Falaises

Ce livre est magnifiquement écrit. L'écriture, très belle, fait par moment oublier la noirceur du propos. J'ai cependant été très mal à l'aise : est-ce une autobiographie (une autofiction...) ou est-ce une fiction ? Je ne suis pas arrivée à savoir. le thème principal est la recherche de la mère (qui se suicide au début du "roman"). Il y a un portrait très noir du père et un portrait émouvant du frère très aimé. le narrateur passe par toutes les phases de la douleur : perte de la mère, enfance malheureuse, adolescence catastrophique (alcool, drogues, mauvaises fréquentations, petite amie anorexique), amour avec une voisine d'origine juive (qui se suicide aussi !). le narrateur, alcoolique et prêt à sombrer dans la folie, s'en sortira grâce à une femme qui le porte d'abord à bout de bras et à la petite fille qu'il a avec elle et qui lui fait découvrir la paternité. Il espère devenir le père protecteur que lui n'a jamais eu. Après toute cette noiceur et malgré le talent indéniable de l'auteur, je vais peut-être hésiter à lire "les Lisières" qui vient de sortir et est annoncé comme l'un des grands romans de la rentrée 2012.

Je ne sais pas s'il faille se sentir des ressemblances, des assimilations, de lourds points communs dans nos ressentis et nos réflexions, entre nos propres vies et les écrits d'Olivier Adam, pour apprécier à sa juste valeur ses oeuvres.
Tout ce que je sais, c'est qu'à chaque page, les créations de cet homme me parlent. Il couche sur le papier, sans tabous, sans détours, les malaises qui se font parfois ressentir, face aux évènements que l'on peut rencontrer dans une vie. de près ou de loin. Il sait aussi ce qui soulage, cette vision de la mer parfois qui purifie l'esprit. Les descriptions de ses paysages maritimes sont exceptionnelles.
On lit, généralement pour se sentir moins seul, pour se sentir compris... A travers ce livre, j'ai eu comme une conversation... Et j'ai plutôt trouvé une sorte de réponse...
Court récit, saccadé, Olivier me parle, juste en face de moi, tantôt du présent, tantôt du passé, des souvenirs qu'il lui reste ou pas... J'ai pris tout mon temps pour l'écouter, j'ai marqué pas mal de pauses, j'ai été éprouvée et bouleversée...
Avec lui, je suis allée à Etretat en Normandie, j'ai longé les falaises, j'ai regardé la nuit tomber sur les roches, j'ai avancé à l'aveuglette. Sans lui en vouloir de m'entraîner dans sa chute, son trou noir, j'ai eu mal au coeur, j'ai eu froid, j'ai eu peur, j'ai eu mal à la tête à force de réfléchir à pour quelle raison une mère décide de commettre l'irréparable... J'ai pensé longuement, tout comme lui, à quels évènements, quels sentiments s'étaient réellement passés, pour en arriver là, qu'aurait pu-t-on faire pour l'éviter... Qu'aurait pu-t-on apporter ? A côté de quoi on est passé, sans s'en apercevoir ? Pourquoi et comment la perte peut-elle délier les êtres ? Et en rapprocher d'autres ? Peut-elle être la conséquence de faits ? Peut-elle être la conséquence d'une identité, de la construction d'une personne ?
Avec lui, j'ai senti encore plus, à quel point il est important de fonder sa propre famille... J'ai compris son attachement pour Claire... Ce qui rend leur relation, et leur aboutissement beaux.
C'est là le paradoxe d'Olivier Adam, il a le pouvoir d'écrire les choses douloureuses sans jamais leur donner un aspect dérangeant, pour ma part.
Oh bien sûr, de ce livre, je retiendrais forcément ce dernier chapitre, comme beaucoup d'entre nous. Je ne le citerais pas, sinon il me faudrait l'écrire en entier, pour lui donner tout son sens. Mais je l'écrirais sans doute, dans mon blog, pour en garder la trace... Et lire ses dernières pages à nouveau.
Lien : http://marie-aziliz.blogspot..

Olivier Adam, dans ce court roman, relate l'histoire d'une poignante reconstruction. En une nuit, le narrateur nous déroule le film de sa vie, entre sévère neurasthénie, déséquilibre psychique, violence, autodestruction, délires, ou encore abus en tout genre et perdition. Comme toujours avec cet auteur, nous retrouvons des êtres meurtris par l'existence, des personnages au creux de la vague ou au bord du gouffre. Encore une fois, Olivier Adam sait nous bouleverser et nous livre un récit intense, sans pathos, à l'atmosphère fiévreuse, parlante, très visuelle, à la prose juste et affutée. Ce roman, profondément mélancolique, offre un espoir sur la fin puisque petit à petit l'amour brave les ténèbres et finit doucement par triompher.

Ames tristes s'abstenir ! A nouveau un très beau livre d'Olivier Adam, qui met au service d'histoires tragiques, une plume dont la limpidité, la précision et le dépouillement ne cessent de viser juste : le lecteur est happé par le texte.
Ici c'est la dramatique histoire d'une mère, qui se suicide, laissant ses deux fils seuls face à un père que la vie a rendu furieux. le plus jeune connaitra bien trop tôt toutes les dérives de la vie, aux côtés de son frère un temps, puis seul ensuite. Une rencontre le sauvera d'une issue bien trop certaine, le sortira d'une profonde détresse, le sauvera.

D'une écriture très dépouillée, les mots de Olivier Adam vous touchent au coeur. La gorge se serre devant tant de violence, la tristesse est infinie mais l'auteur nous "sauve" régulièrement en nous parlant de l'amour de sa compagne et de sa fille, il y a l'espoir et l'espérance, la vie tout simplement.

