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EAN : 9782070498116
190 pages
Gallimard (02/04/1998)
3.81/5   13 notes
Résumé :
Doudou MAGNE, alias Géronimo, passerait partout inaperçu avec ses cheveux longs, ses sandalettes et sa moto...
Sauf à la Brigade criminelle, où il est O.P. Car on conçoit mal qu'un flic puisse être hippie fleuri, à bandeau indien sur le front et insigne pacifiste sur la poitrine... Même s'il embarque sur un bateau ivre dont le nom évoque la fin du monde.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« La nef des dingues » est un roman de Jean Amila, alias Jean Meckert, alias « Excellent auteur à suivre » (même s'il y a peu de chances qu'il sorte prochainement un nouveau roman du fait d'être mort il y a bien trop longtemps : 1995).

Jean Amila est un auteur que l'on ne devrait plus avoir à présenter, aussi, si vous ne le connaissez pas, je vous invite à surfer sur Internet pour en savoir plus.

Sachez tout de même que l'auteur, né en 1910, commença à écrire au cours des années 1930, qu'il fut publié chez Gallimard en 1941 pour un roman écrit en 1936. Succès pour le roman, mais succès un peu sans suite qui pousse l'auteur à écrire pour la littérature populaire et, notamment, fasciculaire (sous les pseudonymes, entre autres, de Mariodile et Marcel Pivert, sous lequel il écrira, aux côtés de Henry Musnik, alias Gérard Dixe, des aventures du commissaire Lenormand).

C'est la rencontre avec Marcel Duhamel, en 1950, alors directeur de la collection « Série Noire » chez Gallimard, qui va bouleverser la vie de l'auteur et faire de Jean Meckert, Jean Amila.

Effectivement, à la demande de Duhamel, Jean Meckert écrira « Y'a pas de Bon Dieu ! » un roman à l'origine publié comme étant une traduction de Jean Meckert d'un texte de John Amila (la collection publiait alors quasi exclusivement des traductions de romans américains).

Par la suite, John Amila deviendra Jean Amila et écrira les romans que l'on connaît ou que l'on devrait connaître.

« La nef des dingues » paru en 1972 dans la collection « Série Noire » est l'occasion de faire connaissance avec l'inspecteur Édouard Magne, alias Doudou Magne, alias Géronimo, un flic anticonformiste, aux allures de hippies, cheveux longs (d'où son surnom), veste à franges, sandales, ne se déplaçant que sur sa fidèle moto, une Norton 750. Il est peu apprécié de ses collègues, excepté de son supérieur, et déteste en général les autres flics qu'il pense trop au service du pouvoir et pas assez des opprimés.

On retrouve Géronimo dans deux autres romans de l'auteur : « Contest-flic » et « Terminus Iéna »

Faisons donc connaissance avec Doudou Magne alias Géronimo... mais pas tout de suite, car le roman nous présente d'abord un couple de paumés, la jeune Bri (pour Brigitte) entichée du Batave Dorf, peintre sans succès et, surtout, sans envie de travailler.

Voilà deux ans que la jeune femme loge et nourrit son gros nounours fainéant quand celui-ci, décide de changer un peu de vie et veut partir à l'aventure... aventure qui va tourner court puisque, pris en stop, avec Bri, par un chauffeur un peu bas du front, Dorf, le pacifiste Dorf, le doux Dorf, lui fout une raclée et lui vole son camion avec de retourner penaud dans les pénates de Bri.

Mais son destin a changé sans que personne, même lui ne s'en rende compte et Bri, pour satisfaire ses envies d'autres choses, décide de reprendre contact avec une ancienne copine qui, plus chanceuse, s'est maquée avec un vieux et riche promoteur immobilier.

Elle fait croire au couple nanti que l'exposition de Dorf à Paris a remporté un immense succès et qu'il est désormais plein de fric qu'il veut claquer dans un bel appartement ou dans un bateau, afin de profiter des largesses du mec de sa copine et, pourquoi pas, d'une croisière sur le petit yacht du promoteur.

