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4,18

sur 1970 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Magnifique roman très bien écrit, avec une vraie et belle histoire.
Les personnages de temps à autre imaginaires, quelquefois très réalistes ne nous abandonnent plus et les suivre m'a été très agréable, tout comme ce voyage au Chili et la découverte de son Histoire.
Saga familiale à lire et à relire absolument.
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Adolescente, j'ai fait la connaissance d'un Chilien qui m'apprit qu'il était exilé politique de son pays. Je me souviens bien de ma réaction du moment ; je ne comprenais pas bien comment on pouvait quitter son pays tout simplement parce qu'on n'avait pas les mêmes idées que le gouvernement en place. Un nom m'était resté en tête, un nom proféré comme on crache un venin : celui de Pinochet.

Isabel Allende est la nièce de Salvador Allende, premier président socialiste en Occident élu dans un état de droit. Allende devra faire face à une grave crise politique, financière et économique mais sera toujours soutenu par les masses populaires. En 1973, le coup d'Etat de Pinochet met fin à son mandat et met en place une cruelle dictature.

Sans jamais vraiment mettre de noms historiques sur les personnages ayant réellement existé, Isabel Allende retrace la vie d'une famille des années 1920 aux années 1970 en proie aux traditions ancestrales rurales tenaces, aux bouleversements politiques et aux affrontements fratricides qui en ont découlé.
Cette magistrale saga familiale repose bien sur l'évolution des relations entre les personnages et les événements politiques mais elle est aussi un retentissant cri d'amour et d'appel à l'humanité.
Le lecteur suit avec passion les remous amoureux et familiaux qui ne cessent de troubler les personnages diablement attachants. Et des personnages dignes d'intérêt, il y en a une flopée dans cette histoire et notamment le couple formant le socle familial : Clara la douce qui communique avec les esprits et son fougueux mari, Esteban Trueba, violent conservateur et patriarche d'une famille qui ne cessera de s'opposer à ses idées.

Ce roman ne se dévore pas ; il est comme un de ces interminables fleuves qui sillonnent le sud de l'Amérique, ample, riche d'une biodiversité sans pareille, majestueux et fier au milieu des paysages magnifiques qu'il traverse.
« La maison aux esprits » tourmente, certes, mais rappelle, à chaque instant, que dans la vie, il convient de prendre la mesure des choses et de prendre son temps.
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Dans un pays que l'on devine être le Chili, la maison aux esprits va voir évoluer trois générations de femmes avec Clara, une jeune fille qui a le don de sentir l'avenir et faire se déplacer les objets qui s'avérera combattive et une femme aspirant à l'émancipation en devenant occasionnellement suffragette, Bianca, sa fille, qui amoureuse du fils du régisseur du domaine familial au grand dam de son père, sera mariée de force et n acceptera jamais ce mariage, et Alba, la petite fille, qui vivra l'expérience plus politisée, avec le putsch militaire qui renversera le Président socialiste légitime, laissant la place au gouvernement dictatorial des militaires. Et la maison aux esprits, c'est également Esteban Trueba, le mari de Clara, qui s'est fait seul et qui représente l'évolution économique et politique du pays, en ressuscitant le domaine des trois Marias, puis en devenant député, mais c'est surtout un homme qui, fou amoureux de sa femme Clara, ne la comprend pas, et devient violent avec elle, avec sa fille Bianca, seule sa petite fille Alba, parvient à l'attendrir et le rendre plus humain.

Quel roman et quel talent de conteuse que celui d'Isabel Allende, avec cette saga familiale riche et touffue, mettant en présence des personnages hauts en couleurs, croisant les destins de personnages secondaires, mais qui, tapis dans l'ombre, reinterviennent dans le destin des personnages de seconde ou troisième génération tel les instruments d'un anathème qui marquerait la famille. Et c'est un roman qui s'inscrit dans l'histoire avec un grand H, une fresque historique qui dépeint une société sud-américaine, violente, fière et résiliente, qui connaîtra pauvreté, corruption et surtout une dictature cruelle et écrasante.
Isabel Allende offre avec son premier roman, une histoire foisonnante tantôt drôle, tantôt cruelle et magnifie avec brio la petite histoire de cette famille fantasque avec l'histoire avec un grand H.
Un roman dense et marquant.
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Plongés dans un lieu sans nom mais qu'on imagine être le Chili, racontée dans les cahiers de l'étonnante Clara, nous suivons l'histoire d'une famille sur plusieurs générations indissociable de celle d'un pays.

