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EAN : 9782752605672
205 pages
L'Aube (05/03/2009)
3.79/5   33 notes
Résumé :
"Algérie 1830-1962 : pendant 132 ans, madame Lafrance s'est installée sur "ses" terres pour y dispenser ses lumières et y répandre la civilisation, au nom du droit et du devoir des "races supérieures". Face à elle, l'enfant, sentinelle de la mémoire, va traverser le siècle, témoin à la fois innocent et lucide." Maïssa Bey. "Sur une tragédie que Maïssa Bey transcende magnifiquement dans une prose lumineuse, tendue, sensible, ironique, déchirante. Un souffle poétique ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Avec ce roman dont le titre est emprunté au beau poème de
Paul Eluard ,"liberté" dont je transcris un extrait :
"...Sur mes cahiers d 'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J 'écris ton nom
Sur les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J 'écris ton nom... "
De la date du 14 juin 1830 : début de la colonisation de
l 'Algérie jusqu 'au 05 juillet ,l 'Indépendance de pays. .Durée
de la colonisation :132 ans .Durant cette période ,la France
ou madame LaFrance , une des puissances de l 'époque est venue s 'installer dans le pays en supposant le civiliser car arriéré .La réalité est tout à fait autre et les Algériens n 'ont connu que les massacres , les enfumades , les expropriations ,l 'injustice sous toutes formes etc...
Tout ça et plus sont exprimés par Maissa Bey dans son très beau roman qui est la fois prose et poésie .
Un roman fort , puissant du fait du sujet et des thèmes
qu ' il évoque .
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Première rencontre avec Maïssa Bey avec ce court roman, et je dois admettre que je suis sous le charme. Pierre Sang Papier Ou Cendre parvient en quelques pages a embrasser 130 ans de colonisation française en Algérie, d'une manière assez brute.

Par la voix d'anonymes principalement, des enfants bien souvent, et de quelques hauts personnages, l'autrice nous dépeint la sordide réalité de cette occupation, passant d'un événement historique d'importance à un autre.
"Qui peut regarder la guerre dans les yeux d'un enfant?" écrit-elle. A travers des petits instants de vie, Bey nous détaille sans fard la conquête, les humiliations, les exactions des uns et des autres, les guerres... La plume est élégante et le style est empreint de poésie. Il faut bien cela pour adoucir le récit glaçant et les émotions omniprésentes dans ce roman.

