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EAN : 9782020631204
139 pages
Seuil (18/06/2004)
3.17/5   175 notes
Résumé :
Le jour, il enterre des inconnus. Le soir, il boxe. Solitaire, paumé, à bout de nerf, Antoine encaisse mal. Les coups, le chagrin des autres, la mort de son père, le départ de son entraîneur... tout le met à terre. Alors il boit, fume, baise et cogne. Mais la vie n’est pas un ring. S’il n’y prend pas garde, il risque de tout perdre: son travail, ses amours. Et sa liberté.
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La chute d'Antoine paraît sans fin, et l'alcool qu'il ingurgite participe à son écroulement inéluctable.
... Et l'alcool ne fait bon ménage ni avec la boxe, ni avec le boulot, ni avec l'amour!... Avec rien du tout, d'ailleurs.
Olivier Adam, par la voix d'Antoine, donne au lecteur le spectacle poisseux d'une vie qui se barre en sucette. Et rien ne semble y faire pour que Antoine émerge un tant soit peu de son trip auto-destructeur: Ni Chef, ni Sue, ni Claire.
Antoine s'est enfermé dans une sorte de cauchemar glauque et ordinaire.
Poids léger est prenant de désespoir. poids léger colle aux yeux comme il collera quelque temps à la mémoire du lecteur.
Trop, tout de même, et c'est la raison qui me fait retenir la cinquième étoile pour une autre future lecture d'Olivier Adam que j'apprécie tant.
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L'horloge affiche ses vingt-deux heures quand je me lève de mon fauteuil en cuir noir. Une envie de me servir un whisky. Si je me serais trouvé dans un film j'aurais allumé en plus une cigarette et me serait posté nu devant la fenêtre à regarder la nuit étoilée, les néons qui clignotent, les passants qui passent furtivement ou s'embrassent dans la pénombre du porche, et les volutes de fumées qui s'enveloppe en dessinant des rosaces autour de moi. Mais voilà, je ne suis pas acteur de cinéma, laisse de côté la cigarette, et me sers juste un whisky, nu quand même, avant de retourner m'installer dans mon fauteuil et ouvre les premières pages de ce vieil Olivier Adam que j'avais presque oublié sur une étagère, les pages jaunies par le temps. Une histoire de boxe et de solitude, une virée poignante dans la pénombre d'un paumé.

Le jour, Antoine travaille pour les pompes funèbres, creuse des tombes, regarde des familles pleurer, descend six pieds sous terre des cercueils. le soir, il boxe, il boit. Pour oublier sa peine, pour effacer le temps, pour ne pas se projeter dans un avenir qu'il ne voit pas. Je l'imagine avec son air de chien battu, ses envies de chialer, ses peurs qui l'enferment dans cette profonde solitude. Je me sens bien, seul dans le noir, jusqu'au jour où je ne pourrais plus en sortir. le père d'Antoine vient de décéder, sa soeur Claire, très proche jusqu'à présent, qui s'éloigne, la belle Su, une fille sublime qu'il a croisé un soir mais qu'il ne saura pas aimé, Chef son entraîneur avec toujours le même survêtement qui met les voiles dans le sud…

Je me sers un second whisky, me lève lourdement pour me poster derrière la fenêtre. La lune éclaire le pavé, une paire de jambes bas résilles et mini-jupe passe sous son halo. L'odeur de tabac qui me prend lorsque le whisky coule dans ma gorge. A la radio, un disque de Bashung passe, un coup de latte, un baiser, j'passe pour une caravane. Je reste quelques instants à la fenêtre. Mes pensées se bousculent comme celle du pauvre Antoine. Je me replonge dans ma lecture, seconde partie du roman qui s'enchaîne alors que la radio enchaîne son spleen musical avec un titre de Murat.

Fidèle à son habitude, Olivier Adam broie du noir. J'aime toujours autant, le noir. Paint in Black ou Back in Black. Cette nuit est sombre, le sommeil me fuit. Alors, je poursuis la vie d'Antoine dont je ne sais rien de son passé. Je sais juste les coups qu'il se prend sur le ring et dans la vie. Je bois un verre avec lui, à la table voisine dans ce bar de quartier où, à cette heure-ci, ne traînent qu'alcooliques ou solitaires. Dans quelle catégorie je me retrouve ? Je n'ose réfléchir à la question, l'heure de la psychanalyse viendra surement avec mon réveil mais pour le moment j'ai un roman à finir.

