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EAN : 9782070134670
176 pages
Gallimard (30/11/-1)
3/5   11 notes
Résumé :
« Ils jouent. De temps en temps ils gagnent, le plus souvent ils perdent. Et puis vient cette fois où les chiffres tombent, le gros lot, la chance avec tout au bout des millions, des dizaines et des centaines de millions, et alors là, c’est sûr, depuis le temps qu’ils en rêvent, on espère que pour eux la vie va changer. »
Philippe Adam.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Désenchantement argenté.

Livre en fragments, en forme de variations autour du devenir de gagnants du Loto, le onzième livre de Philippe Adam, paru en 2011 aux éditions Verticales apparaîtra comme un paradoxe à tous ceux qui ont un jour joué et rêvé d'une vie oisive ou différente. Avec l'humour grinçant dont Philippe Adam est coutumier, ce rêve d'un jour s'évanouit rapidement pour les gagnants de «Jours de chance», pas si chanceux que ça.

«Le 18 juillet, mon compte a été crédité, je me suis levé, je suis allé à la banque et j'ai su que je n'aurais plus jamais de problèmes d'argent, il faisait chaud, les gens rêvaient de partir en vacances et moi j'étais millionnaire.»

Au départ les nouveaux millionnaires ne savent pas quoi faire de leur nouvelle fortune, encore encombrés de leurs désirs modestes. Ensuite, la situation empire : éloignement et aigreur des proches, revanches et désillusions, désoeuvrement, solitude et déprime profonde. Au travers de dizaines d'épisodes doux-amers, ces nouveaux riches finissent par ressembler à des laissés-pour-compte, qui peinent à s'habituer à leur nouveau statut.

«Si mes collègues avaient su qu'en dépit des exercices qu'à chaque rentrée des classes nous donnions à nos élèves pour les initier au calcul des probabilités, le vendredi 30 septembre, sachant que j'avais une chance sur 19 millions d'avoir tous les bons numéros, une chance sur 55 491 d'en avoir cinq, une chance sur 22 197 d'en avoir 4, une chance sur 61 d'en avoir 3, et de très fortes chances de n'en avoir aucun, s'ils avaient su qu'en dépit de ces calculs j'avais joué, ils se seraient arraché les cheveux. Ayant gagné, j'avais honte. J'étais tourmenté. Je refaisais les comptes qui me donnaient à chaque fois perdant. Et puisque j'étais parvenu à trouver les six bons numéros en dépit de mes calculs, j'en venais à me prendre pour une sorte d'élu, un miraculé, presque un prophète. En cours, je me lançais dans des discours bizarres, je traçais des symboles dans le vide, parlais du mystérieux pouvoir magnétique des chiffres et, même si j'avais de toutes façons l'intention de quitter l'Education nationale, j'en ai été renvoyé avant. On m'a mis à la porte de ma propre classe. Un professeur de mathématiques ne devrait jamais jouer.»

Toujours décalés, ils ne peuvent se détacher de leur vie d'avant ; celui-ci continue à promener son chien, cette femme humiliée par ses employeurs finit par racheter leur entreprise, cet ancien chauffeur continue au volant d'un bus à conduire les gens où ils le souhaitent, mais à titre gratuit. Et il y a le triste portrait de cet alcoolique broyé par le paradoxe : quitté par sa femme le jour où il devient millionnaire, il consacre son argent à tenter, vainement, de maintenir son emprise sur elle.

Ces nouveaux riches des bars-tabac, qui ont touché par hasard des dizaines ou des centaines de millions ne feront jamais vraiment partie des « véritables » riches. L'optimisme, à quelques rares exceptions, déserte rapidement le livre, utilisant cette figure du gagnant pour brosser des portraits rendus outranciers par l'excès d'argent, et pour entamer l'illusion d'une richesse forcément heureuse et d'un projet de vie uniquement fondé sur l'argent.

Questionnant en filigrane les rêves contemporains, l'agencement de ces destins entremêlés, brossés en quelques lignes ou filés sur l'ensemble du livre, évoque, avec sa tonalité tragicomique et son sens de la chute les récits fragmentaires d'Yves Pagès (et notamment «Souviens-moi» paru en 2014 aux éditions de l'Olivier), l'humour des «Crimes exemplaires» de Max Aub, et les faits divers imaginés par Félix Fénéon dans ses «Nouvelles en trois lignes».

