt progressivement. Et elle aussi. Il y a donc une tension grandissant au fil des chapitres, ce qui a rendu la lecture captive ! Par ailleurs, le style d’Éric Pessan est toujours aussi agréable à suivre : ses paragraphes sont aérés et il va souvent à la ligne, en particulier lorsque le moment est riche en émotions. Comme dans « Aussi loin que possible », les mots donnent l’impression d’être comme des pas ou comme le souffle des personnages… Les moments en forêt dégagent beaucoup de sentiments. A mes yeux, l’auteur a réussi à retranscrire l’ambiance de certains lieux japonais : il y a du mystère, de la beauté, une touche de divinité et de l’émoi.



Comme dans ses autres romans, l’auteur n’hésite pas à aborder des sujets d’actualité ou à montrer son engagement. Ici, il met en avant des migrants qui vont se faire expulser de l’endroit où ils se sont installés. Le père de Julie, un élu, va leur tendre la main. Par son intermédiaire, Éric Pessan va prendre position et va démontrer à quel point on généralise autrui lorsque l’on aborde l’immigration… Bien que courte, la discussion entre ce père et l’héroïne m’a touchée… D’autres thèmes importants comme l’éducation, l’abandon d’enfants et la maltraitance vont être abordés. L’ensemble fonctionne bien. De façon subtile, l’auteur met en scène les thématiques de l’empathie et de l’entraide. L’héroïne se met bien à la place du garçon. Elle devient même cet enfant jusqu’à employer la première personne du pluriel. « Et j’ai faim, le garçon a faim, nous avons faim, une faim atroce qui nous tord le ventre, … » Julie partage et donne de sa personne. Il en va de même pour son père qui vient en aide à autrui, en particulier à Natnael, Ghirmay et Nahom. Un message important qui va toucher le lecteur de plein fouet.



Ces 132 pages ont défilé à toute allure. Comme pour les autres écrits d’Éric Pessan, c’était court… Sans doute trop ! En effet, certains personnages secondaires comme Elliott ou les trois migrants ne servent pas beaucoup à l’intrigue… J’aurais souhaité qu’ils aient une place plus importante… Certaines choses auraient pu être plus étoffées sans pour autant nuire à l’histoire principale. On n’a pas forcément le temps de s’attacher aux protagonistes cependant, on en vient à s’inquiéter pour eux et à être pris par le récit. Cela reste prenant et émouvant ! Une belle histoire fantastique que je recommande à ceux et celles qui aiment les émotions ainsi que les faits divers revisités…
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Muette

Muette quitte la maison, la maison où elle se sent si mal , si mal-aimée,entre son père qui ne parle pas ou seulement en criant quand il est en colère et sa mère toujours affairée, toujours en mouvement qui la houspille toute la journée ....

Muette s'en va , certes pas bien loin mais elle part .

Qu'est-il donc arrivé à Muette pour qu'elle craque ?Les phrases assassines de sa mère "tu es folle ma fille" "tais- toi" "mais parles donc "" elle nous rendra fous"

"arrête de mentir"...;

L'hypersensibilité de Muette face aux misères du monde, des migrants, des réfugiés, lui donne l'envie de fuir ce monde indifférent et de se retrouver dans sa tanière une vieille grange désaffectée . Là elle est bien , en pleine nature , elle renaît à la vie lui semble t 'il elle apprend à être elle-même , à se détacher de la Muette digne fille de sa mère !

Eric Pessan signe là un superbe ouvrage , plein de retenue mais ô combien percutant .Son choix de raconter Muette par le truchement d'un narrateur donne à son écriture une fluidité de ton et nous fait ressentir le sentiment de liberté "conditionnelle" de cette adolescente en mal de vivre . Bien sûr nous ne saurons pas le motif profond de cette fugue ( 'c'est grave ce que tu racontes, si tu l'as inventé cela peut faire très mal p 94) mais nous l'accompagnerons longtemps elle et tant d'autres une fois ce livre refermé
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Ma tempête

Eric Pessan, un auteur que j'apprécie , publie un nouveau roman, parution prévue fin août.. aussitôt demandé , aussitôt reçu merci Aux Forges de Vulcain pour ce partage via netgalley: #matempêtePessanShakespeare #NetGalleyFrance !

