AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,18

sur 1984 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Certaines familles se résument en quelques phrases seulement, à coups de formules usuelles et de bonheurs convenus. D'autres, pour déployer leurs innombrables turpitudes et autres détresses inimaginables, ont bien besoin de plus de 500 pages pour se raconter. C'est le cas des Trueba del Valle, dont l'histoire sans commune mesure occupe sur quatre générations ce roman fascinant. A travers les parcours de quatre femmes aux prénoms cousins (Nivea, Clara, Blanca et Alba), toutes mères et filles les unes des autres, Isabel Allende décrit l'évolution d'un pays jamais nommé mais transparent à chaque instant, le sien, le Chili. le roman est dense, touffu, en un mot, il se mérite. Chaque dizaine de pages voit s'enchaîner une nouvelle somme considérable d'événements, chaque centaine est carrément l'occasion de passer plus d'une décennie d'action, et le livre complet couvre aussi bien les transformations politiques du Chili que ses bouleversements sociaux et autres dynamiques profondes diverses et variées.

Reprenons donc du début : La Maison aux Esprits, c'est avant tout l'histoire de Severo et Nivea del Valle, de leur fille Clara, de leur gendre Esteban, et de la descendance de ces derniers. Pris dans les embrouilles et galères de leur siècle, qu'il s'agisse d'une guerre, d'une maladie ou d'un accident, les personnages se démènent, font avec leurs handicaps et leurs facultés plus ou moins surnaturelles, et parviennent toujours à relancer l'intrigue vers de nouveaux rebondissements saisissants. Les Trueba del Valle traversent une première guerre mondiale, une seconde, plusieurs crises économiques et désastres naturelles, et enfin et surtout le coup d'Etat que l'on sait être celui de 1973, suivi de la dictature de Pinochet. Ces pierres blanches historiques, loin de se restreindre à de simples repères ou prétextes narratifs, viennent véritablement scander et refléter la condition des protagonistes, notamment des femmes qui parviennent à chaque fois à s'émanciper un peu plus, à triompher contre toute attente, à sauver la face malgré l'adversité.

On loue souvent Isabel Allende pour ses héroïnes fortes et sa prose plus généralement largement concentrée sur la force des femmes, et si c'est effectivement le cas ici avec des héroïnes toutes plus marquantes les unes que les autres - mention spéciale à Clara qui rentre dans mon panthéon personnel des figures fictives les plus hautes en couleur -, elle maintient un parfait équilibre entre ces portraits féminins et leurs partenaires (ou adversaires, c'est selon) masculins, avec lesquels elles entretiennent des relations tour à tour passionnelles, conflictuelles, absolues, indifférentes ou encore belliqueuses. On pense notamment à Esteban Trueba, anti-héros s'il en est, d'abord présenté comme mou et passif, puis combatif et têtu, ou encore dur, aveugle, inflexible, surprenant, égoïste, violent, puissant. Rarement a-t-on suivi une telle brute, et rarement aura-t-on eu autant de curiosité pour son sort.

Le roman est à la fois confortable, familier, parcouru d'un certain nombre de balises et autres pauses narratives qui permettent de se sentir à l'aise dans l'histoire, mais il parvient aussi à bousculer quelque peu son lecteur, notamment avec les pouvoirs divinatoires de Clara, les touches d'irréel parsemées au fil des pages, les hyperboles qui sont ici monnaie courante, ou encore les drames que l'on ne s'attend pas à voir venir et qui viennent irrémédiablement bouleverser ce dont on s'imaginait qu'il s'agirait de la suite. Il faut clairement s'habituer aux allers-retours fréquents de l'autrice dans sa chronologie, aux annonces, aux prédictions, aux symboliques constantes, aux phrases chargées de significations, aux sous-entendus politiques, mais quand on prend le temps de s'immerger, de savourer, de comprendre, c'est un bonheur total, un pur plaisir littéraire.

