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EAN : 9782848115788
80 pages
Des Falaises (31/01/2023)
4.5/5   1 notes
Résumé :
Exposition au musée d'Orsay du 28 mars au 23 juillet 2023.

Édouard Manet (1832-1883) et Edgar Degas (1834-1917) sont tous deux des acteurs essentiels de la nouvelle peinture des années 1860-80. Cette exposition, qui réunit les deux peintres dans la lumière de leurs contrastes, oblige à porter un nouveau regard sur leur réelle complicité. Avant et après la naissance de l'impressionnisme, ce qui les différencia ou les opposa est plus criant encore. De f... >Voir plus
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Edgar Degas dans l'intimité des femmes (1833-1918)
Claire Maingon, Editions des Falaises (février 2023)


Le nu (féminin)

Des pouliches fringuantes, la crinière au vent, montées qu'il peignait incomparablement et j'ose dire en pionnier, cet inclassable impressionniste qui ne courut les champs de courses que par délassement de week-end, opta plutôt pour les larges jupettes de soie des toutes jeunes ballerines à peine sorties de l'adolescence qui s'ouvraient sur la scène de l'Opéra au son du frou-frou matées par des gros messieurs au cigare des premiers rangs dont les volutes semblent empester l'embrasement qui illumine l'aura de ces demoiselles. Ajouterais-je comme ce magnifique petit livre catalogue une collection de nus qui allaient si bien au pinceau délié ou au pastel habile du maître charnel à n'en pas douter qui suivait d'un talent égal les courbes obsédantes de la nature féminine, sujet insatiable s'il en est. Mais de cela, je vais en parler un peu ici.

Il serait inconvenant de parler de Degas sans parler de la femme et de sa sensualité qu'il entrevoit par la danse, par les repasseuses, les lingères, les maisons de tolérance, par le nu ; même dans le nu, l'élégance et l'originalité demeurent. Dès qu'on parle de nu, tout de suite les grands mots : filles faciles, filles d'un jour, filles de joie .. Sauf que ces petits rats ou ces modèles issus généralement des milieux populaires, il fallait bien qu'elles gagnent leur croute. Eh ben il y a chez ce maître, "cet intransigeant", un désir de voir la femme toujours sous un angle nouveau ; il perçoit sa beauté singulière. Il est vrai que la femme dans son intimité révèle bien des secrets, dans sa manière de faire déjà, le geste. Ah si Edgar peut saisir un instant ce que la femme révèle de plus beau ? de la dextérité et la souplesse de la jeune danseuse dans son mouvement altier, dans son envol auguste de flamant rose, vu des coulisses par le peintre un tantinet mateur , à la femme qui prend son bain dans son tub duquel elle a plaisir à se relever avec coquetterie et chasteté, laissant apparaître ses formes un brin généreuses comme une jeunette en fleur peut l'être, en se drapant dans une serviette qui ne couvre qu'une partie de ce corps si mystérieux pour aller se coiffer, rituel d'un éternel féminin ou aller vers je ne sais quel soin du pied qui laisse apparaître ses jambes charnues si bien dessinées. Un seul tissu couvre alors ce corps qui ne s'offrirait qu' au regard de celle qui le porte et que fait alors à cet l'instant l'oeil du peintre s' il ne la désire pas, s' il ne veut prolonger cet instant troublant et ne semble attendre quoi d'autre que ce prélude à l'amour ou rester sur une envie frustrée de craintif du sexe opposé ? le tableau se renferme avec ses secrets d'alcôve !..

Il y avait là une contradiction chez Edgar Degas entre son regard d'homme et son regard d'artiste. Il savait qu'avec ces représentations de jeunes femmes, il cautionnait un monde un peu glauque, mais qu'à cela ne tienne, il continua de peindre la jeune femme parée de tous ses attraits physiques sous un angle privilégié -il était quoiqu'il en soit un privilégié de naissance ! Il eut beaucoup de succès en retour dans le monde de l'art et aujourd'hui ses toiles atteignent des sommets vertigineux dans les salles des ventes et dans le monde entier. Je ne suis pas sûr que le Courbet de légende soit tant de grand fantasme . Perso je préfère la ligne à ravir d'un nu chaste de femme ici qui nous en laisse à notre imagination fertile, voire infinie.

Edgar Degas eut sa muse de prélilection avec Marie, 14 ans. La société en fut choquée, il laissa cette affaire et la pauvre Marie fut renvoyée du célèbre établisssement. L'histoire de Marie immortalisée par Degas, selon le poncif, s'arrête là car on ne connaît pas la suite du sort malheureux réservé à la toute jeune femme et évidemment je m'abstiendrai de tout commentaire plutôt que de céder à la note facile de l'épilogue mélo ou celle du poète pour satisfaire sa rime, par souci de vérité.

Ai-je besoin de dire que tout ça fut l'objet de polémiques bien à la française sans mesurer peut-être la dimension exceptionnelle de ce peintre qui en a impressionnés plus d'un grâce à son immense talent et son point de vue original et pénétrant sur la peinture qui fait autorité chez ses pairs et ce jusqu'à aujourd'hui. Serait-ce oublier qu'il fut un homme très cultivé, un homme d'influence, un précurseur qui fera naître de nombreux émules !.. Il fallait peut-être une femme comme Claire Maingon pour en faire ce portrait idéal que j'ai sous les yeux et qui vient couper court à pas mal de ragots concernant ce peintre somme toute attachant. Rien que pour cette prise de position tendant à démystifier ce grand artiste, je suis très heureux de disposer de cet excellent ouvrage et d'en feuilleter à loisir les pages.
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