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3,95

sur 902 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Roadtrip désertique dans l'Ouest Américain en compagnie de 4 gentils fous furieux qui ne pensent qu'à une seule chose : le Sabotage! le moteur de cette épopée épique et déjantée est la lutte contre le développement du capitalisme qui se propage de manière frénétique dans toute l'Amérique, même en plein désert...

L'écriture est dense, voire très dense et pas forcément facile de premier abord. Il m'a fallu entre 50 et 80 pages pour réellement rentrer dans le roman. On ne peut ensuite plus reposer le livre tant le rythme entre course-poursuites et dynamitages est effréné.

Publié en 1975 et pourtant toujours autant d'actualité à propos du capitalisme et de son immense impact écologique, Edward ABBEY nous prouve ici qu'il est un visionnaire écologiste et aurait quelque part rêvé être l'un de ses propres personnages du roman.

Un grand merci à Flocava1 de m'avoir offert ce livre et donné le plaisir de découvrir Edward ABBEY que je ne connaissais pas.
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Page, Arizona, à peine un millier d'âmes, treize églises et quatre bars, le début de l'histoire. Là dans un bar, entourés de cow-boys s'abreuvant de bières, et de cow-girls trémoussant leurs culs sur de la country, je vois mes quatre héros, comme les quatre fantastiques – ou fanatiques. Quatre compagnons de routes dont nos chemins vont se croiser au milieu de bars et de poussière, et parfois même de bars poussiéreux. Un vétéran du Vietnam, parce qu'il en faut toujours un pour guider les actions contre le système et le gouvernement, un vieux chirurgien qui aime bien gratter de l'allumette, accompagné de sa nettement plus jeune maitresse, faut toujours une belle nana en santiags et short moulant pour retenir mon attention, et un drôle de mormon polygame qui a pour habitude de sillonner l'Etat de femmes en femmes.

Les présentations sont ainsi faites. Maintenant, le but de la mission, si toutefois vous l'acceptez : préserver la beauté de ce désert, l'Ouest sauvage dans toute sa splendeur. Les moyens : des clés à molette et quelques bâtons de dynamite. le but : détruire tout ce qui défigure le paysage : panneaux publicitaires, antennes, ponts, routes, oléoducs, barrages… Rien ne leur fait peur à ces quatre-là, quatre écoterroristes bien avant l'heure. En gros : plus le chantier est imposant, plus faut charger en dynamite, l'équation est simplissime. Et c'est donc partie pour un road-trip où la distance ne se mesure plus en kilomètres ou en miles mais en pack de six…

Et comme la bière s'invite à chaque action, celles-ci se font de plus en plus délirantes. Je prends du plaisir à les suivre, souris avec eux de leur bêtise, de leur incompétence parfois, mais cet amateurisme fait du bien, un coup de baume au coeur, pour des gens qui en ont du coeur. Et des convictions, dont le mot d'ordre reste toujours : Sabotage ! Mon premier Edward Abbey, auteur dans le genre visionnaire écologiste - roman écrit au milieu des années soixante-dix, écrivain militant, nature-writer à l'humour débordant. Nul doute que certaines idées ont été reprises et mises en oeuvre par quelques petites bandes locales qui s'émeuvent de voir leur paysage défiguré de la sorte par le pouvoir du pétrole et du dollar. Une sorte de désobéissance civile.
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" Je crois qu'il est moralement justifié que nous recourions à tous les moyens possibles afin de protéger notre terre de la destruction, de l'invasion.
Je plaiderais en faveur du sabotage,de la subversion, en dernier recours,lorsque les moyens politiques échouent."

