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Bernard Mouralis (Autre)
EAN : 9782360136995
156 pages
Riveneuve éditions (19/10/2023)
3.12/5   4 notes
Résumé :
Fils d'un Senghor ou d'un Césaire, père d'un Sony Labou Tansi, Tchicaya U Tam'Si résume à lui seul les embouchures de la littérature africaine, celles qui la font se jeter dans la littérature universelle... ou celles qui la font s'échouer sur les rivages d'un océan assassiné, l'océan d'un Lumumba, l'océan d'une parole maudite, comme celle des grands poètes qui ont osé élever la voix...L'auteur retrace ici avec passion la vie et l'oeuvre lumineuse de celui qui a trav... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
De très vifs remerciements à Masse Critique –Littérature / Babelio ainsi qu'aux éditions Riveneuve, qui m'ont communiqué cet essai biographique sur le poète congolais Tchicaya U Tam'Si, dont je découvrais le nom pour la toute première fois…

Ce poète congolais, dont la vie ne fut surtout pas un long fleuve tranquille, nous offre une oeuvre très riche et protéiforme ; cet écrivain , originellement « poète » s'essaiera à tous les genres !
… Une enfance solitaire, avec les moqueries et les humiliations, à cause de « sa différence » : il avait un « pied-bot »…, sans parler des remous et des drames de son pays, déchiré , abîmé par le colonisation et les bouleversements politiques…

Un parcours de rébellion et d'engagement pour son pays, à travers ce
« véhicule essentiel » qu'est pour lui la poésie et l'Ecriture, en général.il fut aussi journaliste.

Son biographe, spécialiste de l'oeuvre de cet artiste, détaille, remet dans son contexte, explique magistralement chaque écrit : qu'il soit de la poésie, du théâtre, des récits, ou des romans. Parallèlement, il nous présente ses liens, ses admirations, ses réticences envers les autres écrivains de son continent, que cela soit avec Léopold Senghor ou Aimé Césaire. C'est ainsi que nous apprenons avec stupéfaction les avis partagés et les oppositions lorsque L. Senghor est nommé à L Académie Française

« Souvent en retrait dans la cour de récréation, il s'enfonce dans la solitude.
" Être interdit d'enfance, interdit de jeux d'enfance, dira-t-il plus tard, m'a poursuivi longtemps. Je ne pouvais participer à aucun jeu. (...)j'étais rejeté par les autres parce que je ne pouvais pas courir. Alors, la mauvaise saison aidant et ayant un pied qui était presque un baromètre, j'étais handicapé, je restais dans mon coin. Quand on est seul, ou on est fou ou on est poète...Alors je suis devenu poète ." Non seulement il le devient, mais mieux: les camarades, par dérision ou par méchanceté, le surnomment " le poète ".Il joue le jeu: oui, il est poète. »

Je vais tenter de transcrire les principales balises de son parcours et des évènements , l'ayant construit….

1931 : Naissance ; entre une mère, princesse de son clan, un père, Jean-Félix Tchicaya, « écrivain » dans l'administration coloniale, puis instituteur, ensuite s'engageant en politique…, un oncle guérisseur, un autre rétameur….
1943 : le 1er élève en Afrique équatoriale à intégrer une école européenne
1945 : 1éres élections au Congo. Les Territoires d'Outremer obtiennent des députés à l'Assemblée. Son père est élu député du Gabon-Moyen-Congo
1946 -1950 : Venue en France. Etudes à Orléans et à Paris
1955 : Publie son 1er recueil de poésie « le Mauvais sang »
1956 : « Ma poésie est comme le fleuve Congo, qui charrie autant de cadavres que de jacinthes d'eau ». « Se grise de mots…. Pour éviter de se couper la gorge »
1960 : Pigiste à OCORA (*Radio-France)
23 juin 1960 : 1er gouvernement congolais, présidé par Patrice Lumumba
30 juin 1960 : Indépendance de la République congolaise
5 juillet 1960 : rupture entre le Congo et la Belgique
****Rencontre de Patrice LUMUMBA, « L'Homme le plus fascinant après mon père »
6 janvier 1961 : patrice Lumumba est assassiné
17 janvier 1961 : Mort de son père
Années 60-70-80 : Devient « Fonctionnaire international ». Continue d'écrire et de publier. ETC.

