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EAN : 9782729118761
460 pages
Editions de La Différence (08/04/2010)
3/5   4 notes
Résumé :
La traversée du XXe siècle par un enfant juif allemand, né en 1929, qui survécut au nazisme caché dans un petit village autrichien, étudia à Berlin et à Paris, travailla à New York, avant de devenir grand reporter politique et responsable des émissions culturelles de la BBC à Londres. Ce métier lui permit de filmer nombre d'événements : la guerre des Six-Jours en Israël, la révolte de Budapest, la guerre du Biafra... mais également de fréquenter les grands artistes ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Peter Adam nous livre ici ses mémoires dans un ouvrage dense qui couvre la période de 1932 à 1989. S'il parle un peu de lui-même, il évoque surtout la vie autour de lui, comme témoin de l'Histoire, notamment celle de la Seconde Guerre Mondiale et de l'après-guerre, en tant que jeune juif allemand à Berlin (né d'un père juif et d'une mère protestante et baptisé catholique) et issu d'un milieu bourgeois, d'une famille de "nantis", ce dont il ne se cache pas . C'est cette période de sa vie que j'ai trouvé la plus intéressante pour un lecteur français, habitué à avoir une autre vision de l'Allemagne et qui oublie souvent ce qu'a pu être la souffrance des citoyens allemands, obligés de subir le nazisme. Ainsi, nous découvrons le Berlin nazifié et sa pauvreté intellectuelle, la germanisation des autres cultures car les "nazis étaient très doués pour germaniser la culture des autres" . Peter Adam nous livre aussi les modestes actes de résistance des Allemands contre le régime du
IIIe Reich : " Il y avait peu de résistance organisée, mais il existait des nuances de comportement. (...) Nous connaissions des personnes courageuses qui au moins faisaient un petit geste, ce qui, dans ces circonstances, était héroïque. Ne pas donner de l'argent à la collecte des Jeunesse hitlériennes sous prétexte de ne pas avoir de monnaie ; ne jamais saluer par un Heil Hitler (...). Il y avait des gens qui refusaient de s'asseoir dans les transports publics quand ils voyaient un homme ou une femme avec l'étoile de David qui, eux, n'avaient pas le droit à un siège." L'auteur rappelle également quelque chose dont un lecteur français a parfois peu conscience ou oublie facilement puisque se situant naturellement dans le camp des Alliés : le fait que Berlin fut la ville d'Europe la plus bombardée, que "le spectacle de la guerre, dans sa totale barbarie, était omniprésent", que "les attaques sans pitié avaient un effet profondément démoralisant", que "partout en Allemagne, des musées, des cathédrales et des monuments étaient réduits en cendres", que "la moitié de la population avait perdu sa maison et plus d'un million de civils avaient péri dans les bombardements", d'autant plus que les bombes explosives furent remplacées par des bombes incendiaires. Et, paradoxalement, ce ne fut pas la guerre qui fut la plus difficile pour la famille Adam, mais l'après-guerre avec l'anéantissement de l'Allemagne : c'est à ce moment-là que l'auteur a le plus souffert de la faim (rationnement de 1500 calories par personne), du froid (l'hiver 1946 fut le plus rigoureux depuis 30 ans, avec des -20 degrés) et de l'explosion du marché noir (les cigarettes américaines devenant une monnaie d'échange!). Ces évocations m'ont particulièrement touchée, moi, petite-fille de Résistant français. En outre, le tour de force des mémoires de cette période est de ne pas faire dans le "pathos". Les faits sont relatés de manière journalistique, comme un constat. Il n'y a rien de trop. Emouvant également la rencontre des gamins allemands avec les soldats noirs-américains : eux à qui les nazis avaient inculqués qu'ils étaient d'une "race supérieure", s'aperçoivent que ces soldats ont bon coeur et leur donnent facilement des friandises (bonbons, chewing-gums ou oranges).

La deuxième chose qui m'a frappée dans ces mémoires, c'est le nombre de personnalités que Peter Adam a côtoyé, avant même de devenir journaliste ! Pendant un moment, je me suis demandée si cela était véridique tellement cela paraît incroyable : Jean Cocteau, Bertholt Brecht, Françoise Sagan, Luchino Visconti et tant d'autres. le lecteur (re)revit les différentes époques de la vie culturelle et artistique du siècle, notamment l'innovation théâtrale de Brecht (qui a voulu créé un théâtre pour tous), la Nouvelle Vague et tant de choses.

A plus d'un titre donc, ce livre est un excellent témoignage sur le XXe siècle, écrit dans un style limpide, sur un ton juste et agrémenté de nombreuses photographies d'époque.