Surprise, surprise ... je ne m'attendais pas à découvrir la Tempête de Shakespeare revue et corrigée par un metteur en scène désabusé et grincheux. heureusement sa petite fille de deux ans Miranda, véritable rayon de soleil , est là puisque la garderie est fermée pour cause de grève et que son Papa la garde vu qu'il n'a rien d'autre à faire.. j'oubliais faute de subventions il ne pourra pas monter la Tempête..

Côté positif, je mourrais moins ignare ne connaissant absolument pas la pièce je me suis "instruite"..

Côté positif la relation entre le père et sa fille , une relation qui je l'espère n'est pas qu'une mise en scène.

Côté négatif, le ton geignard et grincheux de David qui semble en vouloir à la terre entière, qui tient des discours réchauffés sur les intermittents du spectacle, sur le théâtre à deux vitesses, sur le public ignare qui ne se déplace que pour le renom, sur ... et sur...

Roman ou pamphlet, écriture fluide et lisible ou réquisitoire contre tous ceux qui ne comprennent rien à rien..

Je me sens un tantinet méprisée par vous Monsieur, moi qui ne déclame pas Shakespeare dans le texte, moi qui n'aie pas l'occasion d'aller souvent au théâtre, peu en importe les raisons ..

Déception donc , dommage.

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Qui verrait la terre de loin

Eric Pessan a depuis toujours aimé les récits de science-fiction de voyage dans l'espace, sur une autre planète, rencontrer d'autres êtres vivants. Ce livre est l'occasion de mettre sur pages ses pensées sur le sujet. Il s'imagine astronaute à découvrir l'effet de l'apensanteur, d'oublier la Terre. Mais il n'est pas le premier à réfléchir à l'immensité de l'espace et de savoir ce qu'il s'y trouve, et de chercher les moyens d'y aller. Il raconte les saints, scientifiques et autres qui voient les astres, posent les formules complexes, construisent les fusées et partent dans l'espace. Mais il contrebalance la sensation grisante de l'espace avec l'amère réalité du quotidien, les gilets jaunes, la privatisation de l'espace, l'écart grandissant entre pauvres de riches... J'ai beaucoup aimé cet essai sur l'Espace/la Terre d'Eric Pessan et la citation qu'il emprunte à Fontanelle, un scientifique du XVIIème siècle fait parfaitement le lien entre les deux lieux. Il a le mérite de nous faire réfléchir sur notre monde et de nous faire rêver à un ailleurs.

#NetGalleyFrance

#Quiverraitlaterredeloin



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Et les lumières dansaient dans le ciel

Et les lumières dansaient dans le ciel ..

"J'ai rendez-vous avec les étoiles pendant que ma mère dort artificiellement, que mon père fait je ne sais quoi, pendant que le reste de l'humanité regarde la télévision, ouvre des pages sur internet ou s'occupe comme il peut" Peu importe si il prend des risques pour aller à son rendez-vous , peu importe si il fait cela en catimini, ses parents ont divorcé, son père absent et sa mère épuisée entre travail et maison..;

Elliot est dans sa bulle, fasciné par les étoiles "oublié" par ses parents il s'est peu à peu isolé seul un ciel étoilé peut le faire vibrer et revivre...

Ce fort joli roman d'Eric Pessan me laisse cependant songeuse. Réaliser ses rêves est certes motivant et épanouissant mais à l'âge du héros cela comporte des risques et inviter un très jeune adolescent à fuguer me semble limite même si c'est pour aller voir danser des étoiles.
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Dans la forêt de Hokkaido

Ce petit livre de seulement 132 pages est un condensé d'émotions ! « Dans la forêt de Hokkaido » m'a fait vibrer ! Je découvre pour la première fois la plume d'Éric Pessan et je dois dire que je ressors conquise de ma lecture.

