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sur 1357 notes
Une fois n'est pas coutume, c'est le film qui m'a mené au livre.

Il faut dire qu'avant de découvrir et d'aimer passionnément "Call me by your name" de Luca Guadagnino et sa beauté fragile, triste et surtout vertigineuse qui m'ont tant marquée, je n'avais jamais, au grand jamais, entendu parler d'André Aciman et de ses romans.

En réalité, je ne me suis d'ailleurs procuré "Appelle-moi par ton nom" que dans le but, pas franchement honorable, de faire se prolonger les sensations bouleversantes nées du film en attendant de pouvoir le revoir et pas dans l'idée de découvrir une oeuvre à part entière et pour elle-même.

J'ai aimé ce roman pour tout ce qui m'a fait succomber au film et -littérature bénie- je l'ai adoré pour tout le reste: son extrême finesse, son analyse aigue du désir et du sentiment amoureux qui pour toute intellectualisée qu'elle soit n'en demeure pas moins poignante -ardente même-, sa narration où se mêlent l'écriture de l'intime et l'universalité des premiers émois et du désir et où la première et la deuxième personne se confondent parfois comme les corps dans l'amour et les esprits penchés sur le même livre ou la même partition.
Je l'ai adoré pour son élégance et sa distinction, pour sa délicatesse d'orfèvre, pour cette écriture, marbre et dentelle, proustienne sans aucun doute mais surtout d'une beauté à se damner.

Et pour ses frémissements, pour Elio qui ressemble un peu à celle que j'étais à 17 ans, pour Oliver qui n'a pas été sans me rappeler ce premier amoureux avec lequel je pensais que ça durerait toujours parce que c'était lui et parce que c'était moi, parce que c'était le printemps puis l'été, parce qu'on était beaux-ensemble surtout- et qu'on en revenait pas de ce qui nous liait soudain, de ce besoin et de cette envie d'être l'un à l'autre pour toujours, de cette fièvre et de cette soif que rien ne pouvait étancher.
Ce roman a cela en lui de beau et de mélancolique, de presque triste, de faire revivre ces sensations, ces frémissements et ces premières ivresses, ces premières douleurs et ce premier chagrin dont on a cru qu'on en mourrait avant de se cuirasser et de grandir.

Et je l'ai aimé de m'avoir menée en Italie, d'avoir fait en sorte que je sente vraiment sur ma peau la caresse puis la brûlure du soleil.
De m'avoir offert aussi l'espace de quelques pages le bleu, la mer et le sel, le jus des abricots gorgés de miel et l'odeur des pins et la langueur des soirs d'été qui n'en finissent pas.
Et Rome, et les soirs d'ivresse et de musique. Et la violence du premier amour.

Je l'ai aimé pour cette mélancolie qu'il m'a offerte et que je garde encore un peu, pour cette urgence qu'il a fait naître en moi de chérir et de garder en mémoire les instants volés et fugaces dont la saveur ne reviendra jamais et pour ce bain de beauté qui a mis de la lumière dans ce presque hiver éclaboussé de gris et de brouillard.

Mais je ne crois pas que je lirai la suite, l'histoire me semble plus belle comme ça.
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Cette écriture est addictive, comme une passion dévorante. Notre auteur nous fait tant ressentir la tension, l'impatience, l'égarement, l'envie, puis l'explosion des sens. Il fait chaud, et il est terriblement sensuel cet été-là, entre le jeune Elio et Oliver, le professeur de philo, invité des parents de celui-là. Épris de cette histoire, sans pouvoir quitter mes yeux de ces pages, comme notre héros est épris de la peau d'Oliver et aveuglé par son amour naissant et plutôt tabou. le livre plus fort que le film, comme souvent. Je me rappelle les images du film, je n'oublierai jamais les sensations du roman. Et puis, tout lire pour finir en apothéose avec la conversation avec le père, de toute beauté. Et pour souvenirs cette phrase qui m'avait déjà tant parlé lors du film : "Mais ne rien ressentir pour ne rien ressentir - quel gâchis !".
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C'est l'adaptation cinématographique qui m'a mené vers le roman (initialement titré « Plus tard ou jamais »), avec l'envie de sentir à nouveau le soleil d'Italie, l'odeur des pins et des oliviers, d'écouter la minutie des mots et le chant effréné des cigales, d'en apprendre davantage sur Elio et Oliver, sur cette famille de « Juifs discrets » où le père est professeur d'archéologie et la mère polyglotte, où la culture et la musique côtoient le respect de l'intimité et de l'éveil. Certes, le tableau peut paraître artificiellement idyllique, mais la magie opère en images comme en mots.

