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EAN : 9782378801182
180 pages
L' Iconoclaste (01/04/2020)
4/5   11 notes
Résumé :
Issouf Ag Aguidid a quitté le désert malien pour l’Ile de France, il y a cinq ans. Un aller simple, en avion. Puis ce Touareg indépendantiste qui n’a pas encore trente ans a obtenu le statut de réfugié. Dans un atelier d’écriture, à Paris, il fait la connaissance de la journaliste Estelle Lenartowicz. Issouf aime les mots, elle aussi. Il lui raconte les souvenirs de son existence en Afrique, le so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Issouf Ag Aguidid a été contraint en 2015 à fuir son pays ravagé par la guerre, à cause de son engagement politique indépendantiste. Il a grandi à Ménaka, une commune du Nord Mali.
Issouf et la journaliste Estelle Lenartowicz se sont rencontrés lors d'un atelier d'écriture encadré par des bénévoles dans les locaux des éditions de l'Iconoclaste. Ils ont le point commun d'aimer les mots alors ils ont décidé de mêler leurs plumes pour qu'Issouf puisse raconter son histoire. Il nous donne certaines informations sur la culture des Touaregs qui peuvent nous surprendre comme le fait que le concept d'anniversaire n'existe pas, qu'il ne sait pas précisément ni quel jour ni quel mois il est né alors pour faire la demande d'asile il dit qu'il est né le 1er janvier. On ressent leur sagesse, leur sens pudique qui ressort très bien dans son récit, il explique ses conditions de vie là bas, son départ précipité, son arrivé en France avec les difficultés administratives, qu'il faut tout apprendre : la langue, l'utilisation d'un ascenseur, d'une gazinière pour faire du thé,… mais il reste en surface, ne se plaint jamais. On sent qu'il garde beaucoup de chose en lui, ça fait parti de sa culture et c'est surement difficile de revenir sur certains éléments. Malgré ça, on comprend qu'il a eu du courage et de la motivation pour en arrivé là aujourd'hui. Avec ce livre il rend tout d'abord un bel hommage aux associations qui viennent en aide aux réfugiés et aux demandeurs d'asile. On ressent son profond respect pour eux. Il évoque l'école Thot comme d'une famille adoptive, qu'ils sont les premiers à croire en eux et à les voir comme des êtres humains et pas des numéros. Ensuite son amour des mots, son talent, sa personnalité et son envie de s'exprimer librement permet de représenter toutes ses personnes grâce à ce livre.

Parution le 4 février 2021
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Une histoire émouvante et intéressante du point de vue d'un réfugié avec un aller simple pour la France

Issouf Ag Aguidid est un jeune Touareg malien qui arrive en France en 2015. Son engagement politique indépendantiste fait qu'il doit s'enfuir de la guerre malienne vers Paris chez de la famille qui habite déjà là-bas. En 2017, il rencontre la journaliste Estelle Lenartowicz, elle-même fille d'immigrées, dans un atelier d'écriture qui a lieu aux locaux des Éditions Iconoclaste et organisé par l'école THOT (voir en bas pour plus d'infos). Dans les propres mots de Lenartowicz, « ils se sont entremêlés la plume pour qu'Issouf puisse raconter son histoire ».

Son histoire traite de son enfance dans la ville Ménaka dans le nord du Mali, la région du Sahel de la communauté fière des Touaregs (les hommes drapés en bleu), qui lui fait chaud au coeur, son déménagement vers le capital Bamako pour aller étudier et vivre chez un de ses oncles, et encore plus tard sa fuite vers Paris, parce qu'il voit la misère et les menaces auxquelles ses amis et sa famille étendue autour de lui doivent faire face à cause de la guerre, et qu'il n'est plus sûre de sa vie lui-même. Il explique quelles conditions de vie il a dû confronter dans les différentes étapes de sa jeune vie.

Dans ce livre, Issouf ouvre la fenêtre vers sa propre culture et ses traditions, mais aussi vers le chaos, la guerre et les attentats qui ont ravagé son pays – et dont on sait si peu ici en Flandre en fait - et sa lutte pour obtenir l'asile en France, toute la bureaucratie que cela provoque et comment la « forteresse Europe » est vu par les yeux de ceux qui arrivent ici après avoir parcouru un chemin si long et lourd que nous le pouvons à peine nous imaginer.

À Paris, il a heureusement aussi de la famille qui lui donne un refuge et il fait connaître plusieurs personnes françaises qui lui soutiennent sans aucun doute. Il fait aussi la connaissance avec l'école THOT, qui organise depuis 2016 des cours de français pour des demandeurs d'asile et de réfugiés et qui offre tout un cadre pour ce groupe surtout sur base du volontariat. L'école et ses étudiants forment pour lui vraiment une « famille adoptive ».

