La nourriture cristallise nombre de terreurs et de fantasmes : c'est la part d'irrationnel que nous acceptons d'absorber. Pour dresser une typologie des symboliques les plus extrêmes de l'aliment,
Stewart Lee Allen choisit l'angle des sept péchés capitaux.
La luxure traite sans surprise des aliments aphrodisiaques ou licencieux et s'accordera très bien avec la paresse, cette autre sorte de débauche languissante qui s'accommode de patates, de bières et d'absinthe. L'orgueil sera l'occasion de revenir sur les interdits alimentaires religieux et sur l'ostracisme à justification alimentaire. Nous ne sommes pas loin du blasphème et de l'avarice, où les jeux de pouvoir voire le cannibalisme impliquent l'alimentation dans ses plus redoutables apparats. Il aurait mieux fallu se mettre en colère… la violence qui se résout et s'apaise dans les sauces au piment, les chips explosives et les boissons gazeuses (qui provoquent l'ultime plaisir d' « éprouver la névralgie infraclinique provoquée par l'explosion des bulles de gaz carbonique sur la langue ») apparaissent alors comme de doux substituts à l'endo ou à l'exo-cannibalisme. le péché de gourmandise semble le plus naturel… mais résisterez-vous à de multiples passages auprès du vomitorium des civilisations antiques ?
Chaque chapitre est accompagné d'un menu qui chatouille l'imagination. Les plats, les saveurs, les couleurs et les textures évoquées n'ont plus qu'un seul but : faire honneur aux vices et fantasmes capitaux. Les recettes de quelques-uns de ces plats seront déclinées en cours d'ouvrage, distillées entre les anecdotes surprenantes de
Stewart Lee Allen. Nous remontons aux origines les plus confuses d'aliments anodins comme la tomate, l'oeuf, le maïs ou le pain. Certaines histoires semblent improbables et le ton léger de l'auteur n'est pas fait pour nous rassurer sur leur authenticité. Mais après tout, peu importe. Ce livre nous le prouve : on se nourrit aussi bien de matière que de rêves.