Comme chaque été, les parents d'Elio (le narrateur) accueillent un hôte dans leur demeure du nord de l'Italie, souvent un jeune universitaire qui pourra profiter de l'atmosphère lénifiante et du calme de l'endroit pour y terminer un manuscrit. Cette année-là, il s'agit d'Oliver, un jeune professeur de philosophie, solaire et érudit, un Américain dont la prestance frôle l'arrogance. Elio quant à lui est un garçon solitaire et instruit, aussi intimidé qu'audacieux, en pleine éclosion identitaire dans la fleur de ses dix-sept ans, tout à la fois d'une grande maturité et d'une naïveté touchante face à la découverte de sentiments nouveaux et ravageurs. Car s'il a déjà connu le corps des filles et qu'il flirte volontiers avec la jeune Marzia, il est bientôt éperonné par une attirance irrépressible pour Oliver, dont l'aplomb insolent lui était pourtant d'entrée fort déplaisant. Débute alors une torture insoutenable, entre rapprochements et évitements, joute des mots et des regards, jusqu'à l'abandon des corps. Peu importe qu'il s'agisse ici d'amours homosexuelles, car la profondeur des sentiments et les douleurs qu'ils peuvent engendrer sont universelles. le roman est certes plus explicite que le film mais jamais vulgaire ni provocateur. C'est l'histoire d'un premier amour, écrite avec grandes justesse et sensibilité, mais c'est aussi plus que cela. C'est la manière dont une telle histoire marque un être dans sa chair et son coeur, violente la mémoire tout en convoquant les souvenirs évanouis.
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Voilà un joli récit, doux et violent, qui fait revivre avec une justesse autobiographique les intenses émois qui étreignent les adolescents... en particulier lorsqu'ils éprouvent des sentiments et des désirs auxquels ils ne s'attendaient pas forcément...

Mais cela ne s'arrête pas là... C'est aussi un livre sur les occasions perdues, la "vie parallèle" que l'on se construit quand on a connu un amour unique qu'on a finalement laissé filer... et c'est d'une mélancolie bouleversante.
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Avant, quand j'étais enfant et jeune adolescente, je pleurais très souvent en lisant. La première fois, j'avais 6 ans. le chat Montézuma, inventé par Morpurgo, venait de mourir après 9 vies bien remplies. Ça s'est arrêté quand j'étais en 4e. J'avais le souffle coupé en lisant certains romans mais c'était tout. Et puis, c'est revenu mercredi soir, la gorge serrée et les pleurs, en lisant les 30 dernières pages de Call me by your name.
Depuis le dernier tome d'Harry Potter, je n'avais plus couru les librairies avec l'obsession d'en sortir avec le livre, prête à le commencer aussitôt rentrée à la maison. J'étais alors en terminale. Lundi soir, j'ai fait une heure de voiture et 4 librairies pour ne pas repartir sans le roman d'André Aciman.
J'arrive bien après tout le monde. Beaucoup ont déjà lu, vu et parlé de Call me by your name bien mieux que je ne saurais le faire. Mais si, comme moi, vous avez échappé à cet enchantement, rattrapez ces précieuses heures de beauté.
Call me by your name est doux comme le bruit de la Méditerranée, violent comme le soleil italien en plein été, sensuel, bouleversant, mélancolique, obsédant. C'est un délice de beauté, condensé en deux prénoms : Elio, Oliver.
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Une passion dévorante entre deux hommes le temps d'un été : c'est beau, c'est chaud, c'est une magnifique histoire d'amour à découvrir ! Fort et Poignant !
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Un été en Italie, au 20e siècle. Elio, 17 ans, est en villégiature dans la maison familiale pour l été. Ses parents, lettrés, invitent chaque année un artiste ou écrivain en résidence et cette année c'est Oliver, jeune étudiant et auteur américain, qui arrive. Les deux feignent l'indifférence, ou même l amitié, mais ce qui couve entre eux est infiniment plus puissant...

