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EAN : 9782021030617
504 pages
Seuil (18/08/2011)
2.42/5   33 notes
Résumé :

Milieu du XXIe siècle.A l'écart des grands continents minés par la violence et la pollution, la Norvège remet chaque année le prix Nobel de la Paix. Comme en retour, l'ONU classe ce petit royaume au premier rang du développement humain, offrant la vie dont tous ont toujours rêvé : opulente, juste, pacifique, dans une démocratie à taille humaine, en symbiose avec la nature.

A quelques mois des élections générales, tandis que Katrin, ancienne ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Et si ... ?

Et si, dans un futur plus ou moins proche (les années 20.., nous dit-on), le pétrole était devenu, de part sa rareté, une marchandise de grand luxe, réservée aux élites mondiales ? Et si on ne circulait plus en voiture ni en avion ? Et si la forme des villes en était influencée en profondeur ? Bref : et si nous vivions dans une société en transition énergétique ? Et si, dans ce contexte, la Norvège était devenue la principale pétromonarchie du globe, à la tête d'un gigantesque fonds d'investissement ?

"Sauf que le pétrole, chère amie, est une eau maudite qui nous dessèche au lieu de nous désaltérer".

C'est sur la base de cette hypothèse, pas si folle que cela, d'un baril de pétrole à 330 dollars suite aux évènements du "Black February", que Dalibor Frioux construit la trame de Brut. Sigrid, brillante jeune norvégienne, est sélectionnée, avec neuf autres jeunes gens, pour alimenter les rangs des investisseurs en charge de la gestion du fonds souverain norvégien. Son parrain est candidat à l'académie Nobel. Sa mère vit une existence de grande bourgeoise délurée après une carrière dans le mannequinat. Son prétendant est président du conseil d'éthique. Il est question de classer la gestion du fonds pétrolier au patrimoine mondial de l'Unesco.

"On ne parlait plus de personnes démesurément riches, mais d'un pays entier ; non plus de richesses disponibles à l'échelle d'une vie humaine, mais sur des générations. On ne parlait plus de richesses obtenues par le travail, le mérite, mais de celles qui faisaient irruption aux yeux de tous, sans rapport avec l'effort nécessaire pour les récolter".

A priori, tout va bien dans le monde vertueux du modèle norvégien ("cleanest guys dans un dirty business"). Mais l'image du paradis norvégien, où les retraites sont provisionnées et où la vertu est érigée en principe de base : développement de la xénophobie, violence sociale et montée en puissance du parti populiste se révèlent progressivement en arrière-plan.

