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EAN : 9781034902416
160 pages
Liana Lévi (05/03/2020)
3.72/5   9 notes
Résumé :
Au pays du Commandeur, nul ne peut ignorer qui est le maître: son image est partout, les lieux publics portent son nom, des livres sont écrits à sa gloire. Au pays du Commandeur, tout le monde lui est redevable, chacun chante ses louanges, dans sa cuisine ou en public, mais sur les toits-terrasses des maisons il se raconte de drôles d’histoires. Au pays du Commandeur, on se méfie de l’aveugle au coin de la rue, de sa secrétaire, de son voisin, de son conjoint.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Suite à une fatwa dirigée contre lui, après la parution de Femme interdite, l'écrivain yéménite Ali al-Muqri a dû fuir son pays en 2015. Désormais installé en France, son nouveau roman, censé se passer dans une contrée imaginaire du Moyen-Orient, est une critique acerbe et volontairement caricaturale (mais jusqu'à quel point ?) d'un régime autocratique où chaque citoyen est prié de chanter les louanges de son Commandeur alors que sa cour se prosterne devant son génie et n'ose le contredire, de peur de finir assassiné. Ce pays ressemble un peu à la Corée du Nord, en plus orwellien encore mais l'auteur l'a placé dans le monde arabe, en profitant pour exagérer à dessein les dérives anti-démocratiques des dirigeants de la région. Toujours aussi doué pour concocter des histoires malicieuses qui tiennent un peu des contes des mille et une nuits, en plus barbare cette fois-ci, al-Muqri a choisi la plume d'un narrateur venu d'Égypte pour écrire un livre sur les hauts faits et la grandeur dudit Commandeur. Un écrivain un peu mal à l'aise par rapport à cette mission, mais surtout très lâche et mentalement faible dès lors qu'il faut oublier son éthique personnelle pas très compatible avec son souci de réaliser un profit immédiat. Moins brillant que ses deux opus précédents, peut-être que parce que moins « romanesque » et plus politique, le pays du Commandeur constitue malgré tout une lecture captivante et divertissante, principalement dans son analyse piquante et sardonique de comportements humains marqués par la servilité et l'absence de courage.
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L'écrivain égyptien Ali perd tout espoir de gagner l'argent nécessaire pour sauver sa femme atteinte d'un cancer. Il n'a pas obtenu le prix littéraire « Shéhérazade du roman arabe » qui l'aurait sorti de l'impasse financière où il se trouve.
Pour gagner l'argent dont il a besoin, il fait un pacte faustien. Il vend son "âme au diable"en acceptant d'écrire la biographie officielle du Commandeur qui règne sur l'Irassybie. Ce pays est une sorte de nébuleuse obscure qui concentre tout ce que les états totalitaires imposent comme violences et atteintes aux droits humains et à la liberté. le peuple doit être au service du Commandeur et doit répondre à ses besoins et ses fantasmes.
Ali va découvrir ce pays étrange et glaçant où tous les rouages d'un état totalitaire sont en place. Il y a d'abord le culte du secret et la loi du silence qui sont les clés de voute de tous ces gouvernements qui cachent ainsi la triste réalité de leur pays, derrière des rideaux de mensonges. La présence d'Ali est donc secrète. Elle ne doit pas être révélée ce qui lui empêche toute liberté de s'exprimer et d'agir selon son bon vouloir. "L'idée étant que personne ne devait savoir que j'avais rédigé cette biographie, ni même contribué à son écriture. Une telle information provoquerait inévitablement la suspicion des milieux culturels, déjà alertés par l'abondance de livres signés de la main du Commandeur : ils allaient immédiatement penser qu'il avait des nègres employés à les écrire pour lui, et assurément mon nom figurerait sur la liste des suspects." [extrait p.38-39]
Comme dans tous les pays totalitaires, La peur est omniprésente. Ali est dans la crainte permanente de déplaire au Commandeur. Sa garde rapprochée est tout aussi dangereuse, car elle guette toute incartade au protocole et use de la délation pour se faire remarquer du Commandeur.