L'auteur m'a happée dès le début. Cela fait maintenant plusieurs mois que j'ai lu cet ouvrage (oui je suis très en retard sur mes critiques !) et pourtant je crois que je me rappellerai toujours cette sensation d'avoir été saisie dès les premières lignes. Et ce, jusqu'aux dernières.





La plume d'Éric Pessan est fluide et poétique. C'est une plume vivante. Une plume qui vient du coeur, qui vient des tripes. On vit l'histoire. La tension est palpable. J'ai eu la sensation d'être projetée au coeur de ce récit tout comme Julie auprès de ce petit garçon. De plus, j'ai trouvé très original que l'auteur tisse une histoire à dimension fantastique/paranormale en se basant sur un fait réel. L'exercice ne doit pas être évident car il nécessite minutie et crédibilité. Et pourtant, Éric Pessan l'a réalisé avec brio.





Je ne manquerai pas de découvrir d'autres ouvrages de cet auteur. D'autant que ma curiosité est piquée, puisque Éric Pessan à la particularité de faire vivre tous ses personnages dans le même immeuble. Ainsi, les histoires s'entrecroisent mais se suffisent également à elles-mêmes. Je suis très curieuse de découvrir l'histoire de certains protagonistes croisés à l'intérieur de « Dans la forêt de Hokkaido ». Et petit plus non négligeable : quelle belle couverture ! SU.BLI.ME ! Elle est parfaite.





Je remercie Ichirin-No-Hana grâce à qui j'ai sorti plus rapidement que prévu ce petit bijou de ma pal ! Je vous invite à aller découvrir sa critique qui reflète à merveille ce que j'ai ressenti et ressens encore.

Un ouvrage à découvrir absolument !

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Muette

Depuis sa naissance non désirée, Muette souffre du désamour de sa mère. Complètement désœuvrée, elle fugue et s'installe dans une grange pas très éloignée. Durant le laps de temps passé hors de chez elle, on la suit depuis son départ jusqu'à son retour. Tout au long de cette lecture, on devine la souffrance d'une fillette de cinq ans, jusqu'à ses seize ans, la découverte de sa féminité jamais évoquée par sa mère et pour cause. Son quotidien n'est qu'une longue suite d'insultes, des propos cinglants qu'elle évoque durant son escapade. " Tu nous auras tout fait "- " Il n'y a que toi pour te fourrer dans des ennuis pareils "- " Arrête de mentir " - "Sors de ta chambre". " Ma pauvre fille, tu es complètement folle " Tel est le langage fleuri qui martèlent ses oreilles à longueur de journée.



Muette, elle ne l'est pas vraiment, mais à force d'être la cible de sa mère, elle se referme sur elle-même, enfonce ses écouteurs sur les oreilles pour ne pas entendre le chapelet d'insultes dont elle fait l'objet.



Une folle idée germe dans son esprit. Fuguer, tenter une brève disparition, histoire de créer une belle frayeur à ses parents, particulièrement sa mère qui, heureuse de retrouver sa fille saine et sauve, lui exprimera enfin son amour, une parenthèse enchantée dans la nature, à la découverte d'un monde qui la fascine. Les prairies, les animaux sauvages, les insectes, tout l'émeut par son extrême sensibilité.

Hélas, à son retour, tout ne se passe pas comme elle l'avait imaginé et force est de constater qu'elle restera une malédiction dans l'esprit tordu de sa mère.



