AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782848197388
154 pages
Créer (30/03/2022)
4.75/5   4 notes
Résumé :
J’avoue, jusqu’à ce que je lise SOFONISBA, le dernier roman d’Anne Comtour, je n’avais jamais entendu parler de Sofonisba Anguissola.
Et je me désolais qu’il y ait eu si peu de femmes peintres.
Et voilà qu’au sortir de cette lecture, je découvre cette artiste, cette peintresse, jaillie de la Renaissance.
En une centaine de pages, légères, précises, enlevées… Anne C. nous entraîne dans un tourbillon de joie. On suit Sofonisba dans ses apprentissa... >Voir plus
Que lire après SofonisbaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Reçu le 23 septembre 2022

***très sympathique coup de coeur...!

Double et même triple découverte dans un même temps: l'éditeur, CRÉER, puis l'auteure, à travers cette biographie romancée d'une célèbre artiste de la Renaissance dont je faisais vraiment connaissance pour la première fois ( certains tableaux , les revoyant, font écho ; toutefois, je n'avais pas mémorisé le patronyme de l'artiste !)

Très célèbre artiste à son époque, avec une longue carrière des plus brillantes , tombée depuis , dans un certain oubli...!

Je débute ce " billet" par un extrait de la préfacière, Elise Fontenaille, , qui plante parfaitement le décor !

"Formée par Michel-Ange à Rome- excusez du peu.On la suit à la cour d'Espagne: peintre officielle de la cour à 27 ans !
J'avoue une faiblesse pour ses joueuses d'échecs, d'une grande fraîcheur : ses soeurs sous un arbre, par un matin d'été ( 1555) et aussi pour l'étonnant portrait de Marguerite de Savoie avec un nain...
J'ai été touchée par la rencontre de Sofonisba et d'Artémisia Gentileschi, l'une âgée, l'autre très jeune, et se peignant l'une l'autre...D ' ailleurs, elle encouragea les filles à peindre, et créa une école destinée aux femmes peintres. Quel beau personnage !"

Récit très vivant, ponctué de nombreux dialogues, restituant la vie, les talents de Sofonisba Anguissola, les contraintes et interdictions multiples qui touchaient et freinaient les artistes-femmes.Cependant Sofonisba a la chance extrême et rare de naître dans une famille exceptionnelle, aimante et large d'esprit, dont un père, fier de Sofonisba et de ses soeurs, les poussant au maximum, dans leurs dispositions artistiques....

En sus des descriptifs de ses oeuvres, on accompagne cette " peintre officielle" dans son existence mondaine et dans ses rapports avec les puissants de ce monde, dont on lui commande les portraits !

Un fort caractère que cette Sofonisba, qui sait ce qu'elle veut, et ne souhaite aucunement les parcours figés et réducteurs que l'on réserve aux
femmes, à l'époque..!

J'ai beaucoup apprécié la plume vive, fluide d'Anne Comtour, ainsi qu'une certaine malice, ironie envers les codes sociaux et les préjugés envers les femles-artistes...

Un des aspects qui a également et vivement retenu mon attention ce sont les détails et informations soulignées sur les codes et règles de l'époque quant aux sujets artistiques acceptés ou dénigrés, exclus , entres autres pour les femmes...Anne Comtour nous rappelle que " peindre la nature" n'était pas du tout dans l'air du temps...et " peindre en extérieur ", était encore moins envisageable...!!

"-Oui... Malgré mon amour pour l'art, les oeuvres humaines, j'ai toujours été émue par la nature.Et je crois que j'ai bien su la dessiner.Peut-être dans les siècles à venir sera- t-elle un sujet à part entière. Paisible ou dans ses manifestations les plus grandioses : sommets, glaciers, forêts, Cascades...mer démontée, orages..Crépuscules enflammés...peints par des femmes ! On verra peut-être même des " pittrice" avec leurs chevalets dans des champs de coquelicots ! Ce sera pour moi, dans une vie future..."

Je remercie abondamment les éditions CRÉER pour cette belle découverte...sans oublier Babelio, dans ce
partenariat !

Envie de retrouver très vite la plume alerte d'Anne Comtour, avec un autre de ses textes sur, cette fois, une artiste contemporaine, " Gallou, brodeuse de fer "; livre qui me fait sacrément de l'oeil !!!

*** pour en savoir plus sur Sofonisba :
https://www.rivagedeboheme.fr/pages/arts/peinture-15-16e-siecles/sofonisba-anguissola.html
Commenter  J’apprécie          370

On suit le destin extraordinaire de Sofonisba Anguissola, depuis son enfance à Crémone dans une famille qui a l'esprit ouvert : le père Amilcare a promis que ses enfants pourraient faire éclater leurs dons qu'ils soient filles ou garçons ce qui était rarissime à l'époque et par la même occasion il va leur donne des prénoms carthaginois. Elle est née entre 1532 et 1538, et s'éteindra en 1625, longévité rare à l'époque où régnait notamment la peste…

Elle et sa soeur vont avoir pour maître Bernardino Campi, toutes les deux sont douées mais Elena va choisir la voie mystique en entrant au couvent. Puis, Gatti et à Rome Michel-Ange. Alors surgit une offre qui va changer le cours de son existence : elle est appelée à la cour d'Espagne par Philippe II, fils de Charles Quint qui va devenir son protecteur.

