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Commissaire De Luca tome 4 sur 4
EAN : 9791022612463
280 pages
Editions Métailié (03/03/2023)
3.49/5   37 notes
Résumé :
La période entre le 25 juillet et le 8 septembre 1943 est un moment étrange, hallucinant, dans l’histoire italienne.

Dans ce chaos, le commissaire De Luca, ce Bernie Gunther du fascisme italien, doit enquêter sur un corps sans tête retrouvé dans un canal. Menée sur un rythme effréné entre bombardements de Bologne, coup d’État contre Mussolini, occupation allemande dans le nord de l’Italie, l’enquête révèle une corruption inouïe à tous les degrés de la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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L'été 1943 à Bologne.
L'Italie est fasciste, mais en quelques semaines elle passe de la domination de Mussolini à sa chute puis à l'occupation allemande.
Au commissariat, les policiers régissent différemment selon les individus.
De Luca, policier obstiné et désabusé, mène inlassablement ses enquêtes.
Dans la dernière en date, un cadavre sans tête, puis une tête sans cadavre.
Lui seul va s'y intéresser et découvrir que les deux ne correspondent pas, et qu'il met le doigt dans un trafic d'héroïne et dans un système mafieux.

Le ton du récit et le personnage du commissaire rappellent les polars de Philip Kerr et de son héros Bernie.
Quelques jours après la lecture, j'ai du mal à me souvenir des détails de la résolution, et pourtant j'ai l'impression de bien connaître De Luca, Bologne en cette année 1943 ainsi que ses habitants...
C'est ce qu'on appelle un roman policier d'atmosphère, cette atmosphère m'a bien séduite et j'y reviendrai !

Merci à Babelio/ Masse critique et Métailié.
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Bologne 1943

L'histoire commence le  24 juillet 1943 tandis que les combats font rage en Sicile et se termine , le jeudi 2 décembre 1943 avec la déportation des Juifs. Entre temps, la situation politique et militaire est très confuse : juillet, Mussolini démissionne, le Roi prend le commandement des armées avec Badoglio. Début septembre, les Allemands occupent Bologne, la République est proclamée et les fascistes sont de retour sous la coupe des occupants.

"Mais qu'est-ce qui se passe ? – Mussolini est tombé, dit l'agent. – Il s'est fait mal ? demanda De Luca. Les
policiers échangèrent des regards perplexes avant de se mettre à rire. – Mais non ! le gouvernement est tombé."

L'auteur rythme le récit de l'intrigue policière par les titres du journal local, Il resto del Carlino, évènements marquants  aussi rationnement alimentaire, sortie de films et même émissions de la radio.

Le commissaire De Luca est un policier consciencieux, en cherchant à démanteler un réseau de marché noir, il butte sur un cadavre. Cadavre sans tête. Suivant son flair d'enquêteur, il découvre une tête sans corps. Affaire résolue? Pas du tout, la tête n'est pas celle du cadavre! De Luca se laisse emporter par cette énigme malgré la réticence de ses chefs.

"Alors qu'il peut arriver n'importe quoi… les fascistes, bon, ceux-là, maintenant… mais les communistes, qui  sait, bref, il peut arriver n'importe quoi et nous, au lieu d'aider à garder la situation en main, on va à la chasse…  de quoi, De Luca, mon garçon, de quoi ? "

Alors que les bombardements font des dizaines de victimes civiles, que les combats dans le sud de l'Italie sont meurtriers, que des italiens sur le front de l'Est ne reviendront pas, qui se soucie de l'assassinat de deux inconnus? Même s'ils deviendront quatre. Et encore moins s'il s'agit d'un Trafiquant de marché noir, un aristocrate débauché, joueur et de trafic de cocaïne! La corruption gangrène aussi bien les autorités. Et surtout quand on découvre que l'une des victimes était un juif et l'autre un albanais, c'est connu, les Albanais ont un code, le Kanun, qui dicte des vengeances cruelles!

"Un apatride et un interné. Qui ça intéresse ? Je ne peux pas nier qu'on l'aurait fait encore, mais faites-moi
confiance, je n'aurais choisi que des gens comme ça. Juifs, exilés, réfugiés, internés, deux ou trois, quatre au
maximum, pas plus. Qui ça intéresse ? Qui en sent le manque ?"

