Ce livre pour moi, est un étrange et somptueux paradoxe. Tout du long, je n'ai cessée de me demander ce que j'allais bien pouvoir écrire dans cette critique, et comment j'allais réussir à trouver les mots pour décrire correctement ce livre, sans le salir ni l'embellir. Je tient à préciser que j'avais déjà vu le film avant de tourner la première page de Call me by your name, film dont je n'avais qu'un souvenir flou, un vague sentiment d'appréciation. Ce qui m'avait le plus marquée, c'était l'Italie qui était dépeinte, la chaleur, la douceur, la paix, un jardin d'Eden logée dans une mélodie napolitaine, et cet environnement est d'autant plus vivant sous la plume d'
André Aciman, dont les descriptions de paysages sont si belle est précise que je sens presque les rayons du soleil taquiner ma peau. Mais quand est-il du roman dans sa globalité ? C'est à la fois une histoire si simple, une rencontre, un été quelque part en Italie, mais aussi si compliquée. Les mots sont cru, dur, honnête mais aussi doux, complexes, manié parfaitement. D'où mon utilisation du mot paradoxe. En posant le livre, je suis incapable de vous expliquer de quoi il parle. D'amour, certes, mais finalement c'est tellement plus que ça. Il parle désir, d'émancipation, de tabou, d'homosexualité mais pas vraiment en réalité. C'est un livre qui propose une réflexion sur l'humain en général, sur ce qu'il peut ressentir et traverser. Un livre honnête qui décris des choses que je n'aurais jamais imaginé lire, qui aborde des sentiments si fort que j'ai presque du mal à les envisager. Et en même temps c'est un livre, curieusement, de silence. Un livre qui ne parle pas beaucoup, peu, mais jamais pour ne rien dire. C'est la première fois que je lis un roman si plein de sous entendus. Les mots exprimés à voix haute par Elio et Olliver sont simples, banals, quotidiens, quelqu'un qui passerait par là ne s'y attarderait pas, et pourtant. Et pourtant dans l'espace qui sépare leurs deux corps, sous la plume d'
André Aciman, ils semblent en dire plus que n'importe quel long discours. "A plus" devient un bouclier, "Peut être plus tard" une offense, "Je ne sais rien" un aveu. En se concentrant, on peut apercevoir l'intensité des mots, la force de l'esprit et des sentiments -et de toutes autres choses qui compose l'âme humaine-, s'élever au dessus des pages du roman, palpable, matériel, prête à nous envahir. Call me by your name, c'est un tourbillon de choses, une tornade introspective, un ouragan sentimental qui se déroule dans le plus grand des silences, en Italie, à l'ombre d'un abricotier, au coeur de la plus chaude journée de l'été. Je ne prétendrai pas avoir tout compris de cette oeuvre, tout semble tellement compliqué. Parfois j'ai du arrêter ma lecture pour me demander ce que j'avais sous les yeux, parfois j'ai questionné les choix de l'auteur, parfois, ce qu'Elio et Olliver ressentaient me dépassais complètement. Mais le sentiment est si justement décris, la psychologie du narrateur si délicatement orchestrée, et les mots si beau que la compréhension, finalement, importe peu. Ce qui compte c'est la vie, la vie complexe et débordante qui s'échappe du roman. En regardant le film, je m'étais faites la réflexion que ce "Call me by your name" était inexplicable à mes yeux. C'est joli, c'est doux c'est poétique, mais je ne comprenais pas pourquoi, dans le creux d'une nuit suffocante, Elio avait appelé Olliver "Elio" pour la première fois. En fermant le livre, je comprend enfin. Je comprends enfin qu'a l'orée de leurs identité brouillés, ils sont à l'unisson. Je comprend enfin que durant le court instant de cet été là, ils n'étaient plus que deux coeur, et un même battement.