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Jacqueline Huet (Traducteur)Jean-Pierre Carasso (Traducteur)
EAN : 9782879295398
384 pages
Editions de l'Olivier (04/10/2007)
3.74/5   23 notes
Résumé :
En 1864, après la prise et l’incendie d’Atlanta, le général nordiste William Tecumseh Sherman, à la tête d’une armée de 60 000 hommes, traverse la Georgie et se dirige vers la Caroline, écrasant au passage les forces confédérées et détruisant les villes du Sud. Dans son sillage, il entraîne une foule hétéroclite – esclaves noirs libérés, Blancs en fuite, prostituées, voleurs, déserteurs, familles dispersées, sans oublier un photographe. E.L. Doctorow raconte leur h... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
1864, après avoir incendié Atlanta, le général Sherman commence une longue marche à la tête d'une armée de soixante mille hommes pour rejoindre la Caroline. En chemin il écrase les troupes confédérées exsangues et cependant combattives.
A sa suite une autre armée, celle des esclaves libérés dont il ne ne sait que faire, des groupes de déserteurs, des blancs profiteurs du chaos, des voleurs, des familles dispersées …. et un photographe.

Au milieu du désastre, Pearl, une jeune « négresse blanche » fruit des amours du maître de la plantation avec une de ses esclaves. Elle croisera une galerie de personnages hauts en couleurs traînant avec eux les effluves épiques ou sordides, le tout mêlé d'un certain érotisme et d'un évident macabre. Pearl, noire à la peau blanche, déguisée garçon pour se protéger des assiduités soldatesques, porte en elle l'ambiguité de ce que le Sud vit : une force dévastée qui lentement se relèvera après la paix.

« La marche » est un peu une Cour des miracles ambulante : la grandeur d'âme côtoie le glauque et la violence au nom de la survie. Pearl est un personnage lumineux dans le sens où si elle conserve un peu de naïveté, elle sait à quoi s'en tenir et surtout elle comprend, très vite, qu'aider et soigner sont des actes d'amour, de compassion et de tendresse. Elle apporte tout cela à ceux dont elle croise la route, leur offrant le soleil de son sourire, de son rire, la douceur de ses mains et de ses bras, sa foi dans l'avenir malgré l'adversité.

On peut lire un peu partout que « La marche » commence où s'achève « Autant en emporte le vent », en effet, c'est le point de départ : où s'arrêtera la folie guerrière de Sherman ? Raser le Sud, le mettre à genou au point de l'humilier est-ce la solution et le clef de la paix ?

Les personnages qui défilent dans la galerie hétéroclite de E.L Doctorow, ont chacun leur interprétation et tentent de tirer leur épingle du jeu. La toile de fond politique et morale a des accents Tolstoïens tout en étant moins ambitieuse sans pour autant être fade.

J'ai retrouvé en Sherman, personnage central, ma lecture de « Je suis fille de rage » de Jean-Laurent del Socorro : il est maniaco-dépressif, à la limite de la psychose. Il est ambitieux, cruel et compatissant, un paradoxe vivant, pas plus abolitionniste que cela puisqu'il n'hésite pas à abandonner à leur triste sort les esclaves libérés. Sherman est la figure du guerrier inspiré, craint, subtil dans ses analyses, colérique, poussant au bout d'eux-mêmes ses soldats au bord de la rupture nerveuse et physique. Les scènes d'assaut sont horribles, horrifiques et épouvantables. C'est qu'à la guerre, pour un général tel que Sherman, on ne compte pas les larmes ni le sang versé.

Comment ne pas s'arrêter sur le chirurgien autrichien, d'une froideur absolument glaçante, Wrede Sartorius, pour qui la guerre est une aubaine : elle lui fournit des blessés « défis chirurgicaux » en puissance, lui permettant de peaufiner ses hypothèses et de les expérimenter. Praticien dénué de compassion et d'empathie, il est d'une dextérité incroyable, il est un puits de sciences médicales, il est dans la découverte pour faire progresser la médecine et rien d'autre ne l'émeut.

Quant aux joyeux déserteurs confédérés, Will et Arly, d'une jeunesse confondante, le lecteur ne peut rester indifférent à leur sens pratique de la survie : il suffit de changer d'uniforme au bon moment. Ce qui les amène à vivre des situations dramatiques teintées de cocasserie.

Puis il y a Emily, la jeune fille de bonne famille qui jette aux orties convenances et statut social : elle suit la cohorte protéiforme de l'armée « Sherman » et devient infirmière, assistante de Wrede Sartorius dont elle tombera amoureuse. Elle y gagnera un chagrin d'amour et surtout une liberté de penser et d'agir : elle prend conscience de sa force intérieure et de sa capacité à survivre.

On ne peut oublier le colonel, un tantinet original, qui a décidé d'emmener avec lui son jeune neveu à qui il passe tous ses caprices. Ce gradé répondant au doux sobriquet de Kil Kilpatrick, à la tête d'un corps de cavalerie, jouisseur invétéré est gluant de lubricité et de cruauté.