Ali occupe son temps à réfléchir à cette biographie factice et participe aux réunions de la commission d'écriture de la biographie, mais aussi à celle du bureau d'orientation de la pensée et du bureau d'orientation idéologique. Il doit s'habituer à ce monde absurde et grotesque qui l'entoure. Comme dans tous les pays sous dictature, on pratique en Irassybie une sorte de "novlangue" décrite par Orwell. Ali apprend à utiliser un vocabulaire adapté qui ne doit pas choquer la susceptibilité du Commandeur et de son entourage. Par exemple, on ne parle pas de collaborateurs du Commandeur. le mot collaborateur n'existe pas. Ils sont tous des "quémandeurs". La mégalomanie des dictateurs n'a pas de limite, celle du Commandeur aussi ! "C'est le leader de nations et non le leader d'une nation, il est leader des nations qui s'uniront un jour, grâce à son inspiration, pour n'en former qu'une seule dont il sera le chef."[Extrait p.42].
La soumission totale et la manipulation des consciences sont incontestables. "Vous seul, O notre Commandeur, êtes capable de guider ce soleil où vous voulez pour en faire profiter qui vous le souhaitez, ou bien de dépêcher les nuages au-dessus de tel ou tel territoire afin qu'il pleuve, ou encore d'envoyer vos bienfaits où vous le décidez !"[Extrait p.54]
Ali va être étonné d'apprendre que c'est Chaimaa, la fille du Commandeur, qui a demandé à son père de le choisir pour écrire sa biographie et plus consternant encore, elle va lui proposer le mariage ! Tel père tel fille ! Chaimaa est tout aussi machiavélique que son père et se comporte comme lui. La notion de respect des droits de l'homme n'existe ni pour le père, ni pour la fille. Il est évident que les caprices de ces deux-là sont dangereux et les êtres humains ne sont que des jouets entre leurs mains. Il apprend de la bouche de Chaimaa que son père a fait exécuter ses anciens amants qui ne se sont pas comportés correctement. "D'un autre coté, ses propos m'inquiétaient, car ils pouvaient être pris pour une menace quant à la punition qui m'attendaient si jamais je rejetais sa proposition de mariage" [Extrait p. 36]
Abou'l-Yomm qui est pour Ali un des membres le plus sympathique de la Commission d'écriture de la biographie lui explique toute la perversité des loisirs du Commandeur. Entre autre, le Commandeur joue aux échecs sur un échiquier géant dont les pièces sont des êtres humains qui représentent les rois et reines et dirigeants du monde. Il prend plaisir à les éliminer à balle réelle avec son révolver en or. "Cependant, les dirigeants mondiaux à liquider étant plus nombreux que les figurines de rois sur l'échiquier, il avait dû compléter en tirant sur les personnes réelles qui se trouvaient à proximité." [Extrait p.46]
Ce climat anxiogène va agir progressivement sur le système nerveux d'Ali. "Ces derniers temps, j'étais devenu incapable de me libérer de mes angoisses nocturnes"(...) [Extrait p.66]
Au cours d'une promenade pour le libérer de l'ambiance oppressante de la résidence du Commandeur, Ali observe un pays sous contrôle. Comme dans tous les états totalitaires, l'effigie du Commandeur est omniprésente dans l'espace public. Soldats et check-points assurent la surveillance du peuple. L'ambiance est tout aussi malsaine à l'intérieur du palais qu'à l'extérieur.
Ali va apprendre peu à peu tous les sévices que le Commandeur fait subir à son entourage. les témoignages sont tragiques. Ce sont des atteintes permanentes à la dignité humaine.
Les dictatures reposent essentiellement sur la tyrannie qu'elles exercent sur le peuple. Les dictateurs se croient invincibles, mais ils sont fragiles. Il suffit qu'une brèche s'ouvre et le pays se rebelle et tout explose. Toute la violence et les injustices subies par le peuple se retournent contre son dictateur et c'est le massacre assuré.
Le Commandeur de l'Irassybie qui se croyait insubmersible ne va pas échapper à la fin tragique que connaissent beaucoup de dictateurs de ce monde….
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Une plongée au coeur d'une dictature racontée par le journaliste mandater pour écrire la biographie du Commandeur.