Était-ce vraiment leur jour de chance ?

Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/06/08/note-de-lecture-jours-de-chance-philippe-adam/
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«Ce que l'on possède nous est prêté, ce qui nous possède ne nous appartient pas.»

Philippe Adam nous conte (nous compte !?) des extraits de vie découpés en petits morceaux de paragraphes.
Un chauffeur de bus qui grille des feux rouges et oublie de s'arrêter aux stations.
Un charcutier qui meurt d'une crise cardiaque dans son arrière boutique.
Un retraité qui décide de s'offrir des dents toutes neuves.
Un trentenaire qui s'ennuie à mourir à remplir des mots fléchés.
Et bien d'autres encore.
Le fil conducteur, le point commun de ces tranches de vie ?
Tous ont gagné le «méga pactole» au loto.
L'équivalent de «139 Porsche, 196 voyages dans l'espace, 500 000 écrans de télévision, 8 générations de smicards.""
Les tons de l'auteur varient du drôle au grotesque, du cruel au cynique pour nous raconter les malheurs de ces chanceux.
L'argent ne ferait pas le bonheur à lire Philippe Adam. Au contraire il contribuerait au malheur. Il alimenterait la solitude, l'hypocrisie, le chantage, la jalousie, l'ennui, la mesquinerie...l'odieux !
Certes, un minimum vital sur son compte en banque s'impose mais trop, trop, trop...c'est trop !
Trop d'argent tue l'argent. Mortel quoi !
Comme pour ce «pauvre» homme millionnaire qui tente désespérément de récupérer sa femme. «Il parait que l'argent rend beau.» dit-il.
Comme pour ces enfants qui voient leur père mourir en apprenant qu'il vient de gagner le gros lot. A qui ira la fortune sans testament ?
Hein ? A qui ? de quoi s'entretuer tiens.
Et ce provincial paumé dans Paris qui perd son ticket gagnant au buffet de la gare. A pleurer.
Et ce «nouveau riche» qui décide de se payer des cours de littérature et qui doit rendre une copie sur le célèbre poème de Mallarmé, «Un coup de dés jamais n'abolira le hasard.»
Bien sûr «on s'habitue à ne plus travailler, on s'habitue à donner des ordres, à ne plus en recevoir.» mais l'argent rend aveugle et sourd. (Aristophane représentait le dieu de la richesse, Plutus, aveugle.)
Et que dire du roi Midas à la faculté de changer en or tout ce qu'il touche...jusqu'aux aliments. L'argent ferait-il aussi mourir de faim ?
L'argent ferait-il aussi mourir de manque d'amour ?
L'argent ne fait pas de miracle.
«J'étais une sorte de nouveau Saint- Louis au pied de son arbre, il suffit que je porte la main à mon chéquier pour que les aveugles courent et que les paralytiques voient.»
Philippe Adam, né en 1970, écrit des romans, des livrets d'opéra, des chansons. Il est professeur de philosophie.
Une rentable leçon de vie ! Un terrible et douloureux vaccin contre la ludonomie.
De sombres certitudes qui nous disent «qu'on vit quelque chose de bien inférieur à un mouton pendant des années et qu'on sait que cela doit être ainsi.» (Gramsci)
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Jours de chance et joueurs chanceux!
Ce n'est pas un gagnant anonyme" immensément riche", mais plusieurs que Philippe Adam décortique dans son livre de façon très originale.
Originale pourquoi?
Parce qu'au départ le lecteur; un peu déboussolé par les voix qui s'entremêlent; s'imagine assister à une thérapie de groupe,où chacun à tour de rôle exprime son ressenti, ses réactions,sa vie... ; puis, il se croit dans une rame de métro où certains montent, font un petit bout de trajet, tandis que d'autres descendent (ce qui rend bien la vie tourbillonnante du nouveau riche).
Et si on achetait une ile dans le Pacifique?
Moi, je veux un molosse, "une bête à concours".
Moi, je veux amener Suzie en vacances. Moi récupérer Sonia.Et moi je refais mes dents.
Après l'excitation première, chacun s'aperçoit que "les gens n'aiment pas les riches", chaque gagnant (souvent issu d'un milieu simple) va vivre en perdant son nouveau bonheur et se faire "couillonner".
Une très fine analyse psychologique du joueur qui évoque l'addiction du Joueur de Dostoïevski, car il y a celui qui ne joue plus mais s'avère boulimique d'autre chose et celui qui joue toujours et dépense sans compter. Un regard ironique et parfois impitoyable sur le "rigolo" rejeté par un nouveau milieu social qui lui est étranger et traité de "connard" friqué par l'ancien qui ne le reconnait plus.
Beaucoup de réflexions et de questionnements sur l'argent qui ne permet pas tout.Peut-on acheter le bonheur?
Un livre à lire, de Philippe Adam qui a déjà publié cinq fictions aux Editions Verticales dont Ton petit manège (prix Renaissance 2008 de la nouvelle) et plusieurs "formes brêves chez d'autres éditeurs" !
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Livre très intéressant. Les narrations croisées de dizaines de gagnants de lotos et autres jeux à gratter qui les a fait passer de personnes ordinaires en personnes fortunées à millions.
D'aucuns pourraient penser que le récit est cynique, je l'ai personnellement trouvé réaliste, les comportements sont multiples et bien représentés, les pensées ainsi que les émotions et angoisses également.
C'est une critique acerbe de l'argent, de sa nature qui transforme les gens, qui clivent le monde, mais que beaucoup désirent ardemment par besoin ou par envie.
Le style est simple, il n'y a que peu d'identité dans l'écriture il faut le reconnaître mais cette évidente neutralité de ton sied bien à la narration désincarnée des gagnants dont on ne sait jamais l'identité, et permet une bonne description des changements psychologiques qui s'opèrent. le discours par contre est pertinent par sa diversité, subtile puis caricatural, très fidèle aux réactions humaines tantôt démesurées tantôt très pondérées, cette diversité permet une richesse agréable: les clichés sont là mais il n'y a pas que cela, il y a plus profond et plus intense. L'auteur n'a pas rejeté la superficialité des personnages et c'est réussi; trop d'ouvrages en font l'économie quand elle est pourtant si présente dans la vie quotidienne.

