Marie se sent continuellement à la limite de basculer, de ne plus rien contrôler, de virer du côté de ce qu'elle appelle elle-même sa "folie". Elle vit dans le nord, une ville triste et fouettée de vent aux
falaises abruptes et accueillantes battues par la mer. Avec Stéphane, son mari, et leur deux enfants, Lise et Lucas. Un jour, en pleine période de répression anti-clandestins, le lendemain d'avoir assisté à un passage à tabac sur la plage, sans trop savoir pourquoi ni comment, Marie file dans un centre où se trouvent des réfugiés clandestins, qui attendent là avec l'espoir fou de rejoindre l'Angleterre. Elle y reviendra encore et encore, poussée par elle ne sait quoi elle-même, attirée, oublieuse alors de sa vie plan-plan qui ne la satisfaisait pas. Dans cette fuite éperdue, elle délaissera dans la souffrance mari et enfants, et pire : leur fera un mal inouï de par les sales rumeurs qui courront sur celle qui abandonne les siens pour aller vers ces "Kosovars"... Jusqu'à ce que...
J'ai pris ce livre au pif à la biblio, parce que je rangeais le bouquin d'
Eliette Abécassis que je venais de lire et que celui-là était à côté, parce que j'apprécie souvent les choix éditoriaux des Editions de l'Olivier. Je n'avais jamais entendu le nom de cet auteur, ni le titre d'un de ses romans (je rappelle que je vis dans une vraie maison en simili-grotte...). J'ai donc découvert après qu'il est un des auteurs dans le vent du moment. Bien. D'accord. J'ai bien failli hésiter à avoir aimé ce livre, du coup. Mais décidément bof. Pas rvaiment non. le style est percutant, on sent presque charnellement la fuite en avant de Marie, la ponctuation joue grandement (il manque les 3/4 des virgules, ce qui donne une très intéressante impression d'enchaînement rapide en même temps que de cassure des conventions, des limites, voire de la normalité), le ressassement continuel de la mort de sa soeur Clara, de sa jeunesse perdue, de son amour-haine pour ses enfants... Et en même temps, je ne saurais dire pourquoi, ça ne m'a pas touchée. Peut-être parce que l'abandon et la souffrance de ses enfants m'a trop portée à l'empêchée de m'identifier tant soit peu à Marie ou aux réfugiés qu'elle côtoie. Même dans les pires moments, si bien décrits pourtant, je ne suis pas entrée émotionnellement dans le récit. Peut-être l'ambiance trop froide, je ne sais pas. Bref, le tout m'a laissée quasi de marbre, rien ne m'a donné envie de compatir, sinon avec ses enfants, l'histoire ne m'a pas emballée plus que ça, même si la seconde moitié m'a semblée plus vivante, plus juste aussi, quand le tourbillon de l'esprit de Marie prend de la vitesse...
Cela dit, dans l'ensemble, ça peut faire réfléchir à la valeur des choses, à nos idées reçues ou préconçues sur le fait que telle ou telle situation est plus dure que telle ou telle autre, sur nos vies, nos choix fondamentaux si différents d'autres, nos rejets spontanés, nos propres engagements, et nous y faire réfléchir d'une manière très particulière, puisque l'auteur, ici, ne prend pas parti, ne juge rien ni personne (même pas les flics ou l'inhumaine justice), même pas au travers de la voix de Marie, sa narratrice... Libre champ d'y lire ce qu'on a envie d'y voir, style impeccable et maîtrisé ; qu'on aime ou pas, le talent de plume me semble incontestable. Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas plus accroché (mais suffisamment pour que j'aille au bout quand même, même si je me suis demandé à plusieurs reprises si je n'allais pas le poser...).
(extraits sur mon blog)
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