Les témoignages des réfugiés en Europe sont déjà beaucoup. Ce qui fait le récit d'Issouf vraiment la peine de lire, c'est qu'il ne met en lumière pas seulement les obstacles qu'il rencontre, mais aussi la solidarité des autres réfugiés et des Français ordinaires qui savent ce qu'il a dû supporter déjà pendant sa jeune vie. En effet, il est un millénial qui ne mâche pas ses mots et est en même temps fière de son origine. Il a une forte conviction politique et un talent pour les mots. Son témoignage est lardé de la mélancolie vers le pays qu'Issouf a dû quitter pour sauver sa vie. Ce court livre peut se lire aisément mais est difficile à tolérer pour des personnes avec un point de vue humaniste et dont le coeur bat pour la justice. Pourquoi est-ce que l'UE a une politique si mal adaptée pour faciliter la vie des nouveaux arrivants ? Que 'est ce que nos leaders politiques européens manquent pour rédiger une vraie et juste procédure d'asile commune ?

Merci à Babelio et aux Éditions Iconoclaste pour avoir pu lire ce livre. Publié en février 2021.
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Nous voyons les moins chanceux dormir dans des tentes sur le boulevard de la Chapelle, nous les croisons parfois dans les couloirs des administrations publiques, et pour ma part, j'en aide actuellement certains à trouver du travail. Mais qui sont ces migrants venus poser leurs valises en France, quelle est leur histoire ? Dans ce livre écrit à quatre mains, Issouf raconte la sienne, celle d'un homme habité par ses idéaux, fier de son peuple, prêt à lutter pour l'indépendance des siens, forcé de fuir face aux menaces sur sa vie. A contre-coeur, le voici arrivé en France, un pays aux moeurs si lointaines, où le bitume impersonnel a remplacé le sable du désert. Il nous raconte le labyrinthe de l'administration française, la solidarité rare mais tenace, et le charme de son bout de pays touareg, où la vie est si différente de chez nous.

Empreint d'une sagesse millénaire et d'un recul salutaire sur la vie, ce récit nous encourage à nous ouvrir aux autres, à nous adapter à leur culture et à leurs traditions, à écouter leur histoire pour en ressortir grandi. Si j'ai trouvé les passages racontant le combat de la demande d'asile un petit peu faciles et rapides, j'ai en revanche beaucoup aimé en apprendre plus sur le Mali, ses peuples et sa situation politique récente. J'ai trouvé passionnant d'en apprendre plus sur la vie à Ménaka, sur les traditions ancestrales et la philosophie touareg, que je connaissais si peu. Grâce au style simple et évocateur du récit, j'ai eu l'impression d'avoir Issouf en face de moi, qui me racontait sa vie de vive voix.

Ce que je retiendrais de cette lecture, au-delà de l'histoire d'Issouf et de celle de son pays, ce sont les leçons qu'il nous donne sur notre appréhension des autres, notamment notre façon d'accueillir les étrangers en France. Nous nous adressons à eux comme nous nous adressons à ceux qui sont nés ici, qui ont l'habitude des questions directes et des règles de courtoisie à l'Occidentale. Nous appliquons sur eux nos propres façons d'interagir alors que les leurs peuvent être multiples et si différentes des nôtres. Malgré le nombre d'étrangers que je rencontre au quotidien, je n'avais pas réfléchi à ces questions en ces termes, et je suis reconnaissante à Issouf de m'avoir ouvert les yeux. Je suis également heureuse que l'histoire d'Issouf ait trouvé son chemin entre ces pages et sur nos tables de librairie grâce à Estelle Lenartowicz, et je salue l'initiative des Editions de l'Iconoclaste, qui ont publié cet ouvrage.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Issouf a dû quitter le Mali. C'est en France qu'il a trouvé refuge. Issouf s'estime chanceux car lui, a pu prendre l'avion, contrairement à de nombreuses personnes qui se voient contraintes de quitter leur pays en passant pas la méditerranée au péril de leur vie.

Issouf, avec l'aide d'Estelle nous raconte le Mali. Il nous parle de sa vie là-bas, de sa famille.
Il nous raconte aussi tous les obstacles rencontrés en France afin de réussir à s'intégrer, travailler, obtenir des papiers...
Issouf nous raconte aussi son apprentissage du français, cette langue si peu facile à apprendre.

