AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,79

sur 98 notes
5
4 avis
4
8 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
1 avis
Françoise Giroud, femme de tous les combats qui a redéfini le métier de journaliste, a su s'imposer et tracer le sillon pour ouvrir la voie aux femmes et améliorer leur condition dans la société.

Avec L'Express, Françoise Giroud et Jean-Jacques Servan Schreiber créent un journal pour soutenir leur ami Pierre Mendès-France qui veut mettre fin à la guerre d'Algérie. Ensemble ils soutiennent le FLN et deviennent la cible de l'OAS. Ils sont unis par une passion amoureuse, politique et journalistique, mais après une belle réussite éditoriale, ils se fourvoient, oscillent politiquement et finalement se séparent. Françoise Giroud soutiendra malgré tout Jean-Jacques Servan Schreiber, même quand celui-ci aura des ambitions politiques démesurées.

Laure Adler, journaliste qui voit en Françoise Giroud une figure tutélaire, maîtrise parfaitement son sujet sur lequel elle a travaillé sept ans. C'est avec beaucoup d'intelligence qu'elle fait le portrait de ce personnage complexe et plein de contradictions : celui d'une travailleuse acharnée qui a commencé sa vie professionnelle à quatorze ans pour subvenir aux besoins de sa famille ruinée, d'une séductrice qui aime les hommes et le pouvoir, mais aussi d'une femme secrète qui cachera longtemps sa judéité et changera de nom.

Une vie utile, une vie bien remplie pour Françoise Giroud qui, même si elle ne suscite pas la sympathie, force l'admiration par la volonté indéfectible qu'elle avait de faire avancer les choses.
Commenter  J’apprécie          609
Françoise Giroud n'était pas destinée à devenir ce qu'elle est devenue : directrice de presse, journaliste politique, secrétaire d'Etat, amie des plus grands. Une vie de travail acharné (jusqu'à la toute fin) et d'épreuves (mort de son père toute petite, pauvreté, mort de son fils, tentative de suicide). Elle n'a jamais cessé de combattre, pour l'amélioration de la condition féminine notamment. Ouverte et curieuse, elle aimait découvrir et faire découvrir (musique, art, talents). Jusqu'au bout elle sera cette femme, malgré la vieillesse, contre elle.
Une très belle, quoique dure vie de femme, insoumise et battante, présentée par Laure Adler. Elle a connu Françoise GIroud, a pu consulter ses archives après son décès et nous livre là 7 années de recherches et de travail. Elle ne cache pas son admiration, montre les failles et les contradictions de celle qui a fondé L'Express et participé au début de l'aventure Elle. le tout porté par l'écriture claire, limpide et lumineuse de Laure Adler, que j'ai pu découvrir et aimé dans sa biographie de la philosophe Simone Weil.
Un ouvrage passionnant.
Commenter  J’apprécie          231
Excellente biographie de Laure Adler qui nous offre un portrait remarquablement documenté d'un femme engagée, qui sut se battre dans un monde masculin et imposer d'une main de fer ces convictions. Mais Adler dévoile aussi les pans d'une vie marquée par son amour fusionnel avec JJSS, et les drames de sa vie. Avec empathie forcément mais sans complaisance, le livre d'Adler évoque aussi les contradictions de la légende de "L'Express". Une belle manière de découvrir une grande journaliste et une grande femme tout simplement qui la veille de sa mort à 86 ans travaillait sur un nouvel ouvrage. Passionnant et fascinant.
Commenter  J’apprécie          200
J'avais lu la biographie de Marguerite Duras pour mieux comprendre ses oeuvres. J'ai lu celle de Françoise Giroud pour mieux comprendre une époque et un métier : le journalisme. le fabuleux travail d'investigation de Laure Adler, qui a planché 7 ans sur cette biographie, a de nouveau comblé mes attentes.

