Haïkus de la Roya

Tout d'abord je remercie Babelio pour l'organisation de son opération Masse critique et les éditions le port a jauni pour leur envoi.

J'ai l'habitude d'être franche dans mes avis, autant en positif qu'en négatif.
Quand j'aime, je le dis et c'est extrêmement agréable de partager mon enthousiasme pour un livre.
Quand je n'aime pas, je le dis aussi, par souci de franchise, même si c'est bien moins agréable.
Malheureusement, c'est le cas pour ces Haïkus de la Roya.

Des haïkus ? Voilà qui avait de quoi m'intéresser : c'est une forme de poésie que j'apprécie.
Mais là, je n'ai pas vraiment accroché.
Les haïkus sont écrits en plusieurs langues, et je trouve que c'est une belle idée qui montre la richesse et l'universalité de l'humain, mais cela n'a pas suffi à me faire apprécier cet ouvrage.
Le contenu est maigre... y avait-il de quoi faire un album ? Je ne pense pas. Et les illustrations ne rattrapent pas le texte : je ne les ai pas aimées du tout. Vous me direz que c'est une question de goût, et je l'assume : d'autres lecteurs peuvent les apprécier.
J'aurais préféré écrire des choses bien plus positives mais ça n'aurait pas été honnête.

Je termine par un petit coup de gueule.
Quand je lis dans la page expliquant la genèse de l'ouvrage "les passant.e.s et habitant.e.s" et autres joyeusetés, je vois rouge !
Vous voulez soutenir les femmes ? Très bien ! Cela me convient parfaitement.
Mais pitié, pas avec cette écriture stupide et illisible baptisée à tort "inclusive".
Qu'est-elle donc, ou qui est-elle donc censée inclure ? C'est laid, ce n'est pas du français, c'est hermétique aux personnes qui ont des difficultés de lecture, etc.
Vous voulez vous battre pour la cause des femmes ? Très bien, les sujets ne manquent pas.
Combattez la monstruosité qu'est l'excision.
Battez-vous pour que partout dans le monde les filles puissent, à l'égal des garçons, aller à l'école, au lycée, poursuivre des études supérieures.
Combattez le voilement de fillettes à un âge où il ne représente rien de religieux mais n'est que de la maltraitance pure et simple.
Etc.
Les femmes ou filles maltraitées dans le monde aimeraient bien que vous les aidiez. Et elles n'ont que faire de vos petits points.

Ce petit recueil reçu grâce à Masse Critique m'a permis de découvrir "Le port a jauni", une maison d'édition marseillaise qui publie des livres bilingues en français et en arabe.
Cet ouvrage est lui multilingue car il a été réalisé suite au festival "Passeurs d'humanité" qui a eu lieu durant l'été 2022 dans la vallée de la Roya. Cette vallée est depuis longtemps un lieu de passage et de mélange des cultures, et encore plus depuis qu'elle est située sur la route qu'empruntent de nombreux migrants.
Pendant ce festival, Mo Abbas écrivait des haïkus avec les personnes qui passaient dans son atelier et une sélection de vingt-et-un de ces poèmes est présentée dans ce livre. En français, en arabe, en turc, en italien, en anglais, en tendasque, ils nous parlent de montagnes et de fraternité, de rires et de tempêtes, de migrations et de d'amour. Des textes tendres ou durs, comme la roche des Alpes ou les souffrances des migrants
Ce recueil est conçu sous la forme d'un petit cahier, qui ressemble à un cahier d'écolier dans lequel Carole Chaix aurait dessiné. Ces illustrations soulignent la beauté du texte et nous invitent à la promenade dans des paysages de montagne ou à la rencontre de toutes les différences.

Voilà un tout petit mais très original recueil de haïkus proposé par les éditions le port a jauni, écrit par Mo Abbas et illustré par Carole Chaix.

Les haïkus ont été recueillis par l'auteur lors du festival Passeur d'humanité (été 2022) et traduits dans les multiples langues présentes dans la vallée.

Les illustrations sont absolument magnifiques et confèrent une puissance supplémentaire aux petits poèmes.

Un vrai régal à lire et à regarder.

Merci Babelio et le port a jauni pour cette belle masse critique.