"On me demande souvent si mon coeur est resté au Mali. Je réponds qu'il est là-bas autant qu'ici. Partout où il y a des hommes, j'apprends à me sentir chez moi. Mais l'un de mes deux pays n'existe plus que dans ma mémoire."

Quel récit poignant et touchant que nous offrent Issouf et Estelle.

A travers ce récit, le lecteur peut comprendre toute la gratitude dont fait preuve Issouf envers les associations et les personnes qui, à un moment, se sont trouvées sur son chemin et lui ont tendu la main. C'est donc un bel hommage rendu mais pas que...
Issouf rend hommage aussi à son pays, sa famille et ses amis.

Issouf avait une vie et un travail au Mali. Il a dû se reconstruire en France. C'est l'histoire du combat d'Issouf mais également de beaucoup de personnes qui sont dans la même situation que lui.

"Peu à peu, je m'acclimate à la France. J'apprécie de vivre dans un pays en paix. Un endroit où l'on peut garer sa voiture dans la rue et vaquer à ses occupations sans craindre de ne pas la retrouver à son retour. Ici, si quelqu'un fait un malaise dans la rue, les secours viennent le chercher et l'emmènent à l'hôpital sans poser de question. [...] “

Je vous conseille cette lecture.






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Issouf quitte le Mali en 2015. Ses convictions politiques le mettent en danger, son pays étant aux mains des djihadistes. Lui qui s'attachait à rendre service à la communauté, qui voulait que la culture Touareg soit respectée, il est contraint de se réfugier en France pour sa sécurité, pour ne pas avoir à vivre caché.

Ce court roman est son histoire. Avec l'aide d'Estelle, il pose les mots sur ses débuts en France et son engagement politique, sur sa volonté de faire connaître la situation de son pays et de propager sa culture.

C'est un témoignage très touchant. Malgré les drames et son exil, Issouf ne baisse pas les bras. Il croit en sa bonne étoile et grâce à la solidarité des immigrés, il découvre l'association Thot, qui va l'aider à parler et écrire français, se faire des amis et relever les obstacles qui entravent sa reconnaissance en tant que « réfugié politique » par l'administration française.

Entre le Mali et Paris, ce roman est lumineux. L'amour d'Issouf pour sa culture est contagieux et on retrouve le sable du Sahel et les odeurs chaudes du marché de Ménaka entre les pages de ce livre.

Une belle lecture, solidaire et inspirante : essentielle.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Dès l'instant où nous posons le pied sur le sol français, le combat de la demande d'asile entre en nous, s'accroche fermement et ne nous quitte plus. Pendant des mois, il nous poursuit partout, jusque dans nos rêves. Il est en nous lorsqu'on lit les informations, lorsqu'on se promène dans la rue ou que l'on rit à une bonne blague racontée par un copain. Sa présence est une ombre à laquelle est suspendu notre avenir.
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Le turban doit recouvrir tout le visage, comme le veut la tradition. Il sert de protection contre le soleil mais incarne aussi notre philosophie de vie. Pour rester centré sur soi-même sans se laisser distraire par les bruits alentour, il faut recouvrir les oreilles. Pour ne parler que lorsque c'est nécessaire, se recouvrir la bouche. Et pour preserver l'humilité et sens du devoir, masquer son front.
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Ils me font aussi visiter la grotte de Saint-Michel. Et surtout la grotte Chauvet, dont les peintures rupestres sont vieilles de plus de quinze mille ans. En les voyant, je pense tout de suite aux peintures que l'on trouve un peu partout dans le Sahara. Leur existence prouve que l'homme touareg a lui aussi des racines très anciennes. Lui aussi a peint pour raconter son histoire. Lui aussi a dessiné pour dire : "Nous sommes passés par là."
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Chacun de nous s'est un jour demandé quelle serait sa vie s'il n'avait pas rencontré telle personne, pris telle décision ou essuyé tel échec. Au moment où ils s'écrivent, ces moments qui déterminent une existence restent opaques et nous échappent. Nous regardons droit devant et, avançant sur la carte invisible de nos existences, nous passons des carrefours sans les voir, à tâtons ; ce n'est que plus tard, en nous retournant, que nous réalisons que, ici ou là, un virage s'était dessiné.
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Rien ne sert de se faire du souci dans les rues de la ville. Ainsi va la vie. Nous partons de rien mais rentrons toujours avec un petit quelque chose le soir venu. Le Coran nous dit de prendre exemple sur les oiseaux qui partent à l'aube, ignorant où les portera l'horizon. Où qu'ils aillent, ils trouveront toujours quelque chose à déposer dans leur nid. Des graines, des souvenirs, une parole pleine de sagesse.
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