Edward Abbey,discours à Glen canyon,24 mars 1981

Lire " le gang de la clef à molette" en 2023, c'est plus que s'offrir un moment de détente en compagnie de quatre idéalistes bien décidés à jouer à David contre Goliath.Cela devient un acte militant,qui consiste à prendre conscience de la beauté du sauvage,à regarder au delà,à réfléchir aux conséquences désastreuses de nos ambitions mortifères.
Comme Edward Abbey avant nous,ne pas se résoudre à l'industrialisation de nos territoires. Car le combat qu'il a initié à travers ses récits,ses prises de parole et de position,c'est un combat furieusement, funestement actuel.
Tout près chez nous on continue à construire des autoroutes,à bétonner,à grignoter les derniers espaces ,à détruire les écosystèmes.
Au nom du profit,l'homme court à sa perte et va devenir lui aussi une espèce en voie de disparition...
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Jouissif, jubilatoire, explosif, corrosif, bidonnant!
Et une réputation de roman culte de la contre culture américaine qui non seulement n'est pas volée, mais qui de plus n'a pas pris une ride. Je n'aurais jamais cru prendre autant de plaisir à voir un train dérailler (sans victimes, rassurez-vous), un bulldozer précipité dans le vide ou un moteur d'engin de chantier vicieusement mis hors service . J'avais même presque envie de tenir la clé à molette pour lui régler son compte, à celui-là.
Pourquoi tant d'enthousiasme? Parce que la cause défendue, la défense des espaces sauvages contre l'avidité dévastatrice de la société de consommation, est juste et on ne peut plus d'actualité, parce que les quatre pieds nickelés qui la servent sont quatre personnages parfaitement réussis et on ne peut plus attachants, et parce que cinq cent pages de virées nocturnes dans les canyons et déserts de l'Utah et de l'Arizona, ça vous monte forcément à la tête tellement c'est grandiose et sacré.
Bain de jouvence que cette lecture revigorante qui réveille dans chaque lecteur l'ado rebelle qui sommeille en lui!
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Ne Meurs Pas, ô Mon Désert (Le Gang de la clef à molette), bouquin plébiscité par moult zadistes durablement actifs sur le site de Notre-Dame-Des-Landes. Étonnant, non ?

Ils sont au nombre de quatre.
Guerriers à la personnalité aussi détonante que les explosions qu'ils provoquent aux quatre coins du pays.
Leur combat, un écologisme poussé à l'extrême mais toujours dans le respect de la vie d'autrui, déontologie oblige. Terroriste, oui, assassin, non, faut pas déconner non plus.

Doc Sarvis, incendiaire volontaire et mécène de la première heure.
Bonnie Abzug, sa jeune moitié rebelle à la beauté du diable.
Georges Hayduke, vétéran du Vietnam fruste, légèrement alcoolo, et maître artificier de la bande.
Seldom Seen Smith, mormon à la nostalgie aussi grandissante que le nombre de femmes qui l'entourent.

Pas vraiment de point commun si ce n'est la cause.
Un idéal transcendé à force de résultats probants.
Des individus en guerre contre un fatalisme industriel perçu comme l'envahisseur suprême.
Un hymne à la nature sauvage, belle, indomptable, libérée du joug humain pour retourner à son état primitif et ce, pour le plus grand plaisir de nos joyeux saboteurs en goguette à l'ambition sans cesse grandissante.

Difficile de ne pas prendre fait et cause pour nos quatre mousquetaires, en dépit d'agissements régulièrement contraires à la morale ambiante. Dura lex, sed lex.
Usant d'une plume sarcastique pour confronter notre quatuor à la beauté saisissante d'un univers un peu plus asservi chaque jour que Dieu et l'humain défont allègrement, Edward Abbey, militant écologiste radical de la première heure, prône une écologie raisonnée tout en ne manquant pas d'interpeller le quidam sur la splendeur du monde qui l'entoure et la propension de l'homme à vouloir le modeler à son image avilissante.

L'interaction régissant le quotidien de nos activistes est jubilatoire.
La traque visant à éradiquer ce groupuscule entré en résistance l'est tout autant.
Ne Meurs Pas,Ô Mon Désert est de ces bouquins qui caressent le coeur et (r)éveillent les consciences.
Grandiose.