Eric Pessan évoque avec justesse, le portrait d'une enfance dévastée par une mère perfide, emmurée dans un paradoxe étonnant dont Muette portera à tout jamais les stigmates. Une lecture déchirante, émouvante au possible, d'une adolescente en pleine évolution en pleine révolution.
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Et les lumières dansaient dans le ciel

Le ciel avec ses étoiles et ses galaxies, consolation d'un jeune garçon dont les parents se sont séparés
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Ma tempête

A l'occasion d'une grève de crèche, David garde sa fille, Miranda. Pour agrémenter la journée de sa petite et dépasser sa frustration, il se lance dans une réadaptation de La tempête de Shakespeare (https://www.babelio.com/livres/Shakespeare-La-Tempete/4306). Car s'il peut s'occuper de sa fille pendant que sa femme travaille, c'est parce que la production de la pièce, sur laquelle il travaillait depuis 3 ans, est "tombée à l'eau" (désolée du jeu de mot facile, trop tentant !). En cette journée orageuse, David entreprend de raconter la pièce à l'enfant, autant pour s'occuper que pour combattre ses démons et mettre à profit toutes les heures passées à travailler sur ce texte et sa mise en scène. Le narrateur en profite pour faire des parallèles entre la pièce, les pensées et la vie de David.



Ce roman avait "tout pour me plaire", et pourtant, il ne m'a pas plu, malheureusement... Le théâtre, Shakespeare, les enfants en bas âge, l'inactivité forcée : autant de thème qui m'ont incitées à sélectionner ce livre en service de presse. D'ailleurs, je remercie #NetGalleyFrance et les Éditions Aux forges de Vulcain de m'avoir envoyé l'épreuve non corrigée au format numérique. Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages ni à entrer réellement dans le vif du sujet (que ce soit la pièce de Shakespeare, la vie de David ou sa journée avec sa fille...).

J'ai trouvé le style lourd, ampoulé de longues phrases qui alourdissent le texte et des longueurs et redites qui m'ont ennuyées malgré le peu de pages (moins de 200). Il faut dire que la densité de la mise en page n'aide pas : les chapitres (actes, sur le modèle de la pièce de Shakespeare) sont longs, les paragraphes sont très longs, le tout n'offrant pas beaucoup de respirations possibles. Je comprends complètement le parti pris, mais cela a gêné mon expérience de lecture. D'autant que l'auteur mélange les extraits de pièces, les réflexions sur la vie, l'instant présent, le passé et le futur incertain... Et ce trait d'originalité m'a plus perturbée que séduite, à tel point que j'ai dû mettre en suspens ma lecture à la moitié du livre, et je ne sais si j'y reviendrai un jour...



#MatempêtePessanShakespeare #NetGalleyFrance
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Incident de personne

Ce n'est pas le 1er livre d'Eric Pessan que je lis, mais les livres précédents étaient à destination des adolescents.

Ici, Incident de personne est un livre pour adulte. Je le qualifierai de plus noir, plus pessimiste, limite démoralisant.

Il y est question de suicide, de guerre, de surendettement. Il n'y a pas vraiment d'histoire à proprement parlé, pas de début, pas de fin, juste un épisode inattendu dans la vie du narrateur qui s'épanche auprès de sa voisine de voyage lors d'un arrêt non prévu lors d'un voyage en train.

Personnellement, je n'ai pas accroché à cette histoire mais contente d'avoir découvert un autre aspect de l'écriture d'Eric Pessan.

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Et les lumières dansaient dans le ciel

Finalement, je me suis laissé tenter par un quatrième titre d’Eric Pessan. Une fois encore, il est question d’un adolescent dont le destin va prendre un tournant radical. L’auteur semble particulièrement aimer mettre en scène des héros à bout, mal dans leur peau, ayant de la colère à revendre et étant sur le point d’exploser. Fuir, s’isoler ou se faire entendre par la force semble être l’ultime solution possible. C’est le cas d’Elliot, un jeune homme dont les parents divorcés se déchirent. Son père, avec qui il aimait observer les étoiles, n’a quasiment plus le droit de le voir. Quant à sa mère, elle semble avoir énormément de difficultés à garder le cap, établir le dialogue et gérer son fils. Alors, n’en pouvant plus, Elliot décide de fuguer en pleine nuit pour admirer le ciel étoilé. À plusieurs reprises, il va faire le mur pour s’aérer l’esprit, prendre du recul et en prendre plein les mirettes.