Mais le promoteur immobilier se trouve sans le sou, ayant plongé dans une arnaque dont il est devenu le dindon de la Farce et le bouc émissaire, promis à des poursuites et des condamnations, et celui-ci est bien décidé à fuir le pays sur son bateau... qui a disparu, emprunté par deux adolescents...

Et voilà comment une dramatique aventure va pouvoir débuter...

Effectivement, si le roman est l'occasion de découvrir Doudou Magne alias Géronimo, celui-ci s'avère ne pas être le héros de l'histoire, et ce pour deux bonnes raisons. La première, déjà évoquée, est son apparition tardive. La seconde, la primordiale, est que ce roman ne comporte aucun héros.

Car tous les protagonistes de cette histoire sont, peu ou prou, des paumés, qui vont se révéler, à eux-mêmes ou aux autres, au fur et à mesure des évènements.

Bri, fille d'aspect maladive, amoureuse par nécessité, par piété, ne cherche qu'à sauver quelqu'un et s'éprend de qui aura besoin d'elle, occultant tout le reste.

Sosso, la compagne du promoteur, une jeune femme pleine d'attraits, a trouvé dans cet homme bien plus vieux, un peu plan-plan, pas très beau, la sécurité d'une bonne situation.

Bob et Pipou, les deux ados voleurs de bateau, s'avèrent être des criminels sans scrupules, le premier étant la tête, le second, l'exécuteur qui, à coup de sac de jute rempli de billes, éclate le crâne des petites vieilles pour leur piquer leurs économies.

Nono, le promoteur sombre dans la déchéance en découvrant qu'il a participé à un projet immobilier n'étant qu'une arnaque dont il devient le bouc émissaire et pour lequel il a perdu tout ce qu'il avait, sauf son bateau. L'homme ne s'est pas remis de la mort de sa précédente femme et sombre lentement dans un mysticisme forcené.

Les deux flics, lancés sur les traces du promoteur pour récupérer à tout prix les documents en sa possession qui peuvent éclabousser des gens hauts placés s'avèrent être des flics sculptés dans le type du militaire obéissant et sans morale ni scrupules.

Puis vient Géronimo, un flic pas comme les autres, qui refuse le conformisme de son métier et, surtout, d'être au service du pouvoir. Mais, malgré sa dégaine, sa bonne volonté, il s'avère impuissant à endiguer une spirale infernale qui se terminera forcément dans le sang. Il a connu Bri, dans le passé et sent qu'elle trempe dans quelque chose qui la dépasse et va tenter de l'en sortir.

Jean Amila signe ici un roman qui ne fonctionne pas tant sur l'intrigue que sur l'ambiance et les personnages.

Car l'auteur nous propose une galerie de personnages très intéressante dans laquelle les hommes (excepté Géronimo) vont sombrer dans la violence et le meurtre, mais pour des raisons différentes.

Dorf, pacifiste et doux, va rapidement s'enivrer de l'impression de puissance consécutive à l'agression du chauffeur, se rendant compte du plaisir d'avoir le dessus sur un autre être, si faible soit-il.

Non, lui va plonger dans un mysticisme meurtrier.

Quant à Pipou, le joueur de billes, le personnage le plus intéressant du roman, va, lui, se révéler aux autres, leur révéler sa véritable personnalité longtemps cachée derrière une veulerie et une soumission feinte.

Tous vont devenir fous ou folles, de haine, de rage, de violence, d'aveuglement jusqu'à un final où la révélation sera sanglante...

Le lecteur sent monter lentement la folie et la violence chez les uns et chez les autres et, tout comme Géronimo, assiste impuissant à cette explosion meurtrière.

Le bateau, point central de l'histoire, point de rencontre entre les personnages, point d'émergence de la violence et de la folie de certains ou de révélation de celles des autres, agit comme un catalyseur.

