Côte d'Ivoire, 1978. Aya, dix-neuf ans, vit à Yopougon, un quartier populaire d'Abidjan. Freshnie, elle vit sous l'oeil protecteur de ses parents, entourée de ses amies Bintou et Adjoua. Elle rêve de pouvoir faire de grandes études pour devenir médecin, afin d'échapper à la fameuse série C : Coiffure, Couture, Chasse au mari. Au grand désespoir de son père qui souhaite la voir se marier à Moussa, le digne héritier d'une entreprise productrice de Koutouckou. Ça sent le début des vacances scolaires. Ses amies comptent bien en profiter pour décaler, gazer, faire behou et draguer de beaux jeunes hommes. Pour cela, elles ont des combines pour déjouer la surveillance de leurs parents, dêh !. Un soir de fête, au maquis où sont allées décaler Adjoua, Bintou et son ami Moussa, cette dernière va tomber sous le charme de Mamadou, le plus grand séducteur du village...
Quel plaisir de lire un tel album, aussi subtil, instructif et divertissant ! On est plongé dans cette Afrique chaude et accueillante dès les premières pages.
Beaucoup de sujets sont évoqués ici tels que l'omniprésence de la famille, le travail, les jeunes, les études, la liberté, la sexualité, la condition féminine...
Ici, toute une galerie de personnages prend une place importante, des parents en passant par les cousins ou neveux. Ils sont gais, pleins de vie et savoureux. L'album est empli d'espoir, d'humour, de rêves, d'insouciance mais également de destins brisés.
Clément Oubrerie a illustré avec simplicité mais avec un tel charme cet album que ses traits et ses couleurs sont incontournables. Les dessins, épurés et pertinents, reflètent à merveille ce pays. Les traits sont fins et délicats.
Quant aux couleurs, elles sont si chaudes, colorées et vivantes, avec toute une palette incroyable de planches ton sur ton, que l'on se sent sous le soleil ivoirien.
J'ai beaucoup apprécié l'utilisation du patois local, ainsi que le lexique, la recette du gnamankoudji et de la sauce arachide ainsi que l'explication pour nouer un pagne.
Un dépaysement total, rafraîchissant, enrichissant et exaltant !
Aya de Yopougon, tchoko-tchaka, lisez-le, dêh !
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Ecrites par Marguerite Abouet dans le savoureux Français populaire et imagé de son quartier d'Abidjan, les aventures d'Aya et de ses copines adolescentes sont incroyablement bien rendues par le dessin nerveux et précis, les couleurs tranchées et évocatrices de Clément Oubrerie. L'effet de dépaysement est immédiat et total et cependant on est très vite en immersion totale elle aussi en compagnie de ces fines jeunes femmes qui avancent à pas hésitants ou imprudents vers leur destin de matrone ou de femme indépendante dans la Côte d'Ivoire post coloniale. On a une idée des souvenirs de Marguerite Abouet en suivant l'héroïne qui lui ressemble le plus.La sage Aya, un peu à distance des phénomènes néo pubertaires qui agitent ses amies, observe et critique sans prendre de gants la situation des femmes africaines, décrit par son observation de courtes situations quotidiennes le comportement veule des maris et des pères.
Elle n'a pas sa langue dans sa poche pour évoquer le savoir qui libère,et qui fournit la clé de l'avenir , pour se défendre contre le harcèlement verbal et sexuel incessant des hommes, mais on sent aussi sa tendresse pour les filles qui vont "gazer" dans les "maquis" avec les "genitos" qui aiment la belle sape, les airs populaires africains , les grosses bagnoles et les belles filles .Hélas la nuit africaine, qui tombe implacablement autour de 18 heures sans abaisser le moins du monde la température de l'air ni les ardeurs sexuelles, cette nuit épaisse et lourde qui gomme les contours du paysage et les visages des soupirants, cette nuit trompeuse et complice, qui facilite les étreintes, va produire l'événement fatal: une des copines est "enceintée", et donc toute la famille des deux jeunes protagonistes de l'affaire va jouer son rôle..jusqu'au dénouement comique-et provisoire.
C'est bien un petit chef d'oeuvre que je tiens entre mes mains, et j'éprouve un un plaisir qui se prolongera puisque j'ai pu trouver simultanément les trois premiers épisodes de cette saga ouest africaine des années 70.
un seul regret concernant l'édition folio, qui est une très bonne affaire: les caractères sont un peu trop petits même pour mes yeux écarquillés de plaisir.
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La sortie récente d'un tome 7, plus de 15 ans après le premier, m'a donné envie de me replonger dans cette série et de tout relire. Et vraiment je ne le regrette pas !
Aya de Yopougon nous transporte dans les années 70 en Côte D'Ivoire dans un quartier populaire d'Abidjan. Aya est une jeune fille de 18 ans, sérieuse et voulant faire des études supérieures. Ce n'est pas le cas de ses deux meilleures amies, Bintou et Adjoua, surtout préoccupées par leurs histoires de coeur et cherchant (si possible) un riche mari. Tout un petit monde coloré transite autour des trois jeunes filles : les parents, les cousins, les frères, les prétendants etc.. On suit leur vie quotidienne, leurs soucis, la condition pas toujours facile des femmes et jeunes filles.
C'est plein de vie et d'humour, le tout raconté avec un vocabulaire très imagé : on se retrouve au maquis déh ! on y boit du koutoukou, et on va s'enjailler ! Nous sommes dans une Afrique qui vibre, se marre, s'engueule, bref qui est bien vivante. Les dialogues sont des petits bijoux de drôlerie.
Les dessins sont également réussis, tout en douceur et en couleurs chaudes.
Et à chaque fin de volume, le bonus ivoirien : recueil de vocabulaire, de recettes, de conseils divers qui est un concentré d'humour.
J'avais adoré cette bd à sa sortie et sa relecture me confirme qu'elle n'a pas pris une ride et qu'elle demeure une excellente série.
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Petite BD de six tomes faciles à lire, drôle et pleine de joie, des petits riens de la vie... Livre que je conseillerais à tout le monde rien que pour découvrir un autre style de vie...
Je terminerais cette critique avec : laissez vous tenter, parce qu'au final, quoi de plus beau que de s'évader ?
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Extraordinaire récit en BD qui illustre mieux que n'importe quel roman l'Afrique contemporaine avec les bonnes et les mauvaises choses, les illusions et les rêves d'un ailleurs meilleur. Beaucoup d'humour, des personnages hauts en couleurs , parfois touchants, parfois irritants, toujours crédibles.
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