Avec douceur et poésie, Eric Pessan arrive toujours aussi bien à brosser le portrait de la nature silencieuse et envoûtante que son personnage principal explore en solitaire. Grâce à des mots simples, il parvient à susciter l’émotion du lecteur et à lui donner la sensation d’être au milieu des arbres ou des plantes… Son style est toujours fluide, agréable et léger. Le dialogue est intégré aux descriptions et n’est visible qu’avec un simple alinéa. De temps en temps, on est dans du semi vers libres : le texte revient à la ligne, mettant ainsi certains mots ou des phrases en valeur et accentuant l’émoi. Comme avec les autres ouvrages que j’ai lus, le texte devient comme un souffle ou des pensées que se bousculent. Parfois, des petits encarts ressemblant à des haïkus (poèmes japonais) viennent s’ajouter. Il s’agit de petites annonces qu’Elliot découvre au fil de l’intrigue. Ces billets sonnent juste et semblent parfaitement coller à la situation ou à son humeur du moment. Même si l’auteur de ces mots est facile à deviner, j’ai trouvé l’idée touchante.



Malgré quelques répétitions, on arrive rapidement à comprendre pourquoi ce roman s’intitule « Et les lumières dansaient dans le ciel » et pourquoi Elliot fait autant le mur… Néanmoins, après avoir retrouvé cette idée de fugue dans deux des quatre romans, je me suis demandée si cela n’était pas imprudent… Comment un véritable ado réagirait à la place du héros ? Fuguer peut être véritablement dangereux et va nécessairement inquiéter les parents… J’espère donc que les jeunes lecteurs n’intégreront pas cette action comme LA solution pour résoudre tous les problèmes… C’est cette crainte qui a fortement joué sur mon ressenti global. Par ailleurs, j’ai également eu le sentiment d’histoire inachevée. J’aurais souhaité un ou deux chapitres supplémentaires…



Eric Pessan arrive toujours aussi bien à entraîner son lecteur avec sa plume, ses sujets difficiles mais d’actualité (ici le divorce et toutes ses conséquences, les problèmes relationnels avec sa famille) ainsi que ses ambiances pleines d’émotions. Bien que son rôle soit plutôt secondaire dans le scénario, j’ai beaucoup aimé le retour de Julie, héroïne déjà rencontrée dans « Dans la forêt de Hokkaido ». Enfin, même si j’ai moins apprécié cette lecture que les trois autres romans de l’auteur, j’ai tout de même passé un bon moment avec cet ado perdu amateur d’astronomie.
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Ma tempête

En un jour de fort orage, parfaitement à propos, David s'occupe de sa fille de 2 ans, Miranda, pour cause de crèche en grève, et décide de lui raconter La tempête de Shakespeare, qu'il avait le projet de mettre en scène avant que celui-ci ne soit pas subventionné par la mairie, et l'on découvrira pourquoi à la fin.



En cinq actes, un entracte et un épilogue comme mise en abyme d'une des dernières pièces shakespeariennes, Eric Pessan nous conte certes une journée comme une autre entre un père et une fille, mais nous propose aussi des considérations somme toute intéressantes sur la mise en scène et ses évolutions, justement, depuis Shakespeare, sur l'apport de la recréation théâtrale des classiques du genre, ainsi que sur les résonances que ces classiques ont sur l'existence de chacun - David est en effet dans le creux de la vague, tant personnellement que professionnellement -, sur la place laissée à l'art, et au théâtre, et finalement à l'imagination, dans une société de plus en plus utilitariste.