Partant d'un postulat intéressant, Brut ne convainc pourtant pas totalement. le style est bon, et il y même quelques passages drôlement bien fichus. Mais la narration, très hachée, et surtout très discontinue, perd en cohérence ce qu'elle gagne en ... pas grand chose ; l'éclatement nuit à un récit potentiellement porteur.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Une plume trempée dans l'or noir!
Deuxième moitié du XXI° siècle. Effondrement des écosystèmes. Montée du baril de pétrole à 300 dollars.Seule la Norvège survole la crise, richissime, grace à ses réserves illimitées.
Dalibor Frioux, normalien professeur agrégé de philosophie(dont Brut est le premier roman) imagine un monde idéal dont les protagonistes sont "condamnés à être heureux".
Le contrôle des investissements passe par un fond souverain. le fond de l'environnement et le conseil d'éthique sont présidés par Henryk Larsen, une sorte de "bon apôtre" poète et philosophe qui aime "la nature préservée" et participe à l'attribution du Prix Nobel de la paix.
Henryk est l'ami de Karl Halden (septième fortune du royaume).
La "tribu Halden" mène une vie de luxe et de rêve.
Katrin, la mère, ex-top model, aime "acheter en quantité", aime son mari et les infidélités qu'elle s'accorde une fois l'an comme "un service qu'elle rend à sa maisonnée".
Seule, sa fille Sigrid, amie d'Henryk et économiste, ose insinuer que "l'abondance de biens nuit parfois".
Brut, un champagne rosé pétillant servi dans un Airbus "obligé de délester son carburant sur Oslo par mesure de sécurité" ou plutôt un hydrocarbure non raffiné qui peut parfois s'avérer être une boule puante explosive?
Une écriture imagée irréprochable. Une caricature de l'utopie, du capitalisme et de la société de consommation.Une réflexion philosophique sur la vie,la famille et le bonheur, car en "y mettant un peu de soin tout se conserve", et "avec un peu d'oubli tout se jette".
Bref un excellent roman d'anticipation... politique!
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Je déteste abandonner un livre. Même mauvais. Mais ici, le style est tellement mauvais, pompeux, bourré de Phrases qui se veulent poétiques, tellement froid, fragmenté, qu'on y perd le fil de l'histoire.
Pourtant cette idée essentielle --que je connais pour l'avoir vécue au Vénézuéla-- selon laquelle le pétrole corrompt profondément est ici fort bien pensée. Ce n'est pas une simple distorsion, c'est le pays tout entier qui devient un être corrompu. Et le signe le plus profond de sa corruption est sa xénophobe. L'auteur établit un lien entre l'extrême morale du pays, la très forte inégalité planétaire, le renfermement du pays sur lui-même malgré toute la bonne volonté (sociale-démocrate), qui en même temps se double d'un profond cynisme et de la xénophobie.
L'auteur a été assez visionnaire: peu après la publication du livre (ou de sa rédaction) Anders Behring Breivik tuait sur l'île d'Utøya (merci wikipedia) 69 personnes, dont la plupart des adolescents et défendait une vision xénophobe qui justifie ces assassinats.
Je suis preneur d'un "spoiler" car je ne vais pas y passer une minute de plus.
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Ce roman volumineux est une oeuvre ambitieuse, sans doute trop pour un premier roman. C'est un roman d'anticipation politique qui se déroule en Norvège, dans quelques années, quand le pétrole sera hors de prix et que ce petit pays ne saura plus comment gérer la manne financière. L'idée du roman est très séduisante, il est assez bien mené et sa critique d'une société repue est vigoureuse.

En 20… le pétrole est une denrée rare qui vaut plus de 300 dollars le baril ; la Norvège reste un des producteurs et continue à gérer les revenus du pétrole dans un fonds particulier dont les investissements sont sanctionnés par un comité d'éthique. Ce comité est toutefois remis en question car il impose sa vision aux entreprises et devient quasi colonialiste.

Le pays est devenu une monarchie élective et les populistes prennent de plus en plus d'importance, renforçant le sentiment raciste et xénophobe. Ils veulent que les revenus du fonds soient encore plus largement distribués au profit des Norvégiens plutôt que d'investir à l'étranger. Ce rejet des autres mène aussi à plus grande distribution vers les nationaux ; renforce la culture d'assistanat, de loisirs pour mieux écerveler la population et garder le pouvoir : une version moderne de panem et circenses. Dans le même temps, le dispositif de protection des installations pétrolières devient une force de police omnipotente et le roman décrit assez bien l'enchaînement qui amène à un régime préfaciste. C'est d'autant plus impressionnant que bien des phrases pourraient être mises dans un contexte hexagonal.

Le livre reste assez classique, voir terne et fait plutôt penser à une juxtaposition de chapitres ; il est sauvé par quelques fulgurances stylistiques, malheureusement trop rares. J'ai bien aimé le sujet, j'ai été moins convaincu par l'histoire de Kurt Jenssen qui veut terminer avec un dernier honneur et faire partie du comité Nobel ; il finit mal à force de vouloir écraser les autres et d'interférer dans les intérêts pétroliers. En revanche, deux chapitres sont vraiment extraordinaires : la fête de Noël (Jul) dans une famille richissime et surtout le brainstorming pour baptiser un nouveau champ de pétrole qui commence par la dégustation du brut.


Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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Il est rare que j'abandonne un livre en cours... mais ce texte m'a laissé sur le bord du chemin.
Si j'ai beaucoup aimé le postulat de départ (la Norvège en 2050, royaume vivant par et pour le pétrole) et que l'on ressent un véritable travail de recherche et de politique-fiction de la part de l'auteur, je n'ai jamais adhéré au style ni aux personnages.
Un texte brillant mais dénué de chaleur humaine.
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critiques presse (7)
Telerama
12 octobre 2011
Brut est un livre plein d'énergie (pas seulement pétrolière), animé par de vrais personnages la plume est vi­ve, le regard aigu, et le ton mordant à souhait.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeSoir
26 septembre 2011
Le premier roman de Dalibor Frioux est un conte noir de belle ampleur. Il y invente un pays. Ou plutôt, il imagine ce que pourrait devenir la Norvège dans quelque temps : une des grandes puissances mondiales grâce à une sage gestion de réserves pétrolières presque inépuisables, dont les bénéfices rejaillissent sur la prospérité du pays et de sa population.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Bibliobs
26 septembre 2011
Autant donner tout de suite l'information aux marchés : le livre soufre de grosses lacunes d'écriture. Mais on ne lui en tient pas rigueur. Son auteur, 41 ans, agrégé de philosophie, oeuvre chez Terra Nova, le think tank de gauche qui n'effraie pas la droite. Cette circonstance ne fait pas de lui un styliste : il le concédera, lui qui a recouru aux services d'un atelier d'«écriture créative». Mais elle indique une maîtrise certaine de son sujet, une aisance de futurologue.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Lexpress
09 septembre 2011
Abondant en détails (trop ?), le récit stupéfie par son intelligence, son côté visionnaire [...] et son illustration des paradoxes de la philanthropie. Passionnant et terrifiant.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
31 août 2011
Agrégé de philo et tête pensante du think tank Terra Nova, le romancier de 42 ans signe ainsi une fable écologique saisissante, doublée d'un regard acéré sur les motivations de l'individu face à l'excès et à la rareté.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeMonde
26 août 2011
[…] il s'est intéressé à la Norvège, au point de lui consacrer Brut, son formidable premier roman, situé dans une poignée de décennies.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LePoint
25 août 2011
Anticipant la fin du pétrole, ce roman fore les bas-fonds du modèle norvégien. […] Du grand art, Brut.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Fini, holiday on oil, le mouvement perpétuel. Les distances abolies du global village étaient rattrapées par le retour de l'espace terrestre, des petits chemins, des mers immobiles. Un crime parfait, un complot dans lequel ils avaient tous trempé. Le pétrole avait bien été cette compotée de cadavres, pressée sur des millions d'années par tous les vérins de la terre, en une liqueur conférant l'égarement des toupies. Et voilà qu'à présent, tous se tenaient au bord de l'océan, dans le même bateau vide de carburant et débordant -d'humains aux gueules maquillées pour sortir, les têtes pleines de fêtes d'antan, de désirs et de rancoeurs. (p. 74-75)
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Le quotidien, la conversation, la pensée, la politique, les désirs humains étaient à ce point restés mouillés par le fun des hydrocarbures, le beat du global village, que dans les pays les plus gâtés, les plus douillets, États-Unis en tête, la pénurie eut des allures d’atteinte à la démocratie, de putsch des choses contre les hommes. Contraints de parler leur langue et de demeurer sur leur terre natale, la plupart s’estimaient assignés à résidence ; la mise en veilleuse des moteurs fut une arrestation générale, l’extinction des lumières la nuit, une veillée funèbre.