4,5/5
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Si pour vous, écologie rime avec tri (sélectif) et bannissement des sushis (pour sauver le thon rouge), passez votre chemin. Dans ce roman, on est écolo à l'américaine: avec 4/4, dynamite et canettes de bière.
Au nom des grands espaces sauvages, un mormon, un ancien combattant, un prof de fac et une féministe au vocabulaire peu châtié crapahutent de panneaux publicitaires (qu'ils écrabouillent) en ponts (qu'ils pulvérisent) en passant par de nombreux engins de chantier (qu'ils vandalisent). Ces Attila du Far Far West, derrière lesquels l'herbe repousse au détriment du macadam, ne réussiront pas tout à fait à stopper la progression de la modernité honnie. Mais leur bilan (carbone) est très positif: à défaut de transformer le monde, ils métamorphoseront un prédicateur bas du front en pseudo-hippy ruisselant d'amour du prochain et c'était pas gagné.
« Pays dément dont une moitié est perpendiculaire à l'autre. La majeure partie est inaccessible, même à pied, simplement parce qu'elle ne consiste en rien d'autre qu'en parois à pic. Pays de Seldom Seen Smith, le seul dans lequel il se sente à l'aise, en sûreté, chez lui.
Véritable patriote autochtone, Smith ne faisait serment d'allégeance qu'à la terre qu'il connaissait, pas à cette enflure farcie de propriétés privées et d'industries, terre d'exil d'Européens déplacés et d'Africains inopportunément transplantés, connue collectivement comme les États-Unis. »
Yeah!
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Comment mieux commencer une petite pause universitaire après un concours décroché de la réalité que par la lecture des aventures rocambolesques de quatre activistes-environnementalistes radicaux dans l'Utah, le long du Colorado.

Prolongement fictif de Desert Solitaire, du même auteur, et pas si fictif semble-t-il, puisque de nombreux actes vandales (ou apparemment Abbey dirait lui-même plutôt "anti-vandales") ont été testés de première main par l'auteur lui-même. Arrachage de panneaux publicitaires dans le désert, ajout d'un peu de sucre dans les réservoirs de bulldozers et autres monstres jurassiques du développement industriel (je dis pas que j'aimerais pas tester...), relooking de Smokey the Bear sur les panneaux de parcs nationaux... il parlait déjà de faire quelque chose pour "aider" le barrage de Glen Canyon qui ne faisait qu'amasser des alluvions, remplissant plutôt rapidement Lake Powell d'eaux stagnantes et stériles, sans autre utilité que fournir de l'électricité aux villes géantes implantées dans le désert (Vegas et Phoenix entre autre).
On retrouve bien le barrage de Glen Canyon comme objectif ultime de nos bras-cassés... à travers les prières hilarantes de Seldom Seen Smith le mormon. On le retrouve en fait tout le long comme représentation de développement inutile pour la grande majorité de l'humain mais surtout pour la nature, vu l'impact de sa construction et de sa présence.
Je vais arrêter avec le râlage.

Donc Seldom Seen Smith le mormon, ayant installé ses 3 femmes à distance gérable (24h de la suivante) s'occupe de diverses randonnées, descentes en raft de ce qu'il reste du Colorado, etc. C'est par ce biais qu'il embauche un ours, George Hayduke (je vois mieux la ressemblance avec Doug Peacock comme décrit par Rick Bass dans The Lost Grizzlies! Hahaha! Beaucoup mieux!), ex-personnel médical au Vietnam qui s'exprime par grognements ou jurons, réclame des "chemicals!" au p'tit déj' et deviens la référence pour le plasticage de diverses constructions. Et en avant la descente, avec pour passagers, un médecin veuf d'origine arménienne qui part des délires contrant le développement irraisonné de l'ère actuelle de l'anthropocentrisme et en fait des grands noeuds de savoirs classiques. Et le Doc est accompagné par le petit élément féminin nécessaire et perturbateur. Bon, Bonnie Abbzug n'est pas exactement la manière dont les femmes aiment voir les femmes représentées. M'enfin, le fou rire! Sous-valorisée, indisciplinée, râleuse et bien perchée, elle ajoute aux obsessions des trois autres en en rajoutant une belle couche.

Bref, des personnages cocasses, du sport grande nature, un peu d'histoire de la région, des courses poursuites avec un mormon mégalo, courses poursuites dans le désert, les canyons... aide au suicide de bulldozers, sacrifice de trains automatiques de transport de charbon, recettes d'explosifs maison... Et toujours, dans un paysage merveilleux, dans lequel transparaît l'amour d'Abbey pour celui-ci, au milieu ded délires hilarants de Hayduke lui-même imaginant les délires fantasques du fan de grosses machines industrielles de destruction massive de paysages.