En tant que femme il faut lui trouver un titre car Maître de Peinture est réservé aux hommes. Elle devient alors demoiselle d'honneur de la Reine (Maîtresse de Peinture ne sonne pas bien aux oreilles) elle fera les portraits des hauts personnages de la Cour. Elisabeth de Valois, qui va devenir Isabel, est âgée de quatorze ans quand elle arrive à Madrid.

Sofonisba est cultivée, parle espagnol, français, elle est musicienne et le roi décide de lui accorder une rente qu'il ne remettra jamais en question. Dans un premier temps c'est Amilcare qui la perçoit, plus tard ce sera elle-même.

Sofonisba va devenir très proche de la Reine, des enfants, les infantes Isabelle Clara Eugenia et Catalina Micaela (elle les peindra à diverses périodes de leurs vies, notamment à un âge avancé (« Les Infantas » (il en sera de même pour les autres épouses qui suivront) mais la Cour d'Espagne est austère, tous les nobles sont, de noir, vêtus, on est loin des couleurs chatoyantes de Cremone ou de Rome.

Elle ne va pas renoncer à une vie de femme pour autant, le Roi lui trouvera un époux. Elle finit par épouser Fabrizio de Moncada de Paterno, dont la famille vit à Gênes, mais chut ! je vous laisse découvrir…

On traverse aussi l'histoire de l'Espagne, au XVIe siècle, (mais aussi de l'Europe et du monde) à cette époque où la Reconquista n'est pas encore très loin, la défiance vis-à-vis des Moriscos, les Moresques, les croisades, et l'importance du rôle de la religion. A travers l'histoire de Sofonisba, on visite la mode, les spectacles, la musique, les arts, en général, la Renaissance etc.

J'ai choisi ce livre car ce prénom, Sofonisba, a immédiatement attiré mon attention par son originalité, et la peinture m'intéresse même si je suis loin d'être une spécialiste. Je n'avais jamais entendu parler d'elle et sa personnalité, son histoire, son talent m'ont fascinée.

Anne Comtour la rend très vivante, opiniâtre parfois, habitée par son art : elle a fait beaucoup de portraits et d'autoportraits, alors qu'elle aurait aimé tenter les paysages, les natures mortes mais ce n'était pas à la mode alors. Elle va sombrer dans les oubliettes dans les siècles qui vont suivre, des hommes vont s'approprier son travail, notamment Alonso Sanchez Coello (peintre officiel de la Cour) et elle sera reconnue beaucoup plus tard.

J'ai retenu, entre autres, deux moments émouvants : lorsqu'elle rencontre, sur le tard, Artemisia âgée de 25 ans à peine ; ou sa rencontre avec van Dick, un an avant sa mort, venu voir de près l'oeuvre de celle dont on lui a parlé de manière élogieuse.

J'ai eu un gros coup de coeur pour Sofonisba et pour ce livre qui lui rend un si bel hommage. Je ne la connaissais pas, comme je l'ai dit précédemment, mais depuis cette lecture (en fait j'ai lu et relu ce livre !, j'ai fait durer le plaisir, je n'avais pas envie de quitter cette belle artiste) je consulte tous les sites internet à la recherche de ses tableaux…

Un détail, au passage, j'ai failli m'étrangler en lisant la préface : « Peintresse » quelle horreur !

Un grand merci à Babelio et aux éditions CREER qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteure que je ne connaissais que de nom…


Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          290
Vous ne la connaissez pas ? Sofonisba, artiste peintre de la Renaissance, oubliée parce que femme, mais pittrice de génie, portraitiste favorite à la cour d'Espagne, voyez vous même :
Taper sur votre tel/ordi "Le jeu d'échecs" de Sofonisba Anguissola et admirez le visage de la petite fille du milieu, elle s'appelle Europa et elle est vivante, riante, pétillante, bien plus incarnée qu'elle ne le sera jamais sur une photo.

Sofonisba, si moderne dans un temps où la condition femmes ne permettait aux femmes peintres que les portraits, à la mode du maniérisme par défaut puisqu'il leur était interdit de peindre des nus ou des cadavres, même pour l'exactitude de l'anatomie, alors il fallait bien se rabattre sur les modèles autour de soi, sa famille ou bien soi-même, "modèle toujours disponible" !
L'écriture d'Anne Comtour est si douce qu'elle arrive, en quelques lignes bien dessinées, à nous intégrer dans ce siècle de peste et de morts prématurés comme si nous y étions nés et que nous lisions les aventures de la belle et longue vie de Sofonisba, entre enfance joueuse et talentueuse, famille heureuse, parents précurseurs, destinée à la cour des reines si fragiles et des bons rois, chagrins immenses et talents de retranscription sur toile.
Un très grand merci enjoué aux éditions Créer pour ce livre qui ouvre des perspectives infinies Car on veut tout savoir et tout voir de Sofonisba après cette lecture.