Ouvrage fourmillant de renseignements et d'informations indispensables pour comprendre la complexité du parcours humain et littéraire de Tchicaya U Tam'Si….
« "Epitomé" inspiré par la disparition de Patrice Lumumba, fait voler en éclats cette sérénité retrouvée. "Epitomée" est un recueil de la révolte, dans lequel Tchicaya U tam'si privatise le deuil de tout un continent. Dans "A Triche coeur", le poète se confondait avec le pays natal; ici il s'assimile à Lumumba, qui se confond avec le Congo. Et cette identification est double : il est le poète, la voix des sans voix, celle de tous ses compatriotes endeuillés. Il est ensuite, en sa qualité d'ancien journaliste, le messager de Lumumba.
Et ce, d'autant plus, qu'il est intrigué par une coïncidence troublante : son père meurt la même année que Patrice Lumumba, à un jour d'intervalle. Tout est signe pour un poète...
Les intellectuels africains, et ceux de la diaspora, ont vécu la disparition de Lumumba comme un séisme. dans une formule devenue célèbre, Frantz Fanon a dit ne pas "se pardonner" cette mort. Formule qui trahit le sentiment général des intellectuels du monde noir : celui de ne pas avoir su être à la hauteur du combat de Lumumba. dès sa disparition, Aimé Césaire écrit "Une saison au Congo", un tombeau à sa mémoire" (...)

Avec la mort de son père, l'assassinat de Lumumba sera la 2e tragédie de son existence, le marquant à jamais !!!

"Lumumba-rumba et frère du Christ

De même que le christ a osé s'attaquer aux pouvoirs de ce monde, de même Lumumba a défié le roi des Belges, lors de son mémorable discours de 20 juin 1960, vengeant par le verbe l'humiliation de son peuple et, partant, celle de tous les colonisés. C'est cette conscience et cette audace du nationaliste congolais qui ont séduit le poète."

Je renouvelle ma gratitude aux éditions Riveneuve, pour cette publication, m'ayant permis cette belle rencontre poétique et littéraire….lecture qui m'a aussi beaucoup appris sur la Littérature francophone et plus spécialement celle d'Afrique ; je vais me presser de découvrir son roman « Ces Fruits si doux de l'arbre à pain », sélectionné pour le prix Goncourt 1987, sans être retenu finalement.
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Ce livre m'a été envoyé par ma petite fille qui l'avait reçu lors d'une masse critique sans qu'elle l'ait vraiment choisi,son ordi ayant plusieurs fois buggé lors de ses sélections.
Qui est Tchicaya U Tam'si, voilà la première question que je me suis posée.
Je n'avais jamais entendu parler de ce poète congolais, probablement un des plus importants poètes africains selon l'auteur du livre
Il a été un grand admirateur de Lumumba qu'il a rencontré, bien qu'ayant vécu principalement en France.
Sa vie a été illustrée par une série d'échecs sur le plan familial,puis privé mais aussi par manque de reconnaissance de la valeur de son oeuvre.
L'auteur de la biographie nous restitue aussi bien la vie de Tchicaya U Tam'si que l'environnement politique, décolonisation, assassinat de Lumumba et mise en place de Mobutu.
C'est illustré par des extraits de poèmes où le style me semble limpide et direct
Néanmoins, étant,je l'avoue,très peu au fait des courants de littérature du continent africain, j'aurais aimé qu'on m'explique en quoi , comment, pourquoi, Tchicaya était opposé à la notion de négritude.
Parmi d'autres points négatifs j'ai noté une disposition de texte plutôt désagréable à lire,des caractères petits,des phrases sans paragraphes formant un gros pavé sans aération pour l'oeil et l'esprit. Je ne sais pourquoi l'auteur a choisi cette disposition touffue et sans respiration.
Enfin,et même si,en soi c'est plutôt un bon point,je note l'emploi d'un vocabulaire élaboré qui ajoute à la difficulté de lecture.
Néanmoins j'ai été très intéressée par cette présentation d'un auteur dont je n'avais jamais entendu parler et j'espère pouvoir un jour lire ses poèmes en entier.
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A priori je n'avais pas choisi ce livre mais internet a buggé chez moi à plusieurs reprises lors de la masse critique, rendant difficile le cochage de mes choix  et j'ai reçu ce livre que je n'avais pas choisi mais que j'ai sélectionné indépendamment de ma volonté !

C'est l'histoire d'un des plus importants poètes africain, Tchicaya U Tam'si et j'ai eu beaucoup de mal à aller au bout de la lecture car je ne connais pas cet auteur.

Je ne connais rien non plus de l'histoire de la décolonisation,ni de la politique au Congo. Et pour le moment ça ne fait pas partie de mes centres d'intérêt.