Françoise Giroud, en soi, ne m'attirait pas spécialement. Trop jeune pour l'avoir connue dans sa splendeur, j'avais en mémoire une vieille femme acérée aux cheveux courts, ancienne compagne de Jean-Jacques Servan-Schreiber, liée au magazine l'Express et au mouvement féministe. J'en sais maintenant beaucoup plus sur cette battante, née en 1916 d'émigrés turcs et qui, à partir d'un simple diplôme de sténographe, s'est forgé un destin exceptionnel dans un monde autrefois (?) réservé aux hommes : le cinéma, le journalisme et la politique, puis sur la fin de sa vie l'humanitaire et la littérature. Mais apprendre à la connaitre ne me l'a pas rendue plus sympathique et c'est là une des forces de Laure Adler : mettre en avant les faits et non son jugement, ne pas occulter par complaisance les contradictions et les côtés sombres de son sujet - et "Françoise" en recèle un certain nombre.

Sans doute influencée par le souvenir de son père qui aurait tant souhaité un garçon, l'originalité de Françoise Giroud fut de gérer sa vie personnelle et sa carrière avec la même indépendance qu'un homme. Ses deux enfants étant gardés par sa mère, elle pouvait se consacrer entièrement à son travail, tout en apportant ce "petit plus" féminin qui fit son succès : faire entendre le point de vue des femmes dans la presse (en particulier lors de sa collaboration au magazine Elle), ancrer les sujets politiques dans la vie quotidienne (c'est l'orientation qu'elle donna à l'Express), décrypter les tendances avant tout le monde (on dit qu'elle créa la Nouvelle Vague)...

Dans son sillage, c'est aussi toute une époque qui est passée au crible. L'Occupation allemande, la guerre d'Algérie, la fin de la IVe République, Mai 68, le gouvernement Giscard puis celui de Mitterrand, les mouvements humanitaires et féministes…. Tout y est, relaté par ceux qui ont vécu l'actualité. Et le verbe « vivre » est important. Car au temps du plein emploi et de libéralisation des moeurs, où l'espérance de vie était plus courte que maintenant, les gens prenaient très tôt des risques pour bâtir leurs propres expériences, quitte à changer de voie par la suite. Par exemple, en 1962, Françoise Giroud a autorisé sa fille Catherine Eliacheff, quatorze ans et demi, à partir vivre avec Robert Hossein et à l'épouser. Impensable à l'heure actuelle ! Cela n'a pas empêché la jeune femme d'entreprendre ensuite les brillantes études de médecine que l'on connaît.