On compare enfin énormément ce roman à Cent Ans de Solitude de Garcia Marquez, que j'ai justement lu en début d'année. C'est vrai, notamment pour tout l'aspect "saga familiale imbibée de réalisme magique", mais à une différence près. Là où, il faut l'admettre, Cent Ans de Solitude suscite un certain ennui, La Maison aux Esprits est un incroyable, formidable, inoubliable bouillon de passions, de secrets et de tensions, une épopée incomparable aux accents grandiloquents, le tout sur fond de péripéties grandioses.
Lien : https://mademoisellebouquine..
Commenter  J’apprécie          50
Véritable fresque familiale, "La maison aux esprits" nous fait découvrir le parcours des del Valle - Trueba sur trois générations. Tout commence avec Rosa et Clara del Valle, jeunes filles de bonne famille dotées de pouvoirs surnaturels qui vont chacune à leur tour attirer Esteban Trueba, un jeune homme ambitieux qui court après sa fortune. Esteban finit par épouser Clara et de cette union commence une lignée où tous les opposés cohabitent. La magie de Clara et le côté terre à terre et matérialiste de son mari, les idées conservatrices avec les communistes, la sagesse et la folie... Une famille bigarrée dans une société en pleine mutation politique et sociale.

J'ai beaucoup aimé ce classique du réalisme magique sud-américain. Les éléments fantastiques s'intègrent idéalement dans la saga familiale. le contexte historique chilien est très présent et illustre très clairement l'évolution des mentalités et de la société du début du 20ème siècle jusqu'au coup d'état militaire. Ce n'est pas un roman à rebondissements mais vraiment un portrait sur plusieurs générations, ceci dit le rythme ni trop lent ni trop rapide permet de bien s'imprégner de l'ambiance, de s'attacher aux personnages sans ressentir d'ennui.
Je trouve que ce livre peut être une bonne porte d'entrée au réalisme magique car les éléments surnaturels sont plutôt légers et s'intègrent bien à la narration. Aussi, la VO est tout à fait accessible. La langue employée est très courante et le style simple.
Commenter  J’apprécie          40
Elle raconte ses souvenirs d'enfance dans un univers ou le fantastique cohabite avec la réalité. Plusieurs personnages sont clairvoyants et nourrissent un imaginaire qui me plaît. On est en pleine dictature dans un Chili qui se cherche une voie afin d'éviter l'oppression, la dénonciation et la torture. Il faut lire la suite : Fille du destin (Hija de la fortuna-1999) et Portrait sépia (Retrato en sepia-2000). Tous magnifiques.
Commenter  J’apprécie          40
Très grand roman, par sa taille... Non, vraiment, je l'ai beaucoup apprécié. Du réalisme, du comique, du fantastique, du tragique... tous les ingrédients nécessaire pour un bon bouquin. L'Histoire est parfaitement ficelée et les personnages sont décrits le plus clairement possible. Je me suis beaucoup attachée au personnage de Clara (qui est, sans doute, le personnage principale, malgré la présence toute aussi importante de ses congénères). En bref ce bouquin reste une saga familiale très prenante à lire et à relire.
Commenter  J’apprécie          40
J'ai beaucoup aimé cette saga dont l'extraordinaire histoire mouvementée s'apparente à « Cent ans de solitude » de Gabriel Garcia Marquez et qui traite de la révolution chilienne.
Commenter  J’apprécie          40
C'est magique. En tout cas, pour les personnes qui aiment les histoires de vies, de familles, il vous ravira. Vous survolez l'Histoire d'Amérique Latine. Pour peu que vous aimez aussi les raisonnances hispaniques, vous serez conquis.
J'ai vraiment plongé dans ce livre, je croyais tant à tous ces personnages, je les voyais tant de chair et d'os, pleins de vie.
J'ai été totalement conquise, vous aussi laissez vous entraîner par les personnages te les esprits de ce livre.
Commenter  J’apprécie          40
Sur la jaquette du livre on peut lire : «Une contrée qui ressemble au Chili, du début de ce siècle à son actualité la plus brutale. La chronique de ce pays est retracée à travers une dynastie familiale. Il y a Esteban Truba (sic), parti de rien, propriétaire terrien et sénateur musclé, potentat familial ; Clara, son épouse, hypersensible et extralucide, confidente des esprits qui hante leur grande maison ; les enfants légitimes et naturels d'Esteban, les rejetons de ceux-ci et de ceux-là, dont les destins s'entrecroisent dans les jeux de l'amour et du hasard, les vestiges de la révolte et des passions clandestines. Entre les différentes générations, à tous les niveaux de l'échelle sociale, se nouent et se dénouent des relations marquées par l'absolu de l'amour, la familiarité de la mort, la folie douce ou bestiale des uns et des autres, qui reflètent les vicissitudes d'un pays passé des traditions rurales aux affrontements fratricides. Un roman qui, par son inspiration, son architecture, sa prose tantôt enchantée, tantôt mordante, est à inscrire parmi les révélations de la littérature latino-américaine d'aujourd'hui.» Texte qui correspond aux lois du genre, mais qui est bien tapé.
