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EAN : 9782343174037
230 pages
Editions L'Harmattan (09/05/2019)
4/5   3 notes
Résumé :
Le parcours d'un Corse. L'expérience et la vision d'un journaliste citoyen du monde. Une réflexion sur le journalisme, ce métier pas comme les autres.
Des périodes tumultueuses de l'Histoire à chaud, du Niolu au maquis du Morvan, de la Libération à la guerre froide, de l'Afrique coloniale au FLN algérien, de l'Amérique latine des années soixante à l'Europe de l'Est de l'ère soviétique, de la fin du franquisme à la révolution des oeillets au Portugal, du Chili... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je viens de tourner la dernière page du récit "Mémoire D oublis" et je suis bien embarrassée par un problème purement technique : "Comment le chroniquer?" car je ne puis dissocier l'auteur Michèle Acquaviva-Pache, de la personne mise à l'honneur dans cet ouvrage, Antoine Acquaviva, tant leurs destins sont liés, tant ils semblent avoir de points communs et paraissent avoir suivi souvent la même trajectoire.
Monsieur Acquaviva ne m'en voudra certainement pas, si j'évoque d'abord l'auteur de ce livre. Michèle Acquaviva-Pache est à la fois écrivain et journaliste. Mais, de ces journalistes de la "vieille école" se déplaçant toujours pour ses reportages avec un cahier et un stylo. de ces journalistes, de presse écrite, authentiques, qui font honneur à la profession. de ces journalistes professionnels et consciencieux qui savent écouter et rédiger des articles intelligents, fins et bien construits.
Avec cet ouvrage, j'oublie l'écrivain... Ce récit est le travail d'une journaliste qui évoque le parcours d'un autre journaliste, engagé, spécialisé en politique étrangère. Un journaliste Corse, Citoyen du Monde! L'image est superbe.
Le titre de l'ouvrage est très beau aussi : "Mémoire D oublis - Antoine Acquaviva, une conscience rebelle (1936 - 1998)".
Enfant de Lozzi, dans le Niolo, monsieur Antoine Acquaviva est aujourd'hui presque centenaire. Homme de convictions, communiste, il fut journaliste pour "Ce Soir" puis pour "L'Humanité" parcourant le monde pour suivre au plus près l'actualité afin d'alimenter la rubrique de politique étrangère. Avant de devenir un journaliste passionné, il aura été résistant dans le maquis du Morvan....
Les faits évoqués dans ce livre commencent à dater (1936-1998). Dans son avant-propos Michèle Acquaviva-Pache pose cette question cruciale : "Au fait est-il question d'un monde disparu ou d'un monde perdu...?"
La mémoire humaine est très sélective, les images et les faits s'enchaînent, se télescopent, et L Histoire a vite fait de remiser certains événements.
Les lecteurs les plus âgés qui découvriront ce récit se souviendront bien sûr de certains noms : Peron, Allende, Houphouët-Boigny, Ceausescu, Dubcek... mais le souvenir sera certainement imprécis... Naturellement le nom des frères Castro parlera davantage, de même que celui de Che Guevara, icône encore représentée sur des murs, des banderoles, des vêtements... Celui de Khroutchev aussi peut-être à cause d'une anecdote : "un monsieur pas très poli qui dans une importante assemblée se déchaussait et martelait son pupitre avec sa chaussure!... Ca alors!"
On se souviendra aussi avoir entendu parler de "La révolution des oeillets", du "Printemps de Prague", de "L'intervention dans la baie des cochons"... des mots, des impressions furtives, mais se souvenir vraiment dans le détail de faits vieux parfois de plus d'un demi-siècle?
Seuls les férus de politique étrangère, les gens du cru, les étudiants en Histoire où à Sciences Po, ont cette capacité...
Il n'empêche que le livre écrit par Michèle Acquaviva-Pache possède le pouvoir d'entre-bailler des portes, et d'inviter à se documenter sur les sujets qui peuvent nous interpeler.
Répondant point par point à une célèbre phrase de Maître de Moro Giafferi, "Un Corse ne s'exile jamais, il s'absente", monsieur Antoine Acquaviva reviendra en Corse à l'âge de la retraite... Mais l'esprit toujours en ébullition et avide de s'engager encore et toujours, par conviction, il intégrera le mouvement nationaliste insulaire et prendra la tête du magazine Ribombu.