Une musique de Christophe se fond dans le noir, j'éteins la radio. Les camions poubelles font grincer leurs mécaniques trop mal huilées, jusqu'à en réveiller les mouettes et les corbeaux. Dehors, une pluie fine s'abat, les derniers solitaires rentrent en titubant, les putes aux pieds gonflés et aux cernes fatiguées retournent chez elles. le jour se lève, la ville s'éveille et la bouteille de whisky est finie, le roman aussi. J'ai partagé une nuit avec Antoine, il m'a bousculé un peu dans les cordes, un peu en dehors du ring. Et si je descendais sur la côte…

« Poids léger », un coup de latte, un baiser.
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Malgré ce ciel anthracite, cette pluie qui ne saurait tarder et ce mal au coeur, Antoine court. À perdre haleine. Pour oublier l'enterrement de la veille. Un gamin. Cela lui est toujours insupportable. Il faut attendre que le métier rentre. Une fois de retour chez lui, la douche prise, il va au gymnase où Chef l'attend. Les mains bandées, les gants enfilés, il est prêt pour le sac. Il boxe pour évacuer l'amertume qui le ronge, la tristesse qui le gagne et faire ressortir cette rage au fond de lui. Un peu paumé, un peu en vrac, désabusé, Antoine cogne et se cogne. Son père vient de mourir, sa soeur s'éloigne, son métier de croque-mort l'ébranle. Il n'en a pourtant pas fini de se battre...

Olivier Adam dépeint, à la fois avec mélancolie et rage, ce jeune homme perdu au milieu des siens et en souffrance. Antoine se jette à corps perdu dans la boxe et la boisson. Aux nuits agitées se succèdent les matins brumeux. On le suit pas à pas, dans sa descente aux enfers. L'auteur ne fait jamais dans la demi-mesure, même son héros a pour métier croque-mort. Pas l'ombre d'un espoir ou d'un rayon de soleil. Tout est tristement beau, à la fois féroce et tendre.

À noter que ce film a été adapté au cinéma par Jean-Pierre Améris avec Nicolas Duvauchelle dans le rôle d'Antoine.

Poids léger... ça cogne...
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Antoine est croque-mort.
Un métier pesant qui le rend "éponge" devant la douleur des familles, quand ce n'est pas devant leur haine, pour ces hommes en noir qui jettent des pelletées de terre sur le cercueil de leur proche.

Il comprend. Antoine est aussi en deuil. de son père. Il trouve que son frère est un sale con. Et sa dernière histoire d'amour est plutôt improbable.

Sans doute pour cela qu'il fait de la boxe. Ca lessive la tête, ça fait travailler que les muscles.
Le mariage prochain de sa soeur le fait encore plus descendre dans la déprime et dans l'alcool.
On sent bien que cette affaire va mal finir...

Dans ce petit roman, Olivier Adam attend la quintessence de la morosité!

Un des premiers romans où les thèmes chers à l'auteur sont tous là: perte des proches, souvenirs d'enfance, séparation des êtres par la mort ou l'éloignement, solitude, pessimisme... Dans son style toujours très descriptif, il crée une ambiance, détaille son environnement, comme pour mieux nous faire percevoir le silence opaque qui entoure ses personnages, le décor souvent peu souriant fait de pluie, de feuilles mortes ou d'eau fluviale plombée.

Pas gai gai tout cela! Il convient de s'accrocher même sur 140 pages.
Du Olivier Adam en grande forme, pourrait-on dire...
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« Je me suis allongé sur un banc, j'ai fermé les yeux et tout se bousculait, ma mère et mon père morts et mon sale con de frère et ma soeur, et cet enfant, Su, toutes ces conneries, je pensais à tout ça, la lune était pleine et blanche, il y avait le bruit de l'eau et quelques automobiles. Des gens passaient, ils étaient gais et parlaient fort. J'avais des mouches plein le cerveau. »

Antoine n'a qu'une envie, décamper, prendre le large, s'amarrer ailleurs, appelez ça comme vous voulez, sa vie dérape, il est comme une épave rejetée par la mer. Son frère le traite de con, sa soeur a pris ses distances, ses parents sont morts et le frère de Su, sa petite amie, jure qu'il va lui casser la gueule s'il s'approche encore d'elle. Il s'est fait quitter, alors il quitte à son tour. C'est une forme de justice, une revanche sur la vie. Solitaire, il est cette île sur laquelle on choisit de ne pas s'échouer, où l'on évite de poser les pieds. Parce qu'à la longue, ça fait trop mal, c'est une brûlure vive, on en ressort KO.

Dans la sueur du ring, il cogne sur ses espoirs perdus…

Le jour Antoine travaille comme croquemort. Il croise la mort, la souffrance des autres. Au-dessus du grand trou, un tout petit cercueil est mis en terre, un jeune garçon. Si vite enterré, trop vite oublié. La scène est insupportable. Moment de vertige, il ira vomir, « c'est le métier qui rentre », comme les coups qu'il se prend.

