La Répudiée

Un texte puissant qui raconte tout en finesse et en émotion ce que cela signifie être répudiée, pression de la tradition sur le mari, honte sur la femme, l'amour n'a pas sa place dans une telle décision…
Eliette Abécassis sait parfaitement nous plonger avec puissance et pudeur dans cet univers des juifs orthodoxes, on y découvre le quotidien d'un couple sans enfant à travers divers épisodes qui vont amener vers l'inéluctable : la répudiation…
Un petit lexique aurait été le bienvenu pour expliquer certains termes appartenant à la tradition juive…
Sinon un texte magnifique, poétique et poignant, à lire et relire absolument !

Roman coup de poing en hommage à nos consoeurs sacrifiées sur l'autel de la religion. Ce bref récit nous plonge au coeur de la communauté des Juifs orthodoxes, les Hassidim, à Jérusalem de nos jours. Rachel et Nathan ont été mariés par leur communauté sans se connaître. Mais coup de chance, ils se plaisent et tombent amoureux. Malheureusement, après 10 ans de mariage, Rachel n'a toujours pas d'enfant. Sans que la stérilité de l'homme puisse être envisagée un seul instant, la communauté hébraïque va pousser Nathan à répudier sa femme comme la loi le préconise. Eliette Abécassis relate les faits et laisse peu de place aux sentiments. Pas de révolte : dans ce milieu-là, on se soumet à la loi de dieu et c'est la règle des autorités religieuses et des familles qui prévaut. Un récit d'une grande sobriété, intelligent et redoutablement efficace dans le message qu'il veut délivrer.

Rachel, notre narratrice, est très pieuse, elle a 26 ans, elle vit à Méa Shéarim, Jérusalem. On lui a donné comme époux Nathan, le fils du Rav, il y a 10 ans, elle en est tombée amoureuse dès qu'elle l'a vu, le jour de leurs noces, et cela continue. Mais après 10 ans sans enfant, même en s'aimant, l'homme peut répudier la femme stérile, qui ne permet pas d'offrir au monde une descendance pour quand viendra le Messie. L'homme doit la répudier, qu'il le veuille ou non, c'est la Loi, la coutume.
Même si Rachel osera trangresser certaines Lois pour comprendre pourquoi elle est stérile, elle n'ira pas jusqu'à révéler ce qu'elle a fait, même pour rétablir la vérité (elle n'est pas stérile). Elle acceptera la répudiation, quoi qu'il lui en coûte.

Ce livre très court (125 pages d'écriture confortable) est un bijou de sensbilité. le ton et le style sont ceux de Rachel, on entend presque ses inflexions, un petit accent particulier, le rythme de sa langue, sa voix posée. On l'entend, elle, du fond de sa sérénité et de son indicible souffrance. La condition de la femme juive et pieuse à l'extrême me heurte profondément et bouscule mes certitudes de femme occidentale, mais pour autant j'apprécie qu'Eliette Abécassis nous offre de comprendre avec simplicité cette femme, avec une empathie remarquable, dans toute sa dimension humaine et universellement féminine, dans ce qu'il y a originellement de commun dans nos cultures. Sans révolte face à son absence de révolte, parce que la révolte serait un jugement, et qu'il serait ici tout à fait déplacé, du moins à l'égard de Rachel.
Un très beau livre de féminité universelle, sensible et pudique.

(extraits sur mon blog)
Lien : http://ploufetreplouf.over-b..

très beau texte, un tout petit livre, mais comme quoi pas besoin d'en mettre des tartines pour faire quelque chose qui frôle la perfection.
texte concis ou un mot égal un tiroir, un livre plein d'émotions. Eliette abecassi nous transporte dans un autre univers.
à lire et relire

Un récit court et percutant qui nous fait pénétrer dans le quartier très fermé de Méa Shéarim dans lequel vit isolée la communauté hassidique. Chez ce peuple juif ultra orthodoxe les lois religieuses imposent un mode de vie rigoriste dans lequel la féminité se réduit au rôle à tenir dans le foyer : s'occuper de la maison, préparer le repas et travailler pour permettre au mari d'étudier, lui donner des enfants. Malgré un dévouement total à l'homme qu'elle a épousé sans le connaître mais qu'elle aime profondément Rachel voit son destin basculer à l'aube de 10 années de mariage sans descendance. Son mari, Nathan, aussi épris d'elle qu'elle de lui ne parvient pas à faire face aux injonctions religieuses et familiales de sa communauté. Répudiée sans ménagement, Rachel plonge dans la solitude et le désespoir qui nous parvient comme une litanie profonde et douloureuse. L'intrigue est poignante et la révolte de Naomi, la soeur de Rachel, quoique lueur d'espoir, insuffisante pour étouffer la colère sourde ressentie face à cet ignorantisme et ces injustices séculaires.

Mariés depuis bientôt dix ans, Rachel et Nathan vivent au coeur du quartier juif traditionaliste de Mea Shearim, à Jérusalem, dans le respect des lois hassidiques. Rachel est une femme pieuse et une épouse fidèle, entièrement dévouée à son mari, qui consacre ses journées à l'étude de la Torah. Ils s'aiment mais ils n'ont toujours pas d'enfants. Or la loi hassidique est formelle : le seul but du mariage est la procréation. Cette loi donne à l'époux, au bout de dix ans de mariage, la possibilité de répudier sa femme, si elle est stérile, et de choisir une nouvelle épouse. Chaque jour qui passe rapproche Rachel du jour de sa répudiation. Car, malgré son amour sincère et son respect pour sa femme, Nathan ne peut pas faire autrement : le jour de leur dixième anniversaire de mariage, il la répudiera. Pourtant Rachel sait que ce n'est pas elle qui est stérile, mais elle ne peut le révéler à personne car il est interdit aux femmes d'aller consulter seules un médecin. Rachel accepte l'inévitable en silence, prête à sacrifier son amour inconditionnel pour Nathan.
La soeur de Rachel, Naomi, aime Yakov depuis l'adolescence, mais il a été banni de la communauté pour s'être engagé dans l'armée. le rabbin a décidé qu'elle devait épouser son assistant Yossef mais elle refuse de se soumettre à ce mariage arrangé et de sacrifier son amour.
Avec « La Répudiée », Éliette Abécassis dresse le portrait de deux femmes, passionnément amoureuses, aux prises avec le poids des traditions, la pression des familles et de la religion.