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EAN : 9782012788800
457 pages
Hachette Littératures (19/11/1997)
3.21/5   21 notes
Résumé :
Si grande était la « pudicité » de l'empereur Maximilien qu'il se retirait seul sur sa chaise percée, « sans se servir de valets de chambre, ni de pages. » Si grande celle d'Isabelle de Castille, qu'elle mourut d'un ulcère qu'elle n'avait pas voulu montrer : il fallut même lui administrer l'extrême-onction sous les draps, puisqu'elle ne voulait pas laisser voir ses pieds. Et que dire d'Anne d'Autriche, qui fit détruire plus de cent mille francs de tableaux « indécen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Par ces périodes de fortes chaleurs, la tentation est grande d'envoyer valser chemises, chaussettes et shorts pour offrir aux trop maigres bourrasques de vent le plus de surface de peau possible. Hélas, la société nous l'interdit. Même un maillot de bain d'ailleurs, qui ne provoque aucune réaction sur la plage ou à la piscine, paraîtrait horriblement déplacé et inconvenant au travail ou dans le métro.

Mais d'où viennent donc ces sentiments de gêne et de honte devant les corps dénudés (et, par extension, leurs fonctions les plus primitives) ? le débat entre sentiment inné, ou pure construction culturelle, fait rage depuis les philosophes grecques, et ne s'est toujours pas éteint aujourd'hui.

Quoi qu'il en soit, les partisans d'une pudeur universelle en seront pour leurs frais avec cet essai. En parcourant une petite partie du monde (la France et ses alentours) et une petite tranche de l'Histoire (du Moyen-Âge à nos jours), on rencontrera déjà des expressions très variées de la pudeur.

En effet, si à certains périodes, on hésite pas à recevoir du monde sur sa chaise percée (les rois de France y laisseront d'ailleurs quelques plumes), quelques générations plus tard, on n'ose même plus installer de latrines dans les châteaux, puisque cela suggère que le futur propriétaire pourrait un jour les utiliser. Et si vous pensiez que les nudistes au bord de la Seine sont une invention de modernistes qui ne savent plus quoi inventer pour se rendre intéressant, vous découvrirez qu'il s'agit en réalité d'un énième bras de fer dans un combat qui dure depuis plusieurs siècles.

Parmi les découvertes que j'ai faites dans ce livre, je noterai la segmentation de la pudeur dans la société, à laquelle je n'aurais pas du tout pensé de prime abord. Segmentation par classe sociale tout d'abord, avec une noblesse qui tient à se distinguer des « moeurs animales » du bas peuple, ou au contraire le « bon sens » de ce dernier qui s'élève contre la corruption morale de ses élites. La pudeur peut aussi servir d'arme politique : on ne doit bien se tenir que devant ses égaux, et recevoir quelqu'un nu, dans son bain ou en tenue négligée peut lui envoyer un message clair sur l'estime qu'on lui porte, et la place qui lui revient dans la société.

On peut aussi noter des découpes importantes dans l'espace : les artistes, ou les médecins, obéissent à des règles radicalement différentes du commun des mortels. de manière générale, on observe que dès que l'un des camps commet des excès, ils se retrouvent automatiquement contre-balancés ailleurs. La société devient puritaine ? Les théâtre se remplissent de farces grotesques. On voit des corps nus avec les statues, et les affiches à tous les coins de rue ? Des mouvements se constituent pour retrouver de la tenue (c'est le cas de le dire).

Le thème de l'essai est original, et le livre est passionnant à lire. le texte est parsemé d'anecdotes, ce qui est à la fois une force et une faiblesse : d'un côté, elles illustrent très bien les propos théoriques et rendent la lecture plus légères. Mais parfois, j'avais l'impression d'avoir quelques histoires uniquement là pour faire rire le lecteur d'aujourd'hui à l'aune de sa conception moderne de la pudeur, ce qui me semblait assez contre-productif. C'est assez rare, pour être honnête, et ça ne durait pas longtemps.

Même si on parcourt plusieurs siècles d'histoire, l'essai est toujours pertinent pour analyser l'actualité : le voile ou le burkini, la censure de certains films, … prennent soudain une dimension supplémentaire. À conseiller donc, et pourquoi pas sur la plage ?
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Un très bel ouvrage
Tout en précision et en clarté
Analyse historique sur le sentiment de pudeur, qui, pour le coup, a beaucoup évolué à travers les âges ...
Un moyen détourné également de juger de son propre rapport au corps !
Du bon, même si c'est écrit petit !
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J'ai plus ou moins accroché selon le paragraphe/le thème du chapitre... Lecture un peu difficile
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Puisque le regard est asexué, l'artiste pourra regarder son modèle sans concupiscence et celui-ci pourra poser sans pudeur. Dogme irrécusable qui entraîne des situations parfois bouffonnes. Ainsi lorsqu'une jeune femme posant dans le plus simple appareil devant les étudiants de l'Académie se voile tout à coup avec un cri effarouché... parce qu'elle a aperçu un couvreur qui, du toit d'en face, assistait à la séance. Ou lorsque les modèles, durant la pause qui leur permet de détendre leurs muscles entre deux poses, s'empressent de passer un jupon. L'art est un autre monde régit par d'autres lois ; mais lorsque l'on rejoint le monde « réel », on retrouve une pudeur d'autant plus sévère.
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Toutes les époques, tous les pays ont ressenti le besoin d'un équilibre entre pudeur et apudeur, et le terrain que l'une perdait d'un côté était immédiatement repris de l'autre. Notre époque ne fait pas exception.

La pudeur du sentiment s'est développée au fur et à mesure que s'affaiblissait la pudeur sexuelle ; nous avons perdu l'apudeur scatologique en retrouvant une certaine apudeur de la nudité, l'impudeur artistique s'accompagne d'une chasse plus sévère de l'impudeur dans la vie courante (...)
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La première caractéristique de la pudeur est donc d’être naturelle, du moins dans sa conception la plus large ; une honte anticipée, la prise de conscience d’une faiblesse ou d’un interdit qui nous retient d’accomplir une action. (…) Selon les époques et les lieux, on a craint de montrer certaines vertus, certains sentiments (surtout les larmes).
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En France, les feuilles de vigne apparurent un beau matin à Marly, sous l'influence de Maria Leszczynska, conseillée par son confesseur, pour voiler la virilité des héros. Anatole France se plaît à nouveau à en attribuer l'idée à son « Monsieur Nicomède », président de la Compagnie de la pudeur : « Nous avons mis six cents feuilles de vigue ou de figuier aux status des jardins du Roi », se vante-t-il à Jérôme Coignard.
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La peur du mot n'est qu'une question de mode. Les mots grossiers s'usent et se renouvellent. Quand en 1946 Sartre publia "La Putain respectueuse", nombre de théâtres scrupuleux affichèrent prudemment "La P... respectueuse". Et la mode s'empara du terme « respectueuse » pour désigner le métier que l'on ne pouvait citer qu'en abrégé. Ce qui devait arriver arriva : un théâtre tout aussi scrupuleux afficha un jour "La Putain r...".
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