Un roman bref, mais particulièrement riche, avec des passages de réécriture de La tempête, très poétiques, rendant bien hommage à l’œuvre du dramaturge anglais.



Je remercie les éditions Aux Forges de Vulcain et NetGalley de m'en avoir permis la découverte en avant-première.
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Les étrangers

Un roman trop plein de bons sentiments peut-être, mais un roman "coup de poing".

"Trop plein de bons sentiments" simplement parce qu'il donne à voir une minorité discrète (du moins dans les médias) : ceux qui viennent en aide aux migrants, sans intérêt personnel. Gaël, Mamie, Basile, Pesric... Ces bonnes âmes paraissent peut-être un peu trop évidentes. Peut-être. Parce qu'en même temps leurs horizons, leurs origines sont tellement différentes. Leurs motivations, quand ils en ont, aussi d'ailleurs.

"Coup de poing" car il est bref (trop bref?) et percutant. Il se lit d'une traite, plutôt sombre d'ailleurs. J'ai été un peu perdue, ballotée presque malgré moi, comme Basile en fait. Juste en le terminant, je me disais que le texte aurait mérité quelques pages de plus. Mais en fait non, il est très bien comme cela. Fugitif, comme cette nuit traversée, comme ces migrants, comme les aidants.
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Don Quichotte : Autoportrait chevaleresque

Autoportrait chevaleresque: Eric Pessan l'écrivain annonce bis en tête le monde va mal ! Alors Eric Pessan s'insurge, râle, se fout en colère , gueule et appelle Don Quichotte et Sancho Panza à la rescousse ! Car seuls ces personnages incontournables de la littérature castillane sont à même de punir les méchants, les profiteurs, les violeurs , les tueurs,bref de redonner au monde dans lequel nous vivons, devrais-je plutôt dire essayons de vivre, honneur et humanité . La dernière page tournée , les yeux écarquillés par l'héroïsme de tout un chacun , je ne sais si je me sens plus rassérénée! J'ai lu dans ce livre tout ce que j'avais déjà lu dans les journaux , entendu sur les chaines d'information , découvert un auteur atypique qui s'insurge et le dit . Même si p 196 je cite : " Un texte n'est pas une béquille, un texte n'est pas une perfusion, un texte n'est pas une incantation, un texte n'est pas une psychanalyse un texte n'est pas u n pansement, un texte n'est pas une statue à mon effigie un texte n'est pas un piédestal, un texte n'est pas une drogue, un texte n'est pas un tremplin, un texte n'est pas une profession, un texte n'est pas un accomplissement, un texte est un texte." Cet auto-portrait aura t'il au moins permis à l'auteur de se sentir mieux? J'ose l'espérer car voyez vous j'ai l'impression que pour cela il a vidé sa besace dans la mienne et, en avais-je besoin moi qui n'ai pas le don de l'écriture et qui ne peux appeler Cervantès à l'aide !! sur ces propos désabusés je vous quitte et part pleine d'espoir me plonger dans un roman qui me fera rêver, pleurer, aimer et vibrer dans un monde certes utopique mais qui m'apportera l'énergie nécessaire pour affronter ma vie de tous les jours…

J'ai découvert ici une autre facette du talent d'Eric Pessan dont je ne connaissais que deux beaux romans Muette et Incident de personne , une découverte déroutante mais n'est-ce pas la le charme de toute littérature ?

Un grand merci aux éditions Fayard pour ce partenariat via le site NetGalley
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Ma tempête

David, intermittent, doit garder sa fille de deux ans et demi, Miranda, à cause d'une grève de crèche. Il en profite pour lui jouer une version personnalisée de La tempête de William Shakespeare, cette pièce sur laquelle il a travaillé longtemps mais qui ne sera pas subventionné.