Un bémol demeure, les récits se comptent par dizaines et n'ont pas de rupture autre qu'un saut de ligne, comme chaque narrateur s'exprime à la première personne du singulier ça rend complexe et parfois ardu de suivre chaque histoire. C'est intentionnel certainement mais l'on peut être perdus voire saoulés par tant de personnages si peu identifiables.

A lire.
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« Jours de chance » est un texte fragmenté sur le thème des grands gagnants aux jeux de hasard, ces gens qui, par chance, se retrouvent propulsés du jour au lendemain à la tête d'une immense fortune. Construit sous la forme de témoignages, on découvre ces gagnants à différents moments de leur nouvelle vie. Au début, souvent, il y a l'incrédulité, puis vient l'excitation, la flambée de l'argent et la réalisation des rêves les plus fous pour certains, ou la réserve pour d'autres. Ensuite, il faut faire face à l'entourage, entre ceux qui vous tournent le dos car vous n'appartenez plus au même monde, et ceux qui sont intéressés par votre argent uniquement et dont il faut se méfier. Mais, globalement, l'argent fausse les rapports humains et les vrais amis se font rares dans ces cas-là.
Finalement, l'éternelle question de savoir si l'argent fait le bonheur finit par se poser. Un texte original, qui sonne plutôt juste et où la solitude, la paranoïa et la méfiance semblent être les seules issues qui attendent les nouveaux riches…
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
On part perdant.On croit que dans la vie les choses vont forcément mal tourner parce que c'est pour nous dans la logique du monde mais, quand elles tournent à notre avantage,on n'a pas le temps de changer, on a gardé malgré soi la même tête et dans cette tête la même mentalité-on part perdant.
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L'habitude de jouer qui pousse à jouer encore,même après, comme si l'on avait passé un contrat avec la chance et qu'il fallait maintenant lui verser un loyer,lui payer des traites,rembourser petit à petit ce qu'elle nous a laissé lui voler.
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Dans la vie les gens s'excusent pour des riens.On vous demande pardon quand on oublie de vous tenir la porte mais celui qui vous écrase les doigts n'a pas un mot pour ça.
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J'avais des millions mais j'étais toujours un pauvre type.Entre ce pauvre type et le milionnaire,je ne savais plus trop où j'étais.J'aurais voulu pouvoir me cacher derrière moi.
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On se souvient de ce qu'on a gagné, ce qu'on a perdu on le met de côté,dans une case de la mémoire qui n'est pas rancunière.
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