AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,18

sur 177 notes
5
3 avis
4
6 avis
3
5 avis
2
6 avis
1
5 avis
La chute d'Antoine paraît sans fin, et l'alcool qu'il ingurgite participe à son écroulement inéluctable.
... Et l'alcool ne fait bon ménage ni avec la boxe, ni avec le boulot, ni avec l'amour!... Avec rien du tout, d'ailleurs.
Olivier Adam, par la voix d'Antoine, donne au lecteur le spectacle poisseux d'une vie qui se barre en sucette. Et rien ne semble y faire pour que Antoine émerge un tant soit peu de son trip auto-destructeur: Ni Chef, ni Sue, ni Claire.
Antoine s'est enfermé dans une sorte de cauchemar glauque et ordinaire.
Poids léger est prenant de désespoir. poids léger colle aux yeux comme il collera quelque temps à la mémoire du lecteur.
Trop, tout de même, et c'est la raison qui me fait retenir la cinquième étoile pour une autre future lecture d'Olivier Adam que j'apprécie tant.
Commenter  J’apprécie          711
Malgré ce ciel anthracite, cette pluie qui ne saurait tarder et ce mal au coeur, Antoine court. À perdre haleine. Pour oublier l'enterrement de la veille. Un gamin. Cela lui est toujours insupportable. Il faut attendre que le métier rentre. Une fois de retour chez lui, la douche prise, il va au gymnase où Chef l'attend. Les mains bandées, les gants enfilés, il est prêt pour le sac. Il boxe pour évacuer l'amertume qui le ronge, la tristesse qui le gagne et faire ressortir cette rage au fond de lui. Un peu paumé, un peu en vrac, désabusé, Antoine cogne et se cogne. Son père vient de mourir, sa soeur s'éloigne, son métier de croque-mort l'ébranle. Il n'en a pourtant pas fini de se battre...

Olivier Adam dépeint, à la fois avec mélancolie et rage, ce jeune homme perdu au milieu des siens et en souffrance. Antoine se jette à corps perdu dans la boxe et la boisson. Aux nuits agitées se succèdent les matins brumeux. On le suit pas à pas, dans sa descente aux enfers. L'auteur ne fait jamais dans la demi-mesure, même son héros a pour métier croque-mort. Pas l'ombre d'un espoir ou d'un rayon de soleil. Tout est tristement beau, à la fois féroce et tendre.

À noter que ce film a été adapté au cinéma par Jean-Pierre Améris avec Nicolas Duvauchelle dans le rôle d'Antoine.

Poids léger... ça cogne...
Commenter  J’apprécie          660
L'horloge affiche ses vingt-deux heures quand je me lève de mon fauteuil en cuir noir. Une envie de me servir un whisky. Si je me serais trouvé dans un film j'aurais allumé en plus une cigarette et me serait posté nu devant la fenêtre à regarder la nuit étoilée, les néons qui clignotent, les passants qui passent furtivement ou s'embrassent dans la pénombre du porche, et les volutes de fumées qui s'enveloppe en dessinant des rosaces autour de moi. Mais voilà, je ne suis pas acteur de cinéma, laisse de côté la cigarette, et me sers juste un whisky, nu quand même, avant de retourner m'installer dans mon fauteuil et ouvre les premières pages de ce vieil Olivier Adam que j'avais presque oublié sur une étagère, les pages jaunies par le temps. Une histoire de boxe et de solitude, une virée poignante dans la pénombre d'un paumé.