Au fil des kilomètres rythmés par les bottes usées des soldats, un monde nouveau se dessine dans le Sud des Etats-Unis. Un monde où les frontières s'estompent dans les marécages pour renaître au pied d'un escarpement ou d'une montagne. Un monde entre ombre et lumière, entre joie et désespoir.

L'Amérique qui émergera de la Guerre de Sécession, sera celle de la dispersion, à l'aune des billets de la banque centrale Confédérée, à Milledgeville qui virevoltent , tourbillonnent avant de s'éparpiller au gré de leur danse. La transformation sauvage, à la hussarde, du Sud, est en filigrane dans le texte de E.L Doctorow : un art de vivre et une société s'envolent au coeur des brasiers dévoreurs de tout ce qui a été et ne sera plus.

La blessure profonde a-t-elle été réduite ? Rien n'est moins sûr quand on y regarde de plus près. La blessure est de celles qui ne cicatrisent que lentement ce qui rend la guérison si fragile. Pearl est un peu le symbole de tout ce drame : le présent défait avec violence le passé et trace un avenir qui pourra être ensoleillé si on sait suivre avec délicatesse son tracé ténu.

« La marche » est un roman sans concession et une peinture subtile et élégante d'une trance d'Histoire américaine écrite dans les larmes et le sang
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Des personnages se croisent et se décroisent au cours de la longue marche vers la mer du général Sherman, un raid sans pitié (et sans ravitaillement) à travers les états confédérés, qui mit fin aux cinq années de la Guerre de Sécession. Soldats exténués, vêtus de hardes et obligés de se nourrir sur l'habitant, blessés amputés souvent sans raison, profiteurs de tout poil juste bons à piller et violer, et une armée d'esclaves "libérés", suivant la procession en direction d'une quelconque "Terre Promise", tel est le fardeau que devra porter Sherman pour mettre fin à cette interminable guerre. le roman de Doctorow, profondément humaniste et antiraciste, se focalise sur un certain nombre de caractères, parmi lesquels se distinguent Wrede Sartorius, le chirurgien aux mains d'or, aux méthodes originales quoique peu appréciées de ses confrères, et Pearl, la jeune négresse blanche à la beauté rayonnante dont va tomber amoureux Stephen Walsh, un soldat de l'Union. Loin du mélodrame auquel on s'attend au vu de la galerie de figures sur lesquelles l'auteur s'est plus particulièrement penché, bons et méchants mêlés, il s'agit d'un pamphlet contre la guerre et les joutes politiciennes qui conduisent à ses pires atrocités, un pamphlet aussi contre l'esclavage, qui hélas ne tardera pas à muer en discrimination raciale.
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Superbe saga qui suit l'armée de Sherman dans le sud des état-unis à la fin de la guerre de sécession avec tous les à côté de la guerre vécu par les soldats et les populations, chacun essayant de tirer son épingle du jeu et de trouver sa destinée au milieu du chaos.
Les personnages sont attachants, il n'y a pas de bons ou de mauvais, mais des hommes et des femmes qui essayent de survivre et de garder leur humanité.
Du grand roman foisonnant qui marque !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
je suis photographe officiel de l'armée des Etats-Unis, dit Culp. Pourquoi cela d'après vous ? Parce que le gouvernement a compris que, pour la première fois dans l'Histoire, la guerre sera enregistrée pour la postérité. Je constitue des archives en images de ce terrible conflit, monsieur. Voilà pourquoi je suis ici. Telle est ma contribution. Je brosse le portrait de la grande marche du général Sherman pour les générations futures.
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Sherman affectait l'uniforme débraillé et partageait les épreuves des conscrits. Il couchait sous la tente -quand il se couchait. Il avait un seul domestique à son service et son écurie consistait en une monture,méchante rosse qui convenait mal à un homme de son rang. Certes, ayant donné des ordres pour que l'armée fût réduite à l'essentiel, il était juste qu'il servît d'exemple.
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La nuit était avancée quand le travail fut fini. A l'entrée de la gare, Emily regardait les infirmiers qui, à la lueur des torches, chargeaient les amputés à bord des ambulances. A quelques mètres dans les bois, des hommes creusaient la fosse qui recevait les membres coupés. Une escouade de croque-morts arriva avec son chariot de cercueils pour emporter les morts vers un cimetière. Les cadavres étaient fouillés à la recherche d'objets personnels -lettres, bagues, journaux intimes, feuilles de route permettant de les identifier. Les commandants de compagnie étaient tenus d'adresser des condoléances officielles aux familles.
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Pearl ne parvenait pas à oublier cette nuit des soldats assassinés. Ils gisaient sur le sol dur, dans l'éclat bleuté du clair de lune. Douze, il y en avait douze, telles des statues battues. Et le lieutenant Clarke, le regard fixe, contemplant le vide, et si surpris, si surpris.
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