Les trois écritures : Langue, nombre, code

Clarisse Herrenschmidt est une chercheuse retraitée du CNRS - Laboratoire d'Anthropologie Sociale du Collège de France - spécialiste de l'Iran perse et élamite, ainsi que de la Grèce ancienne. Elle est linguiste et philologue de formation. Elle a étudié les langues anciennes, celles d'Iran – y compris l'élamite -, le grec, le sanskrit, et a des notions d'akkadien, d'hébreu et de sumérien.

Les trois écritures se limite à la Mésopotamie et l'Iran, la Méditerranée orientale et le monde grec, l'Europe et les États-Unis, sont exclus l'Égypte et la Rome antiques, l'Inde, la Chine avec ses expansions graphiques en Corée et au Japon, les glyphes mayas.

Il a été publié en 2007 et est basé sur plusieurs articles - les premiers sont parus en 1990, 1995 et 2000 – qui traitent de l'évolution de l'écriture, pendant 53 siècles, en trois étapes fondamentales :
- Naissance à de l'écriture à Uruk (Sumer, sud de l'Irak) et Suse (Élam, sud-ouest de l'Iran), vers 3300 av JC.
- Apparition de l'écriture monétaire arithmétique avec la monnaie frappée, à Éphèse (Ionie, Grèce antique, Turquie), vers 620 av JC.
- Développement de l'informatique, à partir de la machine de Turing (mathématicien cryptologue britannique) en 1936.
En simplifiant, on passe des calculi à la monnaie frappée, pour terminer avec le code binaire (0,1).

Clarisse Herrenshchmidt émet des hypothèses. Il ne s'agit pas d'un manuel figé mais d'un chantier ouvert, de nouvelles découvertes archéologiques peuvent nous réserver quelques surprises.

La démarche de l'autrice est anthropologique. Elle s'interroge sur la perception et restitution du « lien entre les choses du monde et les choses du langage », et sur comment « l'écriture a rendu visible ce qui était invisible », à travers les différentes époques.

Comme indiqué dans le titre, le livre s'articule en trois parties - langue, nombre, code - auxquelles correspondent selon Clarisse Herrenshchmidt, trois organes - la bouche, l'oeil et le cerveau -.

Dans la première partie « de l'écriture des langues », nous apprenons que l'écriture est née d'une nécessité comptable. Les éleveurs avaient besoin de vérifier les entrées et sorties de leurs troupeaux lors des transhumances. Ils utilisaient des calculi, petites pièces d'argile de différentes formes qu'ils mettaient à l'intérieur d'une boule d'argile. Cette dernière s'est transformée en tablette où les quantités étaient inscrites avec un roseau.

Je vous laisse découvrir les parties descriptives des diverses écritures (syllabiques, consonantiques, phoniques, avec affixes…) - couplées aux langues anciennes (cunéiforme, élamite, grec, perse, akkadien…) - ainsi que leurs incidences, selon qu'on se place du côté du locuteur ou du lecteur, sur les intentions des messages, sur leurs destinataires.

Vous trouverez aussi des développements très intéressants sur l'anthropologie religieuse de l'écriture.

Le chapitre sur « L'écriture monétaire arithmétique » traite de numismatique, de la suppression de l'étalon or en 1971, de mathématiques (Pythagore, Thalès, Aristote…), du passage des chiffres romains aux chiffres arabes, de la création de la comptabilité…

Le dernier volet, « L'écriture informatique et réticulaire » retrace la révolution virtuelle et nous explique sommairement le fonctionnement des ordinateurs et le codage. L'espace et le temps sont abolis. À la parole divine se substitue une voix anonyme et impersonnelle. Que devient l'écriture face à l'invasion des images ?

« Nous coulons presque dans un océan d'images, qui nous rend maladroits dans le raisonnement, quasi inaptes à l'argumentation et au débat, car dans l'image la négation est impossible – outil fondamental à toute affirmation. » p. 586

Personnellement, je me suis essentiellement focalisée sur les parties « langue » et « nombre », qui correspondent le mieux au domaine de compétences de l'écrivaine.