Le jour, Antoine travaille pour les pompes funèbres, creuse des tombes, regarde des familles pleurer, descend six pieds sous terre des cercueils. le soir, il boxe, il boit. Pour oublier sa peine, pour effacer le temps, pour ne pas se projeter dans un avenir qu'il ne voit pas. Je l'imagine avec son air de chien battu, ses envies de chialer, ses peurs qui l'enferment dans cette profonde solitude. Je me sens bien, seul dans le noir, jusqu'au jour où je ne pourrais plus en sortir. le père d'Antoine vient de décéder, sa soeur Claire, très proche jusqu'à présent, qui s'éloigne, la belle Su, une fille sublime qu'il a croisé un soir mais qu'il ne saura pas aimé, Chef son entraîneur avec toujours le même survêtement qui met les voiles dans le sud…

Je me sers un second whisky, me lève lourdement pour me poster derrière la fenêtre. La lune éclaire le pavé, une paire de jambes bas résilles et mini-jupe passe sous son halo. L'odeur de tabac qui me prend lorsque le whisky coule dans ma gorge. A la radio, un disque de Bashung passe, un coup de latte, un baiser, j'passe pour une caravane. Je reste quelques instants à la fenêtre. Mes pensées se bousculent comme celle du pauvre Antoine. Je me replonge dans ma lecture, seconde partie du roman qui s'enchaîne alors que la radio enchaîne son spleen musical avec un titre de Murat.

Fidèle à son habitude, Olivier Adam broie du noir. J'aime toujours autant, le noir. Paint in Black ou Back in Black. Cette nuit est sombre, le sommeil me fuit. Alors, je poursuis la vie d'Antoine dont je ne sais rien de son passé. Je sais juste les coups qu'il se prend sur le ring et dans la vie. Je bois un verre avec lui, à la table voisine dans ce bar de quartier où, à cette heure-ci, ne traînent qu'alcooliques ou solitaires. Dans quelle catégorie je me retrouve ? Je n'ose réfléchir à la question, l'heure de la psychanalyse viendra surement avec mon réveil mais pour le moment j'ai un roman à finir.

Une musique de Christophe se fond dans le noir, j'éteins la radio. Les camions poubelles font grincer leurs mécaniques trop mal huilées, jusqu'à en réveiller les mouettes et les corbeaux. Dehors, une pluie fine s'abat, les derniers solitaires rentrent en titubant, les putes aux pieds gonflés et aux cernes fatiguées retournent chez elles. le jour se lève, la ville s'éveille et la bouteille de whisky est finie, le roman aussi. J'ai partagé une nuit avec Antoine, il m'a bousculé un peu dans les cordes, un peu en dehors du ring. Et si je descendais sur la côte…

« Poids léger », un coup de latte, un baiser.
Commenter  J’apprécie          5910
Antoine est croque-mort.
Un métier pesant qui le rend "éponge" devant la douleur des familles, quand ce n'est pas devant leur haine, pour ces hommes en noir qui jettent des pelletées de terre sur le cercueil de leur proche.

Il comprend. Antoine est aussi en deuil. de son père. Il trouve que son frère est un sale con. Et sa dernière histoire d'amour est plutôt improbable.

Sans doute pour cela qu'il fait de la boxe. Ca lessive la tête, ça fait travailler que les muscles.
Le mariage prochain de sa soeur le fait encore plus descendre dans la déprime et dans l'alcool.
On sent bien que cette affaire va mal finir...

Dans ce petit roman, Olivier Adam attend la quintessence de la morosité!

Un des premiers romans où les thèmes chers à l'auteur sont tous là: perte des proches, souvenirs d'enfance, séparation des êtres par la mort ou l'éloignement, solitude, pessimisme... Dans son style toujours très descriptif, il crée une ambiance, détaille son environnement, comme pour mieux nous faire percevoir le silence opaque qui entoure ses personnages, le décor souvent peu souriant fait de pluie, de feuilles mortes ou d'eau fluviale plombée.