Alors que Clara n'est plus, son mari très âgé, Esteban Trueba, explique comment pour la conquérir il a dû reprendre et exploiter les terres de ses ancêtres au prix d'une lutte acharnée, et retrace une vie qui leur a donné trois enfants, les a rendus riches mais ne leur a pas épargné les drames. Une existence dont la douce Clara s'est évadée par ses dons extralucides, des prédispositions par lesquelles elle a échappé à la réalité d'un mariage avec un homme emporté et autoritaire.

Depuis une histoire particulière pleine de fantaisie, Isabel Allende, qui se révèle une conteuse exceptionnelle, montre subtilement les évolutions de son pays, celles qui ont fait qu'elle a dû un jour s'exiler. C'est foisonnant, au point que l'on s'y perd parfois, coloré et fou, léger et dramatique, c'est l'histoire de sa patrie qu'elle ne nomme pas.
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Il arrive que vous attendiez beaucoup d'un livre, que vous vous êtes persuadée que ce livre est fait pour vous.... C'est exactement le cas de ce livre. J'ai tourné longtemps autour de ce roman. Cette année, le challenge solidaire propose la lecture d'Isabel Allende. Ca tombe bien j'avais tellement envie de lire ce roman ! Peut-être m'en suis-je une telle idée préconçue que le résultat n'a pas été à la hauteur de ce que j'attendais ? Je ne sais. Toujours est-il que j'ai fini ce livre un peu déçue....
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J'aime les sagas familiales qui entrecroisent les petites histoires avec L Histoire. En plus avec Isabel Allende on avait quand même une témoin clé de l'histoire du Chili !
Début du roman, surprise me voici dans un livre qui mêle saga familiale et magie. Si j'en accepte le principe, je trouve néanmoins la mise en place de l'histoire un peu longue. En fait pour voir s'entrecroiser histoires et Histoire, il m'a fallu attendre les 100 dernières pages.
450 pages trop longues.... et les 100 dernières pages exceptionnelles au souffle épique ! Ma note reflète donc cette demie-teinte.
J'en attendais sans doute trop....
Mais je suis contente d'avoir enfin découvert ce roman. En plus j'ai eu la chance d'échanger tout le long de cette lecture avec plusieurs amies babeliotes. Un plus sans conteste ! Merci à toutes !
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La maison aux esprits m'a beaucoup rappelé Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez. Au plus j'avançais dans le récit, au plus je me sentais revenue quelques années en arrière, quand j'ai découvert Macondo et ses fondateurs, la famille Buendía.
Il faut dire que La maison aux esprits regorge du même « réalisme magique » que Cent ans de solitude. On est plongé, dans le cas de ces deux romans, dans des histoires à la fois profondément terre à terre (l'histoire d'une famille à travers les générations qui se succèdent) et imprégnées de surnaturel. Dans La maison aux esprits, Clara del Valle, l'une des principales protagonistes – et celles grâce à laquelle nous connaissons l'histoire de sa famille, puisqu'elle a rempli plusieurs cahiers de notes à ce sujet – a un certain talent pour parler aux esprits, voir les fantômes, faire bouger les meubles et même, pour jouer du piano alors que le couvercle de celui-ci est fermé.
Ce qui est étonnant, dans ce genre de roman, c'est que cette dimension magique ne choque pas du tout. Au contraire, elle s'intègre tellement bien dans le récit qu'elle semble aller de soi. Est-ce dû au talent des auteurs ou à une certaine ambiance ? A une façon d'écrire qui nous plonge directement dans le vif du sujet ? Aucune idée. Mais en tout cas, même le plus cartésien des lecteurs ne sera pas étonné d'apprendre que Clara peut faire danser une salière ou que le fantôme de Férula, la belle-soeur de Clara, est apparu à toute la famille Trueba pour annoncer son décès.
Si cette « magie » passe si bien, c'est sans doute aussi parce que le réalisme est très présent lui aussi. Les grands événements politiques du XXè siècle (y compris les deux guerres mondiales) sont mentionnés à plusieurs reprises. Et la politique est d'ailleurs l'occasion pour Allende de critiquer, à mots couverts, le conservatisme qui fait craindre à Esteban Trueba et à ses contemporains les jeunes communistes et leurs idées novatrices.
Le régime politique de Pinochet est également mentionné et les horreurs de la dictature et de la guerre civile participent aussi à rendre ce livre passionnant : on en apprend plus sur ces événements et sur leurs répercussions sur les familles qui ont dû les subir, par le biais de l'histoire des Trueba.
Au niveau des personnages, mon coup de coeur va à Clara. J'ai adoré sa légèreté, sa distraction et sa bonne humeur du début, quand elle et Esteban forment encore un couple uni. La maison haute en couleurs de Clara et son intérêt pour les esprits et pour les guéridons qui lui servent à communiquer avec eux m'ont ravie.
La maison aux esprits est un livre qui se mérite. Personnellement, je l'ai trouvé à la fois compliqué – les chapitres et même les paragraphes sont très longs, les phrases aussi, parfois – et facile – car on entre facilement dans l'histoire de cette famille et on est tout de suite dépaysé, transporté dans le monde d'Allende. Ce n'est pas une lecture que je qualifierais de « lecture-détente », mais c'est quand même un livre qui vaut la peine d'être lu, quitte à réserver pour cela quelques jours (ou semaines, suivant la vitesse à laquelle on lit) pour prendre le temps de le découvrir, de le savourer et de l'apprécier à sa juste valeur.
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Autrice incontournable de la littérature chilienne, je découvre enfin Isabel Allende avec son roman le plus célèbre, La Maison aux esprits. Véritable saga familiale, le roman retrace le quotidien d'une famille sur presque un siècle.