Un sujet dont on parle encore 60 ans après l'indépendance, une plaie qui se réouvre régulièrement car elle n'a jamais réellement cicatrisée. Bey nous permet d'imaginer le quotidien de tous ces gens qui ne sont rien aux yeux de l'Histoire, mais qui ont pourtant été aux premières loges... et 130 ans c'est long, très long. Probablement trop pour que le mal soit un jour pardonné.
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Dans ce roman, l'écrivaine algérienne compose une fresque symbolique de la colonisation et des tourments innombrables infligés au peuple algérien. Une fresque rédigée dans une langue superbe et au regard assez personnel. Trop personnel ?
Petit avertissement : fatigués du couple Algérie-France et de ses jérémiades, passez votre chemin.
“Pierre sang… ” n'est certes pas un livre d'histoire ni même un roman historique, et le propos de l'auteur n'est pas de se substituer aux chercheurs, loin de là. Mais ce sont bien 132 ans de colonisation qui défilent sous sa plume alerte et son écriture lumineuse, de la conquête effroyable à l'indépendance arrachée, de la baie de Sidi Fredj au port d'Oran, de la flotte de 1830 “telle une muraille” au ballet des paquebots pris d'assaut par les “rapatriés”. Un panorama, en 23 chapitres, qui sont autant de “tableaux” — prélude sans doute à une adaptation théâtrale —, scandant les grandes dates, mais aussi les lieux réels ou imaginaires de cette forme si particulière de colonisation qu'a connue l'Algérie.
Marianne et l'enfant
Deux personnages symboliques et rémanents assument la continuité historique : Madame Lafrance et l'enfant. Si le rôle de la première, allégorique est évident, le second est tout autant enfermé dans son costume de “rêve qui souffre”, de “sentinelle de la mémoire”. Une sentinelle qui se souvient des jours funestes : 1830, sur un piton surplombant la baie du wali Sidi Fredj, exproprié en Sidi Ferruch, contemplant l'armada qui bouche l'horizon. 1845, caché dans une anfractuosité de la roche, pendant que ses familles subissent l'horrible enfumade. 1871, quand avec les hommes de son village qui ont nourri les hommes d'El-Mokrani, il doit donner, tout donner aux conquérants, la terre, les biens, les bêtes et l'honneur, et emprunter le chemin de l'exil intérieur. Mais Madame Lafrance veut régner pour toujours sur cette terre qui résiste.
La conquête n'est donc pas complète tant que les esprits ne sont pas vaincus. Outre la ferme du colon, le village où désormais règne Si Laloi, Maïssa Bey s'aventure donc aussi dans les lieux de fabrication de la morale, école et bordel, où exercent maîtresse et moukère, complices en acculturation.
Madame Lafrance, elle, exulte, en cette année 1931, à Paris où elle dévoile au monde entier l'étendue de sa puissance. Son exposition coloniale restera dans la mémoire du siècle, avant que l'élan contraire de l'histoire ne vienne la terrasser à Réthondes, à peine neuf ans plus tard. En 1945, le 8 mai, le massacre de Sétif et Guelma vient répondre à ceux qui avaient cru que la solidarité entre les enfants de Madame Lafrance et l'Arabe se nouerait sous le feu nazi. Suivent le napalm et les rafles dans
La Casbah, Melouza et les porteurs de valises, les “combattants de la vérité”, auxquels Maïssa Bey rend un vibrant hommage. L'autre illusion de Mai 1958 et les camps de regroupement, l'OAS et la furie de 1962. Entretemps, Madame Lafrance s'est déchirée, l'enfant a grandi. D'Abdelkader à Kateb
Dans cette succession de tableaux, on aura croisé aussi tous les personnages qui ont marqué l'histoire, d'Abdelkader à Audin, en passant par Bugeaud, Tocqueville ou le Général de la Bollardière, mais aussi l'imaginaire de Maïssa Bey, Hugo, Baudelaire, Apollinaire, ou Eluard dont le poème liberté donne son titre au livre. Et Kateb Yacine et Albert Camus.
Le propos de Maïssa Bey est d'ailleurs contenu tout entier dans une scène qui lui tient visiblement à coeur. Une rencontre rêvée sur une plage que l'on suppose être celle d'El-Beldj, près de Tipasa, entre ces deux figures tutélaires de la littérature algérienne.
Qu'aurait-on pu attendre d'une telle rencontre ? Rien. Maïssa Bey tranche et, à la manière de la scène du meurtre de l'Étranger, consacre l'impossible dialogue entre les deux hommes. Peut être est-ce là le drame d'une certaine littérature algérienne d'expression française : d'être l'enfant de deux êtres bons et généreux mais irrémédiablement séparés par l'histoire et la colonisation. Fille du divorce, née sous la barrière, cette génération bientôt perdue n'en finit pas de rêver d'un hier de justice.
Et captive du regard de l'autre, s'investissant totalement et exclusivement dans ce couple-là, Maïssa Bey n'évite pas toujours le piège du faux semblant. Et ses tableaux, si souvent peints avant elle, par tant de personnes différentes, de tourner parfois aux clichés. Un manque de discernement qu'elle reproche aux Français…
Dans ce billard historico-identitaire à trois bandes – je, tu, nous –, où le reproche se mêle inextricablement à l'admiration, on se sent parfois de trop. Comme devant une dispute trop personnelle.