Ce roman est divisé en cinq actes comme une pièce de théâtre et David repense à sa pièce mais aussi au monde du spectacle en général, à sa relation difficile avec son frère, à Shakespeare. Beaucoup de passages mignons ou touchants avec sa fille qui contre-balancent avec la situation difficile des intermittants du spectacle. Je n'ai pas lu La tempête mais la pièce de théâtre avec sa fille est tendre et pleine de complicité. J'ai parfois eu moins d'intérêt pour les passages plus sérieux mais c'est un roman dont je garde une bonne impression dans l'ensemble.
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Ma tempête

Je suis professeur de français et je n’aime pas le théâtre. Oui, je sais, cela peut paraître bizarre. J’aime lire le théâtre, j’aime assister à une pièce de théâtre, j’aime animer des ateliers théâtre-forum avec des élèves mais je n’aime pas toutes les conventions liées au théâtre, que certains professeurs de théâtre s’acharnent à transmettre et m’ont mise à distance du genre théâtre. Voilà, c’est dit.



La tempête de Shakespeare n’est pas mon oeuvre préférée de l’auteur – il s’agit de loin de la nuit des rois. J’ai assisté à une représentation de cette oeuvre, voici quelques années, et je n’ai pu qu’être catastrophée par les choix de mises en scène – comme si la mise en scène comptait plus que l’histoire qui nous était racontée, plus que le texte lui-même. Bref, ce fut tout sauf concluant pour moi.



Ici, dans ce roman, nous suivons la journée de David, intermittent du spectacle en fin de droit, qui doit garder sa fille Miranda – la garderie est en grève, et sa femme, professeur, doit travailler. Après trois ans d’effort, il a dû mettre un point final à son projet de monter la tempête de Shekespeare, et l’on découvrira, au fur et à mesure de la lecture, ce qui l’a contraint à renoncer.



Alors oui, l’on peut voir dans ce livre une dénonciation de la manière dont la culture est traitée en France (Note : j’y trouve un écho dans les dernières déclarations de la ministre de la culture après le festival de Cannes), où certains décideurs confondent volontairement ce qui est populaire, ce qui rapporte avec ce qui est véritablement de la culture. Comme du temps de Shakespeare, à l’époque où les théâtres se montaient (avant, l’on jouait où l’on pouvait), à l’époque où une part d’improvisation importante était laissée aux acteurs, loin du respect à la virgule près tel qu’on peut le voir aujourd’hui. L’on peut voir aussi une mise en abîme des relations familiales difficiles, que ce soit au sein de l’oeuvre de Shakespeare, ou au sein de la vie de David, fils aîné mal aimé, qui a trouvé sa voie, sans l’approbation de ses parents. Mouton noir de la famille ? Pour ceux qui veulent à tout prix rester dans la norme, dans le paraître, dans la réussite sociale à tout prix, oui.



Pour ma part, je vois aussi, en creux, le portrait d’une femme, Anne, qui porte la charge de son foyer, charge mentale, charge financière. L’on comprend, en creux, ce à quoi elle a dû renoncer, ce qu’elle a réussi à obtenir – c’est à dire avoir enfin un enfant. Certains, certaines, trouvent normal qu’une femme se sacrifie, « soit au service » de leur conjoint, pour leur permettre de s’épanouir. Mais Anne, quand s’épanouit-elle ? David sent bien qu’ils sont arrivés à un point de rupture dans leur relation – mais ce roman, comme toute oeuvre classique, se déroule dans une unité de temps (une journée), de lieu (un appartement) et d’action (refaire la mise en scène de la Tempête alors qu’une tempête sévit à l’extérieur), nous n’en saurons pas plus, nous pouvons imaginer que peut-être…. ou pas.