Esteban Trueba est un riche propriétaire terrien. Très ancré dans les traditions, cet homme plutôt tyrannique a fait sa fortune seul et voit très mauvais oeil les révoltes socialistes qui sont en train de se créer. D'un autre côté, nous avons Clara, sa femme, attachante et fraîche. Grâce à ses dons divinatoires, elle est consciente des enjeux de son pays et tente, à sa façon, de raisonner son mari. A travers cette famille, Isabel Allende nous dépeint un pays non explicitement cité mais qui nous démontre les effets des différents événements qui ont pu secouer l'Amérique Latine en se penchant sur le quotidien des familles.

Difficile de résumer une oeuvre aussi complète. En seulement 540 pages, l'autrice nous narre une saga familiale grandiose et complète dans un contexte historique particulier. En dehors de la famille Trueba, on découvre également le destin de plusieurs autres personnages et il est impossible de s'ennuyer. En plus de l'attrait historique de l'oeuvre, La Maison aux esprits nous propose donc une foule de personnages attachants et complexes que l'on a plaisir à suivre. L'histoire est touchante et souvent émouvante.

L'aspect historique mêlé avec la petite pointe de magie proposée avec le personnage de Clara nous amène à un roman parfaitement dosé et subtilement addictif. La maison aux esprits est clairement un livre à lire et Isabel Allende, une autrice à découvrir !
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La Maison aux esprits , un livre que nous avait conseillé un prof de fac en nous disant tout simplement : " C'est un chouette bouquin".
Ce conseil que j'ai suivi - certes "quelques" années plus tard - s'avère être avisé.
Maintenant que c'est mon tour, je vais essayer d'être plus explicite que ne l'a été cet enseignant - que je remercie !

La Maison aux esprits, c'est un roman qui a tout pour plaire. C'est une saga familiale avec ce qu'il faut d'amours et de drames, où vient se mêler les bouleversements qu'a connu la société chilienne dans la seconde moitié du vingtième siècle. C'est surtout l'histoire de destins maudits et tragiques.

C'est d'abord par le destin d'Esteban Trueba, seul personnage que l'auteure fait s'exprimer à la première personne. le self-made man chilien du vingtième siècle. Un personnage totalement détestable : arriviste, cruel, misogyne, méprisant et propriétaire terrien très paternaliste avec les paysans qui travaillent sur les terres qu'il a durement gagnées. Et à mesure que les années passent, il devient un homme aigri et acariâtre détesté par les membres de sa propre famille qu'il tyrannise par son inflexibilité.
On peut se demander pourquoi Isabel Allende a décidé que ce serait ce personnage là précisément qui s'adresserait au lecteur. Et bien, peut-être justement parce que c'est le personnage qui est le plus victime de son destin, car il n'a pas su en comprendre les signes. Alors qu'il était encore jeune et sans le sous, la politique lui a pris la femme qu'il aimait, et il n'a pas su en tenir compte. Mais aussi sans doute parce qu'il incarne ce visage du Chili qui a fait que le peuple s'est soulevé et a voulu du changement.

