AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791097594657
144 pages
Serge Safran éditeur (03/11/2023)
4.5/5   5 notes
Résumé :
Novembre 1920. Réduit à une quasi inactivité par la mauvaise saison, Achille L. attend confirmation d'une importante commande. Face au silence de son client, le peintre exprime son désarroi dans les lettres qu'il adresse à son meilleur ami, le sculpteur Bourdelle. Cet exil revendiqué au fond de la campagne languedocienne n'est-il pas en train de se retourner contre lui ? Ne s'est-il pas définitivement coupé des bouleversements artistiques de son temps ? Au moment où... >Voir plus
Que lire après Achille L. : Un peintre en hiverVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« Un coup d'oeil rapide à la signature, d'un beau vermillon, avec ce drôle de A pour initiale, comme un bonnet de lutin barré d'une aile d'oiseau. Cette signature, vous ne l'oublierez pas. Vous la reconnaitrez entre mille. On dirait celle d'un enfant. »

En pénétrant par hasard dans un musée, Michèle Teysseyre est séduite par la peinture lumineuse d'un peintre audois, Achille Laugé.
La démarche de l'auteure est avant tout romanesque. Partant d'éléments palpables (lettres, tableaux …) elle comble les trous et se met en scène pour nous révéler cette rencontre improbable avec un artiste disparu.
Pour partir à la rencontre d'Achille Laugé, il faut se rendre à l'Alouette, cette modeste demeure du peintre, plantée dans la campagne audoise qui l'a vu naitre. Achille Laugé naquit en 1861 à Arzens. Il reviendra dans sa région après la mort de son père. C'est là qu'il se sent le mieux pour peindre cette nature où il trouve son inspiration.
En attendant les beaux jours, il écrit à ses amis chers comme le sculpteur Bourdelle, s'inquiète des commandes qui tardent, comme le printemps.

« Attendre le printemps, voilà toute sa vie. Aussi loin qu'il se souvienne, il ne s'est jamais lassé de sa lumière, du tremblement neigeux des amandiers en fleur. Ce sont eux qui l'annoncent en même temps que les derniers frimas. »

Achille Laugé est un peintre de plein air, alors, dès que le printemps pointe le bout de son nez, le voilà qui arpente la campagne et plante son chevalet pour peindre cette beauté éphémère qui ne cessera de l'émerveiller. L'or des genêts, la délicatesse des fleurs d'amandiers, la lumière qui varie, il n'aura de cesse de les faire vivre dans ses tableaux, simplifiant les formes et recherchant avant tout le naturel.
Loin de l'agitation parisienne et des salons qui le boudent, il préfère les paysages de sa région natale.
Son épouse, Marie-Agnès, est une femme discrète mais toujours à ses côtés. Ensemble, ils auront quatre enfants et il peindra très souvent son portrait.
« Mater familias, divinité tutélaire qui veille sur la maison…Toi, tu la peins en souveraine, assise en majesté dans la lumière d'aout. »

Tout au long de cette biographie romancée, Michèle Teysseyre nous fait découvrir l'oeuvre du peintre et la genèse de ses tableaux. On entre aussi dans l'intimité de l'homme, de son épouse attentive, « Marie-Agnès simple et solide ». On côtoie ses amis, artistes natifs du sud-ouest, comme lui. le sculpteur Bourdelle, bien sûr, mais aussi Maillol, Marre ou encore le toulousain Henri Martin, peintre postimpressionniste comme Laugé.
L'écriture de Michèle Teysseyre, tout en nuances, ressemble à ces tableaux impressionnistes, écriture intimiste et sans artifices qui s'approchent au plus près de son sujet. Elle a su écouter « la petite voix à [son] oreille » et instaurer un dialogue avec le peintre. Elle nous le rend proche et humain, et l'oeuvre du peintre se confond avec la vie simple qu'il s'est choisie.