L'efficacité de l'écriture d'Olivier Adam frappe encore une fois. L'histoire de cet homme blessé par la vie quand il n'est qu'en enfant, quand sa mère se suicide, serre le coeur, émeut profondément. C'est dans cette puissance des mots, simples, limpides, que l'auteur nous entraîne en nous submergeant d'émotion. Ce roman est d'une tristesse infinie, éclairée par l'apparition De Claire puis de Chloé dans la vie d'Olivier. L'amour s'oppose aux démons du passé, à l'enfance sans amour, aux comportements suicidaires, et patiemment, finit par gagner. Un très beau roman qui se lit d'une traite.

Vertigineuse résilience ?!?…

Falaises d'Etretat Les pieds au ras du vide, face à l'à-pic vertigineux de son existence, le narrateur questionne son passé. Rien ne nous est épargné lors de cette incursion dans une vie fracassée et torturée. A coup de phrases aiguisées comme des scalpels, l'auteur nous fraie un chemin vers la seule issue possible.

A vous de lire...

Olivier Adam nous offre là le chant désespéré d'un homme qui se penche sur sa vie, qui égrène ses souvenirs et ses non-souvenirs, "de ma naissance à mon premier souvenir, neuf ans se sont consumés sans laisser de trace". Sa mère est morte, il en ressent toujours un manque évident, une douleur que rien n'adoucit.
Ses nombreux voyages à Etretat sont comme un pèlerinage, pour retrouver ce lieu où son enfance a basculé. Cet endroit où sa mère s'est suicidée.
Une fois de plus, il est revenu dans cette même chambre n°103 dans ce même hôtel des Corsaires, face à la falaise.
Il passe en revue ses souvenirs, sa mère, avec " ses gestes d'amour, qu'elle avait encombrants, démesurés, et toujours à contretemps", ses amies disparues, Lorette, Léa, l'arrivée De Claire dans sa vie, la naissance de leur fille Chloé.

Il n'est pas seul aujourd'hui, Claire et Chloé l'accompagnent. Auprès d'elle il a pourtant l'apparence d'un homme heureux…
Mais peut-être que cette nuit, enfin, il pourra trouver ce qu'il cherche depuis si longtemps, l'oubli et la sérénité.
Un livre rempli d'émotions qui nous renvoie souvent à nos propres démons, à ceux qu'on a enfouis et qui pourtant nous blessent encore quand la vie nous joue des tours et que le présent déchire le voile qu'on avait posé sur ces épines.
Nostalgie. Bonheur perdu. Douleurs. Mais espoir aussi.

Falaises raconte à la 1ere personne la jeunesse émouvante d'Olivier (qui a plusieurs points communs dont le prénom avec l'auteur sans que le récit ne soit totalement autobiographique.
Ce dernier revient à Etretat sur les lieux du suicide de sa mère survenu il y a 20 ans.
Ce roman, facile à lire, est ponctué par de nombreux retours en arrière, jouant sur plusieurs fractures, celui entre le passé et le présent et les différents traumatismes du personnage principal. Ce livre, véritable plongeon dans l'univers tumulteux d'un adolescent est émminement sombre, mais en meme temps d'une bauté incontestable.

Depuis le balcon d'une chambre d'hôtel, face aux falaises d'Etretat, d'où sa mère s'est jetée vingt ans plus tôt, le narrateur se souvient... le temps d'une nuit, il remonte le fil de son existence sur les traces d'une enfance et d'une jeunesse marquées par la mort et la violence.

"Troublant" est le terme qui me vient spontanément pour évoquer ce que j'ai ressenti à la lecture de "Falaises", et ce pour différentes raisons.

Tout d'abord pour le malaise qui s'est emparé de moi en découvrant l'histoire de ces garçons et filles auxquels le malheur semble s'accrocher, qui sont plombés dès leurs débuts dans l'existence par une mauvaise donne à laquelle ils ne peuvent plus échapper. En réaction, ils s'étourdissent, de sexe, d'alcool, de musique, vont parfois jusqu'à l'autodestruction (par le suicide, l'anorexie). le narrateur, qui perd ainsi sa mère et des amis, qui subit les coups et les humiliations paternels, goûte lui aussi à tous les excès et on comprend aisément ce besoin de s'étourdir... seul l'amour (réciproque) qu'il porte à son frère lui permet de survivre.

Ce qui m'a troublée également, c'est que bien que mon enfance ne ressemble pas vraiment à celle du héros, j'ai souvent éprouvé un sentiment de familiarité, attaché au contexte du récit. Olivier Adam a le même âge que moi, et les repères musicaux, télévisuels, et surtout les paysages urbains qu'il évoque sont aussi ceux que j'ai connus : ces lotissements pavillonnaires entourés de hautes tours, ces villes sans centre, ces rues peuplées de gamins désoeuvrés qui traînent dehors jusqu'à la nuit... ont contribué -en suscitant des échos de ma propre jeunesse- à renforcer la véracité de cette histoire.

En effet, et ce sera le dernier point, j'ai cru deviné (à tort ou à raison, je ne sais pas) que l'auteur nous livrait un récit de sa propre expérience, et si c'est le cas, il réussit à le faire sans complaisance ni auto-apitoiement. Il donne davantage l'impression de vouloir revenir sur son passé pour tenter de s'en exorciser, de s'en guérir afin de pouvoir aller de l'avant, et fait preuve de beaucoup de lucidité. C'est pour cela qu'en dépit de la tristesse dont est empreint "Falaises", il s'en dégage aussi beaucoup d'espoir. le plus difficile restant sans doute de pouvoir s'avouer qu'aimer les autres ne suffit pas à faire leur bonheur, ni à leur donner l'envie de rester près de nous.
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