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3,95

sur 910 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nous sommes tous conscients que nous vivons dans un monde régit par d'innombrables lois et interdictions, un monde dominé sinon par les machines sinon par une technologie qui nous dépasse et nous pourrit la vie sous prétexte de la rendre meilleure, confortable.
Le confort est l'ennemi de la liberté.

Ca commence par une avalanche de panneaux publicitaires, le roman lui-mêle semble n'être qu'un vaste panneau à réclame. Un couple, un chirurgien et son assistante – et accessoirement, maîtresse – vouent leur temps libre à débarrasser le paysage de ces pollutions ultimes, autant visuelles que mentales.
Ils vont croiser la route d'un mormon, guide accompagnateur de métier, et d'un vétéran du Vietnam, passablement taré (on le serait à moins).
A eux quatre, ils entendent bien mettre à plat cette volonté spécifiquement humaine de grignoter la planète dans le seul but de la défigurer dans le but (avoué) du confort des tous et celui (non avoué) d'enrichir une poignée d'entre eux.

La plume d'Edward Abbey fait penser à celle de Kerouac. Ses références sont toutes américaines et vous serez sans doute un peu largué si vous n'avez pas séjourné quelques années dans ce pays de tous les extrêmes. D'autre part, il accorde à mon humble avis un peu trop d'importance aux détails techniques : comment démarrer puis saboter une pelleteuse, un bulldozer. Savoir manier les explosifs. Cela frise le manuel du parfait saboteur. D'autant que je suis persuadé que la destruction, tout comme la révolte armée, est vouée à l'échec. Est contre productive.
On imagine Kirk Douglas avec sa pince coupante en train de sectionner les barbelés dans Lonely are the Brave (adapté d'un roman d'Abbey, justement) : les grands espaces ne souffrent d'aucune entrave. L'homme n'a pas à y laisser son empreinte.
Mais, le Gang de la Clé à Molette, n'est pas juste un pamphlet anti capitaliste, c'est avant tout une jubilation dans la veine des Pieds Nickelés. L'humour et la dérision ne sont jamais très loin. On rit beaucoup des aventures de ce quatuor d'éco-warriors bien sympathiques après tout.

Mais surtout, le principal, l'inévitable : une sacrée virée dans le Grand Ouest (wild wild west) américain. Aux frontières de l'Utah, l'Arizona et du Colorado. Ces canyons de pierre rougie, ces déserts où ne pousse que la liberté, ce symbole de l'indépendance si chère aux citoyens responsables, sont le personnage principal du roman. le final flirte avec la varappe Yosemite et une course poursuite sans échappatoire dans ce décor hors normes.
Le roman a été écrit à la fin des années hippies – j'ose encore espérer que la modernisation galopante, cette course au toujours plus, rarement au toujours mieux, n'ait pas encore tout à fait spolié ce petit coin de paradis.
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Écrit en 1975, ce roman a été traduit tardivement en français. Il aborde de façon radicale et humoristique la question de la résistance aux progrès scientifiques et techniques, comme à un système de développement économique libéral.
Mais jusqu'où peut-on aller au nom de la protection de la nature ? le sabotage, le vandalisme sont-ils les passages obligés d'une lutte déséquilibrée entre les puissances au pouvoir et des individus militants ? Ces questions sont on ne peut plus d'actualité.
Il faut absolument le lire (et le faire lire aux ados et aux jeunes) pour mesurer tout ce que l'on savait à l'époque de la crise écologique dans laquelle nous sommes plongés, et que l'on a malheureusement choisi d'ignorer.
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NUKE THE DAM

Parce que c'est bien de cela qu'il s'agit dans le roman d'Edward Abbey, "Le Gang de la clef à molette (Ne meurs pas ô mon désert)".
Glen Canyon, l'immonde, avec ses monstrueuses turbines, ses 216 mètres de haut et 475 mètres de large qui barre et empêche le tracé tranquille du vieux Colorado.

C'est émouvant de voir Edward Abbey discourir, presque résigné, debout à l'arrière d'un camion en 1983 avec un panneau sur lequel on peut lire "Let it flow" lors de l'action menée par les activistes de Earth First déployant une banderole géante du haut du barrage.

