Récit court composé d'un long poème d'une trentaine de pages et d'une prose d'une dizaine de pages.
Le poème est brut, aux vers courts et aux rimes irrégulières, un propos triste, pessimiste, cruel envers son auteur, fâché de lui et du monde, la cadence est rapide comme si le souffle était court. Les mots sont simples et tranchants, ils sont agressifs, colériques, angoissés, on ressent la peine et l'émotion à vif.
L'histoire est du même niveau, le style est contrasté, soutenu lorsque le narrateur intervient, familier quand les personnages s'expriment dont le héros serait l'auteur fictif du dit poème.
Histoire absurde, aux propos nihilistes mais féconds, étrange paradoxe dont se nourrissent les dialogues des personnages qui sont fatigués, las avec un point de vue philosophique intéressant sur la notion de dégout qui semble diriger tout le récit bien qu'implicite.
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Le vieux n'a jamais eu de chance. A l'école, sous prétexte qu'il était le plus riche et le plus doué, on le torturait.
Le soir , quand il rentrait chez lui, sa beauté le faisait détester de ses frères qui lui enviaient sa jolie taille de guêpe, son teint de rose et la finesse de ses traits.
La nuit, ils le tiraient du lit et ils le menaçaient d'un cutter, disaient qu'ils allaient le sacrifier et boire son sang au nom de la déesse Egalité.
Les dimanches après midi, quand toute la famille sortait, on l'enfermait ou on l'attachait à une chaise, de peur d'exciter la jalousie des voisins.
Parfois, une cousine de passage insistait pour qu'il fasse partie de la fête. La tête enveloppée d'une cagoule et le corps ficelé à la hâte, il partait alors pour une promenade au bord de la rivière dont il ne savait jamais s'il rentrerait mort ou vif.
Il manque une pièce (live au Bouffes du Nord le 13 juin 2010)
récitant : Jean Guidoni, texte : Philippe Adam, musique : Fabrice Ravel-Chapuis