Quelques indications sur l'histoire. Esteban Trueba se propose d'épouser Rosa del Valle, Rosa la belle. Ils se fiancent et Esteban part deux ans travailler dans les mines où il finira par découvrir un bon filon. Il revient pour apprendre que Rosa est morte empoisonnée (c'était en fait le père del Valle, lancé en politique qui était visé). Esteban quitte alors sa soeur Férula qui s'occupe de leur mère gravement malade pour remettre sur pied un domaine, les Trois Maria, dont il devient le patron intransigeant. Il culbute d'ailleurs à qui mieux mieux tout ce qui porte jupon et engrosse la fille de son régisseur (Pedro Garcia) qui donnera naissance à un Esteban Garcia.
Esteban épousera Clara, la soeur de Rosa, de laquelle il aura les jumeaux Jaime et Nicolas et Blanca. Une passion inaltérable va unir dès leur enfance Blanca et Pedro III Garcia aux Trois Maria, passion à laquelle Trueba s'opposera toujours, finissant par marier sa fille alors enceinte d'Alba à un certain Jean de Satigny. Pedro III est un artiste, chanteur, qui prêche la révolution et finira ministre du Président. Il perdra par ailleurs trois doigts lors d'une rixe avec Esteban.
Esteban se lance dans la politique, il devient un sénateur conservateur des plus durs, adversaire implacable de tout communisme. La famille réside alors à la Maison du coin, délaissant les Trois Maria. Cette maison est peuplée d'une foule d'originaux adeptes des pratiques de spiritisme de Clara.
Nicolas vit une vie quelque peu désordonnée sans grands objectifs, tandis que son frère Jaime, médecin, se dévoue corps et âmes pour les plus démunis. Il deviendra un ami du Président et fréquente Miguel, frère d'Amanda -amie de Nicolas dont Jaime sera un moment platoniquement amoureux-, qui prône la révolution par la violence.
le coup d'état de septembre 73 surprend tous ses personnages et le livre se termine sur Alba, la narratrice qui a reconstitué l'histoire grâce notamment aux notes que sa grand-mère Clara prenait dans des cahiers.
Ceci constitue un résumé honteux de l'histoire, mais il à pour but de me permettre de ne pas oublier les grandes lignes. on pourrait aussi évoquer la pute Tránsito Soto qui traverse tout le récit et qui joue un rôle important dans la libération d'Alba à la fin.
Tout ceci pour dire que le livre est vraiment assurément génial. L'écriture est extraordinaire : mot juste, métaphore pétillante, construction syntaxique alléchante. Surtout, humour, gravité se côtoient donnant une crédibilité au récit qui lui-même n'a pas l'air d'en vouloir tellement certaines situations sont farfelues : comment croire aux inventions de l'oncle Marcos en début de récit ? Comment pouvoir croire aux salières qui se déplacent ? Néanmoins, on marche, et on marche peut-être pour cela : le texte se montrant explicitement comme fiction, permet de faire passer les idées sans peser.
Par ailleurs, rien n'est daté ; on ne cite pas le Chili. On dit le Président, alors qu'il s'agit d'Allende ; on parle du Poète pour Pablo Neruda.
Il s'agit aussi d'une fresque sociale qui permet de comprendre les positions en présence lorsqu'il s'agit de la démocratisation d'un pays. A ce propos, sont intéressantes les quelques interventions en «je» de Esteban Trueba qui par ailleurs est un personnage infâme et violent, mais dont l'expression du point de vue permet de comprendre une certaine classe ou une certaine forme de pensée. Par exemple, son obsession anti-marxiste le pousse à soutenir le coup d'état dans la mesure où il croit sincèrement que c'est un bien pour le pays, avant de se rendre compte que les militaires vont trop loin. de même, il est convaincu de l'incapacité et de l'ignorance des paysans et affirme avec force que s'il n'était pas là, il n'y aurait jamais rien eu pour eux, ce qui, si l'on s'accorde à sa logique peut s'avérer cohérent. On comprend comment une dérive de classe est facile. Bref, bref et rebref, génial. Fort. Un livre à avoir lu.
Commenter  J’apprécie          40
J'aime quand un auteur s'attarde sur la psychologie de ses personnages et on a là une belle galerie de personnages identifiables, des portraits très complets qui font qu'on éprouve soit de l'empathie, une antipathie mêlée de pitié, de l'admiration, enfin plein de sentiments différents. J'ai aimé ce roman surtout à cause de Clara. J'aime l'atmosphère troublante autour d'elle, le fait qu'elle soit peu apte à la vie domestique, son détachement par rapport aux choses matérielles, son excentricité, son coté éthéré, en font un personnage hors du commun. La 2ème partie m'a un petit peu moins intéressée, sans Clara la vie est moins belle ! Les évènements politiques qui interviennent dans leurs vies rendent le roman plus terre à terre, on a toujours des héroïnes attachantes et fortes mais plus "standards".

