« Nous sommes deux moitiés de la même âme ; deux pages ouvertes du même livre ». Histoire de mémoire, de transmission, d'enfance, de famille, de pays, de tribus, histoire de sable, de ce sable qui verse son encre sur nos tables.
Lybie. Pays d'Afrique. Pays de Méditerranée. Pays du Maghreb.
Peuple berbère envahit par les phéniciens, les grecs, les romains, les ottomans, les italiens. Mille et un visages, mille et un chemins. le destin d'un pays n'est pas forcément le choix de son peuple.
Comme le destin d'un famille ne repose pas toujours sur le choix de ses enfants.
La mémoire est le plus souvent collective, les souvenirs nous sont toujours personnels.
« De la sollicitude.Je pense que c'est ce que je cherchais désespérément. Une sollicitude chaude, stable immuable, . En un temps de sang et de larmes, dans une Lybie pleine d'hommes couverts d'hématomes et maculés d'urine, taraudée par le manque et désireuse de se libérer, j'étais cet enfant ridicule en quête de sollicitude, et même si je n'y songeais pas en ces termes à l'époque, l'auto-apitoiement avait viré à la détestation de soi ». On a est très lucide parfois lorsqu'on a 9 ans.
Mailles serrées de destins scarifiés.
Membre de la ligue arabe , de l'union du Maghreb arabe, et membre de L'OPEP , pendant près de 42 ans, la Libye sera gouvernée par
Mouammar Kadhafi.
Violence, solitude, absence, mis au secret, la douleur, le manque. Les sables sont cruellement mouvants.
L'injustice qui tape à la porte. Qui prend, torture, malmène, exécute, efface.
Un enfant, un enfant , une femme, une mère, un homme, un père une histoire de famille de coutume, de culture , de pouvoir, d'impuissance, tout se fait malaxer sous les pas de l'Histoire.
A quoi ça tient un destin ? À une dénonciation, un voisin, un livre, une opinion, un espoir, un pays, un avion , un roi, un fou, ?
Roman d'enfance, de blessure d'enfance.
Être l'enfant de celle qui ne vous pas voulu, être l'enfant du refus , être, aussi, l'enfant de celui qui a pris, être l'enfant de la victime et du bourreau , mais être aussi l'enfant de l'aimante, la délirante et du héros, du résistant. Etre l'enfant tout simplement nés de l'union de cet ensemble. Etre l'enfant qui tente d'exister, de prendre sa part, de se faire entendre, peut être comprendre, se vouloir, e savoir être aimé au milieu d'un cauchemar.
Etre celui qui partira, qu'on éloignera, qui se verra rejeté pour être sauvé , qui se verra sacrifié pour espérer la liberté. Suleiman devient « Moïse »…. Sera-t-il sauvé ? « deux pages ouvertes du même livre »...L'histoire des hommes se lit toujours dans le sens de leurs âmes.
Énormément d'humanité dans ce roman, rien n'est facile, rien n'est évident. L'humain dans toute son étrangeté et toute sa communauté.
Amour, désir, passion, filiation, révolte, soumission, abnégation, héritage, deuil, partage, exil, langage.
C'est complexe une société. Comme une vie.
Multiple et complexe. C'est fragile un enfant, fragile et extrêmement fort. C'est vivant.
Peur, doute, mensonge, Pour Suleiman, 9 ans, le monde des adultes est étouffant. Faut il grandir à ce prix ? Doit on craindre, aimer, juger ? Quand commence t on à vivre ? Qu'emporte-t-on de son enfance, que reste t il de son pays ? Entre les mains de l'homme reste le regard de l'enfant. C'est la marque du temps, l'empreinte qu'il laissera dans les sables. Ce même sable qui verse son encre sur nos pages. Une trace pour retrouver son chemin.
Astrid Shriqui Garain