Bravo, donc, à Laure Adler pour la somme incroyable de documents collectés et d'entretiens tenus pour nous faire vivre au jour le jour toutes ces années. Et une mention spéciale pour son prologue, synthèse intelligente et sensible qui témoigne du respect avec lequel elle a mené ce projet.
Commenter  J’apprécie          190
Sur Françoise Giroud, c'est comme si tout avait déjà été dit. Femme de fer et d'influence, brillante journaliste, première femme à diriger un grand journal hebdomadaire qu'elle contribua à fonder, secrétaire d'état à la condition féminine, romancière moins habile que la journaliste, plume aussi acérée qu'admirative, toujours en éveil même quand la vieillesse fut là. de la femme, la vie était plus ou moins connue : des amours flamboyantes avec JJSS surtout et le jeune Georges Kiejman, entre autres ; des amitiés durables ou malmenées avec Mendès et Mitterrand ; une fille brillante, Caroline Eliacheff, un fils disparu…
La biographie de Laure Adler demeure respectueuse des zones d'ombre de son sujet et c'est une qualité. Elle les évoque, sans entrer plus avant dans les détails, simplement pour donner quelques clés à la compréhension d'une femme terriblement secrète. Elle dit les mensonges et les actes peu glorieux communs à toute vie mais qui, dans le cas de Françoise Giroud, humanise cette femme parfois transformée en statue du commandeur. Sa vie est passionnante, ses choix privés et publics encore plus car ils révèlent une femme libre. Comment imaginer aujourd'hui qu'elle laissa sa fille de 14 ans épouser Robert Hossein qui en avait plus du double ? Qu'elle accepta d'être ministre de Giscard, elle si proche de Mendès ? A ces questions et à toutes celles que l'on se pose au cours du récit, Laure Adler apporte des réponses précises, n'élude rien.
Mais le plus passionnant est ailleurs. Dans l'histoire extraordinaire du journal l'Express que l'on suit comme un polar intellectuel et haletant, de sa création à sa vente par JJSS, et même au-delà. Les débuts difficiles pour soutenir Mendès, les premiers procès, l'arrivée de Mauriac qui quitte Le Figaro pour enchanter ses nouveaux lecteurs de sa plume spirituelle « Je suis une vieille locomotive mais qui marche encore, qui traîne des wagons, qui peut siffler, et il m'arrive de temps en temps, d'écraser quelqu'un. L'honneur de la vieillesse, c'est de ne plus servir à rien. » On suit l'arrivée des journalistes Jean Daniel, Jean Cau, le bouillonnant, Claude Imbert qui en prendra la direction, Jacques Duquesnes, Georges Suffert, et de toutes ses plumes féminines Michèle Cotta, Christiane Collange, Catherine Nay… L'évolution du magazine, de sa ligne éditoriale, de sa maquette fascine et on ne peut qu'être admiratif devant le flair de Françoise Giroud, toujours à l'écoute, ne perdant rien de l'évolution de son époque, créant des rubriques consacrées à l'air du temps, à la mode, au style de vie. Car tout l'intéresse : les livres, le cinéma, le théâtre, l'opéra, la mode. Avec les années 70, Françoise entre dans une zone de turbulences. Elle devient la patronne du journal soit celle d'environ 400 salariés dont une centaine de journalistes… du jamais vu ! En 1975, elle engage le journal dans une campagne contre la peine de mort. A cette époque, elle est déjà entrée de plein pied dans la vie politique. Mais même pour une femme en acier comme elle, la condition de secrétaire d'état est rude. Elle sait probablement que son poste est fragile aussi se met elle immédiatement au travail à la manière Giroud : en faisant tout ! Sa priorité : l'emploi des femmes pour lequel elle proposera très vite toute une série de mesures.
Le reste de sa vie, sa pugnacité ne faiblira pas tant dans ses engagements humanitaires que dans son rôle de chroniqueuse au Nouvel Obs (joli souvenir que ses articles) ou au JDD (dont elle sera virée pour avoir dit ce qu'elle pensait d'une photo de Mitterrand publiée par Paris-Match).
Une biographie captivante et pudique pour un destin incroyable. La fin est très belle. Jean-Jacques Servan-Schreiber, souffrant de la maladie d'Alzheimer, assiste aux obsèques de Françoise Giroud et demande à son épouse : « Qui enterre-t-on ? Est-ce mon plus grand amour ? ». Il répétait ces mots de plus en plus fort. Discrètement, ses fils et Sabine l'ont éloigné. Ce fut sa dernière apparition publique…

Lien : http://manoes.canalblog.com
Commenter  J’apprécie          70
Quelle femme ! Bravo à Laure Adler pour cette enquête passionnante et sans concession pour tenter de mettre à jour les secrets et les failles de cette femme exceptionnelle et passionnée. La passion, c'est effectivement ce qui semble diriger sa vie, pour ce qui est du domaine public, passion pour son métier au point de s'imposer dans un univers masculin et passion pour un homme, Jean Jacques Servan Schreiber, aussi intense que dévastatrice. Françoise Giroud a beaucoup fait pour le journalisme et pour les femmes journalistes dont toute une génération se réclame de son influence. Laure Adler insiste sur tout cela mais s'attache à fouiller les recoins plus sombres de l'histoire de Françoise Giroud pour tenter de comprendre certains de ses actes et comportements qui laissent perplexe. Car un tel personnage ne peut pas être simple et c'est tout le talent de l'auteur que d'en montrer la complexité, avec tact mais sans trembler, ce qui contribue à dresser un riche portrait d'une femme qui a compté et compte encore de nos jours. Une lecture passionnante !
Commenter  J’apprécie          61
Laure Adler a un grand talent de biographe. J'avais lu et aimé son "Margueritte Duras" et j'ai appris beaucoup de choses sur Françoise Giroud qui m'ont éclairé sur bien des aspects de cette personne.

