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EAN : 9782070764020
325 pages
Gallimard (31/12/2001)
3.9/5   5 notes
Résumé :
La littérature africaine est l'expression d'un défi. Les premiers initiateurs de la négritude tel le Martiniquais Aimé Césaire ainsi que des écrivains plus modernes comme Ahmadou Kourouma (qui préface cet ouvrage) nous le confirment. De la lutte pour la mémoire des victimes de l'esclavage ou du génocide rwandais, aux plus vertes critiques de la colonisation et des dictatures, leur écriture s'inscrit presque toujours dans un combat. Tel le message que veut nous faire... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« L'Afrique – qui fit – refit- et qui fera. » Michel LEIRIS

Les premiers livres publiés dans cette collection bénéficiaient d'une présentation de Jean Noël Schifano directeur de la collection. J'en extrait deux phrases emblématiques « Nous parions, ici, sur les Africains d'Afrique et d'ailleurs, de langue française et de toute langue écrite, parlée et sans doute pas écrite encore, nous parions sur l'écriture des continents noirs pour dégeler l'esprit romanesque et la langue française du nouveau siècle. Nous parions sur les fétiches en papier qui prennent le relais de fétiches en bois. ». le frontispice des premières parutions a disparu mais l'orientation éditoriale demeure.

C'est après avoir lu de nombreux auteurs, africains, antillais, publiés dans cette collection (et chez d'autres éditeurs), que j'ai souhaité, dans une note aux dimensions modestes, faire partager des plaisirs de lecture et peut-être vous entraîner dans ces espaces si proches et si peu connus. En ces temps d'éphémères, je choisis de puiser dans les premiers ouvrages publiés.

Laissez vous guider par les titres et leurs résonances, passez la porte des jaquettes tachées et entrez dans ces continents, vous y trouverez des écrivain-e-s passionné-e-s et passionnants.

Vous avez peur de l'inconnu, vous chercher des repères, pourquoi ne pas commencer par les deux livres de Boniface MONGO MBOUSSA « Désirs d'Afrique » et « L'indocilité » qui présentent un large panorama d'auteurs, odeurs classiques, fragrances modernes, ténèbres rwandaises, flamboyances congolaises, diaspora et casques coloniaux.

L'écriture des un-e-s vous enchantera, celle d'autres vous fera rire, leurs rêves vous sembleront proches et d'autres si lointain. Contes, récits épiques, aventures, livres accrochés à la vie.

Quelques idées, pour vous mettre l'eau à la bouche, espérances de lectures à venir.

Plongez vous dans la langue savoureuse de Abdourahman WABERI « Transit » qui de Roissy à Djibouti évoque la guerre et l'exil ou « Rift, routes, rails » variations au passé et au présent sur les déserts, les océans et les mythes. Choisissez la langue brutale de la martiniquaise Fabienne KANOR qui dans « D'eaux douces » raconte l'aliénation d'une femme au prise avec les questions identitaires.

Peut-être serez vous attiré par le titre « Ma grand-mère bantoue et mes ancêtres les Gaulois » de Henri LOPES qui revient sur le mouvement de la négritude et s'interroge sur la création, la francophonie, le métissage à l'heure de la globalisation .

Choisissez l'un des romans de Ananda DEVI, originaire de l'île Maurice, par exemple « Soupir » et son premier paragraphe « La terre est enflée comme une langue qui n'a pas bu depuis longtemps. le sable coule aux pores. Les horizons et les regards sont scellés. Au dessus de nous, le ciel semble ouvert. Mais il n'y a rien d'ouvert, ici. Nous sommes nés enfermés. »

Suivez la quête d'amour de Maya, héroïne de Nathacha APPANAH-MOURIQUAND.

Vous n'aimez pas le foot, que cela ne vous rebute pas d'entrer dans « La divine colère » du camerounais Eugène EBODE, pour y partager sa critique de la compétition et des passions « transformant les stades en crachoir et en cratère de tous les exutoires ».

Que dire de « L'ivrogne dans la brousse » du nigérian Amos TUTUOLA, qui fait figure d'ancêtre de ces littératures. La traduction de Raymond QUENEAU est un régal.

Allez à « Lisahohé » capitale imaginaire mais si réelle du togolais Théo ANANISSAH pour suivre et vous perdre dans une enquête où le narrateur même ne semble pas si innocent.

Rejoignez la tendresse de la gabonaise Justine MINTSA dans « L'histoire d'Awu » à moins que vous ne vouliez suivre le chemin du journaliste qui vous entraînera sur les traces de Lidia do Carmo Ferrerira poétesse dans « La saison des fous » de l'angolais José Eduardo AGUALUSA.

Mais peut-être serez vous plus sensible à la confrontation entre modernité et privilèges ancestraux dans « La révolte du Komo » du malien Aly DIALLO, au récit du congolais Mambou Aimée GNALI et son « Beto na beto, le poids de la tribu » ou au destin de l'aveugle Doumé dans le roman « le cri que tu pousses ne réveillera personne » du camerounais Gaston-Paul EFFA .

Admirez le portrait dressé de l'île Maurice par Amal SEWTOHUL dans « Histoire d'Ashok et d'autres personnages de moindre importance », ou parcourez l'effacement de la société traditionnelle dans le système colonial de Donato NDONGO dans « Les ténèbres de ta mémoire ».