Le jeune Pipou est donc le personnage le plus travaillé et le plus intéressant du roman. Longtemps considéré par les autres comme un être chétif martyrisé par un ami qui le poussait au crime, le garçon se révèle bien différent. Et cette révélation se fait à travers un geste anodin qui fonctionne, tout le long de l'histoire, comme un gimmick, quand le gamin remplit lentement son boudin de jute de billes en acier, comme le hors-la-loi du Far West rempli le barillet de son revolver, laissant craindre un nouvel assassinat.

Ce geste, à la base enfantin, de ranger ses billes, devient celui d'un psychopathe, assoiffé de violence et de sang. Et, comme un homme auquel l'arme tenue à la main confère un sentiment de puissance et d'invincibilité, le gamin, la matraque à la main, devient un autre.

Mais « La nef des dingues » n'est pas qu'une galerie de personnage, ni même un brûlot contre l'économie et le capitalisme, ou une simple aventure, non, c'est avant tout un roman de Jean Amila (oui, pour moi, Jean Meckert est avant tout le Jean Amila de la « Série Noire »).

On y retrouve le style de l'auteur, mais également ses marottes (qui sont proches de celles de Géronimo), dont, notamment, son aversion pour l'autorité et les militaires. La plume, comme à l'accoutumée, est délectable, et ce, dans les moments calmes du récit tout autant que dans les scènes plus tendues.

Au final, est-il besoin de dire que Jean Amila est un auteur à redécouvrir d'urgence ? Un court roman qui offre un très agréable moment de lecture et une galerie de personnages hétéroclites et intéressants. du Jean Amila !
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Retour dans les années 1970. le roman se passe en 1975. Nono Meyer et Solange, sa femme croient que la fin du monde aura lieu à l'automne 1975. 6.000 ans exactement après que Dieu ait chassé Adam et Eve du paradis. le début de la fin du monde a commencé le 4 août 1914 et Edith, la première femme de Nono, décédée depuis et dont il pense qu'elle siège à la droite de Dieu le père, est né un 4 août. Coïncidences ? Non. Nono se lance dans l'immobilier poussé par Solange mais sa naïveté le conduit droit dans les bras de requins voraces, politiciens, affairistes véreux, officines émargeant aux RG à la SDECE et à la DST.
L'ambiance joyeuse d'une époque où les choses étaient simples. Les bons et les méchants en prise directe, sans réseaux sociaux, sans portable mais avec beaucoup de conviction.
Géronimo, Doudou Magne de son vrai nom est un flic honnête. Il a abandonné son look moustaches version poignes de fer pour adopter celui plus dans l'air du temps, d'un apache contestataire, bandeau de tête, cheveux longs, jeans serré, doudounes afghanes et bottes.
Le commissaire Verdier, son chef, l'a à la bonne. Quand il sent que l'apache est sur une piste il lui laisse la corde sur le cou.
Magne enfourche sa Norton 750 et file. le hasard a fait que son ancienne copine Brigitte est acoquiné avec un peintre hollandais qui n'a jamais été que sur le déclin, et que le couple a flairé le fric facile du côté de chez Nono et Solange, une vieille copine de Fac de Brigitte.
Course poursuite entre Paris Cherbourg et Barfleur sur la N 13 (il n'y avait pas encore d'A13) entre les fuyards réfugiés sur l'Harmaggedon, le voilier de Nono, momentanément piraté par deux petites gouapes, deux agents de la SDECE, les Foderches comme les appellent Magne et Verdier, et Mmagne qui entend sauver Brigitte et Solange, les deux anciennes copines de Fac de la mélasse dans laquelle Meyer les a plongé. Mais les Foderche ne sont pas des sentimentaux.
Roman jubilatoire qui se lit comme on boit du petit lait. Ecriture éruptive, disruptive même, au vocabulaire fleuri. le bien finit toujours par triompher chez Amila, même si le mal revient toujours sur le devant de la scène. Logique, il ne pourrait pas nous régaler de ces délicieux romans sinon.

Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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C'est la première fois que je suis déçu par un bouquin d'Amila. L'histoire peine à se mettre en route, elle est décousue et peu crédible mais ce sont surtout les protagonistes qui sont à la fois caricaturaux et totalement improbables. L'artiste peintre un peu fou et pique-assiette, la zonarde bien brave, le promoteur immobilier forcément véreux et surtout le flic hippie gauchiste. Ajoutez à ça, deux jeunes voyous tueurs de vieilles dames qui se font passer pour les neveux du promoteur, des services secrets aux louches intentions, et un yacht qui n'en est pas vraiment un, vous secouez le tout et vous obtenez... un petit roman lisible mais mal foutu à l'humour pesant et très décevant malgré un dernier quart qui, avec enfin un peu d'action, redresse un peu la barre et le niveau d'intérêt du roman.
Un petit polar loin du niveau des autres Amila comme par exemple le formidable Boucher des Hurlus, Noces de soufre, Langes radieux ou le très drôle Jusqu'à plus soif.
Bref, cette Nef des dingues est un bouquin dispensable.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
– Rappelle-toi, dit Brigitte. Van Gogh non plus n'a pas vendu une seule toile.
Dorf haussa les épaules. Carrure de catcheur, poils de barbe en brosse à chiendent, col roulé et gilet brodé, il avait les cheveux plus longs que ceux de sa femme. Depuis une bonne demi-heure, il n'arrêtait pas de grogner : sales bourgeois, bandes de lopes... Il bousculait le passant depuis la rue de Seine jusqu'au faubourg Saint-Antoine.
Il avait tenu à rentrer à pied, malgré la pluie d'octobre.Il fonçait à grandes enjambées, Bri accrochée à son bras comme une skieuse débutante tirée par un gros dinghy.
Elle sentait la profonde colère du grand mâle et tentait de mettre de l'huile. Déjà, sur le pont Sully, elle l'avait retenu de justesse lorsqu'il avait voulu faire demi-tour pour aller casser la gueule à Bernard.
– Tu lui ferais bien trop d'honneur. Un sale marchand ! On traite ça par le mépris ! Et Dorf qui ne demandait sans doute qu'à être retenu par les poils de son gilet psychédélique s'était superbement tourné vers Notre-Dame.
– Paris de mes fesses ! Tas de veaux ! Vive Mao, nom de Dieu !
Défoulement verbal, soupape de sûreté, avec le lourd accent hollandais. Mais l'homme était blessé, elle le sentait... Un génie ? Un sac vide ?... En tout cas, pas si « non-violent » qu'il en installait.
Elle avait le genre crevette, intellectuelle négligée, yeux cernés, odeur de suette et membres d'araignée, mais infatigable comme toutes les fausses crevées.
– Dorfy, écoute-moi. Je suis sûre de toi, tu prendras ta revanche !
– Non ! Je laisse tomber. C'est un boulot de paumé,dans une ville de sous-développés. Paris, c'est mort ; voilà la vérité. Ici, on perd son temps. C'est un bras mort, le courant passe ailleurs. Je veux foutre le camp !
– Ne dis pas ça. On va réunir les copains...
– Quels copains ? Ils se sont amenés la gueule entirelire pour le vernissage... Tu les as revus, depuis ?
– Ne sois pas injuste, Dorfy. Ils t'aiment bien. On t'aime bien, tu sais... Elle en avait presque la larme à l'œil, comme devant un moribond.
– Raah ! cracha-t-il. Chiale pas, ou je te flanque la rouste ! Elle devint très froide, ironique.
– Ce que tu te défends bien en français, maintenant ! Tu auras toujours pris ça, à défaut de vendre tes toiles aux Parisiens sous-développés !
Depuis près de deux ans qu'ils vivaient ensemble, elle essayait de le mater, au chaud et froid, des fois ça marchait. Le plus souvent il était moins chatouilleux que le béton, réglant ça d'un coup d'œil bleu baltique.
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Le génie, elle n'y croyait guère, même dans le genre maudit. Mais enfin, elle non plus n'était pas géniale, ni formidablement percutante avec sa petite gueule blafarde d'étudiante attardée, abonnée aux emplois à temps partiel. Dorf l'artiste tenait peut-être du veau à engraisser, mais c'était quand même un homme, un vrai. Et il venait de le prouver.
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