Dans la sueur du ring, les mains bandées, il frappe l'adversaire, uppercut dans les côtes, il fonce…

… se défonce. À coups de poings, à coups de joints, à bout de nerf, à petit feu, à grandes rasades de whisky. Les images s'entrechoquent. Ses souvenirs d'enfance, le jardin, le panier de basket, un baiser de son père sur son front. Il avait huit ans, s'en souvient encore. le temps s'est flétrit, il a tout gâché, même ses désirs. Trois jours sans se pointer au boulot. Dans le RER, sa tête contre la vitre, ce froid sur sa joue et les gens de passage. Anonymes sur les rails qui défilent, les quais déserts, il attend, solitaire. Il attend quoi? Pas grand-chose. C'est la fin du combat. Hors du ring. KO.

Dans la sueur du ring, il joue sa vie. "Un coup de latte, un baiser".

Et foutre le camp.

« …la rage, la tristesse, tout ça c'est de l'énergie qui s'en va, du nerf qui fout le camp, qui claque et lâche, tout ça c'est de la petite chimie, faut tout maintenir à niveau, respirer tranquille et tout vider, sentir chaque muscle et la peau par-dessus, tous les rouages, n'être que ça, une machine bien huilée, si c'est grippé c'est foutu, être des membres déliés, du sang et des muscles, être un corps et rien d'autre. »

Olivier Adam me laisse à nouveau KO. C'est de la littérature "cash" (dixit Bison), c'est rude et on en redemande...

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Su était agenouillée sur le lit et j’étais debout. Elle a glissé sa tête sous mon tee-shirt et s’est mise à embrasser mon ventre et mon torse. Ses mains ont défait ma ceinture et mon pantalon est tombé sur mes pieds, puis mon caleçon. Je me suis allongé et elle s’est assise sur moi. Elle avait gardé sa jupe et j’ai déboutonné son chemisier, j’ai embrassé son cou et sa bouche puis je me suis laissé retomber et j’ai fermé les yeux. Quand je les ai rouverts ses mains s’affairaient dans son dos, les bretelles ont glissé le long de ses bras et mes doigts suivaient le contour des aréoles. J’ai fermé les yeux et j’ai senti son sexe se refermer doucement sur ma queue tendue, l’envelopper et soudain c’était mon corps entier qui baignait dans la douceur humide de Su, dans sa peau caressante et lisse.
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L’arbitre nous maintenait à distance, il posait ses mains sur nos poitrines, le type était détendu j’ai vu dans son regard qu’il était sûr de lui qu’il savait que ce serait facile, l’arbitre s’est retiré, j’ai pris deux crochets en plein visage, il a enchainé au foie, deux directs, un uppercut pour finir et dans ma bouche c’était le goût du sang et dans mes yeux c’était du rouge, il a frappé trois ou quatre fois et le sang coulait dans mes yeux, j’avais la bouche remplie d’un liquide salé et épais, je me suis écroulé, je pesais des tonnes, j’avais la joue contre le revêtement, Chef est monté sur le ring. J’ai vu son visage se pencher sur le mien, il m’a relevé, m’a mis sur le tabouret, je ne tenais pas assis, il a tamponné mon front, mes yeux et mes temps, je ne sentais pas la douleur ni ses mains, je ne sentais plus rien, je n’entendais plus sa voix.
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Sur la table du salon, elle avait laissé un verre de whisky et dans la pénombre clignotaient des voyants lumineux. J’ai tiré le fauteuil à bascule, j’ai bu devant la fenêtre, allumé une cigarette, Billie Holiday chantait, je sentais le sommeil me gagner. J’ai dû dormir une heure ou deux. Le silence était parfait et en me concentrant un peu je pouvais percevoir la respiration profonde de Juliette qui dormait dans la chambre. J’ai ôté mes vêtements et me suis glissé sous les draps. Elle était allongée sur le flanc, je me suis collé contre elle, ma queue se logeait dans la raie de ses fesses, elle a poussé un grognement parce que mon corps était froid. J’ai embrassé sa nuque et elle s’est retournée, sa bouche était chaude et son haleine exhalait un parfum de miel et de tabac.
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Au loin le ciel prenait des nuances citronnées et Juliette était blottie contre moi. Je lisais des vieux bouquins de poche qu’elle me refilait, elle les avait trouvés dans le buffet de la maison et les dévorait à la file, Fante, Carver, Brautigan, ce genre de choses, je lisais ça le dos contre la roche, on restait jusqu’à ce que le soleil se cache, plus longtemps s’il n’y avait pas de vent. Parfois on attendait que la nuit soit installée, le vacarme de la mer emplissait tout, je relevais sa jupe et j’aimais sentir son visage dans le creux de mon épaule.
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J’aime les gorgées d’alcool et de café, tout se mélange et je sens glisser la brûlure dans mes veines et le long de mes membres. La patronne me ressert un verre de calva, elle dit c’est pour moi. Nous sommes seuls dans le café et son regard à elle fixe la buée sur les vitres et les traînées grises et jaunes des voitures rares et feux ouverts. A la radio s’achève une chanson, un comédien célèbre vante les mérites d’une banque quelconque, je crois que c’est François Cluzet, de toute façon, je m’en fous, de toute façon je pense à autre chose.
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