C'est un roman d'une grande beauté, magnifiquement écrit, et qui décrit bien les affres du passage de l'adolescence à l'âge adulte (le fameux "coming of age" chez les anglophones), ou encore les tourments de la passion, du désir, de l'obsession pour l'autre sans savoir si c'est réciproque. Découpé en 4 parties (dont je préfère les deux premières), ce roman de 250 pages vous emmène dans l'Italie estivale sublimée et propre à ce genre de questionnement. Au passage on parle également littérature, musique classique, judaïsme...Une très belle histoire d'amour, à la fois contrainte par le temps et la distance, mais aussi sans retenue, comme premier jalon important dans une vie, de celle qui marquera l'un comme l'autre. J'avais de grandes attentes car le film m'a énormément marquée et émue, et je ne pouvais pendant un temps entendre la bande son de Sufjan Stevens sans ressentir une forte émotion, mais le roman dont il est adapté est à mettre entre les mains de tous les lecteurs, car certaines phrases résonnent forcément.
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Comme j'ai eu du mal à entrer dans ce roman ! J'ai vu le film il y a un an, il m'avait bouleversée, et cette fois j'ai voulu faire le chemin inverse, lire le roman après avoir vu les images. J'ai bien failli l'abandonner à plusieurs reprises.

Ce qui m'a gênée ? La narration à la première personne. le jeune homme se pose plein de questions, superflues pour la plupart, s'interroge, analyse chaque situation, chaque rencontre, s'interroge encore, ça m'a fatiguée et souvent agacée. Trop d'introspection à mon goût. Et puis, je connaissais la suite, je savais ce qui allait arriver, et les images du film se superposaient aux images créées par les mots. Effet pour le moins désagréable.

Au milieu du roman, après moult soupirs d'exaspération, j'ai commencé à lâcher prise, à l'image du personnage, j'ai fondu, j'ai commencé à être touchée par les mots. La confusion des sentiments exprimée avec fougue, avec crainte, avec hésitation, si proche de ce que chaque adolescent ressent dans la vraie vie, a fait place à l'explosion de sentiments, et là j'ai respiré.

Mais je n'ai clairement pas retrouvé ce qui m'avait tant émue dans le film. Peut-être parce que les romans d'amour ne m'attirent pas du tout, je n'en lis quasiment jamais. Et là, il n'est question que de ça finalement, dans un environnement culturellement riche, très musical (heureusement, ça sauve en partie le roman), très esthète.

J'ai retrouvé le passage que j'avais tant aimé dans le film : les mots du père à son fils, si sincères, si poignants. Mais, filmés, ils m'apparaissaient plus forts.