Je ne peux m'empêcher de voir derrière les quatre branquignolles un Edward Abbey profondément blessé dans sa chair. Un homme si désespéré par l'arrogance de l'Homme face à la nature. Parce que ce bouquin pour Edward Abbey, c'est un sacerdoce. Il nous campe ces quatre trublions qui sont en mission et c'est l'auteur lui-même qui se rêve derrière ce quatuor.

Argh, ces horribles éco-terroristes!!! Et bien non, je ne suis pas d'accord et je les soutiens même dans leurs doutes, leurs maladresses, leurs contradictions.

Il est peut-être utile de rappeler qu'avant d'être ce grand écrivain, Edward Abbey était Ranger et se plaisait à guider les quelques touristes (avant le développement du tourisme de masse) dans ce territoire qu'il aimait tant et qui a fini inondé sous les eaux du lac Powell.

J'ai trouvé un article d'Usbek & Rica qui titrait "Faut-il (re)lire "Le Gang de la clef à molette" aujourd'hui?
Oui bien-sûr. Parce que c'est un foutu bon bouquin. J'ai trouvé cette lecture jubilatoire. Je reconnais que vers le milieu, ça piétine un peu mais ça repart à fond les ballons ensuite jusqu'à un final grandiose.

L'humour est la politesse du désespoir.
Voilà comment je pourrais le mieux définir ce que viens de lire.
Abbey, c'est un peu, beaucoup un écolo avant l'heure, réac sans doute un peu aussi, un soupçon misanthrope, militant assumé et anarchiste revendiqué, c'est un peu tout ce que j'aime. Ça doit être inscrit dans les gènes.

A rappeler :
Le niveau du lac Powell a atteint son niveau le plus bas en 2023 et malgré une légère remontée récemment, la tendance à la baisse va se poursuivre. Alors, faut-il encore soutenir la démesure d'un système capitaliste à bout de souffle qui défend encore un ultra libéralisme à tout craint et une hyper consommation débridée ou bien privilégier une forme de sobriété et laisser sa place à la nature telle qu'elle le mérite?

Je lis qu'aujourd'hui Las Vegas, pardon, je préfère dire Sin City, est devenue aujourd'hui un modèle en terme de gestion et d'économie de l'eau. C'est sûrement vrai sauf qu'ils n'ont tout simplement plus le choix. C'est ça ou bien crever. Las Vegas est une hérésie.

Un dernier mot peut-être. Je ne suis jamais allé physiquement dans l'ouest des États-Unis. Je n'ai jamais visité ces parcs majestueux, cette nature splendide mais avec Edward Abbey, c'est comme si j'y étais.
Il paraît qu'il parle magnifiquement de son pays dans "Désert solitaire".
Tant mieux monsieur Abbey, je n'en ai pas fini avec vous!

See you soon!