Je vois bien mieux pourquoi on peut, d'une certaine manière, considérer Abbey comme héritier de Thoreau en terme de "civil desobedience"... Aaaah, que de choses à lire et à relire. C'est sans fin... Et tant mieux!

Un gros coup de coeur, que je relirai sans aucun doute, au plus bas moralement dans un milieu urbain étouffant, histoire de rendre un peu de mordant à ma vision du monde en dehors de mon jardin sauvage.
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On fait connaissances avec nos quatre personnages principaux dans les premiers chapitres et j'avoue avoir eu du mal à les apprécier d'emblée. Ils vont faire connaissances et se trouver très vite un point commun pour former un petit gang destructeur au nom de la nature américaine. Et ils sont vraiment spéciaux, il faut le dire...j'ai mis du temps à me faire à leur façon de parler, à leur caractère et à apprécier l'histoire. J'ai failli abandonner au milieu de descriptions de sabotage d'engins de chantier....et puis tout d'un coup l'histoire décolle un peu, les personnages se révèlent, deviennent vraiment attachants et j'ai fini par rire de leurs échanges parfois loufoques. La dernier tiers tient aussi un peu en haleine et maintenant j'ai vraiment hâte de lire la suite !
Pioche dans ma PAL mars 2023
Challenge Mauvais genres 2023
Challenge USA
Challenge Totem
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Quel livre jouissif, détonnant que l'histoire de ce gang de quatre personnages haut en couleurs dont les personnalités ne destinaient pas, sinon l'originalité, à s'unir pour dézinguer ponts, routes qui défigurent leur cher désert. Au-delà de situations et de dialogues désopilants, de scènes d'action tonitruantes, pétaradantes, mouvementées, l'amour d'Edward Abbey pour le Glen Canyon, ses paysages grandioses transpire dans toute cette oeuvre en envolées poétiques, en phrases superbes. Les illustrations de Robert Crumb collent parfaitement à l'idée que nous nous faisons de ces quatre écolos dun genre spécial et ajoutent au plaisir de cette lecture. Et je n'oublie pas l'impeccable préface de Robert Redford himself ! Pas loin d'être cinquantenaire, ce roman n'a rien perdu de sa jeunesse, de sa superbe et pourrait être écrit aujourd'hui tant il est encore actuel (hélas). Et chouette, il y a une suite !
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"- Mon boulot, c'est de sauver la putain de nature sauvage. Je ne connais rien d'autre qui mérite d'être sauvé . C'est simple , pas vrai ?
- C'est simple d'esprit , répliqua-t'elle
-Moi, ça me suffit ."

Considéré comme un classique du genre , j'avoue avoir un sentiment mitigé ( mais quand même 4 étoiles ... ) pour ce roman écrit en 1975 mettant en avant le sabotage comme moyen de lutte contre l'industrialisation à outrance, la disparition à grands pas des milieux naturels , sujet encore et toujours d'actualité ... .

L'affaire est menée par un quatuor atypique constitué d'un ancien du Vietnam, un Mormon polygame organisant des tours en canoë sur des rivières intrépides, un chirurgien rêveur et sa jeune et belle assistante qui est aussi sa maitresse .

Leur action reste limitée , non violente, mais avec un pouvoir de nuisance qui va faire d'eux des personnes traquées et les entrainer au-delà de ce qu'ils avaient imaginé .

Livre engagé, prônant la désobéissance civile, c'est aussi un hymne à la nature sauvage .

Edward Abbey que je découvre avec ce roman met dans son ouvrage de la fantaisie avec un côté plutôt déjanté , qui m'a bien plu , ce qui fait également que ses propos ne sombrent pas dans le pessimisme et la morosité .
Mais je ressors de ce roman plutôt découragée par notre aveuglement persistant devant les dégâts que nous causons à notre planète , alors, chers amis babéliotes , sortons tous notre clef à molette de notre boite à outil et en avant !

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