Les trois écritures est un ouvrage érudit qui ravira les connaisseurs et amoureux de l'histoire de l'écriture, qui sauront apprécier le nombre et la richesse des informations. Pour les néophytes comme moi, il est accessible, dans ses grandes lignes, avec une grande dose de patience et beaucoup de recherches parallèles. le langage est simple mais il pêche par des maladresses de forme, phrases peu claires, répétitions et manque de synthèse. Des illustrations auraient été bienvenues, je me suis aidée d'une vidéo sur YouTube qui présente des images, par exemple des calculi ou des monnaies anciennes, ainsi que des fiches récapitulatives.

Je tiens à remercier Babelio et Gallimard. J'ai été très heureuse d'avoir été sélectionnée pour le seul livre que j'avais choisi pour ma première masse critique.

Grâce à Les trois écritures, je me suis initiée et instruite à l'anthropologie de l'écriture. La lecture a été longue et ardue mais passionnante.

Livre reçu dans le cadre de la masse critique, tous mes remerciements à Babelio et les éditeurs. J'ai été choisie au hasard mais moi même je n'ai pas postulé par hasard. Ayant fait des études de langues, les sujets du livre m'intéressent depuis toujours, je savais donc dans quoi me lançais-je.

Ce livre qui est une étude sur l'origine de l'écriture dans les langues de la très grande famille Indo-européenne, nous fait voyager de l'antiquité jusqu'à nos jours. Il est écrit de façon relativement accessible, mais il y a pas mal de terminologie linguistique, donc il parlera surtout aux lecteurs avec un certain niveau de connaissances dans le domaine, mais même ainsi il faut prévoir du temps pour faire ses recherches à côté.

Ce livre ne se lit pas d'une traite, le volume d'information est énorme. La première partie traite la naissance de l'écriture, la deuxième la naissance du calcul, et la troisième le code ou le langage informatique. C'est inégal, autant les deux premières parties sont passionnantes, autant je me suis sentie assez perdue dans la dernière, c'est un domaine que je ne connais pas et qui ne m'intéresse pas beaucoup; et on ressent que ce n'est pas le domaine de compétence de l'auteur non plus.

On peut regretter que l'auteur n'ait pas inclus plus de tableaux, graphiques, photos pour illustrer ce dont elle parle. le lecteur (à priori déjà pas spécialiste dans le domaine) est souvent obligé de taper sur Google pour visualiser au lieu de juste imaginer, en tout cas c'est mon cas. C'est dans ce sens que je trouve cet étude incomplète.

J'aurais préféré ne pas être limitée par le temps pour lire le livre et rédiger ma critique, afin d'assimiler davantage l'information fournie. C'est un peu comme une encyclopédie que je retournerai consulter au besoin. Il va évidemment rester dans ma bibliothèque.

Tout d'abord merci à Gallimard et babelio pour l'envoi lors de la masse critique.

J'ai choisi cet essai afin de me replonger dans la linguistique que j'avais étudié lors de mes études à la fac. Depuis, je suis enseignante dans le premier degré et j'avais besoin d'une « piqûre » de rappel.

On repart des alphabets pour terminer aux différents codes qui constituent notre langue.

L'écriture est plutôt accessible mais certains termes et notions restent complexes. Il est nécessaire d'avoir quelques notions de base en linguistique ou avoir un intérêt particulier pour le sujet avec l'envie de faire des recherches persos à côté.

C'est un livre à lire par « morceaux » pour avoir le temps d'assimiler tout ce qui nous y est expliqué.

Livre grand public ? Oui, mais ... Il est préférable d'avoir de bonnes bases en histoire afin de mieux s'y retrouver dans la masse d'information à absorber.
Le livre explique comment une écriture est formatée par la culture dans laquelle elle émerge et influencera par la suite les environnements dans lesquels elle se répandra.

Le sujet est passionnant. L'auteur nous fait partir des premiers alphabets, découvrir les premières idées de nombres et aboutit jusqu'à la naissance des codes qui envahissent aujourd'hui notre quotidien.

J'ai dévoré le livre.
Lien : http://beverycool.hautetfort..