Ali, journaliste égyptien, est désespéré de ne pouvoir soigner correctement sa femme atteinte d'un cancer. Alors quand l'occasion de gagner une somme faramineuse se présente, il est difficile de dire non. Même s'il s'agit d'écrire la biographie du dictateur du pays voisin.

Ali part donc pour s'immerger au coeur de la gouvernance en espérant rédiger au plus vite ce que l'on attend de lui afin de retrouver sa femme et la soigner.

Ses premières observations le font douter. Doit-il vraiment vendre son honnêteté intellectuelle et son éthique pour de l'argent, même si le but ultime est de soigner sa femme ? Loin de sa femme, Ali se laisse séduire et perd de vue les raisons qui ont guidées sa décision.

L'auteur yéménite nous parle de courage, de liberté, de libre arbitre.

L'écriture est très agréable et le dilemme d'Ali très intéressant.
Les évènements et conséquences de cette dictature sont relatés avec distance et la personnalité du commandeur assez peu imposante ce qui parfois peut donner un sentiment d'irréel.

Une lecture intéressante !
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Le romancier égyptien Ali, vient tout juste de perdre la course au prix littéraire Shéhérazade qui lui aurait permis de aurait gagner l'argent nécessaire au traitement de son épouse atteinte d'un cancer, et d'acquérir ce surplus de notoriété qui lui aurait assuré un avenir radieux.

Contacté par le Commandeur, dirigeant dictateur de l'Irassibye, Ali accepte de rédiger la biographie de cet être suprême qui règne brutalement sur son peuple asservi.

Ce roman décrit la genèse de cette biographie, les réunions interminables avec le comité de lecture pour en définir le plan puis les titres des chapitres, les séances de validation des textes avec le Commandeur himself, sur fond de sourdes révoltes et de germes d'opposition vite réprimés dans le sang ou par des disparitions inexpliquées.

Sans nouvelles de son épouse, Ali fait de son mieux, puisant dans les textes saints eux-mêmes pour rédiger la meilleure hagiographie possible, repoussant du mieux possible les avances de la fille du commandeur, et se faisant le plus discret possible dans sa recherches d'anecdotes pour émailler son texte de vrais éléments biographiques. 

Au fil de ses découvertes, son objectif sera de sauver sa peau, et d'obtenir des nouvelles de son épouse ... 

La fin sera tragique ...

Toute ressemblance entre la vie du Commandeur et celle d'un dictateur des rives de la Méditerranée n'est bien évidemment que pure coïncidence ! 

Un court roman qui aurait gagné  à être plus long pour donner davantage de corps aux personnages secondaires, la cuisinière notamment, bien que ce format court donne davantage de force à la description succincte des horreurs.

Un roman d'un auteur yéménite que j'ai été surprise de trouver sur la table des nouveautés de ma médiathèque ... à qui je vais conseiller d'acquérir d'autres ouvrages d'Ali Al-Muqri

 
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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C'est la première fois, sauf oubli de ma part, que je lis un auteur yéménite et je suis ravie de ma découverte. J'ai aimé ce roman. Il porte, avec légèreté, un thème lourd à évoquer car il est politique, très politique. C'est la description d'un pays dirigé par un Vénérable dictateur - je pense à la Libye sous Khadafi. le roman ne pèse pas, ne lasse pas. Il est facile d'accès, agréable à lire. Il y a, chez lui, comme une douceur qui séduit. Il y a de l'humour qui ne s'affiche pas. C'est fin, délicat, adroit et intelligent. C'est, je trouve, une façon originale d'évoquer le sort d'un homme devenu dictateur car il a perdu pied en se pensant supérieur à son peuple et qui finit dans la merde, misérablement piétiné par ceux-là même qu'il méprisait. Je conseille même si je pense qu'il ne séduira pas forcément tout le monde.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
(…)Ici tout le monde avait peur : de la censure, des filatures, des gens, des maisons, des murs dont on pensait qu'ils avaient des oreilles. Les gens se méfiaient de leur propre ombre et aussi de moi. Avaient-ils réellement peur de moi ? oui sans aucun doute ils me redoutaient Tout comme ils avaient peur d'eux-mêmes du reste, craignant de prononcer involontairement tel ou tel mot, de laisser échapper tel ou tel aveu, de formuler telle ou telle critique qui porterait atteinte à son Excellence le Commandeur (…)[extrait p.66]
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Video de Ali Al-Muqri (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ali Al-Muqri
La dernière vidéo et pas la moindre de notre serie estivale - Les livres par leurs traducteurs - nous plonge dans " le pays du commandeur" du romancier & journaliste yémenite Ali Al-Muqri. L'histoire d'un écrivain invité par le dictateur d'un pays imaginaire, l'Irassybie, pour écrire sa biographie. Paru début mars, et traduit de l'arabe (du Yémen) par Khaled Osman et Ola Mehanna pour les Éditions Liana Levi, c'est une fable sur le pouvoir, la liberté et la vie après la chute du tyran.
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