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Enfin une biographie, mon genre préféré dans la catégorie documentaire : la narration ressemble au roman mais ne traite que de faits réels, elle est centrée sur un seul et même personnage balayant toutes les périodes de sa vie, de la petite enfance jusqu'à sa vieillesse voire jusqu'à sa mort. Parfait, je ne vais pas bouder mon plaisir !
Seule ombre au tableau, qui est Peter Adam ? J'ai beau fouillé dans mes souvenirs, aucune réminiscence au sujet de cet homme ne resurgit. Que va-t-il bien pouvoir nous raconter sur plus de quatre cents pages ?
Avec ce livre, je suis allée de surprises en surprises. L'autoportrait qu'a dressé Peter Adam dans ce récit n'a rien à envier à Boro le célèbre juif hongrois, héros de Franck et Vautrin, copie romancée de l'autrement célèbre Capa. A lui seul il concentre la quasi-totalité des traits hors du commun de ces deux personnages mythiques. Ainsi, comme eux, il a parcouru toute la planète de long en large, vraisemblablement avec son Leica en bandoulière et s'est retrouvé maintes fois tout au coeur de la grande histoire. Ses périples et ses reportages lui ont permis de croiser et de côtoyer de multiples personnalités parmi les plus célèbres du XX° siècle. Il présente et décrit avec beaucoup d'intelligence et de pudeur tous ces hommes et femmes de renom. Même si c'est de lui qu'il s'agit en permanence dans ces pages, il sait remarquablement s'effacer pour faire la place belle au monde dans lequel il a évolué et évolue toujours et encore. Sa façon même d'écrire est délicate, car malgré l'utilisation constante de la première personne, il parvient à être présent tout en oubliant d'être omnipotent. L'hommage que nous pouvons lui rendre c'est d'avoir choisi de rédiger ses mémoires en français et de nous avoir évité le filtre parfois un peu lénifiant de la traduction.
Après, la question de la sincérité et de l'authenticité se pose, est-il possible de traverser tant d'évènements, de fréquenter tant de gens célèbres et de rester ce quasi anonyme plein de retenu et de lucidité ? Fausse modestie ou véridique détachement face à ce monde de paillettes et de faux-semblants ? Et si seul ce monde existait pour lui, méprisant peut-être tout ce qu'il n'embrase pas.
En refermant ce livre, j'ai eu comme l'impression de prendre une grande claque en réalisant que l'auteur nous murmurait qu'il existe réellement deux univers parallèles, évoluant linéairement sans jamais interférer, celui des élus où il évolue, lui, Peter Adam et l'autre, trivial et insignifiant, auquel j'appartiens définitivement.
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Voilà une vie bien remplie, celle d'un homme qui a eu plusieurs existences, traversé plusieurs époques et adopté plusieurs cultures, témoin involontaire des grandes mutations de l'Histoire du XXe siècle. Malgré un début de lecture laborieux (généalogie complète à l'appui, avec des aïeuls haut en couleurs), j'ai trouvé que la partie la plus intéressante et touchante du livre était celle où l'auteur raconte son enfance dans l'Allemagne hitlérienne.
Puis Peter Adam raconte son parcours de journaliste émaillé de rencontres, et nous propose un véritable catalogue des personnalités notables du monde de la culture du 20e siècle qu'il semble avoir toutes fréquenté et/ou interviewé, certains portraits sont éclairants et passionnants, mais let out n'échappe pas à ce que l'on appelle le name dropping. S'il a voyagé partout en Europe, se considérant comme un journaliste "nomade" et "étranger partout", j'ai été très gênée par une énorme dose d'autosatisfaction, une immense vanité (qu'il reconnait lui-même) dans cette énumération de noms célèbres, qui saute encore plus aux yeux lorsqu'il évoque avec un brin de mépris une secrétaire, finalement la seule inconnue au bataillon. On ferme le livre en se demandant qui d'autre que Peter Adam aurait aussi bien pu parler... de Peter Adam ?
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Au moment d'ouvrir ce livre j'ai beaucoup appréhendé cette lecture. En effet, j'ai du mal avec les autobiographies où les personnalités se plaignent ou se glorifient, trouvent des raisons argumentées à leurs actes les plus fous. de plus, une lacune que je dois combler, je ne connaissais pas Peter Adam.

Puis j'ai commencé le livre. L'histoire de cette vie. Et mon avis a changé. Certes je ne connais pas Peter Adam, mais j'ai appris à le connaître grâce à ce texte. J'ai beaucoup apprécié le personnage que j'y ai découvert. J'ai eu exactement la même réaction que les personnes qui l'ont rencontré au fur et à mesure de sa vie : « Allemand, Juif, non émigré et sorti de l'Allemagne indemne. How interesting ». J'ai particulièrement aimé toute la première partie, sur l'Allemagne nazie. A l'école nous apprenons que les allemands étaient « les méchants », et même si j'aime beaucoup l'Allemagne (et ai appris l'allemand en première langue), je n'arrivai pas à comprendre comment un peuple ne pouvait pas se révolter des atrocités. Je l'ai compris avec ce livre : « Les allemands qui, pendant si longtemps, avaient ignoré ce que le monde entier savait, devaient maintenant affronter la vérité, pour que personne ne puisse dire que cela n'avait pas existé. ».

J'ai vraiment tout aimé dans la personne de Peter Adam. Autant sa jeunesse en Allemagne, que sa construction au fil des années et des rencontres. Il a été très intéressant d'ailleurs de croiser des personnalités que je « connais » (connais est un bien grand mot. Disons que ce sont des personnes dont je connais certaines oeuvres, certains films ou autres).

En bref, une très bonne découverte.
Lien : http://lacavernedankya.canal..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Une personne m'a dit qu'un être cher meurt d'abord dans la vraie vie, puis dans nos rêves.
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