Isabel Allende nous offre avec ce récit un roman très sentimental - à plusieurs égards. Ce roman a dû être - à mon humble avis - une thérapie pour elle, la nièce du dirigeant assassiné. Et elle nous transmet son amour pour son pays et son peuple, ainsi que sa peine de l'avoir quitté dans une langue agréable à lire (même si les relecteurs n'ont pas toujours bien fait leur travail !). Les phrases sont simples et percutantes, le récit est fait de peu dialogues et de beaucoup de descriptions où s'entremêlent récits de souvenirs et évènements romanesques.

Dans ce cas : pourquoi n'ai-je pas mis la 5ème étoile ? C'est le seul bémol que je le soulèverai : les descriptions à l'eau de rose !!! Y'a vraiment des moments où j'en pouvait plus !!

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Clara, le personnage pivot de cette saga familiale, est en relation avec les esprits, elle déplace les objets et chacun s'en arrange. Cela se fait avec un tel naturel que même le lecteur le plus rationnel accepte cette « fantaisie » pour mieux la rapporter à de plus sombres métaphores au cours du récit.
Car si le ton est joyeux, les évènements le sont moins. Sous couvert de naïveté, l'autrice dépeint l'histoire du Chili du début du XXe siècle jusqu'à la date de parution du roman, le début des années 1980, alors que Pinochet est encore au pouvoir.
L'autrice fait vivre cette famille dans une joyeuse pagaille agrémentée de magie, de grandes histoires d'amour, de drames, ceux de la petite et de la grande histoire. C'est une fresque romanesque qui se suit le sourire aux lèvres. Les personnages semblent hors du commun alors même qu'ils s'avèrent être les symboles de leur pays.
On sort de cette lecture un peu échevelé, encore essoufflé d'avoir tourbillonné avec Clara, Estéban et leur descendance.
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Eh ben mazette, quelle aventure !
540 pages de drames et de rebondissements, de magie et de révolutions, une histoire familiale noueuse et complexe courant sur plus d'un demi-siècle, des couples qui s'embrasent ou se déchirent, des enfants qui grandissent, des aïeux qui s'éteignent mais dont l'esprit habite encore longtemps les coeurs et les mémoires des vivants, des rêves et des cauchemars à n'en plus finir, et en toile de fond ce pays d'Amérique-du-Sud, ce Chili jamais nommé en pleine métamorphose, opérant sa mue dans les larmes et le sang, ces terribles conflits politiques et sociaux qui éclatent, brisent les destins et rebattent violemment les cartes : voilà entre mille autres choses ce que vous trouverez en poussant la porte de la La maison aux esprits.

Bien malin qui réussirait à faire la synthèse de ce tumultueux roman-fleuve ! On ne condense pas un bouquin pareil !
Impossible (pour moi) d'en faire un résumé cohérent, tant il regorge de personnages, de péripéties et d'intrigues parallèles, alors pardon, ami lecteur, il va falloir me croire sur parole :
Si tu as aimé Cent ans de solitude et ses oscillations continues entre naturel et surnaturel, alors fonce.
Si tu es friand de ce « réalisme magique » qu'on associe souvent à certaines oeuvres lantino-américaines, si tu n'as peur des romans denses et foisonnants, si tu as un peu de temps devant toi, alors fonce.
Si tu penses pouvoir supporter, à peine dissimulé sous l'habile maquillage de la fiction, le récit du coup d'état sanglant mené par Augusto Pinochet le 11 septembre 1973 contre le gouvernement socialiste de Salvador Allende, alors fonce.

Sache toutefois que cette histoire démente te sera racontée par la nièce en personne du président déchu (lui qui s'est donné la mort au soir du fameux putsch), et que même si les noms ont été changés, que les dates et les lieux sont souvent passés sous silence, l'auteur a bel et bien mis son imagination débridée et la puissance de son style au service d'un texte très personnel, aux élans véritablement cathartiques. A la manière de ces artistes-photograhes qui retouchent, déforment, recolorent, enjolivent leurs clichés au point de les rendre presque méconnaissables, Isabel Allende part ici d'un matériau intime et concret basé sur des faits historiques avérés pour les transformer avec beaucoup de talent en une oeuvre "folle", protéiforme, très esthétique, qui entremêle les générations, les époques, les crises sociales et les soubresauts politiques.
Le résultat est étonnant, flamboyant, mais un peu déroutant aussi... Malgré sa grande qualité d'écriture et son souffle romanesque d'une ampleur exceptionnelle, je ne suis venu à bout de cet incroyable voyage au long cours (dont peut-être certains lecteurs ressortiront rincés, abasourdis ou même fourbus ?) qu'au prix de quelques efforts de persévérance et de concentration.
Ébouriffant !
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