Pas gai gai tout cela! Il convient de s'accrocher même sur 140 pages.
Du Olivier Adam en grande forme, pourrait-on dire...
Commenter  J’apprécie          292
« Je me suis allongé sur un banc, j'ai fermé les yeux et tout se bousculait, ma mère et mon père morts et mon sale con de frère et ma soeur, et cet enfant, Su, toutes ces conneries, je pensais à tout ça, la lune était pleine et blanche, il y avait le bruit de l'eau et quelques automobiles. Des gens passaient, ils étaient gais et parlaient fort. J'avais des mouches plein le cerveau. »

Antoine n'a qu'une envie, décamper, prendre le large, s'amarrer ailleurs, appelez ça comme vous voulez, sa vie dérape, il est comme une épave rejetée par la mer. Son frère le traite de con, sa soeur a pris ses distances, ses parents sont morts et le frère de Su, sa petite amie, jure qu'il va lui casser la gueule s'il s'approche encore d'elle. Il s'est fait quitter, alors il quitte à son tour. C'est une forme de justice, une revanche sur la vie. Solitaire, il est cette île sur laquelle on choisit de ne pas s'échouer, où l'on évite de poser les pieds. Parce qu'à la longue, ça fait trop mal, c'est une brûlure vive, on en ressort KO.

Dans la sueur du ring, il cogne sur ses espoirs perdus…

Le jour Antoine travaille comme croquemort. Il croise la mort, la souffrance des autres. Au-dessus du grand trou, un tout petit cercueil est mis en terre, un jeune garçon. Si vite enterré, trop vite oublié. La scène est insupportable. Moment de vertige, il ira vomir, « c'est le métier qui rentre », comme les coups qu'il se prend.

Dans la sueur du ring, les mains bandées, il frappe l'adversaire, uppercut dans les côtes, il fonce…

… se défonce. À coups de poings, à coups de joints, à bout de nerf, à petit feu, à grandes rasades de whisky. Les images s'entrechoquent. Ses souvenirs d'enfance, le jardin, le panier de basket, un baiser de son père sur son front. Il avait huit ans, s'en souvient encore. le temps s'est flétrit, il a tout gâché, même ses désirs. Trois jours sans se pointer au boulot. Dans le RER, sa tête contre la vitre, ce froid sur sa joue et les gens de passage. Anonymes sur les rails qui défilent, les quais déserts, il attend, solitaire. Il attend quoi? Pas grand-chose. C'est la fin du combat. Hors du ring. KO.

Dans la sueur du ring, il joue sa vie. "Un coup de latte, un baiser".

Et foutre le camp.

« …la rage, la tristesse, tout ça c'est de l'énergie qui s'en va, du nerf qui fout le camp, qui claque et lâche, tout ça c'est de la petite chimie, faut tout maintenir à niveau, respirer tranquille et tout vider, sentir chaque muscle et la peau par-dessus, tous les rouages, n'être que ça, une machine bien huilée, si c'est grippé c'est foutu, être des membres déliés, du sang et des muscles, être un corps et rien d'autre. »

Olivier Adam me laisse à nouveau KO. C'est de la littérature "cash" (dixit Bison), c'est rude et on en redemande...