Alors que dans les rues on défile en chantant Bandiera Rossa 

 une inscription à la peinture rouge sur le mur, “Nous voulons des pâtes et de l'huile, Badoglio et le roi à la cave, le Duce à la guillotine”,

Dans les bureaux des chefs, on complote, on cache les portraits du duce compromettants, on organise sa fuite et on met à l'abri ce qui peut être utile. On se défile de ses responsabilités. Cachotterie, copinages, corruption à tous les étages, même menaces. J'ai eu un peu de mal à identifier qui était milice, police, fascistes. Peut-être, cette confusion est intentionnelle? Quant au fichage des Juifs, personne ne veut ouvertement prendre la responsabilité de transmettre une liste aux Allemands mais tout le monde se moque de leur sort. 

Un polar addictif, une lecture qu'on ne veut pas lâcher.  J'ai aussi appris beaucoup sur la vie quotidienne sous les bombes. de nombreux détails sont intéressants.  Saviez-vous qu'en 1943 un film est sorti dans les salles "la vie est belle?"
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Mais de quel péché mortel est-il question ?

Roman policier italien se passant à Bologne, entre le 24 juillet et le 2 décembre 1943.

Carlo LUCARELLI nous plonge dans la période troublée que fut la destitution du Duce, l'armistice avec les alliés, suivie par l'occupation allemande. C'est dans ce contexte confus et chaotique que se situe l'enquête de l'inspecteur di Luca, au gré de chapitres ayant pour en-tête les titres du journal local, « Il resto del Carlino ». Ainsi de façon originale et en quelques mots, l'auteur nous dit les avancées de la guerre, de la politique, les bombardements, le rationnement et même le programme culturel sur 6 mois…

Quant à l'intrigue, il s'agit d'une bien étrange enquête, un corps sans tête, une tête sans corps qui ne correspondent pas. Affaire de marché noir ? de drogue ? de corruption ? Quoi qu'il en soit, elle ne retient l'attention de personne !
A l'exception du commissaire di Luca. Lui-même bien étrange commissaire, qui malgré une période historique et politique cruciale pour l'Italie, malgré l'embrasement du monde, se refuse à tout engagement autre que celui nécessaire à son boulot de policier. Seule son enquête compte et, ce, de façon obsessionnelle.

Le roman « Péché mortel » n'est pas très long, 250 pages, mais il fourmille d'événements, de personnages surprenants. Il nous offre un panorama agité : l'effervescence est partout, l‘exaltation, la fébrilité, l'esprit de revanche… On défile avec le drapeau rouge, on danse, on chante, on fait la chasse aux fascistes… Jusqu'à ce les chars nazis reprennent possession de la rue.

Nous sommes en temps de guerre, la fuite est toujours possible. La Suisse est si proche. Sinon il faut prendre parti, choisir, se battre, gagner sa liberté ou s'acoquiner avec les nazis. Impossible de se tenir au-dessus de la mêlée !

Oui, c'est le choix qui s'offre à tous. Choix qui n'intéresse pas notre commissaire : il est policier et traque les criminels !

Or, par les temps qui courent l'apolitisme ouvre grand les portes de l'ambiguïté, de l'ambivalence… Et on se retrouve vite au service du pouvoir en place, une chemise noire sur le dos et entre les mains une liste de « fichés », ceux que l'occupant veut prendre… les juifs… les opposants… Et qu'importe s'il s'agit de relations ou d'amis du commissaire.

Avec sa belle écriture sensuelle, toujours en phase avec le récit, Carlo LUCARELLI nous donne à voir, entendre, sentir… Il sait habilement mêler dialogues et réflexion pour souligner certains décalages. Il a su créer un personnage singulier, intéressant mais surtout dérangeant. Un héros qui interroge, heurte parfois… Une énigme.

Et si le péché mortel dont il est question était le détachement volontaire et obstiné face au bruit et à la fureur du monde ? le refus de s'engager.