Un roman lu d'une traite et qui m'a donné l'envie de partir à la découverte de ce peintre trop méconnu.
Commenter  J’apprécie          580
« Vous êtes seul maintenant et vous ne voyez que lui ».

Parfois, dans un musée, dans une librairie, au bord d'un lac, il y a des rencontres fulgurantes. Ce tableau a été peint pour vous, ce livre vous est destiné, ce paysage est celui de votre âme.
C'est ce qui est arrivé à Michèle Teysseyre dans un musée où elle est entrée par hasard un jour de pluie ou de grosse chaleur, on ne sait pas.
« Vous apercevez le tableau. Un ciel rouge à force d'outremer, la masse sombre d'un bâtiment sur l'ocre incandescent des chaumes, le noir des cyprès le long d'un chemin blanc, et toutes ces particules d'anges qui virevoltent dans l'azur ».
Et une signature Achille Laugé …
Dès lors, c'est une quête quasi amoureuse qui commence.
« Dès l'instant où je t'ai vu, je t'ai tutoyé ».
Michèle Teysseyre se met en route. Il lui faut visiter les lieux où Achille, ce peintre méconnu, a vécu, a étudié, a peint, a été exposé. Retrouver des lettres. Imaginer des dialogues.
C'est Paris, l'Occitanie, Toulouse ou encore Lausanne, où a été organisée en 2022 une grande rétrospective des oeuvres de ce néo-impressionniste, un peu pointilliste, profondément original, au point de préférer sa campagne, l'Alouette sa maison, sa charrette d'artiste, sa famille, à la notoriété.
Même si quelquefois les rencontres sont ratées pour Michèle Teysseyre – il pleut, les lieux ont changé, le musée un peu triste (« Mon pauvre Achille, dans quel exil t'es-tu aventuré ? ») – ce petit livre édité chez Serge Safran nous livre un dialogue touchant et fécond entre deux artistes qui travaillent de la même manière par petites touches pour créer un univers sensible et original.
On ne trouvera donc pas ici une biographie conventionnelle à la chronologie rigoureuse d'Achille Laugé, mais un voyage partagé.

Une petite question à l'auteur toutefois.

Pourquoi ce sous-titre « Un peintre en hiver » ? Alors que les couleurs de Laugé sont flamboyantes …
Est-ce une allusion aux doutes, aux jours difficiles, ou aux moments où l'auteur.e elle-même défaille « Vous attendez que les vagues reviennent, que la présence se manifeste encore une fois. Mais rien ne se passe » ?
Ah oui , il faut lire le dernier paragraphe : « Vous n'en saurez pas plus. L'auteur n'a pas de visage. Il n'est que le passeur de l'histoire… »




Commenter  J’apprécie          10
Un récit bien écrit de la vie et oeuvre d'un peintre oublié Achille Laugé fin du XIX ieme pointilliste; contemporain de Henri Martin , le sculpteur Bourdelle tous occitans.

l' autrice peintre amatrice elle-même y dépeint les paysages de l'Aude et des lieux où vivait le peintre à la manière d'une toile toute en couleurs et impressions.

Des allers retours entre l'époque contemporaine du peintre et le moment du récit : un mouvement pendulaire qui l'anime

C'est donc l'histoire d'un peintre qui choisit le retour sur ces terres de l'Aude , ses racines, plutôt que les fastes d'une vie d'artiste mondaine sous les lumières .
Ses origines et son époque en font un peintre non reconnu à sa juste valeur victime du modernisme en peinture , annonciateur de la peinture moderne
Il a cependant résisté au temps dans les musées régionaux d'Occitanie .

Il y a de belles évocations de la Nature ,
Commenter  J’apprécie          10

Un peintre en hiver dont le pinceau trace un rai de lumière, voici en quelques mots le condensé de cet écrit de madame Teysseyre.

Un roman qui donne à voir à travers les mots, l'oeuvre picturale de monsieur Achille Laugé et, en même temps, sa vie, son pays, ses émotions, sa sensibilité.

