Mais qui a dit qu'
Olivier Adam était un triste sire ? Un type neurasthénique et sinistrement dépressif dont les livres n'étaient qu'un assommant ramassis de noires jérémiades ? Personnellement, j'avais déjà goûté dans de précédents titres son sens de l'humour, certes teinté d'ironie et chargé surtout d'une bonne dose d'autodérision -. mais jamais encore il ne m'avait fait rire comme dans ce nouveau roman !
On y retrouve Paul Lerner, un double littéraire de l'auteur qui, après le relatif succès qu'avaient enfin connu ses livres, était venu avec sa famille s'installer à Paris, en plein territoire bobo. Mais ses dernières publications n'ayant rencontré qu'une pâle indifférence, il est retombé dans une dèche que l'extravagance des coûts de la vie parisienne n'ont fait qu'accentuer. Sa femme Sarah et lui-même décident donc de fuir à nouveau la capitale pour retourner vivre en Bretagne.
Paul n'écrit plus - pour le plus grand bonheur de sa mère, lassée de voir exposées au grand jour des histoires n'ayant d'autre vocation que celle d'être enterrées en famille - et tire quelques maigres revenus de piges rédigées pour le journal local.
Clément se réjouit de pouvoir enfiler sa combinaison de néoprène tous les soirs, sitôt l'école terminée, pour défier les vagues sur sa planche de surf, tandis que Manon a renoncé à tout échange avec ses parents, sauf à leur demander avec la lourde insistance des ados s'ils pourraient retourner à Paris le temps des vacances.
Quant à Sarah, elle vit sa vie entre le lycée où elle enseigne, le foyer d'accueil de migrants où elle est bénévole et la fréquentation assidue d'une amie chère qu'elle a retrouvée.
Morne bilan des courses pour Paul qui a tout loisir de ruminer son sentiment toujours vivace d'être étranger au monde qui l'entoure.
Du pur
Olivier Adam, donc. Mais un
Olivier Adam qui cultive sans réserve l'art du décalage, rendant son personnage terriblement attachant et drôle. Sa difficulté à concilier ses principes - ceux qu'il a amplement déclinés dans ses romans - et la réalité de certaines situations, la lassitude qui s'installe au sein du couple, la difficulté à comprendre ses enfants qui grandissent et à dialoguer avec eux, la confrontation avec une société de plus en plus ouvertement et violemment intolérante... La quarantaine bien entamée, à l'heure des bilans, les dialogues souvent savoureux rendent compte avec une infinie justesse de ce chacun d'entre nous peut un jour ou l'autre connaître et ressentir. A sa façon et en nous immergeant dans une société que nous reconnaissons aisément comme la nôtre, l'auteur nous tend un miroir dont nous voudrions sans doute nous détourner si l'humour en était absent.
Et puis
Olivier Adam noue peu à peu tous les éléments de son roman en une intrigue dont la tension dramatique se révèle particulièrement efficace...
En lisant ce livre, j'ai évidemment retrouvé ce regard singulier sur la vie, j'en ai éprouvé une forme de désolation, mais j'ai ri, beaucoup, j'ai tremblé aussi et j'en ai tourné les pages avec avidité. Vous ne me croyez pas ? Alors, lisez-le !
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