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EAN : 9782020047364
222 pages
Seuil (01/01/1977)
3.93/5   60 notes
Résumé :
Dans cette série d'essais visant à retracer l'évolution des attitudes devant la mort de l'homme occidental, Philippe Ariès se situe à la limite du biologique et du culturel, au niveau de l'inconscient collectif. L'ouvrage commence à l'époque du Moyen Âge, au temps de la "mort apprivoisée", où aucune crainte n'accompagnait son spectacle chez les vivants et où le cimetière servait souvent de lieu de soci... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Philippe Ariès (Blois, 21 juillet 1914 - Toulouse, 8 février 1984) était un historien, essayiste et journaliste français. Auteur incontournable de l'histoire des mentalités et des attitudes de l'homme devant la mort, qui stimule encore aujourd'hui le développement historiographique sur ces thématiques. Toute la réflexion historique sur la question se positionne par rapport aux travaux de Philippe Ariès qui constituent un véritable tournant historiographique majeur. Même si ses idées et conclusions ont été remises en question par les nouvelles générations d'historiens, il demeure un historien fondateur. Aucun historien travaillant sur la mort ou sur les mentalités, de manière générale, ne peut occulter les travaux de Philippe Ariès. Il est également connu pour avoir travers sur l'histoire de la famille et plus particulièrement sur le sentiment de famille, où il s'était rendu compte que ce sentiment, qu'on disait très ancien et plutôt menacé, était en fait très moderne.
Pour revenir au livre, il se décompose en deux grandes parties. La première comporte un court essai, dont le nom est indiqué sur la première couverture, tandis que la seconde partie expose une série d'articles de revues et de communications issues de colloques rédigés et émis par l'auteur lui-même. L'objectif de son étude a déjà été un peu exposé plus haut, il s'agit de rechercher et de réfléchir aux attitudes de l'homme devant la mort dans nos cultures chrétiennes occidentales. D'ailleurs, Philippe Ariès revient sur le pourquoi du comment il a décidé d'aborder ce sujet. Il évoque le culte envers les cimetières, amenant son lot de pèlerins auprès de tombeaux, qui intrigue notre auteur. C'est par cette observation qu'il est à poussé à entamer une étude de ce genre. Car rappelons-le : la question que pose l'historien au passé, émerge dans le contexte contemporain de l'historien et par rapport à ses réflexions et son regard. En histoire, comme le disait Marc Bloch, « le passé et le présent s'interpénètrent ». Les éléments qui nous servent à reconstituer le passé sont trouvés par l'observation de l'homme (d'aujourd'hui).

Pour rapidement présenter l'essai, l'auteur propose une chronologie en quatre temps censée résumer l'évolution de nos attitudes devant la mort :


La deuxième partie est tout aussi intéressante, les différents articles viennent étoffer le propos de l'essai. On y trouve de nouvelles preuves qui viennent alimenter le discours de Philippe Ariès ainsi que des thématiques un peu trop survolées dans la première partie (qui ne fait qu'environ 70 pages).


le caractère un peu poussiéreux des idées et conclusions avancées au sein de l'essai et des articles présents dans ce livre n'enlève en rien l'intérêt que l'on peut lui porter et le fait qu'il reste un obligatoire de l'histoire des mentalités. Pour aller plus loin et opposer aux idées d'Ariès de nouvelles interprétations, on peut par exemple citer l'ouvrage de Danièle Alexandre-Bidon et Cécile Treffort qui s'intitule : "À réveiller les morts. La mort au quotidien dans l'Occident médiéval. Pour rappel, selon Philippe Ariès, la mort chrétienne était plutôt acceptée au Moyen Age (une mort paisible et acceptée). Danièle Alexandre-Bidon et Cécile Treffort développent l'idée que la mort apprivoisée que décrit Philippe Ariès ne concerne que l'idéal ecclésiastique que l'Eglise cherche à véhiculer alors que la réalité du vécu des gens ne serait pas prise en compte par cette représentation « élitiste ».
Il en reste que le livre de Philippe Ariès est frappant et parfois poignant dans les comparaisons directes que l'auteur réalise entre notre société actuelle et celles du passé. J'avoue m'être parfois reconnu dans certains comportements, attitudes et sentiments face à la mort, d'autant plus que l'ouvrage est admirablement bien écrit.
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Loin d'être triste ou déprimant cet ouvrage est passionnant. Philippe Ariès raconte comment les anciens ont tenté d'apprivoiser la mort au Moyen-âge, puis mise en scène avec une érotique macabre du XVIe au XVIIIe siècle et finalement refoulée à l'époque contemporaine
L'étude des testaments est intéressante pour saisir sur le vif l'état d'esprit de nos ancêtres.
L'auteur choisit aussi ce thème dans la littérature qu'il analyse dans une perspective historique.
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J'ai beaucoup apprécié l'époque médiévale, moderne, mais dès le contemporain ça me plaisait moins. de plus les articles datent assez, alors est-ce que les conclusions sont toujours d'actu ?
Sinon j'ai aussi apprécié voir comment il visualisait le 18ème siècle, pour beaucoup d'historien la déchristianisation qui commençait, mais pour lui c'était avant tout le symbole de la confiance naissante entre les divers membres de la famille.
A lire c'est une évidence, mais à voir s'il n'existe pas des études plus récentes aussi, notamment sur les questions archéologiques, archives et approche des mentalités.
Je ne dis pas que c'est mauvais, loin de là ! Mais vaut mieux compléter vu que les articles ne sont pas récents.
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Un essai très intéressant, instructif, sur l'évolution des us et coutumes face à la mort, la notre et celle des autres.