Ainsi j'ai découvert simultanément l'oeuvre d'Achille L. et le pays qui l'a inspirée. le talent de madame Teysseyre est de susciter l'envie de marcher sur les chemins qu'elle a parcourus poursuivant le fantôme de monsieur Laugé.

L'auteure a effectué un pèlerinage à la recherche d'Achille L. cherchant à percer les secrets enfouis sous les traits de pinceau de l'artiste. Son émotion est puissante et ses mots nous la font ressentir.

Qui était cet homme discret qui s'est ancré dans son lieu d'origine ?

« Tapie sur l'autre rive, la ville ressemblait à un vieux chat assoupi » Cette écriture m'enchante, elle fixe les contours d'une scène, d'un paysage. le mas de l'Alouette, son jardin, les collines du Languedoc semblent sortir de ces pages, comme ils ont été immortalisés par les pinceaux de l'artiste.

Je n'ai pu m'empêcher de tracer un parallélisme entre l'ouvre de Monet et celle d'Achille Laugé. Ces fleurs, cette lumière vibrante en sont-elles la cause ?

En refermant ce livre s'allonge ma liste de découvertes à approfondir et c'est un grand plaisir.

Merci Madame Teysseyre, merci Serge Safran, éditeur et merci Babelio.

Lien : https://bafouilles.jimdofree..
Commenter  J’apprécie          10
Tout d'abord merci pour cette opportunité de lecture grâce à l'opération Masse Critique !
J'ai découvert, à travers ce récit, un peintre que je ne connaissais pas. Ce n'est pas forcément aisé de mettre en avant à la fois l'artiste et son oeuvre, mais l'auteur y arrive vraiment très bien ! Une lecture fluide pour un livre lu d'une traite. Un bon moment passé !
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Juin arrive, tu retiens ton souffle. Et soudain, c'est une cascade, un déferlement d'or. Les genêts cousent aux talus des épaulettes de lumière, brodent les pentes, couronnent la crête des collines, ourlent de miel les ravins.
Tu aspires le parfum entêtant de ce jaune partout épandu.
Commenter  J’apprécie          250
Si l'on veut parler de toi, des lieux où tu as vécu, des paysages que tu as parcourus, il faut les connaître. Là-bas, les proportions sont différentes. Le ciel est partout, il occupe les deux tiers de l'espace, il vous fait tout petit. Et puis, il y a la lumière. On se sent un peu extra-terrestre dans cette lumière-là. C'est Dieu qui vous saute à la figure.
Commenter  J’apprécie          10
L'avion s'est posé en douceur sur le tarmac mouillé. Aéroport de Genève, il fait nuit. Le train a pris le relais. Du paysage qui défile derrière la vitre, je ne verrai rien. Ni les prairies, ni les vignes en terrasses, ni le lac qui inverse sa courbe passé Montreux.
Lausanne sous la pluie est noire et grise. Les abords de la gare sont un vaste chantier. Je ne connais pas la ville. Cette fois, je renoncerai au métro. Taxi pakistanais, réceptionniste éthiopienne, restaurant italo-vaudois. Babel est en Suisse et Achille au bout du chemin. Ce sera notre dernière rencontre. Ensuite, chacun repartira de son côté.
Commenter  J’apprécie          00
Nous voici arrivés au bout du chemin. Nos routes se séparent, notre compagnonnage est terminé. Si vous allez sur les lieux, ne rêvez pas. Vous n'y trouverez pas la même lumière. Pas plus que celle de Van Gogh à Arles, de Gauguin aux Marquises, de Monet à Honfleur. Vous ne verrez jamais les mêmes choses, car c'est votre oeil qui les verra. Vous êtes d'un siècle qui a oublié l'odeur de la paille.
Commenter  J’apprécie          00
Jour après jour, tu tisses ta longe, tu prends racine, tu fais ton pré carré
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : biographieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (10) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1713 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}