Bref je me suis sentie perdue .

Le vocabulaire est compliqué.

Ce n'est pas du tout le genre de livres qui m'intéresse pour le moment. Je l'ai envoyé à ma mamie qui fera paraître sa critique aussi. Merci a ma mamie pour la critique.




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Petit livre mais dense sur Tchicaya U'Tamsi, poète congolais, compagnon de Patrice Lumumba. Il a eu plusieurs vies. le sous-titre, Oeuvre d'un maudit, est assez curieux, je ne savais pas ce qu'avait vécu Tchicaya. Un pied bot, une enfance privilégiée mais sans mère, un échec au Goncourt, un compagnon de route assassiné. Tchicaya voulait changer la littérature africaine, mais il balançait entre deux pays, la France et le Congo, il n'a eu que des rendez-vous manqués dans sa vie.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Tchicaya U Tam'Si a toujours eu la même insolence à l'égard de Senghor. C'était pour lui la seule facon de mettre à distance ce baobab envahissant qu'était Senghor. Ce qui ne l'a pas empêché de le défendre le jour où Bernard Frank a minimisé, en 1984, l'entrée de Senghor à l'académie française (...)
À ce paternalisme confondant, la réaction de Tchicaya U Tam'Si est sans équivoque.La voici:
" Beaucoup de Français l'ignorent encore: ils ne sont plus les seuls propriétaires de leur langue. Ils la partagent aussi avec les Nègres d'Afrique, qui l'a parlent, la chantent. L'écrivent aussi.[...] Oui ! Il y a L. Senghor .Mais il n'est pas certain que
ce soit à ce titre que les Immortels du quai Conti en feront leur pair.C'est que l'on sait vaguement qu'il est poète, un très grand poète. Bernard Frank ne semble pas y croire (...)

( p.67 )
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Pour le chantre du royaume d'enfance en poésie, la géographie précède toujours l'histoire.Que serait donc Saint- John Perse sans la Guadeloupe? Que serait Giono sans la Provence ? Faulkner sans le Sud? Que serait Aimé Césaire, " le laminaire " , sans la faune et la flore de la Martinique ? De la même manière, sans l'héritage culturel bantou de Loango, sans la luxuriance du fleuve Congo, il n'y a pas de poésie de Tchicaya U Tam' si.

( p.58)
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Le poète se veut voyant.Une poétique. Soit.Mais également une politique.Ces vers auraient pu être l'hymne de son pays et de l'Afrique, tant ils sont prémonitoires au regard de l'actualité du continent sans cesse livré à la terreur et à l'anarchie, un continent où les enfants abandonnés à eux-mêmes, tentent vaille que vaille d'assurer leur survie en devenant des enfants soldats; une actualité d'un continent où les enfants dorment à la belle étoile (...) accusés de sorcellerie, meurent en plein ciel ou dans une soute d'avion ou à l'île Lampedusa, fuyant la misère.

( p.44)
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Forêt baroque et terre de souffrance

Souvent en retrait dans la cour de récréation, il s'enfonce dans la solitude.
" Être interdit d'enfance, interdit de jeux d'enfance, dira-t-il plus tard, m'a poursuivi longtemps.Je ne pouvais participer à aucun jeu.(...)j'étais rejeté par les autres parce que je ne pouvais pas courir. Alors, la mauvaise saison aidant et ayant un pied qui était presque un baromètre, j'étais handicapé, je restais dans mon coin.Quand on est seul, ou on est fou ou on est poète...Alors je suis devenu poète ." Non seulement il le devient, mais mieux: les camarades, par dérision ou par méchanceté, le surnomment " Le poète ".Il joue le jeu: oui, il est poète.

( p.29)
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On cite souvent votre nom avec ceux de Césaire et de Maunick, vous sentez-vous proche de ces deux poètes?
-proche...je connais l'un et l'autre .j'ai lu l'un et l'autre. Il y a voisinage. Est-ce que le cheminement de leur œuvre et la mienne procède de la même façon? je ne le pense pas . Césaire a une langue d'une richesse que je ne peux ambitionner. Je pense que les gens qui me trouvent hermétique s'abusent beaucoup, car mon vocabulaire est tout ce qu'il y a de plus restreint. Il est même assez élémentaire. Il n'y a pas dans mon œuvre la recherche du mot qu'il y a chez Césaire . quant au type d'inspiration.. Césaire veut se retrouver nègre. Je n'ai pas cette préoccupation là.
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