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Haletant, légèrement barré, violemment engagé, drôle et émouvant, irrévérencieux... les qualificatifs ne manquent pas pour ce classique du roman écologique! Je ne connais pas assez l'histoire d'Edward Abbey - dont j'avais beaucoup aimé l'essai Désert solitaire, cadre de ce roman - pour savoir à quel point il s'est lui-même plongé dans l'activisme concret mais je vois ce récit un peu comme un fantasme de combat militant contre tout ce que l'industrialisation et la modernité fait subir à des espaces naturels tels que le vaste désert du Colorado. Fantasme dans le sens où la violence, bien que retenue - jusqu'à un certain point du récit en tout cas - affleure comme quelque chose qui démange et qui est difficile à contrôler.
Car comment lutter contre ces monstrueuses machines destructrices que sont ces firmes qui décident de bâtir ponts, barrages et autoroutes au détriment d'une nature à protéger? Et comment ne pas faire le parallèle avec ce qui se passe aujourd'hui dans le Tarn entre les opposants à la construction de l'A69, projet obsolète et contre-intuitif, et les pouvoirs locaux?
Bref, quatre personnages aussi atypiques les uns que les autres - un mormon polygame, un vétéran du Vietnam méchamment traumatisé et adepte de tout ce qui fait péter (armes, explosifs et j'en passe), un chirurgien aisé et son infirmière à tout faire au caractère bien trempé - se rencontrent au gré d'une escapade de plusieurs jours sur les rapides de la réserve naturelle. (Ils ont un côté Agence tous risques, pour celles et ceux de ma génération!!) Très vite et à coups de bière, le quatuor se met d'accord sur la nécessité de faire sauter ce barrage de Glen Canyon qui détruit faune, flore et tranquillité touristique. Tous les moyens sont bons, sauf la violence physique. Au grand dam de Hayduke, notre vétéran et héros principal de l'histoire malgré son côté hirsute d'ours mal léché sur lequel on n'aurait pas parié aux premiers abords.
Le roman est une suite de sabotages et de courses-poursuites racontées avec juste la dose d'humour nécessaire pour faire passer le tout avec une certaine réjouissance, dans un décor somptueux de grès rouges, de roches d'àpics vertigineux et de gorges profondes dans lesquelles cascadent des affluents du fleuve Colorado.
sur la quatrième de couverture, le magazine Lire dit "hilarant". Hilarant, non, je ne pense pas. Drôlement désespérant, oui, surtout à l'aune des actualités un peu partout dans le monde. En tout cas une lecture qui reste réjouissante et donne envie de se bouger!
Gros bémol quand même sur les propos dénigrants récurrents et gratuits sur les Amérindiens de la région...
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J'avais ce roman dans ma PAL depuis très longtemps, comme 80% de ma PAL d'ailleurs... je l'avais même déjà commencé il y a quelques années et reposé parce que je ne me sentais pas de le lire à ce moment là.

Janvier 2024 c'était le bon moment. J'ai passé un agréable moment avec de gang composé de 4 hurluberlus qui veulent faire sauter les ponts et les barrages qui enlaidissent les canyons.

Alors je vous le dis de suite, si vous voulez un roman ecolo vous serez déçu, c'est d'ailleurs pour moi un de bémol du roman. On se concentre sur la forme de leur méfait mais pas tellement sur le fond.

Autre bémol, j'ai trouvé que ça tirait en longueur sur la fin.

Mais les dialogues sont truculents, les personnages vraiment hauts en couleurs et les paysages tellement bien décrits que l'on s'y croirait.

Bref si vous voulez lire un roman d'aventure atypique et franchement bien écrit, intégrez le gang !
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Je dois avouer que j'ai eu du mal à rentrer dans le livre; écrite lourde, descriptive à l'excès ( pas de nom sans adjectif) , difficulté à appréhender les personnages ( 100 pages pour enfin les voir se rencontrer et former une équipe) et puis l'action se met en place....Le point de bascule ( du coté pénible à la lecture intéressée) est venu quand j'ai découvert que ce livre a été écrit dans les années 70..... donc quelque part , aux prémisses de l'écologie...et cela a modifié mon regard sur l'histoire....je me suis donc ensuite trouvé emporté par l'intrigue et en connaissant mieux les personnages, j'ai fini à les apprécier! Je lirai sans doute le tome 2!
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Drôle et jouissif comme un épisode de l'agence tous risques.

Ils sont 4, ils font tout péter, ils font des courses-poursuites et ils sont pleins d'humour, mais avec eux le plan n'est pas sans accrocs. 

Et comme un jour une cliente a dit à Hannibal:

"- Les affronter ? Mais vous êtes quatre et eux, toute une armée !
- Oui, je sais. Les pauvres, ils n'ont aucune chance."

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Page, Arizona, à peine un millier d'âmes, treize églises et quatre bars, le début de l'histoire. Là dans un bar, entourés de cow-boys s'abreuvant de bières, et de cow-girls trémoussant leurs culs sur de la country, je vois mes quatre héros, comme les quatre fantastiques – ou fanatiques. Quatre compagnons de routes dont nos chemins vont se croiser au milieu de bars et de poussière, et parfois même de bars poussiéreux. Un vétéran du Vietnam, parce qu'il en faut toujours un pour guider les actions contre le système et le gouvernement, un vieux chirurgien qui aime bien gratter de l'allumette, accompagné de sa nettement plus jeune maitresse, faut toujours une belle nana en santiags et short moulant pour retenir mon attention, et un drôle de mormon polygame qui a pour habitude de sillonner l'Etat de femmes en femmes.