Ma tempête – ou comme si les éléments exprimaient les tourments intérieurs de David.
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La gueule-du-loup

Jo a seize ans, elle vit à Nantes avec ses parents et son petit frère de sept ans, Nono. Elle aime passer du temps avec ses amies, Lucie, Fatou et Célia. Quand le confinement en raison de la pandémie de Covid-19 est annoncé par le gouvernement, Jo part avec sa mère et son frère dans la maison de ses grands-parents maternels dont elle n’a jamais entendu parler et qui sont décédés deux ans plus tôt tandis que son père travaille à l’hôpital de Nantes. Cette maison de campagne isolée est peu accueillante, des événements étranges se produisent et cette maison semble cacher des secrets…



Nous retrouvons avec plaisir l’écriture soignée d’Eric Pessan, il parvient toujours à donner une voix originale à ses héros et héroïnes. Ici, la jeune fille se passionne pour l’écriture, ce qui permet à l’auteur de jouer à la fois avec le journal intime et les sonnets composés par l’héroïne pour l’école. Il s’amuse avec les codes du fantastique en donnant une vie propre à cette maison, personnage monstrueux et glaçant et il joue avec les événements devenant de plus en plus graves, suscitant de plus en plus d’interrogations et de peurs. il introduit le thème du loup donnant ainsi une dimension immédiatement sexuelle au mystère. Il est à notre sens dommage d’avoir provoqué cette réaction si tôt chez la mère aux premières nuits dans la maison des deux enfants, le suspense s’en trouve considérablement amoindri et nous attendons seulement la révélation. Un texte cependant extrêmement fort sur l’inceste.

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Tenir debout dans la nuit

Ce récit est bouleversant, impactant, percutant : il n’y a pas assez d’adjectifs dans la langue française pour le qualifier.



C’est le quatrième roman de l’auteur que je lis, après "Dans la forêt de Hokkaido", "La plus grande peur de ma vie" et "Aussi loin que possible". J’avais adoré ces romans, qui résonnent encore en moi aujourd’hui.



"Tenir debout dans la nuit est une pépite", une histoire très bien racontée par Lalie, dont on apprend le passé au compte-gouttes, grâce à la belle et prenante plume d’Éric Pessan.



Dès les premières pages, on se prend d’affection pour cette protagoniste ayant vécu une expérience traumatisante, qui se livre peu à peu sur son enfance, sur les raisons de sa venue à New York, et sur ce qui l’a amenée à déambuler seule, sans portefeuille et sans téléphone, en pleine nuit dans cette immense ville.



L’auteur aborde à la perfection des sujets très forts (je n’en attendais pas moins de lui, ce champion). Inégalités et précarité, problèmes de la société américaine, terrorisme, attentats, harcèlement de rue, différences faites entre les genres dès l’enfance, agressions, viol, viol conjugal, consentement, difficulté d’ouvrir le dialogue pour les victimes…



Oui, la liste est longue, mais ce sont des sujets qu’il faut aborder en littérature, et aussi en littérature de jeunesse, pour sensibiliser les lecteur.rice.s dès leur plus jeune âge.



Petit détail qu’il me tient à cœur de mentionner : dans chaque roman d’Éric Pessan, on retrouve des références à ses autres œuvres. Que ce soit la mention d’un quartier, d’un fait divers, du nom d’un personnage, tous ses romans font partie d’un même univers.



C’est donc un roman que je vous conseille, une lecture que je trouve nécessaire dès l’adolescence (pour les plus jeunes, n’hésitez pas à vous tourner vers des adultes si vous avez besoin de parler de certains passages, et pour les parents, si vous mettez ce bijou entre les mains de vos enfants, profitez-en pour ouvrir la discussion).
Lien : https://unbouquinetuncafe.wo..
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Parfois, je dessine dans mon carnet

Que peut bien faire un écrivain d’aujourd’hui quand il n’écrit pas ?

Eh bien, il dessine dans son carnet, pardi !!!

En feuilletant ce carnet, vous partagerez tout du quotidien d’Eric Pessan : ses doutes, ses joies, ses interrogations.

Vous y découvrirez un écrivain drôle, fragile, fin, en un mot : humain !
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