Un destin d'exception que celui de ce petit garçon né dans un paisible village corse, et qui a sillonné le monde, de Paris au Morvan d'abord pour traverser mers ou océans par la suite, séjournant en Amérique du Sud, en Afrique, dans des pays du bloc de l'Est. L'aventure de toute une vie de journaliste, rédigée avec talent et fidélité par Michèle Acquaviva-Pache, rendant un vibrant hommage à Antoine Acquaviva, un monsieur très digne et un grand professionnel du journalisme.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Nombreux les confrères rencontrés à l'étranger se targuant d'objectivité. Pourtant beaucoup, sur place, ne faisait qu'appliquer les schémas de pensée "made in France" véhiculés par leurs rédactions en chef. Pour l'objectivité on repassera! Moi, je ne mettais pas mon drapeau dans ma poche... Souvent je me suis demandé quelle était la mesure de l'indépendance d'un journaliste dont le média appartenait à un groupe financier important? Pareil pour les reporters de l'audiovisuel quand l'ORTF n'était que "la voix de son maître", le résident de l'Elysée? Qu'en est-il aujourd'hui? Qui peut jurer être impartial... Neutre...
L'objectivité telle qu'on a coutume de la définir me semble irréalisable. Comment, en effet, faire abstraction de ses opinions? Comment effacer sa sensibilité? Pour ce qui me concerne j'en suis incapable. Je sais mes limites.
Toutefois je peux convoquer ma sincérité en décrivant des faits. Je peux mobiliser mon honnêteté intellectuelle pour relater des événements. Quant au commentaire personne ne doutera qu'il est libre, donc susceptible d'être traité avec toute latitude. Les faits je n'ai pas à les caricaturer. Les événements je n'ai pas à les tronquer. Etre en alerte pour ne pas se laisser piéger. Ne pas oublier l'emploi du conditionnel, qui n'a pas été inventé pour les chiens! Se rappeler que le sens critique se doit d'être partagé par celui qui écrit et celui qui lit. Exercice encore plus impératif à l'heure des réseaux sociaux.
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Valle de los Caidos. Un monument funéraire gigantesque en hommage aux combattants franquistes morts pendant la guerre civile. Valle de los Caidos. Une foule impressionnant à l'enterrement du Caudillo. Une marée humaine. Partout des bras tendus. Partout des cris, "Arriba Franco! Arriba Espana!". Surmontant le monument une croix colossale. Interminables obsèques. Atmosphère irrespirable. Oppressante. Mausolée planté à cinquante kilomètres de Madrid. Un confrère de L'Aurore, quotidien parisien de droite, m'a permis d'assister aux funérailles. Tension croissante. Asphyxiante. Qu'est-ce que je fais là au milieu de ceux qui ont tant haï les miens, les Espagnols du camp opposé? Mon métier, bien sûr. Juste mon métier... avec une certaine dose d'inconscience... Il fallait être là. Même si je ne vois pas grand-chose pour cause évidente de n'avoir pu rejoindre les places réservées aux journalistes. Pas d'accréditation pour l'occasion. Qu'importe ce n'est pas la première fois que je me dispense d'autorisation. Il est des présences obligatoires... celle-ci en est une. Inimaginable de rater l'événement... Des années après que faire de Valle de los Caidos si ce n'est un mémorial aux victimes du franquisme!...
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1981. Election de François Mitterrand à la présidence de la République. Un souffle d'air frais, espérait-on. L'époque était au renouveau pour Antoine : il avait atteint l'âge de la retraite et pour rien au monde il ne l'aurait vécue ailleurs qu'en Corse. Son île natale, son Niolo d'origine ne lui avait jamais autant manqué. Avidité vertigineuse de combler tout le retard accumulé en quarante ans d'éloignement. Renouer avec son pays, sa langue, sa culture. Retrouver la Corse, mais pas en pantouflard. Pas en rentier... La plage, les randonnées en montagne, c'était pour les touristes! Il lui fallait l'activité. S'impliquer. Le chantier requérait des bras, il n'en évaluait pas encore l'ampleur, mais il était prêt. D'ailleurs sa santé n'était-elle pas excellente. Ses forces intactes. Rompre des lances encore? Pourquoi pas!
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Enfant, comme tous ses copains, Antoine découvre le français à l'école. Autour de lui, du plus petit au plus ancien, on ne s'exprime qu'en corse. Mais en classe la maîtresse veille à ce qu'aucun gosse ne déroge à la langue de la République, sinon gare à la punition. Tout le monde parle corse à Lozzi, sauf les gendarmes continentaux ce qui les classe très... à part. Vieux réflexe hérité de l'opposition du Niolo à la conquête et à l'occupation par les forces armées du roi de France, puis par celles de Napoléon.
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Au pays de la saudade tout a commencé en chanson... Tout - c'est peut-être exagéré! - Car il y a eut une longue, lente, profonde conscientisation, maturation parmi les militaires engagés dans une interminable guerre coloniale se déroulant à des milliers de kilomètres de chez eux. Guerre sale. Guerre atroce. Guerre qui provoqua un paradoxal renversement d'état d'esprit et dans la foulée de situation. Comme ailleurs l'avantage de l'armée lusitanienne sur le terrain ne résista pas à la lassitude morale des soldats envoyés par Lisbonne en Afrique et à l'air du temps qui voulait la décolonisation.
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