C'est un Rastignac en jupons, ni plus ni moins, femme de pouvoir, femme libre bien en avance sur son temps, d'une ambition démesurée et prête à tout pour parvenir à ses fins. Un mec, presque ! Quoique fille aimante, mère aimante, amoureuse aguerrie...

Les circonstances de la vie font que j'ai connu, il y a quelques années, Madeleine Chapsal, à Saintes, berceau charentais de sa famille. Une femme délicieuse, mais le vivant contraire si je puis dire de FrançoiseGiroud. J'imagine sans peine ce qu'elle a pu endurer avec cette rivale.

L'auteur de la biographie est trop en empathie avec son sujet pour relever, avec le recul, les errements du couple JJSS-FrançoiseGiroud, notamment pendant la guerre d'Algérie. Ni regrets ni remords pour leur attitude pendant cette période et silence-radio total sur le chaos qui a suivi l'indépendance de l'Algérie jusqu'aux événements de 1988-1999, du temps du GIA .

J'ai relevé une erreur de date, assez cocasse: en juin 1959, JJSS aurait été menacé par l'OAS qui n'est née... qu'en avril 1961. Cela m'a prêté à sourire.

Pour en revenir au sujet - à Françoise, donc...- je dirais qu'elle ne m'est pas devenue plus sympathique à la lecture de cet ouvrage; ses "zones d'ombres", ses petits arrangements avec la vérité, ses "têtes"(Jacques Chaban-Delmas, Simone Veil, Jacques Chirac...) me la rendent même un peu plus odieuse.

Quant à JJSS (moi aussi j'ai été lieutenant en Algérie, peu de temps après lui...) c'était une baudruche, un digne représentant de ce qu'on appelait naguère encore la gauche-caviar, le radicalisme dans toute son horreur !

Paix à son âme et à celle de son grand amour !

Mais je sais gré à Laure Adler d'avoir réalisé le portrait de cette femme avec tact mais vrai souci de la vérité. Bravo !
Commenter  J’apprécie          40
J'ai aimé ce livre sur Françoise Giroud avec lequel Laure Adler (que j'admire beaucoup) a passé 7 ans... Biographie très intéressante sur cette femme d'exception qui a marqué son temps, car ce n'est pas une hagiographie mais bien l'écriture d' une vie (avec ses bons et mauvais côtés). J'y ai appris des choses étonnantes sur cette femme extra-ordinaire.
Commenter  J’apprécie          30
Quelle femme ! On a beau le savoir, lire sa biographie laisse pantois.
Laure Adler est une grande admiratrice de Françoise Giroux et cela se sent. Mais comment pourrait-on reprocher à une journaliste d'admirer celle qui fut non seulement une immense journaliste mais également une pionnière dans le féminisme par sa manière de mener sa vie.
Françoise Giroux ne fut manifestement pas une femme heureuse et son parcours ne fait pas particulièrement envie d'autant qu'existe en elle une grande part sombre.
Ce livre est également très enrichissant par tout ce qu'il nous donne à voir d'une époque qui démarre à l'aube de la seconde guerre mondiale jusqu'à la mort de Mitterand. Françoise Giroux a occupé une place qui lui permet d'être en prise direct d'évènements tels que la guerre d'Algérie et mai 68.
En bref, cette biographie se lit comme un roman passionnant à toute allure
Commenter  J’apprécie          30
Laure Adler raconte merveilleusement la vie de Françoise Giroud et la première chose qui frappe, c'est tout le malheur, dès le début de sa vie, qui s'est acharné sur cette femme.
Elle s'est construite avec enthousiasme, une curiosité insatiable, saisissant toutes les occasions, pleine d'intuition.
C'est aussi l'occasion de réviser l'histoire de la France, notamment la guerre d'Algérie : notre pays a bien failli basculer dans la guerre civile.
Ce livre attachant donne vraiment envie de la rencontrer ; cette femme a fasciné la plupart des gens, même si elle n'était pas parfaite. Elle a toujours égratigné Simone Veil, ce qui n'est pas à son honneur. Mais brosser le portrait de madame Giroud dans son entier, en montrant ses faiblesses, ne nuit pas à l'impression générale. Heureusement.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (254) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1719 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}