«Ce que l'on possède nous est prêté, ce qui nous possède ne nous appartient pas.»
Philippe Adam nous conte (nous compte !?) des extraits de vie découpés en petits morceaux de paragraphes.
Un chauffeur de bus qui grille des feux rouges et oublie de s'arrêter aux stations.
Un charcutier qui meurt d'une crise cardiaque dans son arrière boutique.
Un retraité qui décide de s'offrir des dents toutes neuves.
Un trentenaire qui s'ennuie à mourir à remplir des mots fléchés.
Et bien d'autres encore.
Le fil conducteur, le point commun de ces tranches de vie ?
Tous ont gagné le «méga pactole» au loto.
L'équivalent de «139 Porsche, 196 voyages dans l'espace, 500 000 écrans de télévision, 8 générations de smicards.""
Les tons de l'auteur varient du drôle au grotesque, du cruel au cynique pour nous raconter les malheurs de ces chanceux.
L'argent ne ferait pas le bonheur à lire Philippe Adam. Au contraire il contribuerait au malheur. Il alimenterait la solitude, l'hypocrisie, le chantage, la jalousie, l'ennui, la mesquinerie...l'odieux !
Certes, un minimum vital sur son compte en banque s'impose mais trop, trop, trop...c'est trop !
Trop d'argent tue l'argent. Mortel quoi !
Comme pour ce «pauvre» homme millionnaire qui tente désespérément de récupérer sa femme. «Il parait que l'argent rend beau.» dit-il.
Comme pour ces enfants qui voient leur père mourir en apprenant qu'il vient de gagner le gros lot. A qui ira la fortune sans testament ?
Hein ? A qui ? de quoi s'entretuer tiens.
Et ce provincial paumé dans Paris qui perd son ticket gagnant au buffet de la gare. A pleurer.
Et ce «nouveau riche» qui décide de se payer des cours de littérature et qui doit rendre une copie sur le célèbre poème de Mallarmé, «Un coup de dés jamais n'abolira le hasard.»
Bien sûr «on s'habitue à ne plus travailler, on s'habitue à donner des ordres, à ne plus en recevoir.» mais l'argent rend aveugle et sourd. (
Aristophane représentait le dieu de la richesse, Plutus, aveugle.)
Et que dire du roi Midas à la faculté de changer en or tout ce qu'il touche...jusqu'aux aliments. L'argent ferait-il aussi mourir de faim ?
L'argent ferait-il aussi mourir de manque d'amour ?
L'argent ne fait pas de miracle.
«J'étais une sorte de nouveau Saint- Louis au pied de son arbre, il suffit que je porte la main à mon chéquier pour que les aveugles courent et que les paralytiques voient.»
Philippe Adam, né en 1970, écrit des romans, des livrets d'opéra, des chansons. Il est professeur de philosophie.
Une rentable leçon de vie ! Un terrible et douloureux vaccin contre la ludonomie.
De sombres certitudes qui nous disent «qu'on vit quelque chose de bien inférieur à un mouton pendant des années et qu'on sait que cela doit être ainsi.» (Gramsci)