Le jour où les 2000 passagers du RER A sont montés dans ce train, ils étaient loin de se douter de l'enfer dans lequel ils vont se trouver plongés … pour toujours. Car quelque part entre Vincennes et Nation, le RER s'arrête soudain, dans une voie de garage, et ne bouge plus. Pourquoi ? Nul ne le sait : le conducteur semble avoir disparu, aucune information ne filtre. Ils sont juste là, les uns sur les autres car c'était l'heure de pointe. Et ils attendent. le récit alterne les points de vue de plusieurs personnages d'un petit groupe qui s'est formé dans le hasard des places, et qui se sont organisés un mode de vie sécuritaire entre eux. On y retrouve un chef d'entreprise, un « Fonds de fichier », Kévin, qui pense être confronté à un stage Pôle emploi, une mère qui va bientôt servir à tous les hommes, etc. Tous ont une histoire qui les a conduit à cette rame de RER. Tous subissent, sans comprendre. Et petit à petit ils acceptent leur sort …
Sujet très prometteur, je me suis lancée dans cette lecture pleine d'enthousiaste. Mais après une centaine de pages, cet enthousiasme est vite retombé, et j'ai petit à petit senti monter un malaise. Car l'auteur ne nous donne aucune indication, aucune explication. Nous n'avons le droit qu'aux récits des personnages, qui ne sont pas plus avancés que nous. Et surtout ils nous décrivent un mode de vie très étrange : tous nus puisque les vêtements ont fini par se désagréger, ils ne se nourrissent plus, ils ne font que saliver et cette salive les nourrit, leur permettant aussi de supporter le frottement continu avec les autres, et de se déplacer à l'occasion. Petit à petit, j'ai été prise dans cette atmosphère malsaine, anormale, irréaliste, mais en ayant que le désir que cela se termine. J'ai continué le roman uniquement car j'espérais savoir au final ce qui s'est passé et comment ça allait finir, mais ce n'était pas dans l'esprit de l'auteur. D'ailleurs lui-même a t-il une explication ? Rien n'est moins sûr …
Ce qui est sûr c'est que je m'attendais à une sorte de dystopie, à un petit côté catastrophe naturelle et reconstruction d'un autre monde, alors que je pense maintenant que l'objectif de
Dalibor Frioux n'était pas du tout celui-ci : il voulait peut-être nous montrer jusqu'où l'espèce humaine peut aller dans un monde surpeuplé, où l'individu n'a pas de place, et où tous les instincts primaires ne sont plus satisfaits.
Conte cruel, roman angoissant, Incidents voyageurs ne peut pas laisser indifférent, mais j'en garde tout de même un arrière-goût amer, un arrière-goût de déception … Peut-être à cause d'une fin retombant à la manière d'un soufflé, après un début pourtant tonitruant et prometteur. Peut-être aussi parce que
Dalibor Frioux ne montre que ce qu'il y a de plus glauque, de plus sombre, de plus moche dans l'humanité, et qu'un peu de lumière au fond du tunnel n'aurait pas fait de mal …
A éviter en période de déprime bien sûr …
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