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La première et la dernière images de ce livre se ressemblent étrangement: Dans les deux cas, un enfant est debout face à la mer et regarde la rade d'Alger se peupler de navires.
Nous sommes d'abord en juin 1830 et, sous les yeux étonnés d'un petit garçon, des troupes étrangères débarquent sur les côtes de son pays. Puis, 132 ans plus tard, sous les yeux d'une autre enfant tout aussi circonspects, des bateaux navigant sous le même pavillon viennent chercher leurs ressortissants qui vont quitter le pays où ils sont nés mais où ils ne sont plus tolérés. Car "Madame Lafrance", ainsi nommée ironiquement par l'auteure, n'y a jamais été la bienvenue.
L'histoire de ces 132 années, décrite à travers le regard d'un enfant ,devenu au fil du temps la "sentinelle de la mémoire" d'un peuple, est un réquisitoire sans concession contre la mainmise d'une terre par une puissance étrangère dans ce qu'elle a de plus condescendant et de violent à l'égard des populations locales.
Mais, c'est aussi un enfant qui est le héros de ce livre, et Maïssa Bey raconte une histoire, toujours d'une brûlante actualité, celle de l'innocence bafouée; un enfant est confiant car il ne sait pas, mais il apprend vite et peu à peu il comprend tout au risque de perdre ce qu'il a de plus beau, sa candeur et sa spontanéité.
Cette narration, cadencée au rythme de paragraphes courts et de phrases "coup de poing", est servie par une écriture colorée, d'une âpre beauté.
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Quant à son roman historique" Pierre Sang Papier ou Cendre "(Barzakh-153p), il tisse quelques phases essentielles de l'histoire d'Algérie colonisée. Maïssa Bey commence alors par le débarquement de Madame Lafrance et ses hommes sur la plage de Sidi- Ferruch en 1830 et termine par leur sortie, tout en passant par les razzias, les dépossessions, l'exploitation des terres algériennes, la célébration du centenaire de la colonisation, la répression de la politique française, la guerre de libération, et par tant d'autres phases historiques qui demeurent gravées à vie dans la mémoire algérienne. En plus, on décrit dans ce chef-d'oeuvre les multiples procédés utilisés par Madame Lafrance pour soumettre l'Algérie, et parallèlement la vie dans un village gagné par la misère et le mépris.
le personnage algérien « l'enfant »-‘'sentinelle de la mémoire ‘'– est un des habitants de ce village, ayant fréquenté en parallèle l'école coloniale et l'école coranique, et qui voie absolument ce que fait Madame Lafrance dans la terre d'Algérie qu'elle croit la sienne.
Bref, dans ce nouveau roman, Maïssa Bey évoque certaines personnalités réelles tantôt historiques tels que l'Emir Abdelkader, Bugeaud, De Gaulle, et tantôt littéraires tels que l'auteur de « l'Etranger » Albert Camus, et Louis Bertrand.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Ce serait, inattendu en ce jour de guerre, le sourire d'une petite fille. Un sourire confiant, parce qu'elle ne sait pas. parce qu'elle serre très fort la main de l'espoir, parce que, pour l'enfance, la vie se réinvente chaque matin, même si le feu et la fumée dérobent le ciel à son regard.
Instant pétrifié dans un été dévasté.

Ce serait, insoutenable, le regard d'un père debout sur un chemin de pierre, portant dans ses bras une petite fille. Sa fille. Elle a huit ou neuf ans. Mais qui d'autre que lui pourrait le dire? Image arrêtée. Rouge et blanc. Car ce matin, elle avait mis sa robe blanche.
La petite fille ne sourira plus.
Elle n'entend pas le chant de l'été.
Elle ne verra plus la mer, toute proche.

Qui peut regarder la guerre dans les yeux d'un enfant?
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Sûre d'elle, impavide, elle avance sur des terres brûlées, sur des chemins jonchés de corps suppliciés, de cadavres mutilés.
Elle ne les voit pas.
Elle ne voit pas les larmes des mères et les mains tendues des enfants.
Elle avance, impérieuse et impériale. Laissant derrière elle des nuages de cendre et de poussière, des odeurs de poudre et de fumée.
Elle est la liberté guidant le peuple.
Elle est la mère des arts, des armes et des lois.
(...)
Et sur cette terre sauvage, elle vient, généreuse, souveraine, dispenser ses lumières.
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Qui sait pourquoi les voix multiples des hommes les plus lucides sont toujours celles qui ont le plus de mal à déchirer l'opacité des silences ?

Qui sait pourquoi les cris qui montent dans l'obscurité des caves n'éclaboussent pas de sang les aubes, flétries avant même que ne se dessinent les contours des jours ?

Quand l'écho de ces cris frappe aux portes de l'histoire, qui sait pourquoi seuls l'entendent et le répercutent ceux qui refusent de sacrifier la vérité sur l'autel de l'obéissance aveugle ?
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Ce serait un petit matin blafard soudain transpercé d'une vive lueur.
Ce serait un oiseau blanc affolé dans un ciel hachuré d'éclairs.
Ce serait une langue de feu déversée par des oiseaux d'acier.
Personne ne sait encore nommer cette vague d'incandescence soudain répandue.
Ce seraient des hommes, des femmes, des enfants éperdus, fuyant la vague brûlante et mortelle.
Ce seraient, incessantes, terrifiantes, des déflagrations au cœur de ténèbres indues.
Des lambeaux de soleil s'accrochent et s'incrustent sous les yeux, dans la peau, dans la mémoire. A jamais.
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De vos bienfaits je n 'aurai nulle envie ,,
tant que je trouverai , vivant ma libre vie ,
aux fontaines de l 'eau ,
dans mes champs le grand air .
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Videos de Maïssa Bey (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maïssa Bey
Second extrait de la rencontre avec Maïssa Bey du 18 octobre à la librairie Petite Égypte.
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