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On a visiblement de la chance de découvrir Carlo Lucarelli, auteur italien de polars, avec cet excellent Péché mortel qui bénéficie d'une traduction soignée par Serge Quadruppani comme d'autres polars italiens.
On commence par le dernier volume de la série publié cette année mais le hasard faisant bien les choses, on est tombé sur le premier épisode chronologique (1943) puisque l'auteur a voulu revenir sur les débuts difficiles de son héros, le commissaire De Luca, dans une Italie confuse et agitée à la fin de la guerre.

On aime :
❤ Dévaler les rues de Bologne en vélo, la jeune fiancée en amazone sur le guidon, quelques images, quelques pages suffisent, une perquisition de nuit, une baignade du dimanche, et nous voici dans un vieux film italien.
❤ le contexte historique de l'Italie de 1943, période incertaine où le pouvoir change de mains. Et plusieurs fois.
❤ La romance entre la jeune et jolie pharmacienne et le commissaire obsédé par son enquête au point de délaisser sa fiancée : mais tout le monde sait que c'est hélas le lot de celles qui tombent amoureuses d'un bon flic.

le contexte :
Été 43, Bologne : les drapeaux rouges ont été ressortis, le fascisme italien est en train de vaciller face aux avancées des Alliés, le pouvoir change de mains.
Et un petit refrain revient au fil des pages : Ce sont des temps difficiles, et tout peut arriver.
Dans les rues, sur les places, les statues de Mussolini sont abattues et décapitées

L'intrigue :
Mais il n'y a pas que la tête du Duce qui roule : lors d'une perquisition nocturne, le commissaire De Luca trébuche sur un corps sans tête.

Plus tard, De Luca trouvera bien une tête non loin de là ... mais ce ne sera pas la bonne et le voici avec un corps sans tête et une tête sans corps.
Marché noir, drogue, trafics en temps de guerre, alertes aux bombardements, corruption des milices fascistes, revanche des rouges, ... ce sont des temps difficiles pour mener une enquête criminelle tout en naviguant entre les différentes factions, surtout si on s'attaque à de gros poissons.
Pour celles et ceux qui aiment l'Italie.
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Bologne, juillet à septembre 1943. Les unes du quotidien Il Resto del Carlino débutent chaque chapitre et situent bien ainsi les temps troublés et les événements qui se succèdent : débarquement en Sicile, chute de Mussolini, bombardements sur Bologne... Pourtant, étrangement, le commissaire De Luca reste assez imperméable à tout ce qui ressemble à de la politique et se concentre sur l'affaire d'un corps sans tête retrouvé dans une maison lors d'une perquisition. Sa ténacité lui permet d'avancer dans ses investigations, même contre l'avis de son supérieur, mais toujours pas de tête ! Et lorsqu'enfin, il en trouve une, elle ne correspond pas au corps.
J'avais déjà lu un roman de Carlo Lucarelli, de la série qui se passait au XIXème siècle en Erythrée, je découvre ce nouvel enquêteur avec le deuxième roman de la série, mais qui revient sur ses débuts. le contexte historique et les personnages sont intéressants, je me suis peut-être un peu désintéressée de l'enquête à un certain moment, puisque deux semaines après avoir terminé, je ne me souviens plus de la résolution. Mais bon, c'est un polar solide et bien écrit, rien à redire.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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critiques presse (5)
Culturebox
26 juin 2023
arlo Lucarelli regarde la société italienne de l’époque au fond des yeux, et tend un miroir à l'actuelle. Toute ressemblance avec le présent n'est pas forcément fortuite. Indispensable.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Culturebox
17 avril 2023
L'œuvre de Carlo Lucarelli résonne comme un écho avec la montée des extrêmes en Europe, notamment en Italie. "Péché mortel", un thriller documenté et lancinant, est un miroir que tend le passé au présent.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeMonde
17 avril 2023
Chaque étape de cette enquête captivante révèle un pan de l’Italie de la fin de la guerre, un pays qui ressemble à un cadavre sans tête.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeSoir
14 avril 2023
Carlo Lucarelli livre un polar d’autant plus passionnant qu’il se déroule en 1943, dans une Italie du Nord entre fascisme en déroute puis renaissant.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeFigaro
02 mars 2023
Enquête sur un homme sans tête dans le chaos du fascisme pourrissant.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
S’il n’avait pas trébuché, il serait mort, car le projectile brisa la vitre avec le bruit sec d’une toux et lui passa sur la nuque, de biais, lui laissant sur la peau une empreinte brillante et rouge comme une brûlure.
De Luca s’abattit au sol sans même avoir le temps de mettre les mains en avant et il enfonça son visage dans un ballot gonflé dont la mollesse, plutôt qu’à un sac, faisait penser à un oreiller.
Ce n’était pas la bonne maison. Il s’était perdu dans le noir de cette nuit sans lune de fin juillet, plus attentif à ne pas se retrouver dans le canal qu’à distinguer les silhouettes obscures des maisons de paysan de cette partie des faubourgs déjà presque campagne. Le black-out, et plus encore le bombardement même lointain de la matinée, avaient éteint les rares lampadaires et, quand De Luca était arrivé devant ce mur sombre et droit, il avait simplement suivi le plan de Rassetto, qui prévoyait pour lui une entrée par l’arrière, tandis que les autres surgissaient à l’avant.
La porte n’était pas fermée, ce qui aurait dû lui faire comprendre tout de suite que ce n’était pas la maison de Borsaro, mais la partie militaire des opérations n’avait jamais été son fort, il était toujours trop tendu. Alors il avait quand même avancé et, comme au-delà de la porte, il y avait un escalier, il l’avait grimpé à quatre pattes, comme un chat, car la pile de sa lampe de poche l’avait lâché depuis un moment et on ne voyait vraiment rien.
Quand il était arrivé en haut de l’escalier, distrait par un bourdonnement de mouches qui bouillonnait dans la chaleur suffocante, il n’avait pas eu le temps de s’habituer à l’obscurité que quelque chose, à ses pieds, l’avait fait trébucher.