Commenter  J’apprécie          100

Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Fanfreluches et diplomatie

Mes chers parents ,
(...)

Tiens, l'on me demande souvent quelle langue nous échangeons, la reine Isabel et moi. Curieusement, j'hésite souvent sur la réponse, je dis : " en musique" !
Bon, nous sommes bons mimes, et toutes les deux férues de langues étrangères. Nous favorisons le castillan, mais profitons l'une de l'autre pour perfectionner nos idiomes respectifs. Isabelle parle bien italien, c'est la langue de sa mère, Catherine de Médicis. Nous évitons l'anglais : j'aimerais bien le pratiquer, mais c'est la langue de feue la précédente épouse du roi Philippe, Marie Tudor, et je suis pas sûre qu'elle lui rappelle de bons souvenirs. En tous cas, nul besoin d'interprète.
( p.57)
Commenter  J’apprécie          160
Nonnes et minium

(...)
Avant l'invention de l'imprimerie, les moines recopient les livres sacrées.Pour glorifier la parole divine et rendre sa lecture plus attrayante, ou par amour désintéressé de la beauté, ils l'"enluminaient", c'est-à-dire la paraient de lumière. Scènes bibliques illustrées, personnages, paysages, et les fameuses lettrines, ces lettres ornementées de début de pages ou de paragraphes. Leur rouge-orangé, particulièrement lumineux, était obtenu par le " minium", pigment à base d'oxyde de plomb.C'est ainsi que ces peintures furent nommées " miniatures".Les livres étant en général plus petits que les tableaux, l'appellation " miniature " se transmit à tout décor ou portrait de format réduit.
Commenter  J’apprécie          132
Préface d'Élise Fontenaille

Formée par Michel-Ange à Rome- excusez du peu.On la suit à la cour d'Espagne: peintre officielle de la cour à 27 ans !
J'avoue une faiblesse pour ses joueuses d'échecs, d'une grande fraîcheur : ses sœurs sous un arbre, par un matin d'été ( 1555) et aussi pour l'étonnant portrait de Marguerite de Savoie avec un nain...
J'ai été touchée par la rencontre de Sofonisba et d'Artémisia Gentileschi, l'une âgée, l'autre très jeune, et se peignant l'une l'autre...D ' ailleurs, elle encouragea les filles à peindre, et créa une école destinée aux femmes peintres. Quel beau personnage !
Commenter  J’apprécie          130
— L’écrevisse ! Ce dessin suinte l’écrevisse ! Et les larmes !
Paolo palpite : la douleur du bambin lui saute à la face. Grimaçant sous ses bouclettes, bouffi par les cris, ses pauvres doigts contractés… Une petite fille le tient par l’épaule, lui sourit, mais c’est elle, la perfide, qui lui a tendu le panier aux écrevisses. Ah, elle peut le réconforter, maintenant !
— Saisissant ! Tu devrais l’envoyer à Michel-Ange Buonarroti. On dit qu’il conseille et encourage les jeunes artistes. C’est de ton fils ?
— Non, de Sofonisba !
Amilcare Anguissola est fier : ses enfants ont du talent. « Garçons ou filles, tous cultiveront leurs dons » a-t-il décidé. « Et ils auront des prénoms carthaginois ! »
Bianca l’approuve pour l’éducation mais rechigne pour le prénom : la mode est plutôt à la mythologie gréco-romaine, aux saints évangélistes ou aux martyrs chrétiens.
— Tradition de ma famille ! maintient Amilcare.
Bianca prie neuf mois pour que l’enfant soit un mâle : un bel Annibale, passe encore ! Fils d’Amilcare, lui-même fils d’Amilcare et petit-fils d’Annibale. Mais le nourrisson rouge et fripé, à la toison déjà épaisse, d’un blond roux chaleureux, est manifestement une fille.
— Sophonisba, prononce le père ému mais autoritaire (il a quarante ans, veuf sans enfant, la tradition ne peut plus attendre) était une prestigieuse reine de Carthage. Fort éduquée en lettres et arts, elle charmait par sa voix, sa beauté, son intelligence. Des rois se sont battus pour elle !
— Bien, dit Bianca, convaincue, acceptons le présage, guerres mises à part. Mais à l’avenir, les prénoms carthaginois, réservons-les aux garçons !
Commenter  J’apprécie          30
Escale à Naples

Artemisia approuve.Abusée à dix- huit ans par son maître, un ami de son père, elle a eu le culot de le dénoncer. La force de subir un procès, torture incluse **, l'humiliation de " fournir les preuves " demandées par la cour de justice.
Verdict : Agostino Tassi est reconnu coupable. Sentence : un an de prison et bannissement. Sentence appliquée ? Pas sûr. Mais bel exemple d'une victime qui a su ne pas se taire.Toute sa vie sera une proclamation de la dignité et de la grandeur des femmes.

***- Les sibili: on fait passer une corde autour des doigts du supplicié et on serre très fort.

( p.111)
Commenter  J’apprécie          90

autres livres classés : roman historiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (11) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3211 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}