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
Commenter  J’apprécie          202
Je n'ai pas beaucoup aimé ce Poids/léger, que j'ai, effectivement, trouvé à la fois trop pesant et trop light.
La stratégie d'écriture manque, à mon goût, d'originalité. Quant au style, qui se voudrait sans doute « moderne », il ne fait que reprendre celui de Djian à ses débuts, en moins bien.
La chute libre, les alcools descendus à longueur de pages, le sexe dans la moiteur des gueules de bois, les clopes et les bédos grillés les uns après les autres… ce genre de litanie ne marche pas (plus), sauf à être dans la catégorie poids lourd, et encore.
Antoine, l'antihéros de service est un croque-mort déprimé par son job (ça permet à l'auteur de placer quelques jeux de mots qu'il qualifie lui-même, par la bouche de son personnage, de « mauvais » ou de « nuls », je ne sais plus exactement). Ses parents sont morts, son frère est con, sa soeur adorée va se marier et notre boxeur encaisse mal.
La boxe, justement, on y vient. Une métaphore du combat qu'est la vie ou un alibi pour donner un peu d'épaisseur à notre imbibé sportif ? Les deux, peut-être… Bon.
Est-ce parce que la boxe fut longtemps mon sport que j'avale mal qu'elle soit utilisée pour surclasser un personnage poids mouche en poids léger ?
À moins que ce ne soit la comparaison avec 37,2 et Maudit Manège (dont j'ai bien aimé retrouver la tonalité… au tout début :-/)
Toujours est-il que ce roman, au goût finalement artificiel, tourne, selon moi, un peu trop à vide.
Il aurait pu s'appeler « chronique d'un k.o annoncé », mais j'imagine que ça aurait fait trop beaucoup de déjà vu…
Commenter  J’apprécie          157
Sans doute écrit dans un moment "difficile", comme l'auteur en a connu au cours de sa carrière, "Poids léger" ne laisse au lecteur aucune impression de légèreté. Alcool, déprime, réflexes suicidaires, perte du travail, fuite de l'être aimé, tous les ingrédients d'une bonne vieille descente aux enfers sont au rendez-vous. Antoine boxe, et boxe même très bien, du moins lorsqu'il est à jeun. Son travail, dans une entreprise de pompes funèbres, ne lui rapporte guère mais lui assure le quotidien. Au cours d'un match, il va faire la rencontre de Su, une jeune chinoise, dont il va tomber follement amoureux, et son amour sera partagé. Tout va se dégrader dès lors que notre héros va commencer à lever le coude un peu trop haut : un match raté, car mal préparé et beaucoup trop arrosé, une rencontre avec la famille de la future fiancée qui va mal se passer, et les ennuis ne feront que commencer. Comme dans ses autres romans, Olivier Adam décrit la difficulté de vivre d'êtres profondément sensibles mais incapables de communiquer avec les autres autrement qu'en projetant leur propre souffrance. Un cri, mais quelle belle écriture, et comme on s'attache à ces héros en perdition !
Commenter  J’apprécie          90
Cet auteur n'est pas connu pour faire rire.

Cet opus confirme la rumeur. Olivier Adam, tout du moins son personnage, Antoine broie du noir.

Si on ne rit pas à toutes les pages, on s'attache chaque page un peu plus. à Antoine, à Su, au Chef.

Evidemment, Antoine ne choisit pas le chemin le plus doux de tous pour avancer dans la vie. Chaque jour semble plus compliqué que le précédent.

On a envie de l'aider. À arrêter l'alcool et à s'investir dans la vie d'une manière plus agréable.

Mais que faire pour quelqu'un qui ne veut pas d'aide?

A la lecture de l'histoire, j'ai réalisé que j'avais vu le film tiré de ce livre.

Pour les amateurs, c'est, selon moi, du grand Olivier Adam dans un tout petit livre. Quelle puissance!

Commenter  J’apprécie          80
Une histoire courte, mais prenante.
Commenter  J’apprécie          80
Un poids léger qui m'a laissée K.O, un Olivier Adam "en grande forme" dans ce court roman qui ne laisse au lecteur aucune impression de légèreté et décrit dans ce style percutant si caractéristique tous les ingrédients d'une inéluctable descente aux enfers. Perte des proches, alcool, déprime, perte du travail, fuite de l'être aimé, envies suicidaires. Un cercle vicieux de thèmes chers à l'auteur, dont les héros se vautrent à plaisir dans leur propre naufrage. Ça devient lassant, à la longue, même si j'aime beaucoup Olivier Adam. Dommage.
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (386) Voir plus



Quiz Voir plus

Olivier ADAM : cinéma

Quel acteur tient le rôle principal (Paul) dans l'adaptation cinéma "Des vents contraires", qui sortira à la fin de l'année 2011 ?

Romain Duris
Benoît Magimel
Olivier Sitruk
Edouard Baer

8 questions
156 lecteurs ont répondu
Thème : Olivier AdamCréer un quiz sur ce livre

{* *}