Les présentations sont ainsi faites. Maintenant, le but de la mission, si toutefois vous l'acceptez : préserver la beauté de ce désert, l'Ouest sauvage dans toute sa splendeur. Les moyens : des clés à molette et quelques bâtons de dynamite. le but : détruire tout ce qui défigure le paysage : panneaux publicitaires, antennes, ponts, routes, oléoducs, barrages… Rien ne leur fait peur à ces quatre-là, quatre écoterroristes bien avant l'heure. En gros : plus le chantier est imposant, plus faut charger en dynamite, l'équation est simplissime. Et c'est donc partie pour un road-trip où la distance ne se mesure plus en kilomètres ou en miles mais en pack de six…

Et comme la bière s'invite à chaque action, celles-ci se font de plus en plus délirantes. Je prends du plaisir à les suivre, souris avec eux de leur bêtise, de leur incompétence parfois, mais cet amateurisme fait du bien, un coup de baume au coeur, pour des gens qui en ont du coeur. Et des convictions, dont le mot d'ordre reste toujours : Sabotage ! Mon premier Edward Abbey, auteur dans le genre visionnaire écologiste - roman écrit au milieu des années soixante-dix, écrivain militant, nature-writer à l'humour débordant. Nul doute que certaines idées ont été reprises et mises en oeuvre par quelques petites bandes locales qui s'émeuvent de voir leur paysage défiguré de la sorte par le pouvoir du pétrole et du dollar. Une sorte de désobéissance civile.
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Et voici la bien marrante et pourtant triste histoire de quatre pionniers de « l'éco terrorisme » dans les années 70. On en rit parce que leur traversée de quelques États des USA est semée de passages rocambolesques. Mais la rage profonde qui anime les protagonistes est créée par des entreprises, des individus qui n'ont cure de défigurer la nature pour quelques dollars de plus. Ce roman est une ode à tous les paysages sauvages, des déserts encore préservés des tortures infligées par les humains. Un livre aigre doux qu'il faut savourer.

Que peut-il y avoir de commun entre George, vétéran du Vietnam, un vieux et riche chirurgien, sa belle et jeune secrétaire déjantée, et un mormon polygame. Ces quatre américains se rencontrent pour une randonnée et au coin du feu, ils évoquent leur dégoût commun de la destruction systématique des espaces naturels sauvages de l'Ouest au profit des industriels. Ils élaborent, enfiévrés par la bière et le cannabis, une stratégie d'attaque des grands ouvrages publics tels que ponts, barrages,… qui défigurent les paysages.

Ce road trip criminel à travers l'Ouest américain démontre que dès les années 70, dans la contre-culture littéraire américaine, une conscience écologique se fait entendre. Ce qu'il y a 50 ans pouvait passer pour une pensée à l'encontre des idéaux capitalistes et individualistes, est désormais une attitude normale. Celle qui doit nous permettre de sauvegarder notre patrimoine naturel trop largement balafré par un productivisme pour le coup « inconscient ». J'attends le retour du gang.

❓Connaissez-vous un bon roman sur la lutte écologique ?

Lien : https://jmgruissan.wixsite.c..
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" Je crois qu'il est moralement justifié que nous recourions à tous les moyens possibles afin de protéger notre terre de la destruction, de l'invasion.
Je plaiderais en faveur du sabotage,de la subversion, en dernier recours,lorsque les moyens politiques échouent."

Edward Abbey,discours à Glen canyon,24 mars 1981

Lire " le gang de la clef à molette" en 2023, c'est plus que s'offrir un moment de détente en compagnie de quatre idéalistes bien décidés à jouer à David contre Goliath.Cela devient un acte militant,qui consiste à prendre conscience de la beauté du sauvage,à regarder au delà,à réfléchir aux conséquences désastreuses de nos ambitions mortifères.
Comme Edward Abbey avant nous,ne pas se résoudre à l'industrialisation de nos territoires. Car le combat qu'il a initié à travers ses récits,ses prises de parole et de position,c'est un combat furieusement, funestement actuel.
Tout près chez nous on continue à construire des autoroutes,à bétonner,à grignoter les derniers espaces ,à détruire les écosystèmes.
Au nom du profit,l'homme court à sa perte et va devenir lui aussi une espèce en voie de disparition...
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