(INCIPIT)
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– Le Christ des chiens, répéta le Gros, doucement, effrayé par le regard interrogateur de De Luca, c’est une fresque de la Chartreuse. Au Cimetière monumental de Bologne, ajouta-t-il, parce que le commissaire continuait de le fixer.
– Je sais où est la Chartreuse, dit De Luca avec brusquerie. C’est quoi, cette fresque ?
– Elle est dans le troisième cloître, dans le tombeau d’une famille de riches. Elle doit être du milieu du XIXe siècle, même si elle est très abîmée.
– Je te voyais pas comme quelqu’un qui fréquente les cimetières, observa Giovannino, et Maria pouffa.
– De fait, je les fréquente pas. C’est ma thèse aux Beaux-Arts : “L’allégorie religieuse dans l’art funéraire monumental.” Et de fait les chiens qui aboient représentent le péché et les tentations, en un mot le diable, alors que le Christ bénissant…
– Bravo au candidat, très honorable, avec félicitations du jury !
De Luca agita une main.
– Où se trouve cette tombe ?
– Dans le troisième cloître, au fond, vers le Sanctuaire des martyrs fascistes. Famille Venturoli, Venturini… quelque chose avec un V.
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– Mussolini est tombé, dit l’agent.
– Il s’est fait mal ? demanda De Luca.
Les policiers échangèrent des regards perplexes avant de se mettre à rire.
– Mais non ! Le gouvernement est tombé.
Cette fois, ce fut De Luca qui leur lança un coup d’œil interloqué.
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- Voilà, c'est ça. Il y a la guerre, il y a les bombes, les morts au front, les morts à la maison, des morts partout, deux de plus, deux de moins, quelle différence ça fait?
- D'abord, ils sont quatre …
- Oui d'accord et ceux du dernier bombardement, plus de cent soixante, et peut-être autant en Russie ou en Sicile, ou plus encore. Quel sens ça a de donner la chasse aux assassins dans un monde d'assassins? (P.160)
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Tout laisser tomber et s'en aller.
Avec elle.
Laisser tomber son enquête, dont personne n'avait rien à faire, laisser tomber les morts, qui intéressaient encore moins (…)
Fuir ce monde maudit, fuir le lieutenant de la Gestapo qui l'appelait "kolègue", et sauver sa peau.
S'en aller.
Avec elle.
Il y songea sérieusement, mais pendant une minute. (P.222)
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