Un livre qu'il serait bon de lire en ces temps où une loi concernant le suicide assisté est en préparation, car il nous invite à prendre un peu de recul vis à vis de l'évolution des pratiques mortuaires dans nos sociétés occidentales.

L'auteur nous raconte comment l'on mourrait du Moyen âge, et aux siècle précédent, avant d'analyser os comportements actuels... et l'on découvre que bien des choses ont changé.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, un excellent moment de lecture, pas morbide du tout.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Une fois mort, tout va donc bien dans le meilleur des mondes.

En revanche, il est difficile de mourir.
La société prolonge le plus longtemps possible les malades,
mais elle ne les aide pas à mourir.

A partir du moment où elle ne peut plus les maintenir, elle y renonce
- technical failure, business lost -
ils ne sont plus que les témoins honteux de sa défaite.
On essaie d'abord de ne pas les traiter comme des mourants authentiques
et reconnus,
et ensuite on se dépêche de les oublier - ou de faire semblant.

Certes, il n'a jamais été vraiment facile de mourir,
mais les sociétés traditionnelles avaient l'habitude d'entourer le mourant
et de recevoir ses communications jusqu'à son dernier souffle.

Aujourd'hui, dans les hôpitaux et les cliniques en particulier,
on ne communique plus avec le mourant.
Il n'est plus écouté comme un être de raison,
il est seulement observé comme un sujet clinique, isolé quand on peut,
comme un mauvais exemple,
et traité comme un enfant irresponsable
dont la parole n'a ni sens, ni autorité.

Sans doute bénéficie-t-il d'une assistance technique plus efficace
que la compagnie fatigante des parents et des voisins.
Mais il est devenu, quoique bien soigné et longtemps conservé,
une chose solitaire et humiliée.
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Arrêtons-nous là et tirons quelques conclusions générales.

La première a déjà été suffisamment dégagée : on attend la mort au lit, « gisant au lit malade ».

La seconde est que la mort est une cérémonie publique et organisée. Organisée par le mourant lui-même qui la préside et en connaît le protocole.
(…)
Cérémonie publique aussi. La chambre du mourant se changeait alors en lieu public (…) il importait que les parents, amis, voisins fussent présents. On amenait les enfants : pas de représentation d’une chambre de mourant jusqu’au XVIIIe siècle sans quelques enfants. Quand on pense aujourd’hui au soin pris pour écarter les enfants des choses de la mort !

Enfin, dernière conclusion, la plus importante : la simplicité avec laquelle les rites de la mort étaient acceptés et accomplis, d’une manière cérémonielle, certes, mais sans caractère dramatique, sans mouvement d’émotion excessif.
(…)
Ainsi est-on mort pendant des siècles ou des millénaires. Dans un monde soumis au changement, l’attitude traditionnelle devant la mort apparaît comme une masse d’inertie et de continuité. L’attitude ancienne où la mort est à la fois familière, proche et atténuée, indifférente, s’oppose trop à la nôtre où la mort fait peur au point que nous n’osons plus dire son nom. C’est pourquoi j’appellerai ici cette mort familière la mort apprivoisée. Je ne veux pas dire que la mort a été auparavant sauvage, puisqu’elle a cessé de l’être. Je veux dire au contraire qu’elle est devenue aujourd’hui sauvage. (pp. 27-28)
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Il appartient aux malades de ne jamais éveiller chez les médecins et les infirmières
l'insupportable émotion de la mort.
Ils seront appréciés dans la mesure où ils auront fait oublier à l'entourage médical
(à sa sensibilité et non pas à sa raison)
qu'ils vont mourir.

Ainsi le rôle du malade ne peut-il être que négatif :
celui du "mourant qui fait semblant de ne pas mourir."
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A partir du 16ème, et même à la fin 15ème, nous voyons les thèmes de la mort se charger d'un sens érotique. Ainsi dans les danses macabres les plus anciennes, c’est à peine si la mort touchait le vif pour l'avertir et le désigner. Dans la nouvelle iconographie du 16ème siècle, elle le viole. Du 16ème au 18ème siècle, d'innombrables scènes ou motifs, dans l'art et dans la littérature, associent la mort à l'amour, Thanatos et Eros : thèmes érotico-macabres, ou thèmes simplement morbides, qui témoignent d'une complaisance extrêmes aux spectacles de la mort, de la souffrance, des supplices.
[...]
Comme l'acte sexuel, la mort est désormais de plus en plus considérée comme une transgression qui arrache l'homme à sa vie quotidienne, à sa société raisonnable, à son travail monotone, pour le soumettre à un paroxysme et le jeter alors dans un monde irrationnel, violent et cruel. Comme l'acte sexuel chez le marquis de Sade, la mort est une rupture. Or, notons-le bien, cette idée de rupture est tout à fait nouvelle. Dans nos précédents exposés nous avons voulu au contraire insister sur la familiarité avec la mort et avec les morts.
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Aujourd’hui, à la nécessité du deuil, plus ou moins spontané ou imposé selon les époques, a succédé au milieu du XXe siècle son interdiction. Pendant la durée d’une génération la situation a été renversée : ce qui était commandé par la conscience individuelle ou par la volonté générale est désormais défendu. Ce qui était défendu est aujourd’hui recommandé. Il ne convient plus d’afficher sa peine ni même d’avoir l’air de l’éprouver.
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