On aurait bien aimé pouvoir dénoncer les groupuscules fascistes, les ligues de vertu fanatiques qui se seraient emparées de l’appareil dirigeant, des médias, de l’économie, de l’Université et des milieux artistiques, imposant leur censure, leur tristesse, leur calendrier révolutionnaire nauséabond, leurs célébrations, leurs joies frelatées et statiques, leur morale moisie du retour à la terre. (…)
Mais cette fois, le coup d’État était perpétré par la terre mère accouchant de ses limites. Affolant les marchés, Black February avait été le catalyseur de toutes les raretés. Toujours moins d’énergies fossiles, d’eau pure et de métaux pour s’amuser et progresser. La panique, l’explosion des prix, la paralysie des véhicules imposèrent la pax rustica aux pays industrialisés, une paix qui faisait la joie des esthètes réactionnaires, des philanthropes avant-gardistes, des Cassandre de tous bords, d’écologistes pleins de rancœur, de tout ce qui vivait de symboles néotestamentaires et de rhétorique moralisatrice. Mais les foules démocratiques, hystériques, obsessionnelles, surinformées et velléitaires, tripes et sexes confits de vitesse, de plaisirs cosmopolites et de publicités, n’en finissaient pas de ressasser la fin de la récréation.
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Avec sa télécommande, Katrin passait de la télévision à Internet. Le choix des internautes du site de La Repubblica s’était porté sur un film de trente-deux secondes. Sur un quai du port de Rotterdam, on y voyait prendre feu un homme à moitié enduit de pétrole. Puis il se jetait dans un canal. L’eau du canal était recouverte d’une épaisse couche noire, que le corps enflammait comme une allumette. L’homme se débattait quelques secondes dans une mer de flammes, et la caméra amateur se détournait. De São Paulo, les images étaient aussi calmes que celles des ruines d’un temple grec : quel que fût l’angle, la Bourse ne cessait d’être effondrée, immobile, substrat minéral d’une génération spontanée de cadavres. À quelques mètres des corps enfouis, le maire de la ville, les directeurs de la place financière, le président brésilien consolidaient leurs carrières en se laissant sobrement interviewer, un casque de chantier sur la tête. De Shanghai, Katrin ne voulait rien voir : les hurlements suffisaient à la terroriser. Ils la poursuivaient de chaîne en chaîne – seules les thématiques calmaient son cœur en parlant continûment télé-achat, cuisine, enfants, cinéma. Ni la raison, ni le silence, ni le cours de sa vie n’étaient à même d’apaiser le choc de l’actualité, il lui fallait continuer à regarder.
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On ne parlait plus de personnes démesurément riches, mais d'un pays entier ; non plus de richesses disponibles à l'échelle d'une vie humaine, mais sur des générations. On ne parlait plus de richesses obtenues par le travail, le mérite, mais de celles qui faisaient irruption aux yeux de tous, sans rapport avec l'effort nécessaire pour les récolter.
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Le mouvement était devenu suspect. Les attentats avaient durci les lois antiterroristes, la plupart des moteurs thermiques, voitures et avions, restaient cloués au sol. Être une bande de jeunes femmes belles, riches et prophétisées une semaine à l’avance restait un des derniers moyens de s’éviter contrôles et suspicion dans les lieux publics. Les transports collectifs bénéficièrent du triple des crédits autrefois accordés à la route. On s’avisa que la plupart des emplois pouvaient en partie être exercés à domicile, que la semaine de quatre jours était idéale pour les enfants et l’équilibre personnel, puisqu’elle permettait d’économiser des millions de barils.
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Vidéo de Dalibor Frioux
Un nouveau cycle de rencontres explore les questions écologiques portées par la littérature, dans le prolongement du Prix du roman d'écologie décerné depuis 2018. L'inspiration écologique est-elle une manière de renouer avec une littérature engagée ? Cette rencontre s'intéresse à l'engagement en littérature.Dialogue entre Camille Brunel, auteur de La Guérilla des animaux (Alma Éditeur, 2018) et Errol Henrot, auteur des Liens du sang (Le Dilettante, 2017)Animé par Dalibor Frioux, écrivain
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