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EAN : 9782246738718
243 pages
Grasset (04/02/2009)
2/5   1 notes
Résumé :

"Aujourd'hui, le présent est humilié. Naguère, il fut arrogant. Assez pour convoquer l'Histoire et la Révolution, comme si elles venaient de naître.

J'ai pris part à cette arrogance. Je m'appuie encore sur elle pour m'interroger à son propos. Le gauchisme, Mai 68, le maoïsme, qu'en puis-je dire aujourd'hui qui soit à la hauteur de ce que je sais ?

Les noms donnent la clé de l'énigme. Des noms imaginaires - ouvrier, Mao, Fr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Milner Jean-Claude - "L'arrogance du présent : regards sur une décennie 1965-1975" Grasset, 2009 (ISBN 978-2-246-73871-9)

Ouvrage écrit par l'un des protagonistes de «l'épopée» qui prit pour nom rien moins que l'intitulé "Gauche Prolétarienne", plus communément désignée à l'époque par son sigle, la "GP" flanquée de son inénarrable (et aujourd'hui illisible) feuille de choux arborant le noble titre "La cause du peuple", l'un des fruits les plus délirants issus de mai 1968. Un livre donc de première main sur l'époque considérée, pour le petit peuple des ex-gauchistes de la tendance "mao-spontex" comme disaient les trotskystes (qui, de leur côté, risquaient plutôt le «kyste» que le «spontex» - vieille rancune).

A première lecture, le livre se divise en deux parties inégales : les deux premiers tiers, remplis d'informations et d'analyses fort intéressantes, et le dernier tiers, dans lequel l'auteur se démène dans une grande théorie sur l'importance d'avoir ou non été d'origine juive pour participer à ce mouvement.
NB : j'avoue que ce dernier tiers m'a semblé particulièrement peu convaincant, mais – n'appartenant pas à cette obédience -, je me garderai d'émettre le moindre jugement ; je note toutefois que le témoignage de Thierry Jonquet (si je puis me permettre d'introduire ici – horresco referens – un trotskyste) évoquant sa compagne militant dans les rangs sionistes me paraît beaucoup plus probant (voir «Rouge, c'est la vie»).

Les deux premiers tiers me sont déjà particulièrement enrichissants !
L'auteur pose dès la page 8-9 l'une de ses thèses fondamentales : "J'affirme que Mai 68 et le gauchisme ont été l'affaire de la petite bourgeoisie intellectuelle et de personne d'autre. » (voir la suite dans les citations).
Il revient sur cet aspect page 88, ajoutant que Mai 1968 est non seulement un produit exclusif de la petite bourgeoisie intellectuelle, mais de surcroît un produit relativement typiquement français : nul beson d'adhérer entièrement à cette thèse pour en éprouver l'intérêt.
Voir aussi ses réflexions :
- sur la cérémonie organisée par François Mitterrand au Panthéon pour inaugurer sa première présidence (p.56)
- sur la survivance vivace des guerres et le service militaire obligatoire (pp. 70-71, voir citations)
- sur les assemblées enfumées se saoulant de paroles et discours (p. 75)
- sur les quatre caractéristiques de la Gauche Prolétarienne (p. 114 et seq.)
- une thèse centrale en page 131 et suivantes : "le mouvement ouvrier n'existe pas"
- l'analyse du slogan, hurlé jusqu'à plus soif par les manifestant(-e)s "CRS = SS" (page 180).

Un témoignage incontournable pour comprendre l'un des (nombreux) aspects de mai-68.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
"J'affirme que Mai 68 et le gauchisme ont été l'affaire de la petite bourgeoisie intellectuelle et de personne d'autre. Ni des banlieues, ni des pauvres, ni des syndicats, ni des ouvriers et j'en passe; ils sont venus à la suite, en supplétifs. Pour une fois ou comme souvent ? La question se pose ; elle se pose en tout cas pour la France. J'affirme que parmi les épisodes qui ont rendu possibles Mai 68 et le gauchisme, les plus importants concernent la petite bourgeoisie intellectuelle. En cela, je me tiens à une position généralement acceptée. J'affirme aussi que ce n'est pas une raison pour mépriser ni Mai ni le gauchisme. En cela, je m'écarte d'un consensus. Que ce soit chez les amis de Mai et chez les adversaires de Mai, chez les amis du gauchisme et chez les adversaires du gauchisme, le sempiternel grief résonne, modulé tantôt en gémissement tantôt en ricanement : «Jamais, ils n'ont rejoint les ouvriers.» Et alors? Il faudra pourtant qu'on s'y fasse ; pendant un temps, la petite bourgeoisie intellectuelle a dit et fait, par elle-même, des choses intéressantes. Éphémères peut-être, absurdes, criminelles parfois, restreintes sûrement, mais intéressantes." (p.8-9)
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" N'oublions pas que de 1914 à 1962, l'ombre de la guerre n'a cessé de peser. Deux guerres mondiales en moins de trente ans, relayées par des guerres coloniales (Rif de 1924 à 1926, Indochine de 1946 à 1954, Algérie de 1954 à 1962, le décompte est indulgent). N'oublions pas que de 1954 à 1962, n'importe quel appelé de vingt ans savait que, tôt ou tard, il pouvait aller se faire tuer. Les sursis pour études retardaient le moment fatidique pour la petite bourgeoisie intellectuelle ; ils ne l'annulaient pas." (pp. 70-71)
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Videos de Jean-Claude Milner (12) Voir plusAjouter une vidéo
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