Je ne veux ni vous lasser si substituer mes propres découvertes à vos possibles lectures.

J'ai gardé pour la fin la mosaïque de Sylvie KANDE « Lagon, Lagunes » et la petite postface si belle de Edouard GLISSANT qui se termine par cette invitation « Je voulais seulement, à cette place, partager avec vous l'insondable et l'imprévisible. Écrire est une divination. Lire ce qui fut écrit, c'est déchiffrer l'énigme. »
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L'Afrique n'est pas que le berceau de l'humanité, c'est aussi le continent de la diversité culturelle, ses richesse ne sont pas que dans son sous-sol, fruit de toutes les exploitations d'hier et d'aujourd'hui ; elles sont présentes dans son histoire, dans le coeur de ses habitants et… dans sa littérature. Ce n'est pas un hasard si l'arbre à palabres a pour souche l'Afrique, de l'histoire orale à la transmission écrite c'est un désir immense que de faire couler l'encre sur des feuilles à l'image de tout ce que contiennent les veines de ce peuple premier.

Mais l'Afrique est aussi une immensité de douleurs, de blessures, de totalitarisme, des colonisations aux régimes autoritaires, et le plongeoir d'un exil… exil forcé avec l'esclavage, exil subi avec les guerres, les famines et autres calamités inhumaines.

L'essai de l'écrivain congolais Boniface Mongo-Mboussa qui vient de paraître en édition de poche chez Folio fait figure de livre sacré dans tout son sens païen. Il retrace une partie de la longue bibliographie de la littérature d'Afrique et d'ailleurs avec une série d'entretiens de quelques uns et quelques unes de ses plus illustres représentants : Wole Soyinka, Cheikh Hamidou Kane, Abdourahman A. Waberi, Ken Bugul, Edouard Glissant, Ananda Devi, Catherine Coquio, Véronique Tadjo, Henri Lopes, Edouard Maunick… sans oublier la préface d'Ahmadou Kourouma et la postface de Sami Tchak.

Un ensemble sobre, concis qui mène le lecteur aux sources des classiques jusqu'à aujourd'hui et qui consacre des chapitres au génocide rwandais, à l'exil et à la diaspora noire. le tout permet une lecture de l'Afrique avec un regard différent, c'est-à-dire où on évacue nos concepts occidentaux pour replacer la littérature africaine dans son contexte, et ce, malgré les influences, notamment celle de la langue, véritable enjeu pour les auteurs africains qui écrivent, pour la plupart, dans la langue des colonisateurs au détriment des idiomes vernaculaires.

Ne pas oublier avant tout que cette littérature est souvent née d'un combat, de combats, de la négritude aux Indépendances, sans omettre la volonté infaillible de la femme africaine pour s'émanciper. Un autre combat reste néanmoins à continuer également ; celui d'être édité plus largement et ensuite d'être lu. Ce genre d'essai est un formidable tremplin pour découvrir ou redécouvrir nombre d'écrivains qui font fait et font l'histoire d'un continent.

Un ouvrage indispensable, nécessairement indispensable.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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Imposante somme d'articles critiques de fond sur les littératures afro-antillaises, d'une rare pertinence.

Enseignant en littérature francophone et rédacteur en chef de la revue "Africultures", Boniface Mongo-Mboussa est sans doute l'un des plus fins observateurs actuels des littératures afro-antillaises.

Ce recueil de critiques de fond, paru en 2002 avec une superbe préface d'Ahmadou Kourouma, contient plusieurs essais audacieux et roboratifs, parmi lesquels on pourra citer "La puissance des racines", intelligente réhabilitation des "classiques" africains dont la forme souvent très académique a pu entraîner le discrédit ces dernières années, "Le pleurer-rire des écrivains africains", lumineuse tentative d'élucidation de l'usage de l'humour chez Dadié, Oyono, Beti, Ouloguem ou Kourouma, "Désir de mémoire", sur les modalités de la persistance de la dénonciation anti-coloniale, "Rwanda 1994-2000, la mémoire du génocide en partage", sur l'ambitieux projet "Écrire pour la mémoire" qui rassembla dix écrivains en atelier-séminaire intense pour écrire, chacun, sur le génocide, ou encore "Peindre et écrire au Congo", traçant un captivant parallèle entre les méthodes utilisées par Chéri Samba et Sony Labou Tansi pour tenter de s'émanciper des compromissions / récupérations du pouvoir local.

Les articles détaillés, souvent appuyés sur des entretiens approfondis, consacrés à Wole Soyinka, Mongo Beti, Ahmadou Kourouma, Cheikh Hamidou Kane, Abdourahman A. Waberi, Ken Bugul, ou encore Kossi Efoui, figurent aussi parmi les plus passionnants de l'ouvrage.
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Première Histoire de la littérature africaine écrite par un africain. Brillante, érudite et particulièrement bien construite. A recommander à toute personne désireuse de s'initier à cette littérature, née de combats... de la négritude aux mouvements des Indépendances à l'écriture du désir d'émancipation des femmes africaines..

Lien : http://www.tv5.org/cms/chain..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Nous écrivons une littérature d'une mauvaise conscience, la littérature de la mauvaise conscience de l'Occident et de la France
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