Je crois bien que c'est la première fois que je préfère l'adaptation cinématographique au roman…
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Un été en Italie, les années quatre-vingts, un jeune homme de très bonne famille, Elio, observe l'arrivée d'Oliver, jeune professeur américain invité à passer l'été dans leur grande propriété au bord de la mer. L'attirance est immédiate mais visiblement pas partagée. Sous un soleil radieux, au bord d'une mer d'un bleu infini, ils vont jouer au chat et à la souris. Elio connaîtra les incertitudes du coeur, les affres d'une passion qu'il espère assouvir jusqu'à ce que les corps se rencontrent... Naîtra alors un amour véritable, intense, un de ceux qui marquent une vie à jamais...
L'histoire reste somme toute banale, déjà lu et vu des dizaines de fois, notamment l'an dernier avec le décevant "Splendeur "de Margaret Mazzantini, déjà en Italie, naviguait peu ou prou sur le même thème de cet amour ineffaçable et le mois dernier, l'excellent " Les vacances du petit Renard " de Arthur Cahn traitait aussi de l'attirance d'un adolescent pour un homme plus âgé, un été à la campagne ( et à mon avis de façon bien plus convaincante). Cependant, même si le roman ne m'a pas totalement convaincu, force est de reconnaître qu'il arrive à être un brin original dans son traitement et réussit une dernière partie émouvante.
"Appelle-moi par ton nom" se divise en quatre parties dont l'intérêt va crescendo. Après une exposition assez répétitive, où sont étalés les tourments un peu tirés par les cheveux du jeune héros, atermoiements ressassés de façon un poil agaçante, arrive la rencontre véritable, l'attendu rapprochement des corps, puis une partie romaine qui scellera la passion. Ces trois parties sont toutes parsemées de nombreuses références à des auteurs italiens plus ou moins connus du lecteur, auxquelles vont se mélanger quelques moments beaucoup plus triviaux. C'est ce curieux mélange de la langue littéraire employée que soudain des gouttes de foutre ou autres situations crues vont faire grincer, qui donne au roman cet intrigant relief même si la combinaison surprend et ne s'avère pas toujours convaincante ( disons que la poésie de Dante disséquée façon érudit ne s'amalgame pas toujours très bien avec un index dans l'anus !). Mais il faut que le coeur vibre, les corps palpitent et que le désir s'annonce total et intense.
Mais quand les corps se laissent aller, le roman surprendre un peu plus car, bien plus finaud et bien plus original qu'une simple passion gay éphémère, il prend des chemins bien moins convenus quant à son regard sur les rapports humains et le sexe. Tout en gardant son côté référencé " grande littérature transalpine" , il osera se rire des poncifs et explorer avec subtilité mais assez frontalement, les hasards ambivalents des rencontres et de l'attirance sexuelle.
Je ne dirai rien d'un final, abandonnant enfin toute pause littéraire pour ne se concentrer qu'à l'émotion, choix qui se révèle gagnant.
Même si "Appelle-moi par ton nom" souffre de quelques longueurs et d'un verbiage un peu pompeux, il arrive sur sa deuxième partie à emporter le lecteur. Maintenant, il sera intéressant de voir l'adaptation cinématographique qui sort ces jours-ci sur les écrans...
PS : ce roman avait déjà paru aux éditions de l'Olivier en 2008 sous le titre " Plus tard ou jamais
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Ce livre m'a fait penser à Carol, par l'excellence de la plume de son auteur. Les phrases sont douces, le rythme est lent, le lyrisme poussé :

"Ignorer s'il allait se montrer ou non à la table du dîner était une torture. Mais supportable. Ne pas oser demander s'il allait être là était le vrai supplice. Sentir mon coeur battre plus fort lorsque j'entendais soudain sa voix ou le voyais assis à sa place quand j'avais presque renoncé à espérer qu'il serait parmi nous ce soir-là m'emplissait d'une joie semblable à une fleur vénéneuse. le voir et penser qu'il serait des nôtres au dîner et puis entendre son péremptoire Esco ! m'apprenait qu'il y a des désirs qui doivent être rognés comme les ailes d'un papillon vivant."

L'histoire de deux jeunes hommes qui se reniflent (au sens propre) avant leur tout premier rapport homosexuel aurait pu me convaincre sans réserve. Les descriptions et la narration autour des moments charnels sont sublimes. Toutefois, je trouve leur histoire archaïque, j'imagine les jeunes hommes actuels plus rapides pour passer à l'acte. Autrement dit, ce livre est écrit pour des homosexuels âgés. Et encore, les personnages, des Blancs riches et éduqués m'ont paru tellement lisses. Mon problème, et c'est personnel : ce roman manque de violence. J'aurais aimé un fort enjeu, une dispute mémorable.

J'ai pris parfois du plaisir à lire ce livre, mais j'en suis ressorti comme après une longue sieste d'été sous un abricotier. Je me suis senti étranger, spectateur lointain, peu guidé dans leur amour. Un peu comme si un intellectuel pérorait pendant des heures en s'écoutant parler. Elio et Oliver ne m'ont pas touché, même si leur attente m'a rappelé des souvenirs.

J'ai fini ce livre comme le film : j'ai apprécié certains passages (grâce au style de l'auteur et à la photographie du film), tout en m'ennuyant, à la limite de l'agacement, devant cet été bourgeois.

Lien : https://benjaminaudoye.com/
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