Commenter  J’apprécie          40
Un des livres que j'ai lus plusieurs fois. Isabel Allende nous y fait découvrir une galerie de personnages tous plus colorés les uns que les autres.
Elle nous fait aller à la rencontre d'Esteban et de Clara. Si j'ai relu ce livre autant de fois je crois que c'est pour retrouver Clara. Si présente et si absente. Si clairvoyante, lumineuse mais si légère. Elle fait partie de ces personnages qu'on aimerait connaître dans la vraie vie.
Ce livre c'est aussi une découverte du Chili, des bouleversements sociaux et politiques qu'il a connus.
Ce livre c'est aussi un petit, un minuscule grain de folie. Est-ce de la folie ou de la fantaisise d'ailleurs? Ce dont je suis certaine c'est que c'est juste ce qu'il faut pour qu'on ne sache plus très bien si on est dans le rêve ou la réalité.

Je n'ai pas ce livre à la maison mais , rien que de vous en parler, j'ai envie folle de le relire.
Lien : http://touteseule.over-blog...
Commenter  J’apprécie          40
Après de multiples recommandations, j'ai enfin pris le temps de lire "La maison aux esprits" et je l'ai beaucoup aimé.

Ce fut un plaisir de découvrir la vie des soeurs Rosa et Clara, de leur amant Esteban et de leur descendance, légitime ou non. le livre est long, les personnages nombreux et le récit est à plusieurs voix. Mais on ne s'y perd pas, les événements sont racontés de manière plutôt linéaire.

Le réalisme magique apporte de la poésie à un récit qui devient pourtant de plus en plus sombre au fil des pages.
J'ai adoré cette galerie de personnages, chacun avec leur personnalité différente et souvent extravagante.

C'est une très belle oeuvre de littérature qui me donne envie de poursuivre mon exploration des auteurs d'Amérique du sud, en restant dans le courant du réalisme magique.
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (5552) Voir plus



Quiz Voir plus

Les classiques de la littérature sud-américaine

Quel est l'écrivain colombien associé au "réalisme magique"

Gabriel Garcia Marquez
Luis Sepulveda
Alvaro Mutis
Santiago Gamboa

10 questions
371 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature sud-américaine , latino-américain , amérique du sudCréer un quiz sur ce livre

{* *}